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Fait à Saint-Pétersbourg, le trentième jour du septième mois de la quarantième année de Meidji, correspondant au 17/30 juillet 1907.

Signé: I. MoTONO, ISWOLSKY.

ACCORD ANGLO-RUSSE

(16/28 Avril 1899.)

La Russie et la Grande-Bretagne, animées du sincère désir d'éviter en Chine toute cause de conflits dans les questions où leurs intérêts se rencontrent et prenant en considération la gravitation économique et géographique de certaines parties de cet Empire, sont convenues de ce qui suit :

1. La Russie s'engage à ne pas réclamer pour son compte et en faveur des sujets Russes ou autres des concessions quelconques de chemins de fer dans le bassin du Yang-tzé et à ne pas contrecarrer directement ou indirectement dans cette région les demandes de concessions de chemin de fer, appuyées par le gouvernement britannique.

2. La Grande-Bretagne, de son côté, s'engage à ne pas réclamer pour son compte et en faveur de sujets britanniques ou autres des concessions quelconques de chemins de fer au nord du Grand Mur de Chine et à ne pas contrecarrer directement ou indirectement dans cette région les demandes de concessions de chemins de fer, appuyées par le gouvernement

russe.

Les deux parties contractantes, n'ayant nullement en vue de porter une atteinte quelconque aux droits souverains de la Chine, ainsi qu'aux traités existants, ne manqueront pas de faire part au gouvernement chinois du présent arrangement qui, en écartant toute cause de complication entre elles, est de nature à consolider la paix dans l'Extrême-Orient et à servir aux intérêts primordiaux de la Chine elle-même. Saint-Pétersbourg, le 16/28 avril 1899.

Signé S. Scott, MouravieFF.

LIVRE CINQUIÈME

AMÉRIQUE ET OCÉANIE

I

LA DOCTRINE DE MONROE

La doctrine de Monroe est trop connue, elle a été trop souvent invoquée depuis près d'un siècle, pour qu'il soit nécessaire d'en essayer un nouvel exposé. Pourtant le texte lui-même où elle est contenue est peu connu. C'est un message adressé, le 2 décembre 1823, par James Monroë, Président de la République des ÉtatsUnis, aux deux chambres du Congrès américain. Le Président, après avoir traité plusieurs questions d'ordre intérieur, aborde les affaires de l'Amérique du Sud, alors en révolte contre l'Espagne, et, à propos de l'intervention de l'Europe, formule la doctrine célèbre à laquelle il a attaché son nom.

MESSAGE DE MONROE

(2 Décembre 1823.)

« Concitoyens du Sénat et de la Chambre des Repré

sentants.

Il avait été dit, au commencement de la dernière session que l'Espagne et le Portugal faisaient de grands efforts pour améliorer le sort du peuple et que cette noble tâche paraissait conduite avec une modération extraordinaire, il est à peu près superflu de remarquer que le résultat a été fort différent de celui qu'on espérait alors. Nous avons toujours suivi avec curiosité et avec intérêt les événements qui ont eu lieu dans

cette partie du globe avec laquelle nous avons tant de relations, à laquelle nous devons notre origine. Les Citoyens des ÉtatsUnis sont animés des sentiments les plus tendres pour la liberté et le bonheur de leurs frères de l'autre côté de l'Atlantique. Nous ne nous sommes jamais mêlés dans les guerres qu'ont entreprises les puissances européennes pour des débats particuliers; telle est notre politique. Ce n'est que lorsqu'on attaque ou qu'on menace sérieusement nos droits que nous nous regardons comme offensés ou que nous nous préparons à nous défendre.

Nous avons des rapports plus immédiats avec les mouvements de cette hémisphère; le motif en est bien clair pour tout observateur impartial et éclairé. Le système politique des puissances alliées est essentiellement différent à cet égard du système politique de l'Amérique. Cette différence vient de celle qui existe entre leurs gouvernements respectifs et notre gouvernement, ce gouvernement conquis au prix de tant de sang et de tant d'or, mûri par la sagesse de nos Citoyens les plus éclairés et sous lequel nous avons joui d'une félicité sans exemple; toute notre nation est dévouée à sa défense.

Nous devons cependant à notre bonne foi et aux relations amicales qui existent entre les puissances alliées et les ÉtatsUnis de déclarer que nous considérerions toute tentative de leur part d'étendre leur système à quelque partie de cet hémisphère comme dangereuse pour notre tranquillité et notre sûreté. Quant aux colonies existantes ou aux dépendances des Puissances européennes, nous ne sommes pas intervenus et nous n'interviendrons pas dans leurs affaires. Mais quant aux gouvernements qui ont déclaré leur indépendance, qui l'ont maintenue et dont nous avons reconnu l'indépendance d'après de graves réflexions et des principes de justice, nous ne pourrions voir l'intervention d'un pouvoir européen quelconque dans le but de les opprimer ou de contrarier en aucune manière leur destinée, que comme la manifestation d'une disposition ennemie (unfriendly) envers les États-Unis. Dans la guerre entre ces nouveaux Gouvernements et l'Espagne nous avons déclaré notre neutralité à l'époque de leur reconnaissance et

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nous y sommes restés fidèles : nous continuerons d'y rester fidèles pourvu qu'il n'y ait pas de changement qui du jugement des autorités compétentes de notre gouvernement nécessite aussi de notre part un changement indispensable à notre sécurité.

Le dernier événement en Espagne et en Portugal prouvent que l'Europe n'est pas encore bien tranquille. La preuve la plus positive de ce fait important c'est que les puissances alliées ont jugé convenable, d'après des principes qu'elles ont adoptés, d'intervenir par la force dans les troubles de l'Espagne. Jusqu'où peut s'étendre une telle intervention d'après le même principe? C'est là une question à laquelle sont intéressés tous les pouvoirs indépendants dont les gouvernements diffèrent des leurs et aucun n'y est plus intéressé que les États-Unis. La politique que nous avons adoptée à l'égard de l'Europe dans le commencement même des guerres qui ont si longtemps agité cette partie du globe, est toujours restée la même, elle consiste à ne jamais nous interposer dans des affaires intérieures d'aucune des puissances de cette partie de la terre, à considérer le gouvernement « de fait » comme gouvernement légitime relativement à nous; à établir avec ce gouvernement des relations amicales et de conserver par une politique franche, ferme et courageuse, en admettant sans distinction les justes réclamations de toutes les puissances et en ne souffrant les injures d'aucune. Mais lorsqu'il s'agit de nos continents les choses changent tout à fait de face; car si les puissances alliées voulaient faire prévaloir leur système politique dans l'un ou l'autre de ces continents elles ne le pourraient sans qu'il y eut danger pour notre bonheur et pour notre tranquillité; et pas une d'elles ne peut croire que nos frères du Sud l'adopteraient de leur propre gré si on les abandonnait à eux-mêmes. Il nous serait également impossible de rester spectateurs indifférents de cette intervention sous quelque forme qu'elle eut lieu. A présent si nous considérons la force et les ressources de l'Espagne et des nouveaux gouvernements de l'Amérique ainsi que la distance qui les sépare, il est évident que l'Espagne ne pourra jamais parvenir à les soumettre.

La véritable politique des États-Unis est toujours de laisser à elles-mêmes les parties contendantes, dans l'espoir que les autres puissances suivront le même système1.

1. Le Canal de Panama et le « Centre Amérique ». Depuis 1823, le message du président Monroë et la formule : « l'Amérique aux Américains » qu'on en a tirée, ont été souvent invoqués. Mais c'est surtout à propos du canal de Panama et des républiques de l'Amérique centrale qu'on en a fait les plus curieuses applications.

Les principes qui devaient présider à la construction du canal interocéanique ont été fixés dès le 19 avril 1850 dans un traité dit ClaytonBulwer, du nom de ses signataires, conclu à Washington entre les États-Unis et la Grande-Bretagne.

Les articles 1 et 2 de ce traité posaient le principe de la neutralité du canal à construire, l'article 6 en reconnaissait en ces termes le caractère international :

« Les parties contractantes de cette convention s'engagent à inviter tous les États avec lesquels elles ont toutes deux ou séparément des relations amicales à faire avec elles des stipulations semblables à celles qu'elles onl contractees l'une avec l'autre, à cette fin que tous les États puissent participer à l'honneur et à l'avantage d'avoir contribué à une œuvre d'un intérêt général et d'une importance aussi grande que le canal projeté; et les parties contractantes s'engagent également à établir des stipulations avec ceux des États de l'Amérique centrale avec qui il leur semblera utile d'en établir, afin de mener à terme d'une manière plus effective encore l'objet de la présente convention, c'est-à-dire de construire et de maintenir ledit canal comme communication maritime entre les deux océans, pour le bénéfice du genre humain sur des bases égales pour toutes les nations, et de protéger ledit canal;... »

L'article 8 et avant-dernier stipulait que le canal serait ouvert « aux sujets et aux citoyens de tout autre État qui s'engagera à accorder à ces voies de communication (chemins de fer ou canaux) la même protection que les États-Unis et la Grande-Bretagne s'engagent à leur accorder ».

Le 18 novembre 1901, un second traité, dit Hay-Pauncefote, entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, remplaça le texte de 1850. Mais, après avoir stipulé que la construction du canal serait assurée par les ÉtatsUnis (art. 2), l'article 3 du traité de 1901 s'exprime ainsi :

« Les Etats Unis adoptent, comme base de la neutralisation dudit canal de navigation, les règles suivantes, en substance telles qu'elles ont été incorporées dans la convention de Constantinople, signée le 28 octobre 1888, pour la libre navigation du canal de Suez... »

Suivent six paragraphes reproduisant ces règles, auxquelles il est apporté toutefois, par le paragraphe 4, cette modification que les EtatsUnis auront « la faculté d'entretenir le long du canal la police militaire qui pourra être nécessaire pour le protéger contre les troubles et l'anarchie ».

La révolution de 3 novembre 1903 consacra la séparation de la province de Panama de la République de Colombie. Un nouvel Etat fut fondé : la Republique de Panama. A peine né, ce nouvel Etat, par l'Intermédiaire d'un ingénieur français, M. Philippe Bunau-Varilla, plénipoteňtiaire ad hoc, négocia avec les Etats-Unis un traité, qui fut signé à Washington le 18 novembre 1903, dont l'article premier stipulait que « les Etats-Unis garantissent et veulent maintenir l'indépendance de la République de Panama ».

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