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présens consistoient en six pièces de soie du premier ordre, une robe de mandarin, un grand collier d'agathe; et ce qui paroît le plus précieux, ces présens étoient accompagnés de quatre caractères écrits de la main de l'empereur, et qui contenoient l'éloge de M. Sikelpart.

On se mit en marche; vingt-quatre musiciens précédoient; venoient ensuite quatre mandarins à cheval, puis le dais soutenu par huit huit porteurs. Un mandarin, chargé des ordres de l'empereur, marchoit à côté du missionnaire; le corps-de-garde se mit sous les armes, et détacha des soldats pour ouvrir la marche dans la ville, et pour faire du bruit ; c'est ici une façon d'honorer.

Tandis que les présens de l'empereur étoient portés à travers une foule de peuple qui accouroit à ce spectacle, nous nous rendîmes au collége de toutes les églises. On avoit dressé un parvis, depuis le collége jusqu'à l'autre côté de la rue; les portes étoient ornées de festons, et on avoit dressé dans la première cour un petit appartement pour les gens de

suite.

On voyoit dans la seconde cour une enfilade de quatre salons le premier étoit pour les musiciens; il étoit si bien revêtu de soie et de festons, qu'il of froit un spectacle très-agréable. De ce salon, on montoit dans une grande salle du collége, où on trouva un repas préparé sur quatre tables.

Vers les neuf heures, on nous avertit que le convoi approcheit; lorsqu'il fut venu jusqu'à nous, nous nous levâmes pour le suivre. Le dais étoit surmonté

d'une croix; le mandarin tira les présens de dessus la table, et les déposa dans la niche préparée pour les recevoir.

Alors tous les missionnaires s'étant mis à genoux, suivant l'usage prescrit à la Chine frappèrent trois fois la terre de leur front, se relevèrent, se mirent un instant après à genoux; et répétant encore deux ́ fois la même cérémonie, firent en tout, neuf prosternations: c'est le plus grand cérémonial qui s'observe à la Chine.

La cérémonie finie, le mandarin conduisit M. Sikelpart au palais, pour faire ses remercîmens à l'empereur; l'usage est de mettre le compliment par écrit. Le mandarin voulut le voir; il le lut, et en fit l'éloge.

Le jour même, un des principaux eunuques du palais, vint trouver les missionnaires, et leur dit que la faveur dont il avoit honoré les Européens, dans leurs personnes, ne s'accordoit qu'aux grands de l'Etat, et qu'on ne l'auroit pas achetée avec un mil

lion

Les missionnaires la ressentirent d'autant plus vivement, qu'il se trouvoit alors à Pékin quatre mille lettres qui s'y étoient rendus de toutes les provinces de l'empire, pour être promus à des grades supérieurs; ces lettrés sont destinés à être un jour mandarins dans les villes les plus considérables de la Chine. Les missionnaires espéroient qu'ayant été témoins des bontés de l'empereur à leur égard, ils n'entreprendroient rien contre la religion chrétienne et les néophytes, dont le nombre s'accroissoit chaque jour.

Notice sur le séminaire des missions étrangères, rétablies en 1805.

LA congrégation des prêtres des missions étrangères de la rue du Bacq, rétablie par l'Empereur Napoléon, existe depuis plus de 140 ans. Elle commença en 1663, composée, comme elle l'est aujourd'hui, de six associés, appelés directeurs, dont un d'entre eux est élu tous les trois ans pour supérieur: ces prêtres associés, ne font aucun voeu, et n'ont entre eux d'autre lien, que leur zèle commun pour la propagation de la foi dans les Indes orientales. Les six premiers directeurs, pour commencer cetie œuvre apostolique, mirent leurs biens en commun, et fondèrent un séminaire, pour former des élèves, sur un terrain que leur céda l'évêque de Babylone, de retour de sa mission de Perse. Ces directeurs obtinrent, au mois de juillet de la même année, des lettres-patentes du roi, afin de former un corps légal; et au mois d'août suivant, le Pape confirma le même établissement, pour le spirituel. Les deux premiers évêques qu'il envoya, pris de cette association, furent l'évêque d'Héliopolis, et l'évêque de Berythe, pour porter la religion à Siam, et aux autres provinces d'Asie.

Ces six directeurs, autorisés par le Saint-Siége, pour envoyer des missionnaires dans ces pays infidèles, se sont perpétués jusqu'à ce jour, par des

aggrégations successives de nouveaux confrères, et ont conservé le nom de congrégation des missions étrangères, pour se distinguer des prêtres de la mission de St. Vincent-de-Paul, dits Lazaristes, dont l'objet principal est de travailler aux missions de France, et des îles de France et de la Réunion. Les autres missions des Indes orientales, sont toujours administrées par les prêtres du séminaire des missions étrangères, sous la direction des évêques, vicaires apostoliques, que le Saint-Siége nomme, pris d'entre ces prêtres français.

Ils exercent leur ministère pour l'empire de Chine, dans les royaumes de Siam, du Tonquin, de Cochinchine, et à la côte de Coromandel, et Malabar.

Dans l'empire de Chine, ils administrent trois grandes provinces, celles de Sutchuen, de Yunnan, et de Kouitchrou. Dieu répand sur leur mission des bénédictions assez abondantes; le nombre des prosélytes s'y accroît de jour en jour. Le peu d'ouvriers apostoliques que le séminaire de Paris peut envoyer dans les circonstances actuelles, ne suffisent pas, à beaucoup près, pour de si vastes provinces.

Une des dernières lettres arrivées l'an passé, rapporte que, selon l'almanach impérial qui se distribue" tous les ans par ordre de l'empereur, la seule province de Sutchuen a 300 lieues de l'est à l'ouest; 320 du nord au sud. On y compte 12 villes du premier ordre, 19 du second, 112 du troisième, et 10 autres qu'on appelle Ting, qui sont un démembrement de celles du premier ordre.

La religion est à peu près également répandue

dans chacune de ces quatre parties. Dans la partie orientale, on compte 117 chrétientés, ou peuplades de chrétiens; 172 dans l'occidentale; 43 dans la septentrionale; et 132 dans la méridionale. Il y a un séminaire pour travailler à former un clergé national, et 64 écoles, dont 35 de garçons, et le reste de filles.

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La religion jouit de la plus grande paix à Siam; elle est non-seulement permise, mais encore trèsprotégée par le gouvernement; le roi en marque la plus grande estime, jusqu'à vouloir, de préférence des chrétiens pour ses gardes. Une lettre de Bankoc, capitale du royaume, ajoute: Nous avons été sur le point de voir la guerre civile s'allumer ici, à la mort du roi, qui régnoit depuis vingt années; mais nos alarmes ont été bientôt dissipées. Le nouveau roi, frère du défunt, a montré beaucoup de vigueur ; il a fait arrêter un des premiers mandarins, chef de la conspiration; il a désarmé ceux de son parti; il a établi par-tout des gardes pour veiller nuit et jour jusqu'à la fin du trouble. Nos chrétiens, tant anciens que nouveaux, ont été pendant tout le temps, à l'abri de tout soupçon; ils sont admis sans précaution, sous le seul nom de chrétien, auprès du nouveau roi; ce qui n'est accordé sans examen, à aucun des autres sujets.

La religion fait anssi quelques progrès dans les royaumes de Cochinchine et du Tonquin; ces deux royaumes sont réunis aujourd'hui en un seul. Le roi de Cochinchine, après être remonté sur le trône, et avoir recouvré tout son royaume, a conquis celui du

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