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De plus, des mentions honorables ont été accordées à M. Hazé, pour un mémoire manuscrit et des dessins relatifs à des fouilles exécutées à Devrant ( Cher); à M. de Sauley, pour un ouvrage intitulé: Recherches sur les monnaies des évêques de Metz, imprimé en 1835; et à M. le baron de Grezannes, pour cinq mémoires manuscrits sur plusieurs localités et monumens anciens du midi de la France.

M. le comte Alexandre Delaborde, organe habituel de la commission des antiquités nationales, a lu son rapport sur les mémoires dont les auteurs ont obtenu des médailles d'or ou des mentions honorables. Ce morceau nous a paru, comme les années précédentes, plein d'une justice distributive aussi soigneuse que délicate. Le rapporteur a fait ressortir d'une manière saillante le mérite principal de chacun des ouvrages qu'il avait à faire connaître; il a emprunté à quelques uns d'entre eux des traits propres à jeter sur son sujet de l'intérêt et de la variété.

M. Raoul Rochette a lu ensuite, pour M. le secrétaire perpétuel, indisposé, l'éloge de fen M. de Chézy, morceau qui fait le digne pendant des éloges de MM. Rémusat, Saint-Martin et Champollion, que nous avions admirés l'année dernière. Cette fois, l'illustre doyen des orientalistes a raconté avec l'éloquence du cœur et les hautes vues de la science cette vie d'étude et de mélancolie d'un homme assez heureux pour avoir parcouru avec la plus grande distinction la carrière de son choix, pour y avoir été dignement apprécié des meilleurs juges, pour avoir reçu les hommages les plus flatteurs et les plus honorables; mais qui, trop sensible aux mécomptes inséparables de cette vie, se laissa subjuguer par l'indignation d'une âme honnête, et ressentit trop vivement l'injustice pour goûter jamais le bonheur.

On a entendu deux mémoires. L'un, de M. Reinaud sur les invasions des Sarrazins en France pendant les huitième, neuvième et dixième siècles de notre ère, est l'extrait d'un travail important qui comble une lacune dans notre histoire et qui jettera un grand jour sur les traditions de quantité de localités.

La séance a été terminée par un brillant morceau de M. Victor Leclerc, sur les Annales des pontifes à Rome, ou grandes Annales. Les détails piquans, la critique fine et mordante qui en assaisonnaient l'érudition, ont prouvé qu'il comprenait parfaitement ce que devait être une lecture publique. Le nouvel académicien a d'abord analysé le travail considérable auquel il s'est livré sur les grandes Annales, espèce de journal officiel, où les pontifes de Rome enregistraient, d'une manière succincte, à côté d'ob servations assez bizarres par leur caractère naïf ou superstitieux, les noms des magistrats, la durée de l'exercice de leur magistrature et les événemens les plus importans. Ces annales, à défaut d'un intérêt de style et des formes animées d'un récit soutenu, avaient un mérite d'authenticité légale, qui les avait fait consulter et mettre en œuvre par Tite-Live. M. Leclerc a fort bien enseigné à distinguer ce qui, dans cet historien, devait avoir été puisé à cette source. Il a prouvé que non seulement Tite-Live y avait puisé avec intelligence, mais que d'anciens auteurs, dont les essais historiques l'avaient précédé, n'étaient pas, à beaucoup près, aussi dépourvus de critique que l'avait voulu faire entendre l'auteur des Epopées de l'histoire romaine, pour se donner le droit de refondre cette histoire à sa manière.

Quant aux observations critiques dont on appuie la nécessité de cette refonte historique, elles ne sont pas aussi neuves qu'elles ont la prétention de le paraître. M. Leclerc a montré avec une ironie dont l'assemblée entière a parfaitement senti tout le sel, que des vues si élevées n'étaient pas indispensables pour discerner les fables qui entourent le berceau de Rome. Une charmante citation de l'abbé Barthélemy est venue là très à propos. et a montré que le docte et spirituel auteur du Voyage d'Anacharsis avait relevé, en se jouant, toutes ces invraisemblances des premiers temps de T'histoire romaine. Il n'en concluait pas, il est vrai, que Tite-Live n'était qu'un romancier, et que les sources où il avait puisé n'offraient que des contes à dormir debout.

M. Leclere a pensé qu'il ne pouvait

mieux employer l'autorité académique dont il a été récemment investi, qu'en rappelant le public à l'histoire véritable, presque abandonnée par l'entraînement de la mode, pour de brillantes et creuses théories. Il a dépouillé sans pitié cette célèbre école historique de tout son prestige. Il en a signalé, comme les deux traits caractéristiques, une affectation de défiance sur tous les témoignages les plus authentiques, les plus révérés, et une confiance imperturbable dans les conjectures qu'on y substitue. M. Le clerc a défini ce double travers, si nous nous rappelons bien son expression, le dogmatisme dans l'incrédulité.

Il a ensuite établi une comparaison frappante de justesse entre nos chroniques royales et les annales des pontifes. It a montré que le berceau des grands peuples est toujours entouré d'une auréole de merveilles; que Francion, fils d'Hector, était pour nos aïeux ce que fut pour les Romains le fils d'Anchise et de Vénus; que Tite-Live ne croyait sans doute pas davantage au caillon coupé par le rasoir de Tarquin que Pasquier ne croyait à la légende fort suspecte de la saintetampoule et pourtant ce grand magistrat, tout en exprimant sa défiance sur ce fait, voulait que la tradition en fût respectée « comme bien séante à la majesté de l'empire ». L'orateur a fait voir enfin que les grands peuples éprouvent seuls le besoin de ces origines illustres jusqu'à la fable, et que, la part de la vanité nationale et des préjugés anciens une fois faite, il reste dans les annales des pontifes, comme dans les chroniques de SaintDenis, un trésor de faits que la critique de l'historien a mission de recueillir, et non de rejeter avec les récits fabuleux.

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un talent fort remarquable, dans une élégante latinité. Ensuite, M. le ministre de l'instruction publique a, dans une grave allocution, félicité et loué les jeunes élèves d'avoir, au milieu des agitations publiques, vécu tranquilles et studieux, uniquement occupés, dans l'enceinte des écoles, de se former à l'intelligence et au goût du vrai beau.

« Le monde, ajoutait le ministre, vous appartiendra un jour; mais gardez-vous de vous associer, avant le temps, à ses intérêts et à ses passions. Votre âme s'énerverait, votre esprit s'abaisserait dans ce contact prématuré. Vous vivez, au sein de nos écoles, dans une région élevée et sérieuse, où l'élite seule de l'humanité vous entoure et vous parle. Le temps présent est toujours chargé des misères de notre nature; le passé nous transmet surtout ce qu'elle a de noble et de fort, car c'est ce qui résiste à l'épreuve des siècles. Les idées hautes, les actions mémorables, les chefsd'œuvre, les grands hommes, c'est là votre société familière. Vivez, vivez long-temps au milieu d'elle; consacrez-lui avec affection cette ardeur que n'altèrent point encore les intérêts agités de la vie. Ainsi vous vous préparerez à la mission sociale qui vous attend. »

Jusque-là, l'orateur conseillait aux jeunes gens, pour se rendre dignes de cette mission, d'écarter de leur pensée les préoccupations étrangères; de concentrer leurs forces sur l'étude, l'étude profonde et désintéressée.

Le prix d'honneur de philosophie et le prix d'honneur de rhétorique ont été proclamés par M. Villemain, viceprésident du conseil royal de l'instruction publique; le premier a été remporté par le jeune Braulard, élève du college de Versailles; le second par le jeune Pitard, élève du collège de Henri IV. Le prix d'honneur des sciences a été proclamé par M. Poisson, membre du conseil royal. Il a été remporté par le jeune Tavernier, élève du collège Louis-le-Grand.

En résumé, les prix et les accessits ont été partagés de la manière suivante entre les collèges de Paris et de Versailles.

Louis-le-Grand... 21 prix, 70 access.

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Charlemagne...... 46 prix, 69 access.
Henri IV..
15 prix, 53 access.
Saint Louis....... 15 prix, 40 access.
Bourbon...... 8 prix, 47 access.
Stanislas..... 5 prix, 14 access.
Rollin......... 4 prix, 23 access.
de Versailles..... 3 prix, 14 access.

20. Milan. Statistique de la presse périodique. Il existait en Italie, à la fin de l'année dernière, 93 journaux, dont 32 publiés dans le royaume lombardo-vénitien, 10 dans les états de S. M. sarde, 14 dans le patrimoine de Saint-Pierre, 25 dans le royaume des Deux-Siciles, 6 dans le grandduché de Toscane, 2 dans le duché de Parme, 3 dans celui de Modène et 4 dans la principauté de Lucques.

Sur ces 93 feuilles, 32 paraissent quotidiennement, 37 s'occupent des sciences physiques et morales, et 24 de littérature et de beaux-arts.

Milan et Naples sont les deux villes qui possèdent le plus grand nombre de journaux périodiques. Il y en a 17 à Milan et au moins 11 à Naples.

A cette statistique, publiée par la Gazetta di Milano, nous ajouterons quelques détails.

La plupart des journaux politiques italiens sont imprimés sur petit format. Le Giornale delle Due-Sicilie, la Gazetta Piemontese, la Voce della Verità et la Gazetta di Milano seuls se rapprochent de la dimension des journaux parisiens. Très-peu d'entre eux ont ce que les Espagnols appellent uno boletin, et nous un feuilleton. Le Giornale delle Due-Sicilie rassemble souvent, sous le titre de Variétés, des faits scientifiques, traduits ordinairement des revues françaises; mais ces documens sont publiés pêle-mêle, sans goût, sans ordre et sans critique.

22. Paris. Suicide. Les événemens les plus ordinaires dans le fond semblent empreints de cette couleur particulière à notre époque, et se font remarquer par une physionomie originale dans leurs détails. Le suicide, qui jusqu'ici n'avait présenté d'autre intérêt que celui d'une mort violente, est devenue du drame; on dirait que celui qui se tue n'a pas seulement

songé à mourir, mais bien encore à la façon dont il voulait mourir.

Aujourd'hui samedi, vers onze beures, un homme de trente à quarante ans, bien vêtu, entra chez un marchand de vins de la rue du Faubourg St-Denis, environ n° 148 ou 120. Après avoir demandé à boire, il annonca qu'il attendait une voiture, et en effet il attendit, laissant passer les cabriolets, les fiacres, sans leur préter attention; lorsque, voyant venir de loin une énorme voiture de farine dont les roues formidables ébranlaient

le pavé et faisaient trembler les vitres, il quitta sa place et, se débarrassant d'une redingote et d'un chapeau qu'il posa sur la marche de la porte, il dit en se retournant : « Voici la voiture personnes présentes eussent non senque j'attendais. » Et avant que les lement le pouvoir, mais la pensée de le retenir, il s'élanca sous les roues qui broyèrent son corps. Dans sa redingote on ne trouva aucun papier qui pût le faire connaître, mais 14,500 fr. en billets de banque et environ 72 fr. d'argent monnayé. On le transporta de suite, tout mutilé, au corps-degarde prochain, et de là à la Morgue, où, malgré les convulsions de l'agonie, il sera possible de le reconnaître. Pendant son séjour au corps-de-garde, la foule s'y pressait avec curiosité, se portait sur lui multipliait les suppoperdant en conjectures. L'argent qu'il sitions; mais on ne pouvait s'arrêter à rien de positif ni même de probable.

24. Académie des sciences. Comète de Halley. M. Arago, après avoir rappelé la communication faite dans la précédente séance par M. Bouvard, d'où il résulte que cette comète a été vue à Rome avec des instrumens trèspuissans, le 5 et le 6 de ce mois, ajoute qu'aussitôt que le crépuscule et l'absence de lune avaient permis d'espérer qu'on pût voir cette comėte à Paris, les personnes désignées par le bureau des longitudes pour en observer la marche, s'étaient occupées de la chercher dans la partie du ciel où elle devait se trouver, et que M. Gamba, en ce moment à Paris, s'était, ainsi que M. Bouvard, adjoint à elles. La comète, en effet, a été aper

çue le surlendemain du jour où il en fut parlé pour la première fois dans le sein de l'académie, et elle l'a été encore hier et avant-hier.

27. Cour d'assises. Affaire du journal le Réformateur. -M. Jaffrenou, gérant du Réformateur, a été ce matin extrait de Sainte-Pélagie et amené devant la cour d'assises, où il était cité pour attaque contre l'autorité constitutionnelle de la Chambre des pairs.

Le numéro inculpé est du 21 mai, et contient sur la 10 audience de la Cour des pairs un article où l'on remarque ce passage:

« Et que dirait donc la pairie et cette royauté qu'elle sert, si le peuple, encore une fois souverain, interprétant le droit écrit actuel avec autant de justesse et d'énergie qu'il réfuta l'interprétation jésuitique de l'article 14 de la Charte octroyée, se présentait autour de leurs palais, la Charte à la main, ouverte aux articles 28 et 53? si la garde nationale, tenant aussi sa loi organique du 22 mai, venait dire hautement: Les juges naturels des Français, pour les délits qu'une loi promise n'a pas encore definis, ne peuvent être des pairs de France!.... Où seraient la pairie et la royauté, si ce peuple, dont cette Charte reconnaît la souveraineté, si cette milice citoyenne surtout, allaient se souvenir que leurs obligations ne se bornent pas à protester par écrit, et que la loi a confié des baïonnettes aux uns et la civilisation des pavés aux autres?..... >>

M. Plougoulm, substitut du procureur-général, a soutenu la prévention.

Me Plocque a présenté la défense du prévenu.

La cour, d'après la déclaration du jury, a condamné M. Jaffrenou à quatre mois de prison et 6000 francs d'amende, lesquels se confondront avec les précédentes condamnations.

27. Paris. Séance publique annuelle de l'Académie française. Cette solennité littéraire avait attiré un nombreux auditoire. Le rapport de M. Villemain a fait connaître le résultat du concours de poésie. Les

concurrens étaient libres de choisir leur sujet. M. Bignan a composé une Epitre à Cuvier, qui a mérité le prix, et une autre pièce intitulée Conseils à un Novateur, qui a obtenu l'accessit. Ainsi, comme l'a dit le secrétaire perpétuel, il a concouru contre lui-même. La lecture de la pièce couronnée. a été souvent interrompue par de vifs applaudissemens.

L'auditoire, qui avait applaudi le rapport spirituel et judicieux de M. Villemain, a ensuite entendu le discours de M. Tissot, directeur, sur les prix de vertu fondés par M. de Monthyon.M.Tissot a donné beaucoup de détails intéressans sur SauquetJavelot, qui, pendant une longue et pauvre vie, transformant sa chaumière en hospice de charité, a soigné les malades, pansé les blessés, sacrifié ses veilles, sa santé, ses labeurs au soulagement de toutes les souffrances humaines; sur cet admirable François Chaumel, qui, au péril de ses jours, s'obstinant à sauver de malheureux camarades tombés dans un puits recouvert par un éboulement, n'est parvenu à les rendre à la lumière qu'en faisant d'avance le sacrifice de sa vie miraculeusement épargnée; et sur les époux Joly, pauvres aussi, et qui, dans leur pauvreté, se chargeant de deux enfans idiots, comme d'un héritage, se sont dévoués à ces malheureux êtres, parias de la nature même, abandonnés de Dieu, et qui attiraient sur leur toit de chaume l'opprobre et la malédiction publique.

On a adjugé aussi les prix destinés aux ouvrages les plus utiles aux mœurs, de la manière suivante : 1o huit mille francs à M. Aimé Martin, pour son livre De l'éducation des mères de famille; 2o huit mille francs à M., de Villeneuve-Bargemont pour son Economie politique chrétienne; 3° une médaille de quatre mille francs à M. Damiron, auteur d'un ouvrage intitulé Cours de philosophie.

Le prix d'éloquence n'a pas été donné. Le sujet était une dissertation ou discours sur le courage civil. L'Académie a remis ce sujet au concours pour 1836.

SEPTEMBRE.

2. Dom-Germain. Troubles. - De déplorables événemens ont ensanglanté hier le village de Dom-Germain, arrondissement de Toul (Meuse).

L'ancien curé de cette commune avait été interdit pour cause d'inconduite, M. l'évêque de Nancy envoya pour le remplacer un jeune prêtre qui ne sut pas ou ne put se concilier l'esprit de la majorité de ses paroissiens : soutenu par une partie d'entre eux, combattu par l'autre, il fut obligé de quitter le village, à la suite de l'envahissement de son domicile et de la dévastation de son jardin.

Dès ce moment, une grande agitation régna dans le village, en quelque sorte divisé en deux partis hostiles: l'un voulant le retour du curé, l'autre le repoussant. Instruite de ces faits, l'autorité administrative crut nécessaire, pour rétablir l'ordre, d'ordonner l'occupation militaire de DomGermain. A peine cette nouvelle circula-t-elle dans le village, que l'exaspération fut poussée au dernier point; on résolut d'empêcher à la fois l'entrée des troupes et le retour du curé, qui paraissait en être la conséquence.

Le village de Dom-Germain, d'une population de 1,200 âmes environ, est bâti en amphithéâtre; l'entrée du vil lage, au bas du coteau et du côté de Toul, est très-étroite; là quatre barricades furent élevées, et occupées par une population nombreuse armée de pioches, de barres de fer et autres instrumens aratoires.

M. le sous-préfet et le substitut du procureur du roi de Toul, avertis, se rendirent sur les lieux accompagnés d'une demi-compagnie du 63 et d'un détachement de 50 cuirassiers.

Parvenu à la première barricade, M. le substitut se détacha, franchit sans obstacles les trois autres et parvint au village, où il fut aussitôt entouré par des groupes animés; vainement aussi parla-t-il des malheurs qui pourraient suivre une plus longue résistance: « Nous ne voulons pas du curé, nous saurons mettre ses adhérens à l'ordre; on n'entrera pas dans nos maisons; les soldats, fussent-ils dix mille, ne viendront pas au village;

nous saurons nous battre, et nous résisterons.» Voilà tout ce qu'on put en obtenir.

Il revint donc près de M. le souspréfet, qui, s'avançant, fit les sommations, auxquelles il fut répondu par des cris semblables à ceux qui précèdent la troupe alors marcha au pas de charge contre la première barricade ceux qui la défendaient s'enfuirent, moins trois individus qui furent arrêtés.

Sur la deuxième étaient des groupes considérables armés comme il est dit plus haut: il est à remarquer qu'aucun des villageois n'avait en main son fusil de garde national: ils criaient, ils brandissaient leurs armes. Bientôt des pierres furent lancées contre la ligne, qui avançait toujours un lieutenant et deux soldats furent atteints et blessés plusieurs coups de fusil furent même tirés des vignes et d'une maison du village: le canon de fusil de l'un des soldats fut bossué par une balle qui y resta incrustée, une crosse de fusil fut brisée par une autre balle. Alors la troupe de ligne, sur l'ordre qui lui en fut donné, fit en l'air une première décharge; loin de jeter l'épouvante sur la barricade, elle en animia davantage encore les défenseurs. Une seconde décharge eut lieu presque à bout portant et par feu de file; huit personnes furent tuées; deux sont mortes dans la journée du mercredi, huit enfin ont été plus ou moins grièvement blessées.

Le même jour, vers le soir, a eu lieu l'inhumation des huit personnes tuées. Cette cérémonie a été empreinte de la plus lugubre solennité; les huit cercueils se suivaient; point de cloches, point de prêtres, point de chants religieux, mais une population en habits de deuil, des pleurs, des sanglots, et à côté de tout cela des soldats consternés.

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