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après le milieu du fixieme fiecle. Il fortoit d'une famille où la vertu étoit jointe à la nobleffe. Seş OCTOB. 16. parens, qui l'avoient confacré à Dieu dès fa naiffance, le mirent dans le Monaftere de Bencor, qui de fon temps fut gouverné par les faints Abbés Congal & Colomban. Ce Monaftere étoit alors renommé pour fon Ecole. Saint Gal s'y rendit habile dans la Grammaire, la Poéfie, & furtout l'Ecriture Sainte. Lorfque faint Colomban quitta l'Irlande, il fut un des douze qui le fuivirent en Angleterre, & qui pafferent en France avec lui, vers l'an 585. Ils furent tous reçus avec bonté par le pieux Sigebert, Roi d'Auftrafie & de Bourgogne. Les libéralités de ce Prince mirent faint Colomban en état de fonder le Monaftere d'Anegray, dans une forêt au Diocèfe de Befançon, & celui de Luxeul, deux ans après.

Le faint Abbé, ayant été chaffe de ce dernier Monaftere, par le Roi Thierry qu'il avoit repris de fes défordres, faint Gal fut enveloppé dans cette perfécution. Ils fe retirerent tous deux dans les Etats de Théodebert, qui étoit alors Roi d'Auftrafie, & qui faifoit fa réfidence à Metz: le pieux Villemar, Prêtre d'Arbon, près du lac de Conftance, leur procura une retraite.

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Les ferviteurs de Dieu fe conftruifirent des cellules dans un Défert, à peu de diftance de Bregentz; ils y trouverent des Païens dont ils entreprirent la converfion. Leurs difcours furent fi touchans & fi perfuafifs, qu'ils engagerent ces Infideles à brifer leurs Idoles, & à les jetter dans le lac. Ceux qui refterent opiniâtrément attachés à l'erreur, perfécuterent les Moines, & en mirent deux à mort (b). Gunzon, Gouverneur du pays, fe déclara également leur ennemi.

(b) Les corps de ces deux Martyrs font fous un Autel, Tome X

N

Thierry étant devenu maître de l'Auftrafie par OCTOь. 16. la mort de Théodebert, qu'il tua dans un combat, faint Colomban fe retira en Italie. Saint Gal vouloit l'y fuivre; mais il en fut empêché par une maladie dangereuse. Après le rétabliffement de fa fanté, il remonta le lac, & bâtit quelques cellules pour lui & pour ceux qui défiroient fervir Dieu fous fa conduite. Ce font ces. cellules qui ont donné naiffance au Monaftere connu depuis fous le nom du Saint (c). Ayant appris la langue du pays, il travailla à la converfion des Idolâtres, qui étoient encore en grand nombre, & il les convertit prefque tous par fes difcours, fes exemples & fes miracles; en forte qu'il peut être regardé à jufte titre comme l'Apôtre du Territoire de Conftance. Il délivra du Démon la fille de Gunzon, & il lui fit fi bien fentir l'excellence de la virginité, qu'elle aima mieux fe retirer dans le Monaftere de SaintPierre à Metz, que d'époufer le fils du Roi d'Auftrafie. On voulut le placer fur le Siege épifcopal de Conftance; mais fon humilité l'empêcha d'accepter cette dignité. Pour fe délivrer

dans l'Eglife de l'Abbaye
d'AUGIA-MAJOR OU BRIGAN-
TINA, appellée aujourd'hui
Mererau. C'est une des gran-
des Abbayes de Souabe. Ce
font les cellules bâties par
faint Colomban & faint Gal,
qui y ont donné naiffance;
& ces Saints en font regar-
dés comme les Fondateurs.
(c) L'Abbaye de Saint-
Gal eft à deux lieues du lac,
& à fept lieues de la ville
de Conftance. C'est le prin-
cipal Monaftere de la Con-
grégation des Bénédictins de

Suiffe, qui fut formée en 1602, & qui confifte en 9 Abbayes de Moines, en 3 Prévôtés conventuelles, & en 5 Monafteres de Filles. L'Abbé de Saint-Gal eft Prince de l'Empire, & peut lever une armée de dix à douze mille hommes. L'Abbaye eft exempte de la Jurifdiction de l'Evêque de Conftance. Voyez le Recueil des Hiftoriens de cette Maison, par Goldaft, T. 1. Aleman. rerum; & Félix Egger, in idea Ord. S. Benedicti, 1.2.p.575.

plus efficacement des inftances du peuple & du Clergé, il leur propofa le Diacre Jean fon dif- OCTOB. 16. ciple, qui fut élu d'une voix unanime. Le jour du Sacre du nouvel Evêque, notre Saint fit un dif cours que nous avons encore (d); le style en eft fimple, mais on y trouve beaucoup de pénétration, de force, de folidité & d'onction. L'Auteur y parle de lui-même, comme d'un homme employé aux travaux de la vie apoftolique.

Saint Gal ne quittoit fa cellule que pour aller annoncer les vérités de la Foi; il s'attachoit furtout à l'inftruction des hommes les plus ignorans & les plus abandonnés. H retournoit enfuite dans fon Hermitage, où il paffoit les jours & les nuits dans la priere & la contemplation.

En 625, les Moines de Luxeul le choifirent pour fuccéder à faint Euftafe leur Abbé, que la mort venoit de leur enlever. Mais il ne voulut point accepter cette dignité : le Monaftere de Luxeul étoit devenu riche, & il craignoit de perdre le tréfor ineftimable de la pauvreté. I étoit d'ailleurs alarmé à la vue des dangers que court le Supérieur d'une Communauté nombreufe. Il favoit combien il eft difficile d'y maintenir une régularité parfaite, & que l'exemple d'un mauvais Religieux fuffit pour troubler l'harmonie qui doit régner dans un Monaftere, & pour y introduire le relâchement avec les défor

(d) On le trouve dans la Bibliotheque des Peres, T. 11. p. 1046. ed. Lugd. & dans les Lectiones antiquæ de Canifius, T. 5. p. 896. edit. vet. T. 1. p. 785, 792. edit. Bafnag. Ce Sermon eft le feul Ecrit de S. Gal qui foit parvenu jufqu'à nous. La Lettre qu'Ufférius a donnée fous fon nom, Sylloge Epift. Hibern. p. 16. eft de faint Gal, fecond Evêque de Clermont en Auvergne. Voyez Cave, Hift. Lit.

dres qui en font la fuite. Il mourut vers l'an 646, OCTOB, 15. le 16 d'Octobre, jour auquel l'Eglife honore fa mémoire (e).

Le Monaftere de Saint-Gal, qui fuivoit la Regle de S. Colomban, embraffa celle de S. Benoît dans le huitieme fiecle. Il fut fucceffivement enrichi par les libéralités de Charles Martel, de Louis le Débonnaire & de Louis le Gros. Les biens & la jurifdiction civile de cette Abbaye devinrent fi confidérables dans la fuite, que Henri I l'érigea en Principauté de l'Empire. Mais quelqu'étendus qu'en fuffent les Domaines avant les guerres fufcitées par les Calviniftes, ils ne comprenoient point proprement la ville de Saint-Gal, qui, en embraffant le Proteftantifme, a privé l'Abbé des droits qu'il y avoit auparavant. L'Abbaye de Saint-Gal eft une de celles qui ont produit le plus de grands hommes. Elle eft également célebre par fa Bibliotheque, qui eft remplie d'un grand nombre de livres imprimés & manufcrits, quoiqu'il s'en foit perdu une partie pendant les guerres civiles.

Quand on veut annoncer l'Evangile avec fruit, on doit commencer par foi-même; c'est-à-dire, que l'on doit remplir fon efprit des maximes de la vraie piété, les graver profondément dans fon cœur, & pratiquer le premier ce que l'on fe propofe d'enfeigner aux autres. La fcience feule ne produit que la préfomption & l'orgueil; jamais elle ne réforme le cœur; elle n'apprend point ce langage qui produit toujours fon effet. La con

(e) Walafride Strabon met la mort de S. Gal peu de temps après celle de S. Euftafe. Mais Mabillon a prouvé, Annal. Bened. 1. 3. n. 23. que notre Saint furvécut plufieurs années au S. Abbé de Luxeul, & qu'il mourut vers l'an 646.

Hoiffance des voies intérieures ne s'acquiert que par l'humilité. Elle fuppofe une ame détachée OCTOв. 16, de toute affection terreftre, appliquée à la méditation de la loi divine, qui, pour me fervir des expreffions de Caffien (1), peut feule donner à l'ame une teinture & une forme célefte. Comme la nourriture que nous prenons devient, par la digestion, une même chofe avec notre chair, de même les affections fpirituelles passent, pour ainsi dire, dans la fubftance même de nos ames, par la méditation & par l'exercice des vertus intérieures ; & lorfqu'on poffédera foi-même ces vertus on fera capable de les enfeigner aux autres, & de leur en infpirer l'amour.

LE MÊME JOUR.

SAINT ALOPH,
MARTYR EN LORRAINE.

SAINT Eliphe, vulgairement faint Aloph ou

Elof, né en Lorraine, fortoit d'une famille où l'on compte plufieurs Saints. Euchaire, fon frere, eft honoré comme Martyr, le 24 d'Octobre, & fes Reliques fe font gardées à Liverdun, jufqu'en 1587 que les Reîtres brûlerent sa Chasse. Il avoit trois fœurs, Menne, Libaire, & Sufanne; les deux dernieres furent martyrifées par les Païens, & enterrées, l'une à Grand en Baffigny, & l'autre à quelque diftance de-là, vers les limites de la Champagne & de la Lorraine. Menne mourut paifiblement, & fut enterrée à Port-Sas, où il y a préfentement un Chapitre de Chanoi

(1) Collat. 14. C. 10.

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