Saint Lul porta fon corps à l'Abbaye de Fulde, & l'enterra honorablement. Durant l'espace de 34 ans qu'il gouverna fon Diocèse, notre Saint fe montra toujours digne du choix de fon Prédéceffeur. Il affifta à plufieurs Conciles, tant en France qu'en Italie (2). On le confultoit de toutes parts; & il paroît par les lettres qu'on lui adreffoit de Rome, de France & d'Angleterre, qu'on avoit la plus haute idée de fon favoir. Nous n'avons plus fes réponses; mais il nous refte encore neuf de fes lettres qui ont été publiées parmi celles de faint Boniface (3). Les ornemens du langage y font négligés, fuivant l'ufage de ce temps-là, mais les matieres qui en font le sujet font intéreffantes. On voit par la quatrieme, que le Saint faifoit venir de bons livres des pays étrangers, & qu'il les répandit dans la France & dans l'Allemagne. La plupart des autres préfentent de grands exemples d'humilité, de follicitude paftorale, de zele pour l'observation des Canons, &c. La foixante-deuxieme eft un Mandement pour ordonner des prieres, des jeûnes & des meffes. Il y eft dit ,, qu'on célebrera les Meffes qui font prefcrites (dans le Miffel) contre les tempêtes, afin d'obtenir de Dieu la ceffation de la pluie qui faifoit craindre pour les fruits de la terre". Saint Lul, après y avoir annoncé la mort du Pape (Paul I ou Etienne III) ordonne de réciter pour lui les prieres accoutumées. Cuthbert, Abbé de Wiremouth en Angleterre, fuivoit la même pratique. Il dit dans une lettre à faint Lul, qu'il avoit ordonné quatre-vingt-dix Meffes pour les freres morts en Allemagne. Ces deux grands hommes étoient dans l'ufage de s'envoyer mutuellement les noms de (a) Conc. T. 6. p. 1702, (3) Inter S. Bonif. Ep.4.5, 1722. 45,46,47, 62, 100, 101, 111, OCTOB. 16. ceux qui mouroient parmi eux. Cette doctrine au OCTOR. 16. refte ne leur étoit point particuliere, comme on Je voit par plufieurs lettres de faint Boniface (a). Saint Lul mal informé, prit parti contre faint Sturmius, Abbé de Fulde, qu'on avoit fauffement accufé de trahison contre le Roi Pepin. Cette furprise nous apprend avec quelle précaution nous devons nous conduire dans nos jugemens. Mais le faint Archevêque reconnut depuis fa faute, comme on le voit pas fa charte de donation à l'Abbaye de Fulde, qu'il figna l'an 785, en préfence de l'Empereur Charlemagne (b). Il quitta fon Siege avant fa mort, & fe retira dans le Monaftere de Harsfeld qu'il avoit fondé. Il y mourut le 1 Novembre 787. Voyez Mabillon, A&t. Ben. T. 4. Serarius Rerum, Mogunt. l. 4. p. 371, cum annot. à Georgio Chriftiano Joannis, Francofurti ad Menum, 1722. SAINT ANASTASE DE DOYDES, HERMIT E. SAINT Anastase eut Venife pour patrie, & vine au monde au commencement du onzieme fiecle. Il fut élevé dans les fciences, & y fit de grands progrès de férieufes réflexions fur la vanité du monde, lui infpirerent le deffein de tendre à la perfection. Il quitta fa patrie, vint en France (a) Voyez fur-tout une de fes Lettres à l'Abbé du Mont-Caffin, Ep. 106. (b) Mabillon l'a donnée dans fa Vetus Difciplina Monaftica, imprimée à Paris en 1726. Il est prouvé par cette piece, ainfi que par la lettre de S. Boniface au Pape Zacharie, que les Moines de Fulde travailloient alors des mains, & qu'ils s'interdifoient l'ufage du vin & de la viande. ОСТОБ. & alla prendre l'habit dans le Monaftere du mont Voyez fa Vie donnée par Mabillon avec des S. Anfelm. 1. 1. Ep. 3. l'Univerfité, par du Bou- 21. & dans l'Hiftoire de XVII. JOUR D'OCTOBRE. SAINTE HEDWIGE, OU SAINTE HAVOIE, DUCHESSE DE POLOGNE, VEUVE. Tiré de fa Vie qui eft exacte, & que l'on trouve dans le Recueil de Surius, ainfi que dans les Saints illuftres d'Arnaud d'Andilly. Voyez encore Chromer, Hift. 1. 7, 8. Dlugloff, Hitt. Polon. 1. 6, 7, 8. & le P. Matthieu Raderus, Bavaria Sancta, T. 1. p. 147. HEDWIGE L'AN 1243. EDWIGE eut pour pere Bertold d'Andech, OCTOB. 17. troifieme du nom, Marquis de Méran, Comte de Tirol, Prince ou Duc de Carinthie & d'Iftrie (a). Sa mere, nommée Agnès, étoit fille du Comte de Rotletch. Hedwige avoit trois fœurs & quatre (a) Tels font les titres qui font donnés à Bertold, dans la Chronique d'Andech, & dans la Vie de fainte Elifabeth. Voyez Lazius & Raderus, T. 3. paflim. Chromer, l. 7. Baillet, & quelques autres Auteurs fe font trompés, en donnant à Bertold le titre de Marquis de Moravie, au-lieu de celui de Marquis de Méran. Nous apprenons de Bertius, Rer. German. que dans ce tempslà la Moravie étoit poffédée par une autre famille. La ville de Méran, fituée près du Château de Tirol, qui dans la fuite donna fon nom au pays, étoit une Principauté célebre, qui existoit avant le regne de Frédéric Barberouffe. Les héritiers mâles ayant manqué, les domaines de cette Principauté furent divifés entre les Vénitiens, les Ducs de Baviere & d'Autriche, le Seigneur de Nuremberg, & d'autres Princes voisins. Le Château d'Andech, appellé aujourd'hui Montagne fainte, parce qu'on y a enterré un grand nombre de freres. Agnès, l'aînée de fes fœurs, fut mariée Saints, eft vis-à-vis de Diel- L'illuftre famille des Com- mourut le 17 Juin 954. Berthold III eft appellé |