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foumettre quand il juge à propos de nous en

,, lever de ce monde, ou de nous priver de nos OCTOB. 17. amis". La tranquillité de fon ame & la férénité de fon visage montroient encore plus que fes paroles, combien elle avoit fait de progrès dans les vertus qu'elle recommandoit aux autres, & jufqu'à quel point la foi triomphoit en elle des fentimens de la nature. Elle prit alors l'habit parmi les Religieufes de Trebnitz, & vécut fous la conduite de fa fille Gertrude qui étoit Abbesse de cette Maifon. Elle ne fit cependant point de vœux, afin d'être toujours à portée de fecourir les malheureux par fes aumônes. Les Religieufes ne pouvoient penfer fans admiration à fon humilité & à fa douceur. Comme elle ne portoit que des habits tout ufés, une des foeurs lui dit un jour,, Pourquoi portez-vous ces haillons? il vaudroit mieux les donner aux pauvres. Si ,, cet habit vous offense, répondit la Sainte, je fuis prête à me corriger de ma faute". Elle le quitta fur le champ, & en prit un autre.

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Trois ans après la mort de fon mari, elle eut la douleur de perdre fon fils Henri le Pieux, Duc de la Grande & Petite Pologne, & de la Siléfie. Les Tartares venus du Nord de l'Afie ne fe propofoient rien moins que d'envahir toute l'Europe. Ayant ravagé tout le pays qui s'étoit trouvé fur leur paffage, en traverfant la Ruffie & la Bulgarie, ils arriverent devant la ville de Cracovie en Pologne. Ils la trouverent abandonnée de fes habitans qui s'étoient enfuis avec ce qu'ils avoient de plus précieux. Ils y mirent le feu, & il n'en refta rien que l'Eglife de Saint-André qui étoit hors l'enceinte des murailles. De-là ils pafferent dans la Siléfie, & vinrent fe préfenter devant Breflaw. Mais ils leverent bientôt le fiege, & fe re

tirerent du côté de Legnitz; on attribua leur fuite' CCTOS. 17. aux prieres d'un faint Religieux de l'Ordre de

faint Dominique, nommé Čeflas ou Cieflas. Le Duc Henri raffembla tout ce qu'il avoit de troupes pour s'oppofer à l'ennemi. Tous les foldats de fon armée fe confefferent & communierent (2). Après quoi, tous remplis de courage, ils marcherent contre les Tartares, réfolus de vaincre ou de mourir. Henri avoit dans fon armée Miceflas, Duc d'Oppelen dans la Haute Siléfie, Boeflas, Marquis de Moravie, & plufieurs autres Princes. I donna dans le combat les plus grandes preuves de valeur & de prudence, & il eut quelque temps l'avantage : mais fon cheval ayant été tué fous lui, il perdit lui-même la vie près de Legnitz. On porta fon corps à la Princeffe Anne fa femme, qui l'envoya à Breflaw, où il fut enterré dans le Couvent des Francifcains que l'on Batiffoit alors. Ses enfans que l'on avoit renfermés dans la citadelle de Legnitz, échapperent à la fureur des Infideles. Hedwige s'étoit retirée elle-même avec fes Religieufes, & la Princeffe Anne fa belle-fille, dans la fortereffe de Chrofne. A la nouvelle du défaftre dont nous venons de parler, la Princeffe Anne & l'Abbeffe de Treb nitz furent plongées dans la plus vive affliction. Hedwige, toujours maîtreffe d'elle-même, les confoloit.,, Dieu, leur dit-elle, a difpofé de mon ,, fils, comme il lui a plu. Nous ne devons avoir d'autre volonté que la fienne". Puis, levant les yeux au ciel, elle fit la priere fuivante :,, Je vous remercie, ô mon Dieu, de m'avoir donné un tel fils, qui n'a ceffe de m'aimer & de 'honorer, & qui ne m'a jamais caufé le moindre déplaifir. Le voir vivre étoit pour moi un grand fujet de joie mais j'en reffens une (2) Chromer, 1. 6. Dlugoff, 1. 7. ad an. 1241, 677:

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,, bien plus grande de le voir mériter par fa mort, de vous être uni dans votre royaume. O mon OCTOB. 17. Dieu, je vous recommande de tout mon cœur ,, fon ame qui m'eft fi chere". Sa réfignation & fa fermeté produifirent leur effet. C'étoit ainfi qu'elle faifoit paffer dans l'ame des autres, les fentimens dont elle étoit pénétrée elle-même.

Son humilité fut récompenfée du don des mitacles. Elle rendit la vue à une Religieufe aveugle, en formant fur elle le figne de la croix. L'Auteur de fa vie rapporte plufieurs autres guérisons miraculeufes dont elle fut l'inftrument. Il ajoute qu'elle pénétroit auffi dans l'avenir, & qu'elle prédit fa propre mort. Se voyant attaquée de la maladie dont elle mourut, elle voulut recevoir l'Extrême-Onction lorfqu'on ne la croyoit point encore en danger. Elle ne ceffa de méditer juf qu'à fon dernier foupir, fur la Paffion de J. C. afin de fe préparer au paffage de l'éternité. Dieu l'appella à lui le 15 Octobre 1243. On l'enterra dans le Monaftere de Trebnitz. Elle fut canonifée par Clément IV, en 1266; & l'année fuivante on renferma fes Reliques dans une châffe (3). Le Pape Innocent XI a fixé fa fête au 17 d'Octobre (d).

La conftance de fainte Hedwige, à la perte de ce qu'elle avoit de plus cher dans le monde, ne venoit point d'infenfibilité. Les entrailles des Saints font d'autant plus tendres, que leur charité eft plus compatiffante & plus étendue. Mais le vif fentiment qu'ils ont de l'éternité & du

(3) Dlugoff, Hift. Polon. 1. 7. p. 781, 783, T. 1.

(d) Il y a une autre fainte Hedwige, qui étoit fille de Louis, Roi de Hongrie, qu'on élut auffi Roi de Pologne. Cette Princeffè, de

venue par élection Reine de
Pologne en 1384, fe fit prin-
cipalement admirer par sa
charité pour les pauvres, par
fes libéralités envers les E-
glifes, les Monafteres & les
Univerfités, par fon huma

néant des chofes créées, leur fait regarder certe OCTOB 17, vie comme un moment, & les met dans la dif

pofition de n'ftimer que ce qui eft dans l'ordre de la Providence, ou ce qui peut contribuer à leur falut éternel. Nous lifons dans la Vie du vénérable Jean d'Avila, par Louis de Grenade, que la Marquise de Pliego, voyant fon fils aîné n'avoir de goût que pour la retraite & les exercices de la piété, avoit coutume de dire que le plus grand plaifir d'une mere, chrétienne, étoit d'avoir un fils très-vertueux. Une autre Dame de qualité, felon le même Auteur, ayant perdu un fils qu'elle aimoit tendrement, & qui étoit fort pieux, s'écria qu'elle ne pouvoit exprimer la joie qu'elle reffentoit, en penfant qu'elle avoit envoyé au ciel, avant elle, un Saint qui lui étoit fi cher. Si dans de femblables occafions nous ne mettons point de bornes à notre douleur, nous ne devons nous en prendre qu'à la foibleffe de notre foi

LE MEME JO ÚŘ. SAINTE AUSTRUDE, ABBESSE A LaoN.

SAINTE Auftrüde,

nité & fon averfion pour le
fafte, par fa douceur inalté-
rable. Elle ne vouloit lire
que des livres de piété; ceux
auxquels elle donnoit la pré-
férence, après l'Ecriture
Sainte, &toient les Homélies
des Peres, les Actes des Mar-
tyrs & des autres Saints, les
Méditations de S. Bernard,
&c. Elle époufa Jagellon,
Grand-Duc de Lithuanie, en
1386; mais ce fut à condition

valgairement appellée

que ce Prince recevroit le Baptême, & qu'il établiroit le Chriftianifme dans fon Duché, qui depuis ce temps-là eft uni à la Pologne. Hedwige mourut à Cracovie, en 1399. Dlugoff lui attribue des miracles, l. 10. p. 160. Chromer & les autres Hif toriens Polonois lui donnent le titre de SAINTE, quoique fon nom n'ait point été înféré dans les Martyrologes:

1

fainte Auftru, étoit fille de Blandin Bofon & de fainte Salaberge, qui fonderent à Laon l'Ab Octob. 17 baye de Saint-Jean-Baptifte. Salaberge se retira depuis dans un Monaftere, du confentement de fon mari. Elle y prit l'habit, & en devint Abbeffe. On l'honore parmi les Saints le 22 de Septembre. Auftrude, qui fe fit Religieufe dans la même Maifon, fuivit fidelement les tracés de fa mere, & lui fuccéda après fa mort. Elle fut un modele de fainteté, par fon exactitude à remplir tous les points de la Regle, par fon zele rendre & éclairé dans la conduite de fes Sœurs, par la charité fans bornes envers les pauvres, & par fon application conftante à la priere. Les occupations extérieures n'étoient point capables d'interrompre, fon recueillement. Excepté les Dimanches & le jour de Noël, elle ne mangeoit jamais qu'à trois heures après midi. Les jours de jeûne, elle ne prenoit aucune nourriture qu'après le coucher du Soleil. Souvent elle prioit les nuits entieres dans l'Eglife, à l'exception de quelques inftans qu'elle donnoit au repos, fur un petit fiege placé auprès de la porte. Il plut à Dieu de perfectionner fa vertu par de rudes épreuves. Le pieux Baudoin, fon frere, fut indignement affalliné; elle fe vit elle-même fur le point d'être la victime des fureurs d'Ebrojn. A la fin cependant Ebroin, touché de fa conftance. s'adoucit en fa faveur; il rendit même justice à fon innocence, & devint fon protecteur. Pepin, Maire du Palais, lui accorda auffi fa protection. Elle mourut en 688, & elle eft nommée dans les Calendriers de France & de l'Ordre de S. Benoît. L'Abbaye des Bénédictines de Saint-JeanBaptifte de Laon, fut donnée aux Religieux du même Ordre, en 1229, & elle fubfifte encore fans un état floriffant. Il y a dans la même ville

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