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l'Idolâtrie. Juftin, tranfporté de fureur, s'écria: Quoi, malheureux, tu parles comme fi tu vou- OCTOB, 22+ lois me rendre Chrétien"! Il délibéra enfuite avec fon Confeil, & prononça la Sentence fuivante:,, Nous ordonnons que Philippe & Hermès, qui, pour avoir défobéi aux Empereurs, se font rendus indignes du nom de Romains, foient brûlés, afin de fervir d'exemple aux autres". Les deux Saints entendirent cette Sentence avec joie. On fut obligé de porter Philippe au fupplice, parce qu'il n'avoit pas la force de marcher; Hermès le fuivit, mais avec beaucoup de peine, parce qu'il avoit auffi mal aux pieds.,, Maître, difoit-il à Philippe, hâtons-nous d'aller au Seigneur. Pourquoi nous inquiéter de nos pieds, puifque nous n'aurons plus d'oc,,cation de nous en fervir"? Puis, fe tournant vers ceux qui le fuivoient, il leur dit :,, Le Sei"gneur m'a révélé que je dois fouffrir. M'étant endormi, il y a quelques jours, il me fembla voir une colombe auffi blanche que la neige, ,, qui entrant dans ma chambre vint fe repofer fur ma tête; elle defcendit enfuite fur ma poitrine, & me préfenta un mets d'un goût délicieux. Je connus que c'étoit le Seigneur qui m'appelloit, & qu'il daignoit m'accorder la ,, gloire du martyre (a)".

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Lorsqu'on fut arrivé au lieu du fupplice, les bourreaux, felon la coutume, mirent Philippe dans une foffe, & lui couvrirent de terre les pieds & les jambes jusqu'aux genoux. Ils lui lierent enfuite les mains derriere le dos, & les attacherent à un pieu. On fit enfuite defcendre Hermès

(a) Fleury penfe que par ce mets délicieux, on doit entendre l'Euchariftie que les Martyrs recevoient avant le combat.

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dans une autre foffe. Comme il fe foutenoit à OCTOB. 21. l'aide d'un bâton, à caufe de la foibleffe de fes pieds, il dit avec une douce fécurité :,, Malheu,, reux Démon, tu ne peux pas même fouffrir ,, que je fois ici"? A peine eût-il prononcé ces paroles, qu'on lui couvrit les pieds de terre. Le feu n'étant point encore au bûcher, il appella un Chrétien, nommé Velogus, & lui dit :,, Je ,, vous conjure par Notre Seigneur Jesus-Chrift, de dire de ma part à Philippe mon fils, de ,, rendre tous les dépôts dont j'étois chargé, pour ,, que l'on ne puiffe me faire aucun reproche; ,, les loix civiles même l'ordonnent. Dites-lui ,, qu'il eft jeune, qu'il doit travailler pour fournir à fa fubfiftance, comme je l'ai fait, & fe bien conduire envers tout le monde". On lui lia les mains derriere le dos, quand il eût fini de parler, & on mit le feu au bûcher. Les faints Martyrs ne cefferent de louer Dieu, qu'en ceffant de vivre. Leurs corps furent trouvés entiers. Philippe avoit les bras étendus comme quelqu'un qui eft en prieres; Hermès avoit le vifage frais, & le feu n'y avoit point laiffé de traces. Juftin ordonna de jetter leurs corps dans l'Hebre mais quelques Chrétiens d'Andrinople les retirerent du fleuve, & les cacherent dans un lieu appellé Ogeftiron, & qui étoit à deux milles de la ville.

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Le Prêtre Sévere, qui étoit toujours en prifon, apprit le martyre de Philippe & d'Hermès. Il fe réjouit de leur triomphe, & demanda la grace de le partager, puifqu'il avoit aufli confeffe le nom de Jefus Chrift. Sa priere fut exaucée, & il fouffrit trois jours après.

L'ordre de brûler les Saintes Ecritures, & de détruire les Eglifes, montre que les trois Martyrs fouffrirent après les premiers Edits de l'Empereur

Dioclétien. Ils font nommés dans les Martyrologes, fous le 22 d'Octobre.

Qui prépara les Martyrs au combat? Qui leur inspira ce courage invincible? Qui leur fit remporter la victoire? La crainte de Dieu, la pratique de l'humilité, l'exercice de la mortification, l'ufage faint & fréquent des Sacremens, la priere & la méditation de la Loi du Seigneur, le mépris du monde, le défir du Ciel. Les perfécutions fpirituelles font fouvent plus dangereufes que celles qui s'exercent contre les corps, & elles ont des fuites infiniment plus funeftes. La volupté, les richeffes, l'orgueil & l'ambition font périr plus d'ames, que les Néron & les Dioclétien ne firent périr de corps. C'eft courir à une mort certaine, que de s'expofer fans armes, aux attaques de tant d'ennemis. Employons donc celles qu'employerent les Martyrs; nous ferons invulnérables, & nous remporterons la victoire.

LE MÊME JOUR.

SAINT MARC,

Ev & QUE DE JERUSALB M.

L'APÔTRE faint Jacques, & faint Siméon, fon frere, furent les deux premiers Evêques de Jérufalem. Les treize Evêques fuivans étoient aufli Juifs de naiffance. Il paroît que le dernier d'entre eux, nommé Jude, fut mis à mort avec les Chré tiens maffacrés en 134, par Barcoquébas. Il eft nommé dans les Martyrologes qui portent le nom

OCTUB, 22,

de S. Jérôme, fous le 1 de Mai, & dans celui OCTOB 23. d'Usuard, fous le 4 du même mois (1).

Les Juifs ayant reconnu Barcoquébas pour leur Roi & leur Meffie, fe révolterent de nouveau. L'Empereur Adrien marcha contre eux & les vainquit. Il fit même rafer tout ce qu'on avoit conftruit de bâtimens à Jérufalem depuis Titus. Il jetta les fondemens d'une nouvelle ville, non à l'endroit où avoit été l'ancienne Jérufalem, mais un peu plus loin, & il voulut qu'elle fe nommât Elia Capitolina. Elle porta ce nom juf qu'au regne de Conftantin le Grand, qu'elle reprit celui de Jérufalem. Ce Prince défendit aux Juifs d'en approcher; ainfi tous les Chrétiens qui s'y retirerent, étoient Gentils. Ceux-ci qui formoient une Eglife affez nombreuse, choifirent Marc, l'un d'entre eux, pour leur Evêque. C'étoit un homme également recommandable par fon favoir & par fa fainteté. On dit qu'il gouverna vingt ans l'Eglife de Jérufalem, & qu'il termina fa vie par le martyre en 156.

Voyez Eufebe, Hift. 1. 4. c. 6. l. 5. c. 12. Sulpice-Sévere, 1. 2. le P. le Quien, Or. Chr. T. 3. p. 146. le Martyrologe Romain & celui d'Ufuard.

ON

N

SAINT MELLON,

EVEQUE DE ROUE N.

On lit dans les Actes de faint Mellon, qu'il naquit dans la Grande-Bretagne ; qu'ayant fait un voyage à Rome, il y fut converti & baptifé par le Pape Etienne, & que ce Souverain Pontife

(1) Voyez les Rollandiftes T. 3. Maii in Tr. prælim P. 9. P. 34.

l'envoya prêcher la Foi dans les Gaules, vers l'an 257. Ceux qui penfent que faint Nicaife, OCTOB. 22. premier Apôtre de la Neuftrie, ne fut que Prêtre, font faint Mellon premier Evêque de Rouen. Ils le placent fur le fiege de cette ville en 260, & lui donnent cinquante ans d'épifcopat. On lui attribue la fondation de la Cathédrale, & celle de plufieurs autres Eglifes. Ses travaux & fes miracles gagnerent à Jefus-Chrift un grand nombre d'ames. 11 mourut en paix au commencement du quatrieme fiecle, puifqu'Avicien, fon fucceffeur immédiat, affifta au Concile d'Arles qui fe tint en 314. Il fut enterré dans l'Eglife de Saint-Gervais, hors des murs de la ville de Rouen. La crainte des Normands fit tranfporter fes Reliques à Pontoise en 880. Elles y font toujours reftées depuis, & elles fe gardent dans l'Eglife Collégiale, dont le faint Evêque eft Patron.

Voyez le P. Pommeraye. Hift. des Archevêques de Rouen, p. 44. Ufférius, Antiq. Britan. le Gallia Chrift. nova, T. 11. & Trigan. Hift. Eccl. de Norm. T. 1. p. 11.

SAINT

LOUVENT

(a),

Abbé de Saint-Privat de Gabales ou de
Favouls en Gévaudan.

Ce fut par les perfécutions que Dieu conduifit

E

à lui ce faint Abbé. Ayant été accufé par Innocent, Comte de Gabales ou de Javouls (b), d'avoir tenu des difcours injurieux contre la Reine Brunehaut, il fut obligé d'aller à la Cour d'Auf

(a) En latin LUPENTIUS. de Javouls a été transféré à (b) Le Siege épifcopal Mende.

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