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réveillé de fa léthargie, & que le preftige qui ❤CTOB. 23. l'éblouiffoit a disparu. Meurt-il dans cette infenfibilité, fon défespoir n'en fera que plus affreux dans l'éternité. Pour le vrai Chrétien, il trouve en Dieu une confolation folide dans tous les événemens; il met en lui fa confiance, que rien ne peut ébranler; il ne voit en tout que l'accompliffement de la volonté divine qu'il chérit, & à laquelle il s'abandonne fans craindre d'être confondu. Il a fans ceffe devant les yeux la toutepuiffance, la bonté & la miféricorde du Seigueur; il ne nomme point fes perfections, il n'y pense point fans fe fentir pénétré d'amour & de joie. Une crainte filiale, jointe à une fincere componction, anime & entretient fa confiance. Il invoque fon Dieu, fon Rédempteur, fon ami, fon protecteur; il le prie de déployer fa toutepuiffance, qui ne fe manifefte jamais plus admirablement que dans le pardon des péchés; de faire paroître fa miféricorde, en lui infpirant les fentimens d'une fincere pénitence, & de difpofer tous les événemens de la maniere la plus conforme à fa volonté, & pour la plus grande gloire de fon Nom adorable.

SAINT JEAN DE CAPISTRAN, RELIGIEUX DE L'ORDRE DE S. FRANÇOIS. Tiré de la Vie du Saint, écrite par deux de fes difciples, Chriftophe de Varifo, & Gabriel de Verone; d'une lettre de fes Compagnons, laquelle contient la relation de fa mort, & eft adreffée au Cardinal Eneas Sylvius. V. Bonfinius, Dec. 3. 1. 7. Eneas Sylvius, Hift. Boch. c. 65. & Defcript. Europæ, c. 8. Gonzaga, in Auftriaca & Argentina Provincia, p. 451. le P. Henri Sédulius, Hift. Seraphica, feu S. Fran. & aliorum SS. hujus Ordinis, 1611, fol. les Annales de Wadding en 8 vol. Lenglet du Fresnoy fe trompe en disant que le Catalogue des Ecrivains de l'Ordre de Saint François, par Wadding, fait fon huitieme volume. Indépendamment de ce Catalogue, il y a un huitieme volume des Annales, qui fut imprimé à Rome en 1654,& qui eft devenu fort

rare.

SAINT

L'A N. 1456.

AINT Jean de Capiftran naquit dans la ville de ce nom, en 1385. Son pere étoit un Gentilhomme d'Anjou, qui, ayant été fervir dans le Royaume de Naples, s'établit à Aquila, puis dans la petite ville de Capiftran qui en eft peu éloignée. Après avoir appris la langue latine dans fa patrie, le Saint alla étudier à Péroufe le Droit Civil & Canonique, & fut reçu Docteur avec beaucoup d'applaudiffement dans ces deux Facultés. Ses talens, joints à une fortune confidérable, le mirent en état de jouer un grand rôle;

OCTOB. 15.

& un des principaux habitans de cette ville lui OCTOB 23. donna fa fille en mariage.

Les brouilleries furvenues en 1413, entre la ville de Pérouse, & Ladiflas, Roi de Naples, lui fournirent l'occafion de rendre fervice à fes compatriotes. On le chargea de négocier la paix; & il eut lieu pendant quelque temps de fe flatter de l'espérance du fuccès. Cette négociation lui fit faire plufieurs voyages, qui cependant ne produifirent pas l'effet qu'on s'en étoit d'abord promis. Ceux des habitans de la ville qui avoient pris parti dans la querelle avec le plus d'ardeur, s'imaginerent que Jean trahiffoit les concitoyens, & qu'il favorifoit fourdement le Roi de Naples, fon premier maître. On fe faifit de fa perfonne, & on le renferma dans le Château de Bruffa, cinq milles de Péroufe. Il fouffrit beaucoup dans fa prifon; on le chargea de chaînes pefantes, & on lui donna pour toute nourriture du pain & de l'eau. Se voyant abandonné du Roi Ladiflas lui-même, & connoiffant par fa propre expérience l'inftabilité des chofes humaines, il fit de férieufes réflexions fur la néceffité de fe donner à Dieu, & en peu de temps il devint un homme nouveau. Comme la mort venoit de lui enlever fa femme, il réfolut de fe confacrer à la pénitence dans l'Ordre de Saint François. Il demanda fur-le-champ à y être admis: mais on refufa de lui donner l'habit, tant qu'il resteroit en prifon. Impatient du moindre délai, il fe coupa les cheveux, & fit donner à fon vêtement la forme d'un habit religieux. Lorsqu'il eût obtenu fa liberté, il fe rendit à Capiftran, pour vendre fes biens. La moitié du prix de cette vente fut employée à payer fa rançon, & l'autre fut donnée aux pauvres. De retour à Péroufe, il fe retira chez les Francifcains de Monte dans cette ville, en 1415.

Il avoit alors trente ans. Le Gardien le fit paffer par les plus rudes épreuves pour s'affurer de fa ocтOB, 13. vocation. Il exigea même qu'il traverfât les rues de Péroufe monté fur un âne, avec un habit ridicule, & un écriteau fur lequel on lifoit les noms de plufieurs péchés griefs. C'étoit quelque chofe de bien humiliant pour un homme qui avoit de la naiffance & de la réputation. Mais la ferveur du Saint étoit fi grande, que cette humiliation ne lui coûta rien. On le renvoya deux fois du Couvent, & on ne l'y reçut qu'aux conditions les plus dures. La maniere dont il fupporta ces différentes épreuves, lui fit bientôt remporter fur lui-même une victoire complete. Il n'y eut plus rien dans la fuite qui lui parût difficile. Une Confeffion générale précéda la premiere Communion qu'il fit après fa prife d'habit. Il paffa encore, pour s'y préparer, trois jours dans la priere & les larmes.

Après fa profeffion, il fe fit une loi de ne plus faire qu'un repas par jour; feulement dans les voyages longs & pénibles, il fe permettoit le foir une légere collation. Il ne mangea point de viande pendant trente-fix ans, à moins qu'il ne fût malade. Le Pape Eugene IV lui ayant ordonné d'en manger un peu dans fa vieilleffe, il le fit par obéiffance; mais il en prenoit en fi petite quantité, qu'on lui laiffa une pleine liberté fur cet objet. Il couchoit fur des planches, & ne donnoit au fommeil que trois ou quatre heures de la nuit ; le refte étoit employé à la priere & à la contemplation. Pendant plufieurs années, il n'interrompoit ce double exercice, que par la prédication, & la néceffité de réparer fes forces par quelques momens de repos. Il feroit trop long de rapporter ici les exemples de vertu qu'il pra

tiqua, fur-tout de fa pénitence, de fon humilité TOR. 23. & de fon obéiffance. Il poffèdoit l'efprit de componction, & le don des larmes dans un fi haut degré, que tous ceux qui converfoient avec lui, en étoient dans l'admiration. Son zele pour la gloire de Dieu & pour le falut des ames, étoit extraordinaire; auffi croyoit-on retrouver autre faint Paul dans fes prédications & fes actions. Il touchoit les pécheurs les plus endurcis. Il les pénétroit de la crainte des Jugemens de Dieu, & il leur infpiroit de vifs fentimens de componction. A la fin d'un Sermon qu'il fit à Aquila, fur la vanité & les dangers du monde, les femmes apporterent leurs ajustemens avec les autres objets qui avoient été fi fouvent des occafions de péché pour elles & pour les autres, & les jetterent au feu. On vit arriver la même chofe Nuremberg, à Leipfic, & en plufieurs autres endroits. Le Saint avoit un talent fingulier pour étouffer les haines, & rapprocher les cœurs défunis. Il rétablit la paix entre la ville d'Aquila & Alphonfe d'Arragon; il réconcilia les familles d'Oronefi & de Lanzieni. Il appaifa les querelles qui divifoient plufieurs villes, & il calma fouvent de violentes éditions.

Il fut élu deux fois Vicaire Général des Obfervantins, ou Francifcains-Réformés d'Italie. Il exerça cette charge pendant fix ans, & il contribua beaucoup à affermir la Réforme qui avoit été établie par faint Bernardin de Sienne. Il n'en étoit pas moins exact à prêcher l'Evangile. A la fuite d'un Sermon qu'il avoit fait en Bohême, fur le Jugement dernier, plus de cent jeunes gens embrafferent la vie religieufe, & furtout dans l'Ordre de Saint François. Il retraçoit dans fa perfonne les vertus de S. Bernardin de Sienne, avec fa dévotion pour le Nom de Jefus

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