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On vit, à la maniere dont faint Ignace remOCTOB, 23. pliffoit les fonctions de l'Epifcopat, que les épreuves & les fouffrances avoient perfectionné fes vertus. Il mourut le 23 Octobre 878, à l'âge de près de quatre-vingts ans. On porta fon corps, renfermé dans un cercueil de bois, à l'Eglife de Sainte-Sophie, où l'on fit les prieres ordinaires pour le repos de fon ame. De-là on le transféra dans l'Eglife de Saint-Menne, où deux femmes poffédées du Démon furent délivrées par fon interceffion. Enfin on dépofa fes Reliques dans l'Eglife de Saint-Michel, qu'il avoit fait bâtir près du Bofphore, à quelque distance de la ville. Les Latins & les Grecs célebrent la fête de faint Ignace, le 23 d'Octobre.

LE MÊME JOUR.

SAINT

ROMAIN,

EVÊQUE DE ROUEN.

ROMAIN

OMAIN fortoit d'une famille françoise, où la naiffance étoit jointe à la vertu. Ses parens, qui le regardoient comme le fruit de leurs prieres & de leurs aumônes, prirent un grand foin de fon éducation. Ils le formerent fur-tout à la piété. Quand il fut en âge de paroître dans le monde on l'envoya à la Cour de Clotaire II, le troifieme Roi François, qui réuniffoit toute la Monarchie. Il mérita l'eftime & la confiance de ce Prince, qui l'éleva depuis à la dignité de Référendaire ou de Chancelier.

Après la mort de Hidulphe, Evêque de Rouen, laquelle arriva en 626, on élut Romain pour le remplacer. Ce choix fut unanimement approuvé. Le Saint voulut inutilement faire des repréfenta

rions; on n'y eut aucun égard. A peine eût-il reçu l'onction épifcopale, qu'il employa tous OCTOB. 23, les moyens propres à détruire dans fon Diocèfe les reftes de l'Idolâtrie. Il abattit quatre Temples dédiés à Vénus, à Mercure, à Jupiter & à Apollon. Le premier étoir dans la ville de Rouen.

Les affaires de fon Diocèfe l'ayant appellé à la Cour de Dagobert, il y apprit qu'une inondation de la Seine faifoit de grands ravages dans la ville. Il part auffi-tôt, & vole au fecours de fon troupeau. A fon arrivée, il fe met en prieres, & tenant un Crucifix à la main, il s'avance du côté de la riviere, qui rentre dans fon lit (a).

(a) Le nom de faint Romain eft célebre en France, à caufe du privilege dont l'Eglife de Rouen eft en poffeffion, & qui confifte à délivrer tous les ans un criminel, de la prifon & de la mort, le jour de l'Afcenfion. Deux mois auparavant, le Chapitre prévient les Juges de ne condamner aucun criminel jufqu'à ce temps-là: le jour arrivé, il choifit le prifonnier destiné à jouir du privilege. On le condamne à mort; après quoi, on le met en liberté. Il fe fait enfuite une Proceffion folemnelle, à laquelle il affifte, portant la Châffe de faint Romain. Le même jour, il entend deux exhortations, & on lui déclare qu'il a obtenu fa grace, en l'honneur du faint Evêque. Après la Proceffion, on chante une Meffe dans la Cathédrale, quoi

qu'il foit ordinairement cinq
à fix heures du foir.

Selon la tradition popu-
laire, le privilege dont il s'a-
git tire fon origine de ce que
faint Romain tua un horri-
ble ferpent, avec l'aide d'un
meurtrier qu'il avoit envoyé
chercher en prifon. Mais on
ne trouve aucune trace de
ce fait dans les différentes
Vies du Saint; & les Ecrits
qui en font mention ne mon-
tent point au-delà de la fin
du quatorzieme fiecle. La
figure du ferpent, nommé
GARGOUILLE, que l'on porte
à la Proceffion, paroît n'ê-
tre à Rouen, comme dans
quelques autres villes, qu'un
fymbole repréfentatif de la
victoire de Jefus-Christ sur
le Démon. La délivrance du
prifonnier fera peut-être aufli
un emblême de la rédemp-
tion du genre-humain par
Jefus-Chrift.

Mais fi les miracles du faint Evêque excitent OCTOB. 23. notre admiration, fes éminentes vertus doivent encore plus particuliérement fixer notre attention. Il macéroit fon corps par des auftérités continuelles ; & après avoir confacré les jours aux fonctions pénibles du miniftere, il donnoit les nuits à l'oraifon. Il bannit par fon zele, le vice & la fuperftition; & il veilloit également au falut de fon ame, & à la fanctification de fon troupeau. Il y avoit treize ans qu'il gouvernoit fon Diocèfe, lorfque Dieu lui fit connoître qu'il approchoit de fa fin. Comme fa vie avoit été une préparation continuelle à la mort, il ne fut point effrayé de cet avertiffement; il redoubla de ferveur dans fes prieres, & d'austérité dans fa pénitence, afin de fe rendre encore plus digne de paroître devant Dieu. Il mourut le 23 Octobre 639, & eut S. Ouen pour fucceffeur. On l'enterra dans l'Eglife de S. Godard, l'un de fes prédéceffeurs; mais dans le onzieme ficcle, fon corps fut porté dans la Cathédrale. En 1179, Rotrou, Archevêque de Rouen, fit faire une chaffe plus riche que la premiere, & on y renferma le

Les Ducs de Normandie du privilege de l'Eglife de accorderent & maintinrent Rouen, qu'on fait remonter le privilege de la Cathédrale à faint Romain. Quelques de Rouen, lequel fut auffi Modernes prétendent qu'il confirmé par plufieurs Rois fut accordé en reconnoiflande France. On l'appelle le ce de ce que la ville avoit PRIVILEGE DE LA FIERTE ou été délivrée, par les prieres CHASSE DE SAINT ROMAIN. du Saint, de l'inondation dont nous avons parlé. On a beaucoup écrit fur l'origine de ce privilege. Voyez la Defcription de la HauteNormandie, par D. Duplefis, T. 2. 1740, in-4.

Sous nos Rois de la premiere race, plufieurs faints Evêques obtinrent quelquefois la permiffion de mettre les prifonniers en liberté. Il n'eft pas hors de vraifemblance que c'eft-là l'origine

corps du Saint; c'eft celle que l'on connoît fous le nom de Fierte de S. Romain.

Voyez le Cointe, Annal. an. 626, 635, 638. le Gallia Chr. Nova, T. 11. p. 12. & la Vie du Saint, écrite en vers léonins par un Eccléfiaftique ou un Moine de Rouen, avant le regne de Charlemagne elle a été publiée par les PP. Martene & Durand, Thefaur. Nov. Anecdot. p. 1651. Ce Poëme fut composé d'après une Vie du faint Evêque, qui étoit plus ancienne (River, Hift. litt. de la Fr. T. 4. & Cont. T. 8. p. 376). Gérard, Doyen de S. Médard de Soiffons, & Fulbert, Archidiacre de Rouen, donnerent auffi la Vie de S. Romain, l'un dans le dixieme fiecle, & l'autre en 1091. C'est l'Ouvrage du fecond que Rigault a publié, avec des differtations & des notes. On doit y ajouter la préface donnée par Martene.

SAINT SEVERIN, VULGAIREMENT SAINT SURIN, EVEQUE DE BORDEAUX.

SAINT

AINT Séverin vint à Bordeaux, des pays de l'Orient. Saint Amand, Evêque de cette ville, qui avoit fuccédé à S. Delphin, vers l'an 404, fut averti en fonge, d'aller au-devant de lui. Les deux Saints s'étant rencontrés, fe faluerent par leurs propres noms, quoiqu'ils ne fe fuffent jamais vus. Amand conduifit Séverin à la Maifon Epifcopale. Lorsqu'il eût été plus à portée de connoître fes vertus, il l'obligea de prendre le Gouvernement de l'Eglife de Bordeaux à fa place, & il ne fe confidéra plus que comme fon

OCTOB. 23.

*

difciple. Séverin mourut quelques années après. OCTOR 13 On voulut alors qu'Amand reprit fon Siege, & il ne put réfifter aux inftances qu'on lui fit à cet égard. Les habitans du pays choifirent depuis S. Séverin pour leur Patron, & ils réclamoient principalement fon interceffion dans les calamités publiques.

L'opinion de ceux qui confondent ce Saint, avec un autre S. Séverin, Archevêque de Cologne, n'eft appuyée fur aucun fondement. Tout ce que nous favons de celui-ci, c'eft qu'il connut par révélation la mort de faint Grégoire de Tours, à l'heure même où ce faint Evêque entroit en poffeffion de la bienheureufe immortalité.

Voyez S. Grégoire de Tours, Mir. Mart. l. 1. c. 4. de Gloria Confeff. c. 45. Baillet, & le Gallia Chr. Nova, T. 2. p. 789.

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