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avoit fouffert. D'autres Hérétiques corrompirent OCTOB, 24 le fens du Trifagion d'une autre maniere. Plufieurs Fideles l'entendoient tout entier de Jefus-Chrift; ce qui n'étoit point contraire à la Foi, par l'idée qu'ils y attachoient; mais faint Ambroife obferve que l'Eglife l'entend de Dieu fubfiftant en trois Perfonnes. Au refte, ces trois Perfonnes étant un feul Dicu, les prieres que l'on adreffe immédiatement à l'une d'elles, font par-là même adreffées à la Trinité. Pour arrêter la hardieffe des Hérétiques, il fut défendu par le Concile in Trullo, tenu en 692, de faire aucune addition au Trifagion (3).

Les Orientaux attribuent à S. Procle la derniere révision de la Liturgie de S. Chryfoftome ou de l'Eglife de Conftantinople, & celle de Saint-Jacques ou de l'Eglife de Jérufalem. Saint Cyrille dit, en parlant de lui,,, que c'étoit un homme ,, rempli de piété, parfaitement verfé dans la ,, connoiffance de la difcipline eccléfiaftique, & ,, un obfervateur exact des Canons". Le Pape Sixte III fait de lui le même éloge. Vigile l'appelle le plus favant des Prélats. Saint Procle mourut le 24 Octobre 447, la même année qu'arriva le tremblement de terre dont nous avons parlé. Il eft nommé dans les Ménologes des Grecs, & dans le Calendrier Mofcovite (4).

Que d'hommes célebres & même recommandables par leur fainteté, ont, ainfi que Neftorius, fait naufrage dans la foi, avant la fin de leur courfe! Qui ne tremblera pas à la vue de pareils exemples? Si nous nous connoiffions, fi

Conc. in Trullo, c. 3. (4) Voyez M. Jof. Affé

mani, in Cal. univ. T. 6. p. 317 & 368.

Rous nous rendions juftice, nous avouerions que perfonne n'eft plus foible, plus fragile que nous. Ne fommes-nous pas indignes de la miféricorde divine, nous qui ne payons que d'ingratitude les graces les plus fignalées? Quand donc nous nous rappellons la chûte des autres, nous devons tourner les yeux fur nous-mêmes; adorer la bonté de Dieu qui daigne encore nous fupporter, & qui est toujours prête à nous recevoir; fortir de notre engourdiffement & pratiquer la vertu avec plus de zele; entrer dans de vifs fentimens de componction, de crainte & d'humilité. Toute notre force eft en celui qui défire notre falut, & qui le procurera, fi nous n'empêchons point les effets de fon amour. Il peut feul nous faire triompher des obftacles par fa grace, qui n'est point refusée à une priere humble, & à une vraie douleur du péché. Ne point employer ces moyens que nous offre la miféricorde du Seigneur, c'eft s'expofer à une perte infaillible.

LE MÉME JOUR,
SAINT FÉLIX,

EVÊQUE EN AFRIQUE, MARTY R.

Αν

u commencement de la perfécution de Dioclétien, un grand nombre de Chrétiens eurent la foibleffe de livrer nos divines Ecritures aux Infideles pour être brûlées. Plufieurs même imaginerent differens prétextes, afin de diminuer ou d'excufer ce crime, comme s'il pouvoit être permis de concourir à une action impie. Félix, Evêque de Thibare, dans la Province Proconfulaire d'Afrique, ne fe laiffa point entraîner par

OCTOS. 24.

- le nombre des coupables. La chûte de fes freres OCTOR. 14. ne fit qu'exciter la vigilance & ranimer fon cou

rage. Magnilien, Magiftrat de la ville de Thibare, s'étant faifi de fa perfonne, lui ordonna inutilement de livrer les Ecritures qui appartenoient à fon Eglife; il répondit qu'il laifferoit plutôt brûler fon corps, que de fe rendre coupable d'un tel crime. Magnilien le fit conduire au Proconful qui étoit à Carthage, lequel le renvoya au Préfet du Prétoire qui fe trouvoit alors en Afrique. Celui-ci, irrité de la généreuse liberté avec laquelle Félix confeffoit la Foi, ordonna qu'on le chargeât de chaînes pefantes, & qu'on le renfermât dans une étroite prifon. Neuf jours après, il le fit embarquer pour l'Italie, afin qu'il comparût devant l'Empereur. Le Saint placé au fond du vaiffeau fuc quatre jours fans boire ni manger. Enfin on prit terre à Agrigente en Sicile. Les Chrétiens de cette ifle reçurent Félix d'une maniere honorable dans tous les lieux où il paffa. Quand on fut à Venoufe dans la Pouille, on lui ôta fes chaînes, pour l'obliger, à force de tourmens, de déclarer s'il avoit les Ecritures. Il répondit affirmativement, mais en même temps il protefta qu'il ne les livreroit jamais. Le Préfet, défefpérant de vaincre fa conftance, le condamna à perdre la tête. Etant arrivé au lieu de l'exécution, il rendit graces à Dieu de la miféricorde qu'il exerçoit à fon égard, & reçut avec joie le coup qui termina fa vie en 303. Il étoit âgé de cinquante-fix ans. Il déclara en mourant que Dieu lui avoit fait la grace de conferver fa virginité, & de prêcher toujours avec zele les vérités enfeignées par Jesus-Christ.

Voyez fes Actes finceres, dans Baronius & Ruinart.

SAINT

MAGLOIRE,

Evê QUE RÉGIONNAIRE,

SAINT

Abbé de Dol.

AINT Magloire naquit dans la Grande-Bretagne, fur la fin du cinquieme fiecle. Il étoit coufin-germain de faint Samfon. On les mit l'un & l'autre fous la conduite de l'Abbé Iltut, difciple de faint Germain d'Auxerre, lequel prit un foin particulier de les former aux fciences & à la piété. Lorsqu'ils furent en âge de fe décider fur le choix d'un état de vie, Samfon fe retira dans un Monaftere. Magloire retourna chez fes parens, & continua d'y pratiquer toutes les vertus chrétiennes.

Amon, pere de Samfon, fut attaqué d'une maladie dangereufe quelque temps après. Il envoya chercher fon fils, & s'humilia devant Dieu, dont il implora la miféricorde. La fanté lui ayant été rendue, il renonça à fes biens pour fe confacrer uniquement au Seigneur avec toute fa famille. Cet exemple eut de grandes fuites; Magloire en fut fi touché, qu'il vint trouver Samfon avec Umbrafel fon pere, Afrele fa mere, & fes deux freres. Ils réfolurent tous de quitter le monde, & diftribuerent auffi-tôt leurs biens aux pauvres & aux Eglifes. Magloire & fon pere s'attacherent plus particuliérement à Samfon, & ils obtinrent de lui la permiffion de prendre l'habit monaftique dans la même Maifon. Umbrafel fut envoyé depuis en Irlande, & chargé du gouvernement des Monafteres de ce pays.

Lorfque faint Samfon eut été facré Evêque Régionnaire, il s'affocia faint Magloire qui avoit été élevé au Diaconat. Il l'emmena avec lui dans l'Armorique, efpérant qu'il lui feroit fort utile,

OCTOB. 24.

qu'il l'aideroit dans fes travaux apoftoliques, & OCTOB. 24. qu'il contribueroit par fon zele à la propagation de l'Evangile. Le Roi Childebert appuya de fon autorité les faints Miffionnaires qui furent bientôt en état de fonder quelques Monafteres. Samfon fit fa réfidence dans celui de Dol, & donna la conduite de celui de Kerfunt ou Kerfuntée, à faint Magloire qu'il ordonna Prêtre, afin qu'il pût lui fuccéder dans l'exercice des fonctions épifcopales.

Magloire, à l'exemple de fon prédéceffeur, prêcha l'Evangile aux Bretons qui habitoient fur les côtes. Ces peuples étoient Chrétiens, aumoins pour la plûpart; mais le malheur des guerres, & les fléaux qui en font la fuite avoient affoibli en eux la connoiffance de Jefus - Chrift, & l'avoient prefque entiérement effacée dans plufieurs. Le Saint continua de vivre avec fes Moines, comme par le paffé. Il ne quittoit point le cilice; mais il le couvroit d'un vêtement fait avec une étoffe honnête, pour ne point rebuter les perfonnes du monde. Il ne fe nourriffoit que de pain d'orge & de légumes; il mangeoit cependant un peu de poiffon les Dimanches & les Fêtes. Son zele & fa charité ne lui laiffoient prefque aucun moment de repos, & il étoit quelquefois des jours entiers fans pouvoir prendre de nourriture.

Après trois ans d'Epifcopat, il forma le projet d'aller vivre dans la folitude. Ce projet lui fut infpiré par les divifions qui régnoient entre les Comtes de Bretagne. Il crut auffi que Dieu lui avoit fait connoître qu'il exigeoit de lui cette entiere féparation du monde. Il fe fit remplacer par Budoc dont il connoiffoit le zele, les lumieres & les vertus, après avoir obtenu le confentement du peuple, mais fans avoir confulté les Evêques voifins. On en ufoit quelquefois de la

forte

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