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forte chez les Bretons; mais les Evêques de France défapprouvoient une telle conduite, & le QCTOR. 24 fecond Concile de Tours défendit aux Bretons, établis dans l'Armorique, de la fuivre à l'avenir.

Magloire redoubla fes auftérites, & s'interdit l'ufage du vin & de la bierre. Brûlant du défir d'être uni à Dieu de la maniere la plus intime, il évitoit, autant qu'il lui étoit poffible, de converfer avec les hommes. Mais la réputation de fainteté dont il jouiffoit découvrit bientôt le lieu de fa retraite. On s'y rendoit de toutes parts pour trouver du foulagement dans les befoins de l'ame & du corps. S'il fe trouvoit obligé d'acCopter quelques petits préfens, c'étoit pour les diftribuer aux pauvres. Enfin, ne pouvant plus Tupporter cette affluence de peuple qui venoit le vifiter, il réfolut de fe retirer dans quelque folitude où il pût être entiérement inconnu du monde, Mais Budoc, qu'il confulta, le raffura en lui faisant entendre que les bonnes œuvres qu'il opéroit devoient lui faire facrifier fon goût particulier pour la retraité. Il refta donc dans l'état où il étoit, & fes miracles rendirent de jour en jour fon nom plus célebre,

Le Comte Loiefcon, qu'il avoit guéri de la lepre, lui ayant donné une Terre dans l'ifle de Gerfey, il y bâtit une Eglife & y fonda_un Monaftere, où il raffembla plus de foixante Religieux. Durant la famine qui fuivit la mort du Roi Chilpéric, il pourvut à la fubfiftance d'une Infinité de perfonnes qui étoient dans le befoin. Quoique les provifions du Monaftere fuffent épuifées, il ne diminua point le nombre de fes Religieux, comme on le lui confeilloit. Il mit en Dieu fa confiance, & il en recueillit bientôt les fruits. Un vaiffeau chargé de vivres arriva dans l'ifle, Tome X.

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OCTOB. 24.

& y apporta les fecours dont on manquoit. Ce fut la nuit de Pâques de l'année suivante que le Saint fut averti par le Ciel de la proximité du jour de fa mort. Il ne fortit plus de l'Eglife, à moins qu'il n'y fût contraint par la néceffité ou par l'utilité du prochain. Il répétoit fouvent ces paroles du Pfalmifte: Je ne demande qu'une chofe au Seigneur, c'eft de demeurer dans fa maifon tous les jours de ma vie. Il mourut fix mois après. On met fa mort au 24 Octobre 575. Il étoit âgé d'environ quatre-vingts ans. Durant les guerres des Normands, fes Reliques & celles de plufieurs autres Saints furent portées à Paris, & déposées dans l'Eglife de Saint-Barthélemi, puis dans la Chapelle de Saint George, fituée hors des murs de la ville. On les transféra enfuite dans l'Eglife de Saint-Jacques, dite présentement de Saint-Magloire. Dans le même lieu repofent encore les Reliques des faints Samfon & Louthiern, Evêques, & des faints Guinganthon & Efcuiphle, Abbés, &c. (a).

(a) On apporta à Paris en même temps les Reliques de dix-neuf Saints; favoir, de faint Samfon de Dol; de faint Magloire; de faint Malo; de faint Sinier ou Senier d'Avranches; de faint Léonore, Evêque; de faint Guénau, Prêtre; de faint Brieu & de faint Corentin; de faint Louthiern, Evêque Régionnaire; de faint Lévien, Evêque, de faint Ciférien, Evêque; de S. Méloïr, Comte de Cornouaille, maffacré dans fa jeuneffe, honoré le 2 d'Octobre avec le titre de Martyr à Quimper, à Vannes, à Léon, & nommé dans

les Litanies Angloifes du feptieme fiecle; de faint Trémore ou Gildas, furnommé TREUCHMEUR, Prince maffacré dans fon enfance par Conomor, Comte de Cornouaille, & honoré le 8 de Novembre; de faint Guinganthon, Abbé; de faint Efcuiphle, Abbé; de faint Paterne, Evêque d'Avranches; de faint Scubilion; de faint Buzeu, natif de la GrandeBretagne, difciple de S. Gildas dans l'Armorique, & honoré comme Martyr, le 24 de Novembre, On fait la fête de ces Saints au Séminaire de Saint-Magloire, le

Voyez Lobineau, Vies des Saints de Bretagne,

17 d'octobre, jour où l'on reçut leurs Reliques. Ils ont cependant des jours particuliers, excepté S. Louthiern, S. Lévien, S. Efcuiphle & S. Guinganthon.

Hugues Capet, Comte de Paris, puis Roi de France, permit aux Bretons de remporter chez eux les Reliques de ces Saints, à condition toutefois qu'ils en laiffe roient quelques portions à Paris. Celles de faint Magloire fe gardent dans un Refiquaire d'argent doré; & celles de faint Louthiern, dans un Reliquaire de bois doré. On a porté celles de faint Méloir à Meaux ; celles de faint Paterne à Orléans & à Iffoudun; une partie de celles de faint Brieu & de faint Corentin a été donnée à un Monaftere de Religieufes, fondé par Philippe-Augufte dans le Diocèfe de Chartres, & connu depuis fous le nom de S. Corentin. Les Bretons, en retournant dans leur pays, laifferent une portion de celles de faint Samfon à Orléans, & on les dépofa dans l'Eglife.de SaintSymphorien, dite aujourd'hui de Saint-Samfon. Arrivés chez eux, ils envoyerent à l'Eglife de Saint-Magloire à Paris, une portion des Reliques de faint Paul de Léon, de faint Maimbeuf, & de faint Apotheme, Evê

que d'Angers, de S. Gurval;
de S. Briach & de S.Golvein.
Voyez Chaftelain, Martyr.
univ. p. 802.

L'Eglife de Saint-Barthé
lemi où furent déposées les
Reliques de tant de Saints,
n'étoit primitivement qu'une
Chapelle deffervie par des
Chanoines. Hugues Capet
leur fubftitua des Religieux
de Saint-Benoft, auxquels il
fonda un Monaftere vers l'an
975: L'Abbaye prit le nom
de Saint-Barthélemi & de
Saint- Magloire. En 1138,
les Religieux fe trouvant
trop refferrés, & trop expo-
fés au tumulte & au bruit,
allerent habiter près de leur
Chapelle de Saint George
ou de Saint-Magloire, qu'ils
avoient fait reconstruire &
augmenter. L'Eglife de
Saint-Barthélemi devint alors
Paroiffiale. Les Religieux
ont nommé à la Cure jufqu'en
1564, que le Titre Abbatial
fût fupprimé à caufe de l'u-
hion qui fut faite de l'Ab-
baye à l'Evêché de Paris,
par les Bulles de Pie IV, du
1 Septembre 1564, & de
Grégoire XIII, du 29 Août
1575, enrégiftrées le 24 No-
vembre 1581.

Le nouveau Monaftere des Religieux de Saint-Magloire fut conftruit à l'endroit où étoit anciennement leur Ci metiere. Ils y font restés jufqu'en 1572, que Catherine Zj

OCTUB, 24.

p. 144. Baillet, fous le 24 d'Octobre; & farOCTOB. 24. Tout le nouveau Bréviaire de Paris.

de Médicis les fit transférer à Saint-Jacques du Haut-pas, pour mettre à leur place les FILLES PÉNITENTES.On place leur inftitution à l'an 1492 ou 1493, & on l'attribue au P. Jean Tifferand, Cordelier. Louis, Duc d'Orléans, les logea d'abord dans une parzie de l'Hôtel de Soiffons; Charles VIII autorifa enfuite cet établissement par fes Lettres-Patentes, du 14 Septembre 1496. Le Pape Alexandre VI, par une Bulle du mois d'Octobre de l'année fuivante, le confirma fous la Regle de faint Auguftin. Les Filles Pénitentes ne furent pas plutôt en poffeffion du Monaftere de Saint-Magloire, qu'elles en prirent le nom, fous lequel elles ont zoujours été connues depuis. Le relâchement s'étant introduit dans cette Maifon, on y fit venir, en 1616, huit Religieufes de Montmartre, qui y rétablirent l'ordre & la régularité.

Les Religieux de SaintMagloire ayant été tranférés à l'Hôpital de Saint-Jacques du Haut-pas, en changerent le nom pour y fubftituer le leur. Mais ils tomberent peuà-peu dans le relâchement. On défespéra bientôt de faire revivre parmi eux l'obfer

vation de la Regle. M. de Gondi, Evêque de Paris, demanda la fuppreffion du Monaftere, & y établit un Séminaire dont il confia la direction aux Prêtres de l'Oratoire; il les chargea d'inf truire & d'entretenir douze Eccléfiaftiques, à fa nomination & à celle de fes fucceffeurs. Ce fut en 1620 que les Prêtres de l'Oratoire traiterent avec les Religieux de Saint-Magloire. On affigna une penfion à ceux qui voulurent refter dans la Maifon. Le dernier d'entre eux y mourut en 1699.

Les Hofpitaliers de SaintJacques du Haut-pas, dont les Religieux de Saint-Magloire prirent la place, paroiffent avoir été inftitués dans le douzieme fiecle. On ne fait pas bien quelles étoient leurs fonctions. On peut conjecturer que cet Ordre étoit double, comme celui des Chevaliers du Temple, parmi lesquels il y avoit des Clercs pour faire l'Office, & adminiftrer les Sacremens. Voyez M. Jaillot, Recherches crit. hiftor. & topogr. fur la ville de Paris, Quartiers 1, 2, 7. Cet Ouvrage eft fans contredit ce que nous avons de plus exact fur l'hiftoire de la capitale.

OCTOR. 24.

SAINT SÉNOCH,

A

ABBÉ EN TOURAINE.

SAINT Sénoch, né dans le Poitou, fe confacra au service de Dieu dès fes premières années. Il embraffa l'état eccléfiaftique, & fe renferma dans un Monaftere qu'il avoit fait bâtir dans le Diocèfe de Tours. Il rétablit, pour fon ufage, une ancienne Chapelle où l'on prétendoit que faint Martin avoit été fouvent prier. Saint Euphrone, Evêque de Tours, en confacra l'Autel.

Le Saint eut bientôt des difciples. Il pratiquoit. avec eux de grandes auftérités, fur-tout en Carême. Ce qu'il mangeoit & buvoit chaque jour n'excédoit point le poids d'une livre. Il quittoit fes Freres de temps en temps, pour vaquer plus librement à la priere & à la contemplation. On fe rendoit de toutes parts auprès de lui, afin de profiter de fes confeils & de fes inftructions. Ce qu'on lui offroit étoit employé au foulagement des malheureux.

Saint Grégoire, qui fuccéda à faint Euphrone en 572, rapporte que, faifant la vifite de fon Diocèfe, il fut vifité par le ferviteur de Dieu; mais que Sénoch, après l'avoir falué, fe retira fans vouloir manger. Notre Saint quitta depuis la folitude, pour aller voir fes parens. Mais ce voyage lui devint funefte; il laiffa entrer la préfomption dans fon ame, & il perdit l'efprit d'humilité, de mortification & de recueillement. Les avertiffemens de faint Grégoire de Tours le firent rentrer en lui-même. Il expia fa faute par une rude pénitence, que fon Evêque fut obligé de modérer. Il fe renferma plus étroitement que jamais, & réfolut de ne plus quitter fa cellule. I recevoit cependant les pauvres & les malades; & comme il étoit Prêtre alors, il les affiftoir

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