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également dans les befoins de l'ame & du corps, OCTOB. Dieu le favorifa du don des miracles. On lit dans S. Grégoire de Tours l'hiftoire des prodiges qu'il opéra; & cet Auteur eft d'autant plus digne de foi, qu'il avoit été témoin de la plupart des faits qu'il rapporte, & qu'il étoit à portée de vérifier les autres. Ayant été averti que Sénoch étoit maJade, il accourut pour l'affifter dans fes derniers momens, mais il le trouva fans connoiffance. Ille vit expirer une heure après fon arrivée. Saint Sénoch étoit âgé de quarante ans. On met fa mort en 579. Quoique fon culte foit fort ancien en France, il n'eft point nommé dans le Martyrologe Romain. Voyez S. Grégoire de Tours, Vit. Patr. c. 15,

SAINT MARTIN,
ABBÉ DE VERTOU,
en Bretagne.

CE

E Saint, qu'on appelle aufli faint Martin le feul, naquit à Nantes en Bretagne, vers l'an 527. Quand le cours de fes études fut achevé, il fe confacra au fervice de Dieu dans l'état eccléfiaftique. Félix fon Evêque l'ordonna Diacre, & le chargea de prêcher l'Evangile aux Idolâtres d'Herbadille, ville fituée à deux lieues de la Loire, du côté du Poitou, & dans laquelle Jefus-Chrift étoit encore prefque entiérement inconnu. Les travaux de Martin y produifirent peu de fruit, & on ne lui répondit que par des railleries. La ville ayant été depuis abîmée dans les eaux, on regarda ce malheur comme un effet de la vengeance divine, qui puniffoit l'endurciffement des habitans d'Herbadille.

Le Saint, vivement touché de la perte de tant d'ames, craignit d'y avoir contribué; & pour s'en OCTOB 24. punir, il fe bannit volontairement du pays. Il fit divers voyages en Europe, pendant lefquels il eut beaucoup à fouffrir. Il vifita les tombeaux des Martyrs, & obferva ce qu'il y avoit de plus parfait dans les Monafteres où il s'arrêta. De retour en Bretagne, il fe conftruifit un petit Hermitage, où plufieurs perfonnes pieufes vinrent se mettre fous fa conduite. Bientôt après, il bâtit pour loger fes difciples un Monaftere dans la forêt de Vertave, préfentement Vertou, à deux lieues de Nantes, vers le Midi. La Regle qu'il y établit, étoit tirée des maximes des anciens Pères. Le fentiment de ceux qui pensent que cette Regle étoit celle du Mont-Caflin, ne paroît point appuyé fur des preuves affez folides. Le Monaftere de Vertou, qui a été long-temps célebre par la régularité qui s'y obfervoit, n'eft plus qu'un Prieuré dépendanc de l'Abbaye de faint Jouin de Marnes en Poitou.

Le Saint fit encore bâtir deux autres Monafteres, l'un pour des hommes, & l'autre pour des femmes. Ils ont été détruits tous les deux, & il n'en reste plus que le Prieuré de S. George de Montaigu, qui dépend auffi de l'Abbaye de faint Jouin. Saint Martin mourut le 24 Octobre vers l'an 601, & fut enterré à Vertou. On tranfporta depuis fon corps à S. Jouin, où il ne fe trouve plus, ce qu'on attribue aux ravages des Huguenots. Il ne faut pas confondre ce Saint, avec un aurre du même nom, qui fut Abbé de Saintes, & dont parle Grégoire de Tours, dans fon Livre de la gloire des Confeffeurs.

Voyez les deux Vies anonymes du Saint, publiées par Mabillon, avec des remarques, Sec. 1. Ben. p. 372. & app. p. 68. Bulteau & Baillet.

XXV. JOUR D'OCTOBRE.

SAINT CRESPIN,
ET SAINT CRESPINIEN,
MARTYRS A SOISSONS.

Voyez Tillemont, T. 4. p. 461. Bofquet, Hift
Ecclef. Gallic. 1. 5. c. 156. le nouveau Bré
viaire de Paris; Baillet, & M. le Moine
Hift. des Antiquités de la ville de Soiffons, Pa-
ris, 1771, T. 1. p. 154.

L'AN 287

Les noms de faint Crefpin & faint Crespiniers OCTO. 25. lont très-célebres dans l'Eglife de France. Ils vinrent

de Rome au milieu du troifieme fiecle, avec faint Quentin & d'autres hommes apoftoliques, pour prêcher la Foi dans les Gaules. Arrivés à Soiffons, ils y fixerent leur demeure. Le jour, ils annonçoient Jefus-Chrift, & la nuit ils travail loient à fe procurer de quoi fubfifter. On dit qu'ils choifirent la profeffion de Cordonnier, quoiqu'ils fuffent l'un & l'autre d'une famille diftinguée. On ajoute qu'ils étoient freres. Leurs inftructions, fortifiées par la fainteté de leur vie, convertirent un grand nombre d'Idolâtres. Il y avoit plufieurs années qu'ils vivoient de la forte, lorsque l'Empe reur Maximien-Hercule vint dans la Gaule Belgique. Ce Prince auprès duquel on les avoit accufés, les fit arrêter, voulant s'attirer les bonnes graces de leurs accufateurs, & fatisfaire fon penchant naturel à la fuperftition & à la cruauté; il ordonna qu'ils fuffent conduits devant Rictius-Varus, ou Rictio-Vare, le plus implacable ennemi qu'eûc

alors le Chriftianifme. Rictio-Vare, d'abord Gou--verneur de cette partie de la Gaule, étoit parvenu OCTUB. *fi à la dignité de Préfet du Prétoire. On appliqua les deux Saints à de cruelles tortures qu'ils fouffrirent avec une conftance admirable. Enfin ils furent condamnés à perdre la tête, en 287 (a).

(a) Saint Crefpin & S. Crefpinien font Patrons de la pieufe affociation des Freres Cordonniers. Elle a été établie par Henri Michel Buch, communément appellé LE BON HENRI. Ses parens étoient de pauvres laboureurs d'Erlon, dans le Duché de Luxembourg. Il fe diftingua, dès fon enfance, par fa fageffe & fa piété. Il prit, étant encore fort jeune, la profeffion de Cordonnier, & fut s'y fanctifier par la pratique des vertus chrétiennes. Il paffoit à l'Eglife les Dimanches & les jours de Fête; & il s'appliquoit fans ceffe à mortifier les fens & fa volonté. Il prit pour mode les S. Crefpin & S. Crefpi nien. Pendant fon travail, il les avoit toujours préfens à l'efprit; il fe rappelloit comment ils avoient travaillé dans la vue de plaire à Dieu, & les moyens qu'ils avoient employés pour faire connoftre Jefus-Chrift. Il reffentoit une vive douleur, toutes les fois qu'il penfoit que les perfonnes de fon état, & beaucoup d'autres artifans, étoient mal infAruits de la Religion; qu'ils

vivoient dans l'oubli de Dieu, & qu'ils étoient ef claves de leurs paffions.Son zele lui infpira le deffein de travailler à leur conversion. Il en engagea plufieurs à profiter des inftructions publiques, à fuir les compagnies dangereufes, à prier avec ferveur, à fréquenter les Sacremens, à faire tous les jours des actes de Foi, d'Espérance, de Charité & de Contrition; en un mot, à prendre tous les moyens propres à les faire avancer dans la pratique de la vertu.

Son apprentiffage fini, il continua d'exercer le même métier, en qualité de compagnon. Sa fainteté donnoit à fes paroles beaucoup de poids & d'autorité. Il étoit véritablement le pere de fa famille. Il écoutoit les plaintes des perfonnes divifées, & les réconcilioit. Il confoloit les affligés, & trouvoit dans fa pauvreté le fecret d'affifter les indigens. Souvent il lui arriva de partager fes vêtemens avec ceux qui étoient nuds. Il ne vivoit que de pain & d'eau, afin d'avoir de quoi faire l'aumône. Plufieurs années fe pafferent de la

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Ils font nommés dans les Martyrologes de faint OCTOB, 25. Jérôme, de Bede, de Florus, d'Adon, d'U

forte à Luxembourg & à Meffen. Enfin la Providence conduifit à Paris le ferviteur de Dieu. Il ne changea rien à fon premier genre de vie. Il avoit quarante-cinq ans lorfqu'il fut connu du Baron de Renty, que fa piété a rendu célebre. Celui-ci eut envie de voir LE BON HENRI, Il fut auffi furpris qu'édifié de trouver dans un homme du peuple, tant de vertus & de connoiffance des voies de Dieu. Il admira fur-tout fon courage à entreprendre & à exécuter de grands projets pour la gloire de la Religion. Il apprit qu'il avoit le talent de convertir de jeunes gens de fon état, & de les faire rentrer dans les bonnes graces de leurs parens & de leurs Maîtres; qu'après les avoir ainfi gagués, il leur prefcrivoit des regles de conduite; & qu'il alloit chaque jour à l'Hôpital de Saint-Gervais pour inftruire les pauvres qui s'y retiroient. Mais rien ne lui paroiffoit plus grand, que cet efprit de priere & d'humilité, & tous ces dons furnaturels qu'il remarquoit en lui. Penfant donc qu'il étoit plus propre que perfonne à faire l'œuvre de Dieu, il Jui propofa d'établir une pieufe Affociation, dont le but étoit de faciliter la praeique de toutes les vertus

parmi les ouvriers de la même profeffion. Il commença par lui procurer le droit de bourgeoifie. Enfuite il le fit recevoir Mat. tre, afin qu'il pût prendre chez lui, en qualité d'apprentifs ou d'ouvriers, ceux qui défireroient fuivre les réglemens que le Curé de Saint-Paul fut prié de rédiger. Ces réglemens recommandoient aux perfonnes qui s'y affujettiffoient, la priere fréquente, la participation aux Sacremens, la pratique de la préfence de Dieu, l'affiftance mutuelle dans les maladies, le foin de foulager & de confoler les malheureux.

Le bon Henri eut bientôt un certain nombre d'apprentifs ou d'ouvriers. Ce fut avec eux qu'il fonda, en 1645, l'établiffement connu fous le nom de Communauté des FRERES-CORDONNIERS. Il en fut fait le premier Supérieur. L'innocence & la fainteté de ces pieux artifans montroient vifiblement que Dieu les avoit choifis pour glorifier fon nom. Ils faifoient revivre en eux l'efprit des premiers Chrétiens. Cette Communauté donna naiffance à celle des FRERESTAILLEURS, deux ans après. Certains artifans de cette derniere profeffion, édifiés de la vie fainte qué menoien!

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