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fuard, &c. On bâtit à Soiffons, dans le fixieme fiecle, une grande Eglife fous leur invocation; OCTOB. 25.

les FRERES-CORDONNIERS, DU BON HENRI, par le Va

& de la maniere dont ils employoient un temps que plufieurs autres paffoient dans le défordre ou dans l'oifiveté, prierent le bon Henri de leur donner une copie de fa Regle. Ils s'adrefferent enfuite au Curé de Saint-Paul, & formerent auffi une Affociation. Ces deux Communautés ou Affociations ont divers établiffemens en France & en Italie; elles font même étaplies à Rome. Les membres dont elles font compofées fe levent à cinq heures du matin, font la priere en commun, récitent d'autres prieres particulieres à des temps marqués, entendent la Meffe tous les jours, gardent le filence, qu'ils n'interrom pent que par le chant des Cantiques, font une méditation avant le diner, affiftent à tout l'Office Fêtes & Dimanches, vifitent les pauvres dans les Prifons, les Hôpitaux, & dans leurs maifons, font chaque année une retraite de quelques jours, &c.

Le bon Henri mourut à Paris, le 9 Juin 1666, d'un ulcere au poulmon, & fut enterré dans le Cimetiere de Saint-Gervais. Il avoit été le modele des plus héroïques vertus. Voyez L'ARTISAN CHRÉTIEN,QU LA VIE

chet; & le P. Hélyot, Hift. des Ordres Relig. T. 8. p. 175.

La part que le Baron de Renty eut à l'établissement des FRERES-Cordonniers, exige que nous donnions un abrégé de fa Vie. Elle ne peut manquer d'édifier le lecteur.

Gafton-Jean-Baptifte, Baron de Renty, issu d'une ancienne maifon d'Artois, naquit en 1611, au Château de Beny, au Diocèfe de Bayeux en Normandie.

On l'envoya fort jeuneau College de Navarre à Paris; on le mit enfuite chez les Jéfuites de Caën, avec un Précepteur & un Gouverneur. A dix-fept ans, il revint à Paris, pour y faire fes exercices, où il excella bientôt parmi les jeunes gens de fon âge. Son commerce avec le monde ne diminua rien de cette tendre piété dont il avoit toujours fait profeffion, & qui s'étoit entretenue par la lecture de L'IMITATION DE JESUS. CHRIST. Il fe proposoit d'entrer chez les Chartreux; mais fes parens l'en empêcherent.

Lorfqu'il eut atteint l'âge de vingt-deux ans, on lui fit époufer Elifabeth de Balzac, fille du Comte de Graville, de la maifon d'En

& faint Eloi enrichit leur Châffe de divers or

OCTOB, 25. Nemcns.

tragues. Il en eut quatre enfans, deux garçons & deux filles. Ses talens, fa modeftie & fa prudence lui acquirent une grande réputation dans le monde. Il affifta aux Etats de Rouen en qualité de député de la Nobleffe. I fervit avec diftinction dans les guerres de Lorraine. Louis XIII Phonora de fon eftime. Mais ce qu'il y eut de plus admirable en lui, c'eft qu'au milieu des grandeurs humaines, il étoit auffi détaché du monde, que les Paul, les Antoine, & les Arfene dans leurs déferts.

Il eut occafion, à l'âge de vingt-fept ans, d'entendre prêcher un Oratorien qui faifoit une Miffion à quelques lieues de Paris. Il fut extrêmement touché des difcours de ce pieux Miffionnaire, il lui fit une confeffion générale, & forma, par fon avis, la réfolution de mener un nouveau genre de vie, de renoncer à tout ce qui le retenoit dans le monde, & de ne plus faire de vifites inutiles, afin de fe confacrer uniquement à Dieu. Il choifit pour Directeur le P. de Condren, Général de l'Oratoire, qui étoit très-verfé dans la connoiffance des voies intérieures, comme le prouvent fes Ouvrages & Thiftoire de fa Vie. Il travail

la de toutes les forces à ré gler fon cœur & fes fens fes penchans furent afsujettis au devoir; il réforma tout ce qu'il pouvoit y avoir de déréglé dans fes inclinations, & fe rendit tellement maître de lui-même, qu'on n'appercevoit plus en lui de traces du vieil homme. Tous les jours, il examinoit deux fois fa confcience, à midi & le foir. Il communioit trois ou quatre fois la femaine, fe levoit à minuit, & difoit Matines, qui étoient suivies d'une heure de méditation. Il avoit des momens réglés pour fes exercices perfonnels, & pour ceux qui lui étoient communs avec fa famille. Son abftinence & fes jeûnes étoient rigoureux & continuels, fes vêtemens fimples & modeftes. La férénité conftante de fon vifage étoit une fuite de la tranquillité de fon ame. Supérieur à tous les événemens, il ne confidéroit que Dieu dans la profpérité & l'adverfité. Son amour pour la pauvreté fe manifeftoit par le retranchement de toutes les chofes fuperflues. Il fe regardoit comme la plus miférable de toutes les créatures, prenoit dans la fignature de fes lettres le titre de pécheur, & faififfoit toutes les occafions de s'humilier. Quand il parloit de Dieu, il s'anéan

L'exemple des Saints confond cette multitude

de Chrétiens, qui cherchent dans les obligations OCTOB. 25.

tiffoit en quelque forte jufqu'au centre de la terre, & difoit qu'une créature auffi vile que lui, devoit adorer Dieu en filence & avec tremblement, fans ofer pronencer fon nom. Il fuyoit l'eftime & les honneurs; il eût défiré mener une vie entiérement inconnue; & c'eût été pour lui un grand plaifir, que de pouvoir être banni de tous les cœurs, & oublié de tous les hommes. Sans ceffe il fe recommandoit aux prieres de fes amis, & les conjuroit de folliciter pour lui la grace de ne vivre qu'en Jefus-Chrift & pour JefusChrift. Souvent il renouvelloit la confécration qu'il avoit faite à Dieu, de fon corps, de fon ame, de fa femme, de fes enfans, de fes biens, & de tout ce qui lui appartenoit; tout fon défir étoit de faire tout purement pour Dieu, fans aucun retour fur lui-même, fans éprouver aucun fentiment qui ne fe rapportât à cette grande fin. Chaque jour il paffoit plufieurs heures à genoux devant le Saint-Sacrement, auquel il avoit une tendre dévotion. Si quel qu'un lui paroiffoit furpris de ce qu'il reftoit fi long-temps à genoux, il répondoit que c'étoit ce qui fortifioit & faifoit vivre fon ame. Il fit rebâtir l'Eglife de Beny, &

fournit des calices & des ciboires à un grand nombre de Paroiffes pauvres. Il feroit trop long de rapporter les foins qu'il fe donnoit pour procurer la fanctification de fa famille, de fes vaffaux, & fur-tout de fes enfans. 11 alloit fervir les malades dans les cabanes ou dans les Hôpitaux. Il fit reffentir les effets de fa libéralité aux Galériens de Marfeille, aux Chrétiens efclaves en Barbarie, aux Miffionnaires des Indes, à plufieurs Catholiques exilés d'Irlande & d'Angleterre, &c.

Après la mort du P. de Condren, il prit pour Directeur un Religieux de la Compagnie de Jefus. Quelque temps avant fa mort, on lui permit de communier tous les jours. Sa vie étoit une priere continuelle; il confervoit l'efprit d'oraison par la pratique non-interrompue de la mortification & de l'humilité. La perfection confiftant dans une union intime avec Dieu, qui eft la vraie vie de l'ame, & qui fuppofe un entier crucifiement au monde, le Baron de Renty étoit infenfible aux richesses, aux honneurs, aux plaisirs, & à tous les biens créés ; en forte que Dieu poffédoit fon cœur fans aucun partage. Il paffa fes dernieres années, partie à Paris, partie à fon

de leur état, des prétextes pour fe dispenser de OCTOB. 25. tendre à la perfection. Leur corruption & leur lâcheté leur en fourniffent malheureusement un grand nombre. Mais ce qui caufe leur perte, devenoit un moyen de falut pour les Saints. Combien parmi eux ont exercé la même profeffion que nous, fe font trouvés dans des circonftances femblables, ont eu les mêmes devoirs à remplir? Ils ont été des Saints, parce qu'en rapportant à Dieu les fonctions de leur état, ils fe font appliqués à mourir à eux-mêmes; qu'ils ont corref pondu fidelement à la grace; qu'ils ont eu foin d'entretenir dans leurs ames l'efprit de ferveur & d'oraifon, qu'ils fe font exercés à la pratique de toutes les vertus ; que la volonté divine a été la regle de toutes leurs actions. Marchons donc fur leurs traces comme eux, rempliffons nos devoirs, dans la vue de plaire à Dieu; ennobliffons par un motif furnaturel, nos actions les plus communes; aimons la priere : mortifions nos fens & nos inclinations; méditons la loi du Seigneur, & gravons dans nos cœurs de vifs fentimens de piété & de Religion.

château de Citri, au Dio-
cèfe de Soiffons. Sa derniere
maladie le prit à Paris. Il
fouffrit les grandes douleurs
qui en furent la fuite, fans
faire entendre la moindre
plainte. Il mourut le 24 Avril
1649, à l'âge de 37 ans,
après avoir reçu tous les Sa-
cremens de l'Eglife. On
l'enterra à Citri. Son corps

fut exhumé par ordre de l'Evêque Diocéfain, le 15 Sep tembre 1658, pour être pla cé dans un lieu plus honorable. Il étoit encore auff frais & auffi entier, que fi le ferviteur de Dieu ne fût venu que de mourir. Voyez la Vie du Baron de Renty, par le Pere Saint-Jure, L2vant & pieux Jéfuite.

LE MÉME JOUR.
SAINT CHRYSANTHE,
ET SAINTE DARIE,
MARTYRS.

CHRYSANTHE & Darie vinrent à Rome, de

l'Orient, l'un d'Alexandrie, & l'autre d'Athenes. L'Auteur des Menées, de qui nous apprenons cette particularité, ajoute que Chryfanthe avoit épousé Darie, & qu'il lui perfuada de vivre dans la continence, afin qu'ils puffent tous les deux parvenir à une pureté de cœur plus parfaite, fouler le monde aux pieds avec plus de facilité, & fe confacrer à Dieu d'une maniere plus entiere, Les Idolâtres les reconnurent bientôt au zele avec lequel ils profeffoient le Chriftianifme. On les arrêta, & après avoir fouffert divers tourmens, ils terminerent leur vie par un glorieux martyre. Ce fut fous le regne de Numérien, fuivant le rédacteur de leurs Actes (a). Plufieurs Infideles, touchés de leur conftance, déclarerent qu'ils étoient auffi Chrétiens, & ils partagerent leur couronne. On lit dans faint Grégoire de Tours (1), qu'un grand nombre de Chrétiens ayant été prier dans la grotte où étoient les tombeaux des Martyrs, le Préfet de Rome fit fermer l'entrée de cette grotte, & que tous y perdirent la vie.

Saint Chryfanche & fainte Darie furent enterrés, ainfi que leurs compagnons, fur la voie Salarienne. On retrouva leurs corps fous le regne de Conftantin le Grand. Cette partie des Catacombes a été long-temps connue fous le nom de (1) L. 1. de Gl. Mart.c,

(a) Baillet pense qu'on doit placer leur martyre fous 38 & 83. Valérien, en 237.

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OCTOB. 25,

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