faint Chryfanche & de fainte Darie. Le Pape OCTOB. 25. Damafe fit décorer le tombeau de nos faints

Martyrs, & compofa une Epitaphe en leur honneur (2). En 866 le Pape Etienne VI transféra une partie de leurs Reliques dans la Bafilique de Latran, & l'autre dans l'Eglife des douze Apôtres (3); ce qui doit s'entendre des Reliques des compagnons de faint Chryfanthe & de fainte Darie. Quant à celles de ces deux Saints, elles avoient été portées en 842, à l'Abbaye de Prom au Diocèse de Treves. Mais deux ans après, on les transféra à l'Abbaye de faint Avol ou de faint Navor, au Diocèfe de Mets (4).

Les noms de faint Chryfanthe & de fainte Darie font célebres dans les Sacramentaires de Gélafe & de faint Grégoire, ainsi que dans les Martyrologes d'Orient & d'Occident. Les Grecs honorent ces deux Saints le 19 de Mars & le 17 d'Octobre; mais les Latins en font la fête en ce jour. Voyez M. Jofeph Affémani, in Cal. univ. T 6. p. 193. & Falconius, Comment. ad Tab. Ruthenas Capponianas, p. 79. ad 19 Martii. Les Actes de nos faints Martyrs, donnés par Métaphrafte, Lippoman & Surius, font apocryphes.

SAINT FRONT, PREMIER EVEQUE DE PÉRIGUEU X,

ES

Les Actes que nous avons de faint Fronton, vulgairement appellé faint Front, ne méritent

Carm. 36.

re, dans la Relation authen

(3) Cayez Bofius, Arin- fique de la Relation aihe

ghi, Roma fubter. 1. 3. c. 24.

(4) Voyez Mabillon, Sec,

Anaftafe le Bibliothécai- 4. Ben. p. 611,

point de créance. On n'a aucune connoiffance de fes actions. On ignore quelle fut fa patrie, & OSTOR. 25 même dans quel fiecle il vint prêcher l'Evangile dans les Gaules. On fait feulement qu'il fonda l'Eglife de Périgueux, & qu'il en fut le premier Evêque. Sa fête eft marquée en ce jour, dans les Martyrologes. On fait mémoire de la tranflation de fes Reliques, le 14 du même mois, fans qu'on fache précisément dans quel temps fe fit cette tranflation.

Voyez Baillet, le Gallia Chrift. Neva, T. 2. p. 1447, &c.

SAINT GAUDENCE,
EVÊQUE DE BRESCE EN ITALIE.

IL paroît que faint Gaudence fut élevé fous lt

la

conduite de S. Philaftre, Evêque de Brefce; du moins il l'appelle fon pere. Il jouiffoit d'une grande réputation, quand il entreprit le voyage de Jérufalem, partie pour éviter les honneurs & les applaudiffemens, partie dans l'efpérance qu'on l'oublieroit peu-à-peu, & qu'on finiroit par ne plus penfer à lui dans fon pays. Mais il fe trompa, comme nous l'allons voir.

Etant à Césarée en Cappadoce, il alla vifiter dans leur Monaftere les foeurs & les nieces de S. Bafile. Celles-ci lui donnerent des Reliques des Quarante Martyrs & de quelques autres Saints. Elles ne douterent point qu'il n'honorât ces gages précieux de leur affection, comme elles les avoient honorés elles-mêmes (1).

Il étoit en Orient, lorfque faint Philaftre mou

rut. Le Clergé & le Peuple de Brefce le demanOCTOB. 25. derent pour Evêque. Ils favoient quel fruit avoient

produit fes inftructions, & ils étoient d'ailleurs perfuadés qu'en le choififfant pour Pasteur, ils mettoient à leur tête un modele de toutes les vertus chrétiennes. Mais dans la crainte que fon humilité ne traverfât leurs deffeins, ils s'engagerent par ferment à ne point recevoir d'autre Evêque. Les Evêques de la Province s'affemblerent avec S. Ambroise leur Métropolitain, & confirmerent l'élection. On écrivit à Gaudence qui étoit en Cappadoce, pour le preffer de hâter fon retour. Il ne céda qu'à la crainte de l'excommunication dont on le menaçoit, dans le cas où il refuferoit d'obéir. S. Ambroife, affifté des autres Evêques de la Province, le facra vers l'an 387.

Gaudence fit un difcours à cette occafion, & ily fit connoître les fentimens de l'humilité profonde dont il étoit pénétré (2). L'Eglife de Brefce connut bientôt tout le prix du tréfor qu'elle poffédoit dans la perfonne d'un tel Pasteur. Il travailloit avec un zele infatigable à nourrir fon troupeau du pain de la parole divine.

Il y avoit à Brefce un Seigneur rempli de vertu, nommé Bénévole. L'Impératrice Juftine l'avoit difgracié, fur le refus constant qu'il avoit fait de rédiger un Edit en faveur des Ariens. Le mauvais état de fa fanté ne lui permettant pas d'aller entendre fon Evêque, il le pria de lui donner une copie de fes difcours, afin qu'il pût les lire (3). C'eft par-là que dix-fept de ces difcours font parvenus jufqu'à nous (4). Le fecond a pour objet l'inftruction des Néophytes qui venoient de recevoir le Baptême. Le Saint leur

(2) S. Gaudent. Serm. 16.
(3) S. Gaudeat. Pref.

(4) Bibl. Patr. T. 5. P. 705.

explique les myfteres dont il n'étoit point d'usage de parler en préfence des Cathécumenes, & OCTOB. 25, fur-tout le mystere de l'Euchariftie.,, Le Créateur

& le Seigneur de la nature, dit-il, qui a fait ,, produire le pain à la terre, fait du pain fon ,, propre corps, parce qu'il l'a promis, & qu'il ,, peut accomplir fà promeffe; & celui qui a changé l'eau en vin, change le vin en fon pro » pre fang (5)".

"

Saint Gaudence fit bâtir une nouvelle Eglife à Brefce, & il invita plufieurs Evêques à la cé rémonie de la Dédicace de ce Temple. Il pro. nonça en leur préfence un difcours qui eft le dixfeptieme de ceux que nous avons encore. Il y déclare qu'il a déposé dans la nouvelle Eglife les Reliques des Quarante Martyrs, une portion de celles de faint Jean-Baptiste, de faint André, de faint Thomas, de faint Luc, & de plufieurs autres Saints. Il affure qu'il y a autant de vertu dans une portion des Reliques d'un Martyr, que dans la totalité de ces mêmes Reliques. Ayons donc recours, dit-il, à la protection de ces ,, Saints; invoquons-les avec confiance, afin d'obtenir l'effet de nos prieres, & béniffons ,, Jefus-Chrift Notre Seigneur qui a daigné nous », procurer une telle faveur (6)”.

Outre les dix-fept difcours de S. Gaudence dont nous venons de parler, il y en a encore trois autres, dont le dernier eft un Panégyrique de S. Philaftre (7). Notre faint Evêque y dit que pendant quatorze ans il avoit fait régulièrement chaque année un femblable Panégyrique, le jour de la fête de fon faint Prédéceffeur.

(5) Ibid. p. 947. (6) Ibid. p. 970.

(7) Ap. Surium, ad 18 Julii.

Il exhortoit fans ceffe fon peuple à éviter le OCTOR. 15. péché; il vouloit qu'on eût foin de fuir les feftins, accompagnés de danfes & de mufique.

Les

,, maifons, difoit-il, où fe paffen: de pareils abus, renferment le danger des théâtres. Que l'on banniffe des maisons des Chrétiens tout ,, ce qui a rapport aux pompes du Démon; on doit y pratiquer l'humilité & l'hofpitalité; il faut les fanctifier fans ceffe par le chant des Pfeaumes & des Cantiques fpirituels; que la parole de Dieu, & le figne de Jefus-Chrift (la Croix) foient toujours dans nos cœurs, dans notre bouche, & dans toutes nos actions; que ces ,, caracteres diftinctifs du Chrétien nous faffent reconnoître à table, au bain, quand nous for,, tons & quand nous rentrons, dans la douleur & dans la joie (8)".

L'Evêque de Brefce fut un des députés que le Concile de Rome, tenu en 405, & l'Empereur Honorius envoyerent en Orient, pour défendre la caufe de faint Chryfoftome devant Arcade. Le faint Archevêque de Conftantinople lui écrivit à cette occafion, pour le remercier, une lettre que nous avons encore. Mais cette députation n'eut pas le fuccès qu'on en efpéroit; ceux qui la compofoient ayant été maltraités, furent mis en prifon dans la Thrace; on les élargit quelquetemps après, & on les fit embarquer fur un vaiffeau tout pourri. Ils échapperent cependant au danger auquel on avoit eu deffein d'expofer leur vie, & il n'en périt aucun. Il paroît que faint Gaudence mourut vers l'an 420 (a). Rufin l'appelle la gloire des Docteurs du fiecle où il vivoit. Il eft nommé en ce jour dans le Martyrologe Romain.

(8) S. Gaudent. Serm. 8.

(a) Le P. Labbe recule fa mort de fept ans.