Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

que l'on rend à ces généreux foldats de J. C. ÉLTUB. 3o.„, Nous n'adorons point les Martyrs, mais nous les honorons comme les vrais adorateurs de ,, Dieu. Nous renfermons précieufement leurs , corps; nous érigeons des tabernacles fur leurs ,, tombeaux, afin de nous animer à fuivre leurs ,, traces. La dévotion que nous avons pour eux ,, n'eft point fans récompenfe, puifque nous

jouiffons de leur protection auprès de Dieu". Les nouveaux Juifs ou les Eunomiens n'honorent point les Martyrs, felon lui, parce qu'ils blafphêment le Roi des Martyrs, en fuppofant que Jefus Christ n'est point égal à fon Pere. Au-moins, continue-t-il, ils devroient refpecter la voix des Démon's qui font forcés de confeffer le pouvoir des Martyrs. L'efficacité de l'interceffion de ces Saints, eft prouvée par la délivrance des poffédés, des frénétiques, &c. Aftere termine fon difcours par une priere aux Martyrs, où font réunies la détion la plus tendre, & la confiance la plus

vive.

Voyez Photius, Bibl. Cod. 271. les quatorze Homélies du Saint, ap. Combefis, Auct. Bibl. Patr. T. 1. avec les extraits de quelques autres, ap. Phot. loc. cit. les fept Homélies fur les Pfeaumes, publiées par Cotelier. Mon. Gr. T. 2. p. 1. Voyez encore Tillemont, T. 10. du Pin, T. 3. p. 3.P. 53. Fabricius, Bibl. Gr. l. 5. c. 28. §. 8. T. 8. p. 607. Oudin, T. 1. p. 892. Ceillier, &c.

XXXI, JOUR D'OCTOBRE.

SAINT

QUENTIN,

MART Y R.

Tiré de fes Actes publiés par Surius, & affez bien écrits. L'Auteur qui vivoit avant S. Eloi, affure qu'il compofa fon Ouvrage d'après une Hiftoire d'un témoin oculaire de la premiere tranflation des Reliques du S. Martyr, laquelle fe fit cinquante-cinq ans après la mort. Mais il y a ajouté quelques circonstances qui n'ont pas le même degré d'autorité, parce qu'elles ne font fondées que fur des traditions populaires. On trouve d'autres Actes de S. Quentin, qui ne méritent pas, à beaucoup près, autant de créance que les premiers, dans l'Hiftoire de la ville de S. Quentin, par Claude Héméré. Voyez Tillemont, T. 4. P. 433, 436, 700.

L'AN 287.

def

SAINT
AINT Quentin, Romain de naiffance
cendoit d'une famille Sénatorienne. Son pere,
fuivant l'Auteur de fes Actes, fe nommoit Zénon.
Rempli de zele pour la propagation de l'Evan-
gile, & brûlant d'un défir ardent de faire con-
noître aux Infideles le nom de Jefus Chrift, il
quitta fon pays, renonça à toutes les espérances
qu'il avoit dans le monde, & partit pour les
Gaules avec fain: Lucien de Beauvais. Ils prê-
cherent d'abord enfemble; mais ils fe féparerent
quand ils furent arrivés à Amiens. Lucien fixa fa
miffion à Beauvais, & y reçut la couronne du

ОСТОВ 31.

artyre après avoir converti un nombre confi TOB. 3 d.rable de Païens.

Saint Quentin choifit Amiens pour y exercer fon zele apoftolique. Comme il ne défiroit rien tant que de détruire l'empire du démon, il prioit fans ceffe l'auteur de tout bien, de faire fructifer la femence divine dans tous les coeurs de ceux qu'il inftruifoit. Dieu le rendit également puiffant en deuvres & en paroles. Divers miracles ajouterent un nouveau degré de force à fes difcours, que foutenoit d'ailleurs une vie fainte & mortifiée. Mais fon zele lui coûta la vie, au commencement du regne de Maximien-Hercule, que Dioclétien affocia à l'Empire en 286, Rictius-Varus avoit été fait Préfet du Prétoire par Raximien. Il n'y avoit, du temps d'Augufte, qu'un feul Préfet du Prétoire, dont la fonction' étoit de juger les caufes, & de recevoir les appels de toutes les provinces de l'Empire. Mais ous le regne de Dioclétien, chaque Empereur cut le fien; enforte qu'il s'en trouva quatre, parce que quatre Empereurs régnoient enfemble. Conftantin le grand fut le premier qui en fixa le nombre, & qui détermina les Diftricts & la Ju rifdiction de ces Magiftrats fuprêmes de l'Empire Romain.

Il paroît que Rictius-Varus, dont la haine pour le nom chrétien fit tant de Martyrs, faifoit fa réfidence à Treves, Métropole de la Gaule Belgique. Ayant eu occafión de venir à Soiffons, il y apprit les grands progrès que l'Evangile avoit faits à Amiens; & il réfolut d'anéantir le Chrif tianifie par la mort de celui qui le prêchoit avcc tant de zele. Lorfqu'il fut arrivé dans cette derniere ville, il fit arrêter faint Quentin, & crdoi na qu'on le conduisît en prifon chargé de

Chaînes. Le lendemain il voulut qu'on le lui amenat, & il employa fucceffivement les pro- OCTOв. 37. meffes & les menaces pour le gagner. Ces moyens étant inutiles, il le fit battre cruellement; après quoi on le remit en prifon, fans permettre aux Fideles de lui procurer ni fecours ni confolation, Dans les deux autres interrogatoires qu'il fubit on le tira fur le chevalet avec des poulies, au point qu'il en eut les os tout difloqués; on lui déchira le corps avec des verges de fil de fer; on lui verfa fur le dos de la poix & de l'huile' fondues, & on lui appliqua des torches ardentes fur les côtés. Le Martyr, fortifié par celui dont il défendoit la caufe, refta fupérieur à tous ces rafinemens de cruauté; & fa tranquillité au milieu, des tourmens remplit d'effroi les fpectateurs.

Rictius-Varus en partant d'Amiens, ordonna' que l'on conduisit faint Quentin dans le pays des Veromandui, par lequel il devoit paffer. La capitale de ce pays fe nommoit Augufta Veromanduorum. Le Préfet y attaqua de nouveau le foldat de Jefus-Chrift, par les promeffes & les menaces, qui ne li réuffirent pas plus que la premiere fois. Cor.us de l'inutilité de fes efforts, lle fit percer depuis le cou jufqu'aux cuiffes avec deux broches de fer; il lui fit enfoncer des clous entre les ongles & la chair, & en plufieurs autres parties du corps, même jufques dans la cervelle. Enfin il ordonna qu'on lui coupât la tête; ce qui fut exécuté le 31 Octobre 287.

Les foldats garderent le corps du Martyr jufqu'à la nuit, & le jetterent enfuite dans la Somme. Les Chrétiens le retrouverent au bout de quelques jours, & l'enterrerent fur une montagne voifine de la ville. On le découvrit cinquante-cinq ans après; & une femme aveugle recouvra la vue

en cette occafion (1). On perdit encore le fouDCTOB. 31. venir du lieu où étoit le tombeau du Saint,

quoiqu'on eût bâti une Chapelle à peu de diftance. Au commencement de l'année 641, faint Eloi, Evêque de Noyon & de Vermandois, fit chercher les faintes Reliques. On les découvrit, ainfi que les clous dont le corps avoit été percé. A l'exception de ces clous, des dents & des cheveux, on renferma ce précieux tréfor dans une belle Châffe, qui fut placée derriere le grand Autel. On bâtit une nouvelle Eglife fous l'invocation de faint Quentin, du temps de Louis le Débonnaire. On fit auffi une nouvelle tranflation de fes Reliques, le 25 Octobre 825 (2). La crainte des Normands les fit porter à Laon; mais on les rapporta le 30 Octobre 885, & elles fe confervent encore chez les Chanoines de SaintQuentin. La ville porte depuis long-temps le nom du faint Martyr (a).

Le martyre, fi nous y fommes appellés, eft unt hommage que nous devons à Dieu, un devoir

(1) A&t. Mart. & S. Grégoire de Tours, de Glor. Martyr. c. 73.

(2) Héméré, Hift. Aug. Verom. 1. 2. p. 72, 79.

(a) Cluvier & Samfon penfent que la ville appellée AUGUSTA VEROMANDUORUM fut détruite par les Barbares dans le cinquieme fiecle, & qu'elle étoit à l'endroit où eft l'Abbaye de Vermand, de l'Ordre de Prémontré, laquelle eft fituée à trois lieues de Noyon, & à quatre de

Péronne. Mais l'Abbé de Longuerue prouve par les Actes de S. Quentin, par S. Grégoire de Tours, & par plufieurs Chroniques, que le corps du Saint fut enterré près d'AUGUSTA VEROMANDUORUM, & qu'on l'a toujours gardé dans cette ville. Il fuit de-là que la ville de Saint-Quentin eft à la même place qu'Au GUSTA VEROMANDUORUM ; ce fentiment fe prouve encore par le voisinage de la riviere de Somme.

« PrécédentContinuer »