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que la Religion nous impofe. Heureux celui qui, par une grace fpéciale, eft deftiné à fceller fa OCTOB, r foi par l'effufion de fon fang! Quelle gloire, quelle félicité pour un foible mortel, pour un pauvre pécheur, de faire le facrifice d'une vie iniférable, pour celui qu'un excès d'amour a porté à facrifier une vie infiniment précieufe pour le falut des hommes ! Les Martyrs, felon l'étymologie de ce mot, font des témoins; c'est-à-dire, qu'ils rendent témoignage à la puiffance & à la bonté de Dieu, dans lequel ils mettent leur unique confiance, & à la vérité de l'Evangile, qu'ils confirment par leur fang. Or, de tous les témoignages, c'eft le plus authentique, le plus glorieux à l'Etre Suprême, le plus édifiant pour les Fideles, le plus capable de convaincre ceux qui ne croient point en Jefus-Christ. Auffi la conftance des Martyrs a-t-elle particuliérement contribué à l'établiffement du Chriftianifme; c'eft un des moyens que la divine Providence a choifis pour accomplir cette grande œuvre. Rendons-nous témoignage à Dieu & à notre Religion, au moins par la pratique des vertus qui nous font prefcrites? ou plutôt ne déshonorons nous point par nos vices, cette fainte Eglife dont nous avons l'honneur d'être les membres, & n'expofons-nous point le nom adorable de notre Dieu, aux blafphêmes des Infideles?

UCTOR. 316

LE MÉME JOUR.

SAINT FOILLAN,

MARTY R.

SAINT Foillan étoit frere de faint Ultan & de faint Furfy. Ils eurent pour pere, Fyltan, Roi de Munster en Irlande. Furfy embraffa l'état moniftique dans les Illes. Etant revenu dans fa patrie, il engagea fes deux freres à renoncer au monde. I paffa depuis en Angleterre & bâtit le Monaftere de Knobbersburg, dans le Royaume des Eft-Angles. Il en donna la conduite à Foillan, qu'il avoit fait venir d'Irlande.

Après la mort de faint Furfy, arrivée à Péronne vers l'an 650, Ultan & Foillan pafferent en France. On lit dans quelques Auteurs, que Foillan fit un voyage à Rome, & qu'il y fur facré Evêque Régionnaire. Quoi qu'il en foit de cette Ordination, il eft au-moins certain que le Saint ne tarda pas à rejoindre Ultan fon frere, Ils quitterent l'un & Fautre Cambrai, pour fe rendre à Nivelle dans le Brabant, où fainte Gertrude étoit Abbeffe. Le Monaftere qu'elle gouvernoit avoit été fondé par le B. Pepin de Landen fon pere, & par la B. Ite fa mere. H y avoit auffi dans le voifinage un Monaftere pour des hommes. Les deux freres y refterent quelque temps. En 652, fainte Gertrude donna à Ultan un terrein pour bâtir un Hôpital & un Monaf tere, entre la Meufe & la Sambre, alors dans le Diocèfe de Maeftricht, & aujourd'hui dans celui de Liege. C'étoit l'Abbaye de Foffe. Saince Gertrude retint Foillan à Nivelle, afin qu'il inf

truisit les Religieufes. Le Saint fe chargea auffi de l'inftruction du peuple, dans les villages voi- OCTOB. 31, fins. S'étant mis en route avec trois compagnons, en 655, pour aller voir fon frere à Foffe, il fut maffacré par des voleurs ou des Infideles, dans la forêt de Sonec, aujourd'hui Charboniere, en Hainaut. Ses Reliques fe gardent avec beaucoup de vénération dans l'Eglife de Foffe, qui eft préfentement deffervie par des Chanoines Séculiers.

Saint Ultan, vulgairement S. Outain, mourut le premier Mai 686, après avoir gouverné plufieurs années les Monafteres de Foffe & du MontSaint-Quentin.

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Voyez Bede, Hift. l. 3. c. 19. & l'ancienne Vie de faint Foillan, publiée par D. Ménard Addit. ad Martyrol. Ben. p. 900. Le Cointe, ad an. 654, 655, 686. Molanus, le Mire, & Uffėrius, Antiq. Brit.

SAINT

WOLFGANG,

EVÊQUE DE RATISBONNE,
en Baviere.

WOLFGANG, felon Raderus, defcendoit

d'une famille fort illuftre. Mais nous aimons mieux nous en rapporter à l'ancien auteur de fa Vie, qui dit que fes parens étoient d'une condition médiocre. Il eut la Souabe pour patrie. A l'âge de fept ans, on le mit fous la conduite d'un vertueux Eccléfiaftique du voisinage. Quelque temps après on l'envoya au Monaftere de Richenaw (a). Cette Maifon étoit alors une célebre Ecole

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(a) AUGIA, en latin. Ce Monaftere, fondé par Charles

de fcience & de vertu, & plufieurs Eglifes alOCTOB. 31. loient y chercher des Pasteurs. Wolfgang s'y lia d'une étroite amitié avec un jeune Seigneur nommé Henri. Celui-ci étoit frere de Poppon, Evêque de Wurtzbourg, qui établit une grande Ecole dans fa ville épifcopale, & qui y attira un favant Profeffeur d'Italie, nommé Etienne.

Notre Saint ne défiroit rien tant que de pouvoir fe livrer entiérement à la priere & à la contemplation. Mais Henri qui le chériffoit pour fes vertus & fes rares talens, ne voulut point fe féparer de lui; il exigea même qu'il l'accompagnât à Wurtzbourg. Ils fuivirent l'un & l'autre les leçons d'Etienne. Une conteftation s'étant un jour élevée fur le fens d'un paffage difficile Wolfgang l'expliqua avec beaucoup de clarté, enforte que toutes les fois qu'il fe rencontroit quelque difficulté, on s'adreffoit plutôt à lui qu'au Maître. Etienne en conçut de la jalousie, & employa pour perfécuter le Saint, tous les moyens que fa paffion put lui infpirer. Wolfgang garda le filence, & tâcha de profiter de cette épreuve pour fa fanctification. Ce qu'il voyoit & fouffroit, ne faifoit que le dégoûter de plus en plus du monde. Il cherchoit un Monaftere où il pût apprendre à mourir à lui-même.

Henri s'apperçut du penchant qu'avoit fon ami pour la folitude; il l'engagea à refter dans le monde pour fervir le prochain. Ayant été élu Archevêque de Treves en 956, il le preffa de venir avec lui. Wolfgang y cenfentit, mais à condition qu'il n'auroit d'autre emploi que celui de tenir une Ecole pour les enfans. Il fe chargea depuis d'une Communauté d'Eccléfiaftiques, avec

Martel en 724, fut uni à l'Evêché de Conftance en 1539,

le titre de Doyen. Il remplit ces deux places — avec un zele & une piété qui donnerent la plus OCTOB. 31. haute idée de fa vertu.

Après la mort de Henri, il paffa quelque temps avec Brunon, Archevêque de Cologne, fans qu'on pût lui faire accepter aucune dignité eccléfiaftique. Enfin il fe retira dans le Monaftere d'Enfilden, gouverné alors par un Anglois, nommé George, qui avoit quitté fon pays pour fervir Dieu dans le filence & la pratique de la morti❤ fication. L'Abbé, qui trouva que la réputation de Wolfgang étoit bien au-deffous de fon mérite lui donna la direction de l'Ecole du Monaftere, qui devint bientôt la plus floriffante de tout le pays. Saint Ulric, Evêque d'Ausbourg, dans le Diocèle duquel étoit l'Abbaye, l'ordonna Prêtre, malgré l'oppofition qu'y voulut former fon humilité. Wolfgang, qui reçut l'Efprit-Saint avec l'impofition des mains, demanda à fon Abbé la permiffion de fuivre les mouvemens de fon zele, & elle lui fut accordée en 972. Il partit donc avec quelques Religieux animés du même efprit, & alla prêcher la Foi aux peuples de la Hongrie. Cette miffion n'eut pas tout le fuccès qu'on en avoit espéré. Mais l'Evêque de Paffaw retint le Saint auprès de lui pendant quelque temps. Il le fit recommander fecrétement à l'Empereur Othon II, & le lui représenta comme le fujet le plus capable de remplir le Siege de Ratisbonne qui étoit alors vacant. Pour ne point effaroucher l'humilité de Wolfging, l'Empereur lui fit dire de fe rendre à Ratisbonne, fous prétexte de quelques affaires. Quand il y fut arrivé, l'Archevêque de Saltzbourg, & plufieurs autres Evêques de la Province qui étoient dans cette ville, le wirent élire canoniquement par le Clergé & le

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