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point de voix pour fe faire entendre, elles empruntent celle de l'Eglife & de fes Miniftres, qui N O V. font les interpretes de leur douleur; & qui, pour nous attendrir en leur faveur, nous adreffent de leur part ces paroles de Job: Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui étes mes amis; car la main de Dicu m'a frappé (43). Le pieux & favant Gerfon les fait parler de la forte (44):,, Priez pour nous, parce que nous fommes dans l'impoffibilité de nous fecourir nous-mêmes. Ce fecours, il nous eft permis de l'attendre de ,, vous; ne nous le refufez pas. Vous, qui nous avez connus fur la terre, qui nous avez aimés, ,, pourriez vous nous oublier préfentement? On

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dit communément que c'eft au jour de l'afflic,, tion que l'on connoît un ami. Quelle affliction eft comparable à la nôtre ! Laiffez-vous donc toucher de compaffion. Un cœur dur fera ,, accablé de maux au dernier jour (45). Soyez fenfibles à vos propres intérêts, &c.

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Si les horribles cachots où font détenues les Ames du Purgatoire s'ouvroient fous nos pieds; fi nous pouvions voir les tourmens qu'elles endurent, quelle impreffion ce fpectacle ne feroitil pas fur nous? Que de larmes nous verferions, quel faififfement nous éprouverions à la vue de cette multitude innombrable de ferviteurs de Dieu, qui font nos freres en Jefus Chrift, qui fouffrent des peines incompréhensibles? Il y a peut-être parmi eux quelques-uns de nos proches, de nos amis car qui peut fe flatter de fortir allez pur de cette vie, pour n'avoir plus besoin d'au

(43) Job. XIX. 21. (44) Querela defunctorum in Purgatorio detento

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rum, T. 3. p. 703. ed.
du Pin.

(45) Ecclef. III. 27.

2.

NOV.

cune expiation? Les Jugemens de Dieu font 2. impénétrables; & par cela même ils doivent nous faire trembler. Le Seigneur jugera les juf tices; & malheur à la vie de l'homme la plus excmplaire, s'il l'examine à la rigueur ! Nous apprenons de S. Pierre que le Jufte fera à peine fauvé. A la bonne heure que nous nous réjouïffions en voyant des amis ou des parens vertueux mourir dans la grace & la juftice, & que nous espérions de la bonté divine qu'ils ont paffé à la bienheureufe immortalité. Mais fommes-nous sûrs qu'ils font parfaitement purifiés de toute tache? Ne devons-nous pas, dans cette incertitude, les recommander avec ferveur à la bonté divine? Pourquoi në dirions-nous pas avec S. Ambroife, dans fon Oraifon funebre de Valentinien le Jeune (17),, Que l'on offre les Saints Mysteres pour celui que nous regrettons. Prions avec ardeur pour le repos de fon ame..... Peuple, Peuple, levez les mains avec mol, afin qu'au moins par ce , devoir nous puiflions donner quelque marque de notre reconnoiffance pour les bienfaits que , nous avons reçus (46)". Puis joignant à ce Prince, Gratien fon frere, qui étoit mort quelque temps auparavant (0), il dit: Vous ferez

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bienheureux l'un & l'autre, fi mes prieres ,, peuvent quelque chofe. Je ne pafferai aucun , jour fans penser à vous; je ne prierai jamais , fans me reffouvenir de vous. Toutes les nuits, is vous ferez l'objet de mes fupplications. Vous ,, aurez part à tous mes facrifices. Si je vous ou,,blie, puiffé-je oublier ma main droite (47)"! Le S. Docteur prioit & offroit le Sacrifice avec

(n) Ce Prince fut maffacré en 392, à l'âge de vingt ans, n'étant encore que Catéchumené.

(46) De obitu Valent. n. 56. T. 2. p. 1189. ed. Bened. (0) En 383.

(47) Ibid. n. 87. p. 1194.

la même ferveur pour l'ame de fon frere Satyre (48). Penfons, pour nous pénétrer des mêmes NOV. a. fentimens, que peut être quelques-uns de nos parens ou de nos amis font en Purgatoire à cause de nous; que peut-être ils font punis pour un excès de tendreffe envers nous, ou pour des péchés dont nous avons été l'occafion. Ce ne feroit plus alors la charité feule, mais la juftice qui nous feroit prier pour ces ames.

Si les motifs que nous venons de rapporter ne fuffifent point encore, foyons du moins touchés de notre propre intérêt. Quelle confolation ne fera-ce pas pour nous pendant l'Eternité, d'avoir accéléré le bonheur des Ames du Purgatoire ! Quelle gloire pour nous d'avoir été capables de fervir les amis de Dieu! De quelle reconnoiffance ne feront-ils pas pénétrés après leur délivrance! Ils nous la témoigneront, en priant pour nous, & en nous obtenant les fecours qui nous font néceffaires dans cette terre d'exil & de combats. Quand Jofeph annonça à l'Echanfon de Pharaon qu'il recouvreroit fa digniré, il lui demanda fa protection, & le conjura de le faire fortir de la prifon où ils avoient été enfermés enfemble. Mais l'Echanfon après fon rétablissement ne fe foavint plus de Jofeph (49). Il n'en eft pas ainfi des Ames du Purgatoire, dit faint Bernard (50); il n'y a que celles qui font corrompues & vicieufes, où l'ingratitude puiffe entrer. Ce vice ne fe rencontre point dans les Saints, dont la bonté & la charité forment le caractere. Une fois entrés dans le ciel par nos prieres, ils

(48) De exceffu fratris Satyri, n. 80. p. 1133. (49) Gen. XL. 14.

(50) Serm. 5. in Festo Omn. Sanct. n. II.

folliciteront pour nous les plus précieux dons de NOV, 2. la grace. Notre charité même nous rendra le Seigneur propice. Ceux qui font miféricordieux obtiendront miféricorde (51). Nous retrouverons nous-mêmes après la mort, ce que nous aurons fait pour les Ames du Purgatoire. Dieu permettra que nous ayons une part plus abondante aux fuffrages que l'Eglife offre continuellement pour ceux qui fe font endormis dans le Seigneur.

Nous avons indiqué les principaux moyens de contribuer à la délivrance des Ames du Purgatoire; ce font le facrifice, la priere & l'aumône. De tout temps on a offert le facrifice non-fanglant pour les morts comme pour les vivans (52).

Ce n'eft pas en vain, dit S. Chryfoftome (53), ,, que les Apôtres out ordonné la commémoration des Morts dans les faints & redoutables myfte,, res. Ils favoient quels avantages réfultoient de ,, cette pratique. Quand l'affemblée étend les mains avec les Prêtres, en présence de la Victime Sainte, quelle force n'ont pas nos prie" res pour appaifer le Seigneur! Mais ceci n'eft ", que pour ceux qui font morts dans la Foi".

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LE MEME JOUR SAINT VICTORIN,

SAINT

EVEQUE, MARTYR.

AINT Jérôme, en parlant de S. Victorin, dit qu'il fut une des colonnes de l'Eglife; qu'il compofa des Ouvrages fort utiles en latin; qu'on

(51) Matt. V. 7.

(52) Voyez le Card. Bona, Liturg. 1. 2. c. 14. le Brun, fur les Liturgies des

quatre premiers fiecles, T.2. p. 40, 41, 330, 408, &c.

(53) Hom. 3. in Phil. T. 11. p. 217. ed. Ben.

y trouve un grand fens, mais que le ftyle en eft bas & rampant; ce qui venoit de ce que No V. l'Auteur étant Grec de naiffance, ne favoit que médiocrement la langue latine. Victorin enseigna d'abord la Rhétorique; & il eft probable que ce fut dans quelque ville de la Grece. Confidérant enfuite que toutes les chofes du monde ne font que vanité, il confacra fes talens & fes travaux à la gloire de la Religion. On le fit Evêque de Pettaw dans la Haute Pannonie, préfentement le Duché de Stirie.

Ce Pere écrivit contre la plupart des Héréfies de fon temps; il compofa auffi des Commentaires fur une grande partie de l'Ecriture. Il ne nous refte plus de fes Ouvrages, qu'un petit Traité, de la Création du Monde (a), & un autre Traité fur l'Apocalypfe, qu'on trouve dans la Bibliotheque des Peres (1). Ce dernier Ouvrage n'est point entier; & il y a des Savans qui le croient interpolé. Saint Victorin floriffoit en 290. Il termina fa vie par le martyre; & il paroît qu'il fouffrit en 304.

Voyez Saint Jérôme, Cat. Vir. Illuft. c. 74. & Præf. in Ifai. Ep. ad Magn. Caffiodore, de div. Lect. c. 5, 7, 9. Tillemont, T. 5. Fabricius, Bibl. Eccl. in S. Hier. Cat. c. 74. & Bibl. lat. 1. 4. c. 2. §. 23. Cave, Hift. litt. T. 1. p. 148. Lelong, Bibl. Sacr. p. 1003.

SAINT MARCIEN,
ANACHORETE EN SYRIE.

MARCIEN, né dans la ville de Cyr en Syrie,

fortoit d'une famille Patricienne; & fon pere
(a) Cave a publié ce Traité d'après un Manufcrit
de la Bibliotheque de Lambeth, Hift. Lit. T. 1.
(1) T. 3. Bibl. Patr.

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