a donnée, conformément à cet avis du sage: Que le cœur de l'homme pense à ce qui est juste, afin que Dieu conduise ses pas1. Or, vous avez bien des choses à penser Pensez au paradis, d'où Caïn s'est vu repoussé pour avoir été envieux de son frère; pensez à cette glorieuse adoption d'enfants de Dieu, qui n'est faite que pour les cœurs pacifiques; à ce royaume céleste auquel ne seront admis que ceux dont la régénération spirituelle et la fidèle pratique de la loi auront fait les vivantes images de Dieu et de JésusChrist; pensez que nous sommes en la présence de Dieu; que ses yeux sont ouverts sur nous; qu'il nous jugera et que nous aurons à lui rendre compte de notre vie entière; qu'enfin l'unique moyen d'arriver au bonheur de le voir un jour, c'est de lui plaire par nos œuvres, et de se rendre digne de sa grâce en ce monde, pour jouir de sa gloire dans l'autre.

1 Prov., XVI,

1.

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T. I.

Vous voudriez, mon cher Fortunat, pour les temps de persécution et de calamité où nous sommes, et où déjà nous entrevoyons, avec le malheureux avénement de l'Antechrist, la fin prochaine du monde et les jours de la consommation; vous voudriez, dis-je, un recueil des passages de l'Ecriture le plus propres à exciter et à soutenir la foi de nos frères dans le combat qui s'apprête; et vous désirez que je m'occupe de ce travail. J'ai dû acquiescer à ce vœu que les circonstances rendaient si nécessaires, et, en espérant plus du secours de la grâce que de mes faibles moyens, mettre à la disposition de nos frères les armes spirituelles que nous fournissent les divins commandements. Il ne nous suffit pas de faire retentir notre voix à l'oreille du peuple de Dieu avec

a Cet écrit porte indifféremment le titre d'Epître ou de Traité. Il ne présente qu'un tissu de textes de l'Ancien et du Nouveau Testament.

La persécution qui menaçait l'Eglise et qui ne tarda pas à se développer avec fureur, est celle de Valérien. D'abord favorable aux chrétiens, ce prince changea bientôt ses pacifiques dispositions dans une guerre cruelle qui donna à l'Eglise un grand nombre de martyrs, entre autres le pape saint Sixte, son diacre saint Laurent, et saint Cyprien.

l'éclat de la trompette; c'est bien plus particulièrement par les oracles sacrés, émanés de la propre bouche du Seigneur, que nous devons encourager la sainte émulation de ses serviteurs fidèles. Eh! quoi de plus important et de plus digne de notre ardente sollicitude, que de préparer, par de continuelles exhortations, le peuple, que la divine Providence a confié à nos soins, et l'armée, dont nous avons l'honneur d'être les chefs, à résister courageusement aux attaques de l'ennemi du salut? On n'est point un bon soldat sans s'être auparavant aguerri aux exercices du camp. L'athlète qui veut remporter le prix dans la carrière doit avoir fait l'épreuve de ses forces pour mériter la couronne. Nous avons affaire à un ennemi vieilli dans les combats. Depuis à peu près six mille ans déjà, le démon ne cesse de faire à l'homme une guerre implacable; il s'est exercé dès longtemps à toutes les manœuvres, et l'habitude l'a rendu savant en artifices. Malheur au soldat qui n'est point sur ses gardes! l'habile tentateur profite de son inexpérience, de son imprudente sécurité, pour le surprendre, l'investir et en triompher. Mais aussi, que, fidèle aux préceptes du Seigneur, on se tienne fortement attaché à JésusChrist, on est sûr de la victoire; car avec le nom de Jésus-Christ on est invincible.

Pour ne pas m'exposer, mon très-cher frère, à des longueurs fatigantes pour celui qui lit et celui qui écoute, j'ai rédigé dans une suite de chapitres les sujets à traiter, distribués sous des titres divers qui indiquent à chacun ce qu'il doit connaître et pratiquer, me proposant moins de vous envoyer un travail de ma composition, qu'une matière à développer. Ce simple dessein m'a paru devoir être d'une utilité plus générale. Si je vous faisais présent d'une robe

toute faite, elle serait toujours mienne en servant à l'usage d'un autre; mais peut-être aussi que, n'ayant pas été faite pour lui, elle n'irait pas à sa taille. Celle que vous recevez aujourd'hui est tissue de la laine et de la pourpre de l'agneau qui nous a rachetés et vivifiés. Vous serez libre de l'ajuster à votre taille; elle vous deviendra d'autant plus chère qu'elle vous sera plus propre. Vous la pourrez communiquer également aux autres pour leur usage personnel; ils pourront tous s'en revêtir à leur gré, en couvrir leur ancienne nudité, se parer des vêtements de JésusChrist, et avec eux de la céleste grâce par laquelle les âmes sont sanctifiées.

J'ai d'ailleurs réfléchi, mon très-cher frère, que ce qu'il y avait de mieux à faire dans un sujet où il s'agit de la plus pressante nécessité, celle d'exhorter au martyre, c'était d'aller droit au but, de s'en tenir rigoureusement aux paroles par lesquelles Jésus-Christ exhorte ses disciples à la généreuse confession de leur foi, et conséquemment à laisser là tout langage humain, tout préambule oiseux, tout commentaire qui ne ferait qu'embarrasser la marche, à mettre en avant les sacrés oracles comme autant d'armes à donner à nos athlètes. Ce seront les clairons et les trompettes qui retentiront aux oreilles et au cœur des fidèles, animeront leur courage, soutiendront leurs forces pour résister à toutes les épreuves. Pour nous, qui, avec la permission du Seigneur, avons donné à nos chrétiens le premier baptême, préparons-les à recevoir le second, bien plus excellent encore, d'un ordre plus relevé, plus illustre. Celui-ci, il est conféré par les mains des anges, il fait le triomphe de Jésus-Christ et de Dieu son père; après lui, il n'y a plus à craindre de retomber dans le péché, il imprime à notre foi le

sceau de la perfection; il ne nous enlève au monde que pour nous unir aussitôt à Dieu. Le premier nous absout et nous purifie; l'autre nous récompense et

nous couronne.

Que l'objet de nos voeux les plus empressés, les plus ardents, soit donc d'obtenir un bienfait qui, de serviteurs de Dieu, nous rend ses amis.

TITRES DES CHAPITRES SUIVANTS.

I. Pour exhorter nos frères à confesser généreusement le nom de Jésus-Christ, et les armer contre la persécution, il faut montrer en premier lieu que les idoles, ouvrage de la main des hommes, ne sont pas des dieux. Car l'ouvrage n'est pas plus grand que l'ouvrier, et elles ne peuvent secourir personne, puisqu'elles ont besoin elles-mêmes du secours des hommes pour les empêcher de périr. Il ne faut point non plus adorer les éléments, puisqu'ils n'existent, dans l'ordre de la Providence et d'après le commandement du Seigneur, que pour servir aux besoins de l'homme.

II. Après avoir détruit le culte des idoles et des éléments, il faut établir qu'il n'est permis d'adorer que Dieu seul.

III. A la suite de ces principes, exposer les châtiments dont la justice divine menace ceux qui sacrifient aux idoles.

IV. Insister en outre sur ce que Dieu ne pardonne pas aisément l'idolâtrie.

V. Que sa colère contre les idolâtres s'est prononcée au point d'ordonner que l'on mette à mort ceux qui ont conseillé à d'autres de sacrifier aux idoles et de leur rendre un culte.

VI. Qu'après avoir été rachetés et vivifiés par le sang de Jésus-Christ, nous ne lui devons plus rien préférer, puisque lui-même ne nous a rien préféré, et qu'au contraire il a préféré