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No. 163. JUILLET 1810.

TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE DE GÉOLOGIE.

Par J. A. DE LUC (1).

Extrait par J. J. OMALIUS D'HALLOY.

Introduc

L'AUTEUR de cet ouvrage a cru que pour
terminer les phénomènes géologiques avec plus tion.
d'évidence, et montrer plus clairement leurs
rapports avec l'histoire du globe, il convenait
d'exposer les diverses opinions des géologues;
mais il a pensé, en même tems, qu'au lieu
d'aller chercher ces opinions dans différens
systèmes, dont la plupart sont abandonnés à
cause de quelques idées dont l'erreur est géné-
ralement reconnue, il était préférable de se
fixer à celui d'entre les systèmes modernes, où
un plus grand nombre d'anciennes erreurs ont
été évitées, et qui, inventé et défendu par deux
hommes de génie, a été suivi avec beaucoup de
détails et de méthode. En conséquence, M. de
Luc introduit, comme texte de ses discussions,
l'ouvrage que M. John Playfair, membre de la

(1) Vol. in-8°. Paris, chez COURCIER, quai des GrandsAugustins, no. 57.

Système de MM. Hut

fair.

société royale d'Edimbourg, et professeur de mathématiques à cette université, a publié en 1802, sous le titre d'Illustrations of the huttonian theory of the earth.

Quoique les expériences de sir James Hall aient attiré, dans ces derniers tems, l'attention sur la théorie de Hutton, l'ensemble de ce système et l'ouvrage de M. Playfair, étant encore très-peu connus en France, nous croyons que nos lecteurs ne seront pas fâchés qu'il se présente une occasion de leur en donner une idée.

Suivant ces géologues, notre globe est tellezon et Play- constitué, que tandis que des continens existans se détruisent par les actions de l'air, de la gravité et des eaux courantes, leurs matériaux transportés sur les côtes par ces eaux, sont répandus sur toute l'étendue du fond de la mer, une grande chaleur interne endurcit ces matériaux et les transforme en une masse semblable à celles des couches minérales qui composent nos continens. Quand les continens existans sont ainsi détruits par leur dégradation, la même chaleur qui a endurci les couches nouvelles sur le fond de la mer les soulève; ce qui repousse la mer sur les continens rasés, et en produit de nouveaux livrés aux mêmes causes de destructions que les premiers, et dont les matériaux sont également répandus sur le fond de la mer, où la chaleur prépare les couches d'autres continens, qui seront soulevés à l'époque convenable.

On suppose que ces alternatives de continens détruits, pour fournir des matériaux à ceux qui doivent les remplacer, ont déjà été répétées

plusieurs fois, et l'on n'est point arrêté par les milliers d'années que peut exiger chacun de ces changemens, parce que, dit-on, le passé n'a point de bornes, et qu'on regarde comme impossible de remonter à un état primitif de la terre, où rien de ce qu'on observe comme effet des causes physiques n'avait encore été opéré.

MM. Hutton et Playfair prétendent que nos continens ont déjà subi une très-grande diminution par les causes extérieures qui agissent sur eux, et que les matériaux qu'ils ont perdu ont été répandus sur le fond de la mer. Ils supposent en conséquence que les vallées et les vallons ont été creusés par les eaux courantes qui ont déjà beaucoup diminué la hauteur des montagnes et des collines, et que la mer ellemême attaque et démolit les continens par leurs bords.

On voit que cette théorie fait naître des questions très-importantes, et que pour juger jusqu'à quel point elle est fondée, il faut examiner si les eaux seules ont pu former les grandes cavités des vallées et des vallons, et les faces abruptes que présentent les côtes ? Si les matériaux qu'elles charriaient sont répandus sur le fond de la mer ou repoussés vers la terre? Si en supposant cette destruction des continens et cette expansion des débris, il en résulterait quelque chose d'analogue à nos couches minérales, ou ce qui revient au même, si on peut attribuer l'origine de ces couches à la simple consolidation de ces amas irréguliers de débris? Il faut enfin rechercher comment ces couches, qui ont été formées au fond de la

Système de

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mer, se trouvent maintenant au-dessus de son niveau, et si nos continens sont en effet d'une antiquité incalculable.

Avant de passer à un examen détaillé de ces M. de Luc. diverses questions, M. de Luc expose, d'une manière rapide, sa propre théorie, qu'il a déjà établie dans ses premiers ouvrages géologiques, et notamment dans ses Lettres physiques et morales sur l'histoire de la terre et de l'homme, publiées à La Haye en 1780, et dans ses Lettres au professeur Blumenbach, imprimées à Paris en 1798.

Tout en convenant, que la formation des granites est la première opération des causes physiques sur notre globe, à laquelle nous puissions remonter par les monumens géologiques; l'auteur regardant comme démontré, surtout depuis les belles observations de Saussure, que l'origine de ces roches est due à des précipitations chimiques, opérées dans un liquide, détermine, d'après des considérations théoriques, les circonstances qui ont précédé et amené cette précipitation. On conçoit aisément que ses opinions à cet égard n'étant plus fondées sur l'observation, rentrent dans la classe des systèmes ordinaires de cosmogonie, qui laissent tous plus ou moins de prise à la critique; nous nous bornerons à observer que cette partie du système de M. de Luc, dont l'exposition n'oc cupe qu'une couple, de pages dans l'ouvrage que nous examinons, est absolument indépendante du reste de sa théorie, qui n'entre véritablement dans le domaine des sciences physiques, que lorsqu'elle commence à être appuyée sur des faits, et ce n'est qu'à partir de cette

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