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roi) de

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à très-haut et très-excellent prince N..., empereur (ou roi) de ...., notre bon frère (ami, cousin et allié).

Très-haut, très-puissant et très-excellent prince, etc. Les souverains qui écrivent des lettres de chancellerie à des princes inférieurs en rang mettent en tête de ces lettres leurs titres de souveraineté sans les faire suivre des titres du prince auquel ils écrivent. Les princes d'un rang assez élevé pour avoir droit d'écrire aux empereurs et aux rois des lettres de chancellerie placent leurs propres titres au bas de la lettre, avant ou après leur signature.

Corps de la lettre. — Dans le corps de la lettre, le souverain qui écrit parle de lui-même à la première personne du pluriel, Nous, en donnant au haut destinataire le titre de Majesté, d'Altesse (royale ou sérénissime), ou se servant simplement du mot Vous, suivant le rang et selon les rapports d'amitié qui subsistent entre eux.

Courtoisie. La formule qui termine la lettre est ordinairement celle-ci : Sur ce, nous prions Dieu qu'il vous ait, très-haut, très-puissant et très-excellent prince, notre très-aimé bon frère (ami, cousin, allié), en sa sainte et digne garde.

Souscription.

Au-dessous de la lettre, à gauche, sont indiqués le lieu de la résidence, la date, l'année courante et celle du règne du souverain, et plus bas, à droite, se place la signature du prince.

Les lettres de chancellerie sont ordinairement contre-signées par le secrétaire d'État ayant le département des affaires étrangères; elles s'expédient dans

les chancelleries d'État, sur grand format, sous couvert, et scellées du grand sceau de l'État.

Dans les lettres de chancellerie écrites par des souverains au chef d'une grande république les formes sont les mêmes; exemple :

N... par la grâce de Dieu, roi de

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...

Président de la République.....

Grand et bon ami, etc....

Sur ce, je prie Dieu, grand et bon ami, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

La signature du prince est contre-signée par le ministre des affaires étrangères ou par le chancelier d'État. La suscription porte:

A monsieur ..., Président de la République...

La chancellerie aulique de Vienne est la seule qui continue encore de nos jours à se servir quelquefois de la langue latine dans la rédaction de ces sortes de lettres ou celle des lettres de créance (1).

(1) Voici un exemple du style et des formules employés récemment par la chancellerie d'Autriche dans la lettre de créance donnée à l'Envoyé de l'empereur à Paris :

Illustrissime Præses, honoratissime et perdilecte amice! Ex amicis litteris suis, etc...

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Quare eumdem, qui amicissimæ meæ in illustrem vestram ac Gallicam Rempublicam voluntatis testis esse non recusabit, vobis, illustrissime Præses, tanquam insigni favore suo planè dignissimum, iterum iterumque commendo.

Dabam Vienna, die 16 januarii 1850.

FRANCISCUS JOSEPHUS, imp.

Illustrissimo Præsidi inclytæ Reipublicæ Gallicæ,

Domino Ludovico Napoleoni Bonaparto, amico meo honoratissimo et perdilecto.

Une lettre de chancellerie de la reine d'Angleterre au mème destinataire est rédigée en ces termes :

LETTRE DE CHANCELLERIE.

Lettre du roi de Suède en réponse à la lettre du roi des Deux-Siciles par laquelle ce prince lui avait annoncé son acceptation de la constitution espagnole. (1820.)

Nous, Charles-Jean, par la grâce de Dieu, roi de Suède et de Norvége, etc., à très-haut et très-puissant prince, notre frère et parent, et notre très-cher ami Ferdinand Ier, roi du royaume des Deux-Siciles, de Jérusalem, infant, duc de Parme, grand-duc héréditaire de Toscane, etc., etc.

Très-haut et très-puissant prince, frère et parent, très-cher ami,

Par vos lettres du 19 août, il a plu à V. M. de nous apprendre l'heureux changement de la forme du gouvernement qui a récemment eu lieu dans les États de V. M. par l'acceptation de la constitution espagnole, avec quelques modifications nécessaires. Nous faisons des vœux pour que cet événement produise de nouveaux avantages et une prospérité parfaite et durable à V. M. et à ses sujets. En félicitant eux et vous, Sire, nous nous sommes persuadé que l'espoir que V. M. nourrit de l'accroissement de la prospérité du peuple des Deux-Siciles sera exaucé par le TrèsHaut, à la garde duquel nous recommandons V. M., ainsi que la nouvelle forme de gouvernement de son royaume.

Victoria, by the grace of God, Queen of the United Kingdom of Great Britain and Ireland, Defender of the Faith, etc., To the President of the French Republic sendeth greeting! Our good Friend, etc.

... And so We recommend You to the protection of the Almighty. Given at Our court at Osborne-House, in the Isle of Wight, the first day of August, in the year of our Lord one thousand eight hundred and forty nine, and in the thirteenth year of Our reign. Your good Friend,

To the President of the French Republic.

VICTORIA R.
Palmerston.

Donné à Stockholm, en notre château royal, le 16 septembre

1820.

De V. M. le bon frère, parent et ami,

CHARLES-JEAN.

A. C. Kullberg.

Lettres de cabinet.

Le cérémonial qui s'observe dans les lettres de cabinet est beaucoup moins rigoureux que ne l'est celui des lettres de chancellerie; le style en est plus familier entre égaux, et moins solennel envers des inférieurs aussi est-ce la forme employée de préférence dans la correspondance des souverains.

Védette. Entre souverains: monsieur mon frère (et beau-frère), madame ma sœur (et belle-sœur), monsieur mon cousin, ou mon cousin.

Corps de la lettre. Le souverain y parle de luimême au singulier, en donnant à ses égaux le titre de Majesté, d'Altesse royale, etc.; quelquefois aussi il se sert du mot Vous, qu'il emploie toujours quand la lettre s'adresse à des princes d'un rang moins élevé : ceux-ci qualifient toujours Sire les têtes couronnées, tant dans la souscription que dans le corps de la lettre.

Courtoisie. Quelques expressions obligeantes ou amicales, qui varient suivant les relations qui subsistent entre les deux souverains, terminent la lettre; exemple: Je saisis avec empressement cette occasion de renouveler à Votre Majesté les assurances de la haute estime et de l'amitié sincère avec lesquelles je suis de Votre Majesté le bon frère, N.

Souscription.

La signature du prince n'est point contre-signée par un secrétaire d'État. La lettre est scellée du petit sceau de l'État; le format du papier est moins grand que ne l'est celui des lettres de chancellerie, et l'adresse est plus courte.

Quand les lettres de cabinet sont autographes, c'està-dire écrites de la main du souverain, la rédaction en est quelquefois plus libre quant aux titres et aux formules d'usage, sans que la différence des rangs s'y fasse pour cela moins sentir.

En général, les lettres de cabinet, et plus encore les lettres autographes, sont à l'égard des supérieurs une marque de respect, entre égaux une preuve d'amitié, et envers les inférieurs un témoignage spécial d'estime et d'affection.

Lettres de faire-part, de félicitation, de condoléance.

Il est d'usage aujourd'hui, entre la plupart des souverains de l'Europe, de se notifier mutuellement les événements importants, soit tristes, soit heureux, qui touchent la personne ou la famille du souverain, tels que l'avènement du prince au trône; le décès soit du prédécesseur, soit de la princesse femme du souverain, ou des princes et princesses du sang; les mariages, les naissances, les victoires remportées, etc. L'usage particulier de cour à cour décide de la forme dans laquelle ces notifications et ces compliments de félicitation ou de condoléance doivent être rédigés; la plus usitée est celle des lettres de cabinet : ces lettres

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