LES TALENS A LA MODE, COMÉDIE EN TROIS ACTES, ET EN VERS. Par M. DE BOISSY, Λ = De l'Académie Françoise. Représentée pour la premiere fois par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, le 17 Septembre 1739. Augmentée de la Mufique. LES TALENS A LA MODE, ACTE PREMIER. SCENE PREMIERE. ISABELLE, LUCINDE. J'ATTE LUCINDE. 'ATTENDS de vous,ma fœur,un grand fervice. Vous poffedez le don charmant De faire des vers aifément. J'ai recours à votre art propice. C'est-à-dire qu'en ce moment, Livrée à la fureur du chant, Vous me demandez des paroles Pour les mettre en musique. LUCINDE. Oui, fervez mon talent. ISABELLE. Les voulez-vous férieufes ou folles? Expliquez-moi votre goût nettement. Je ne les veux ni triftes ni bouffonnes. Tendres ? ISABELLE. LUCINDE. Non, non, galantes fans fadeur; Mais je n'en fais jamais d'autres, ma sœur; Votre difcours eft tout-à-fait modefte. Songez vous-même à faire de bons airs. Ils ne gâteront pas vos vers. ISABELLE. En bonne opinion l'on voit que chaque art brille. Eft-ce un air fimplement que vous me demandez: LUCIND E. Non, en forme de cantatille, Faites un dialogue. ISABELLE. Entre qui ? Répondez. LUCINDE. Mais entre Daphnis & Silvie. ISABELLE. Quel fera le fujet d'un pareil entretien ? LUCINDE. Mais un dont j'ai la tête encor toute remplie, Oui, le feu furprenant qui vient d'être tiré, J'approuve votre idée, elle fera remplie. Que par le chant tous vos vers foient coupés, ISABELLE.. Et que vos airs moins efcarpés, Soient de nos fentimens les images parfaites ; |