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Je conçois bien... mais je balance... Sur les mots que je cherche & qui ne s'offrent pas. Le don de la parole enfin n'est pas le nôtre.

C'est ce qui fait mon embarras...

Et... que je dis fouvent une chofe

MELANIE.

Trève de galimatias;

pour

Je m'en défie, & me rappelle

l'autre.

Que vous m'avez tantôt demandé, dans ces lieux,

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Oui, mais... remarquez... je vous prie...

Que c'étoit

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De tout ceci, je ne fçais que penfer. Mais ma fœur eft iongtemps, & je vais la preffer.

SCENE V I.

L'ÉPINE, Seul.

LE fâcheux interrogatoire,

Morbleu, que je viens de fubir!

Ce n'eft paš fans efforts que je viens d'en fortir.
Encor n'eft elle pas trop portée à me croire.
Mais Lucinde en perfonne ici porte fes pas.
C'eft elle, pour le coup, je ne m'y trompe pas.

SCENE VII.

L'ÉPINE, LUCINDE.

L'ÉPINE.

JE viens fçavoir de la part de mon Maître,

S'il peut, Mademoiselle, en ce moment paroître, Et jouir du bonheur de vous voir fans témoin. LUCINDE.

Oui, courez l'avertir.

L'ÉPINE.

J'y vole.

Mais le voici lui-même, il m'épargne ce foin. (A part en s'en allant.)

Je n'ai plus rien à faire, & j'ai rempli mon rôle.

JE

SCENE VIII.

LEANDRE, LUCINDE.

LUCIND É.

E vous attends, Monfieur, le papier à la main.
Secondez mon transport lyrique.

Exécutons ensemble un morceau tout divin,
J'entends parler de la mufique.

Elle est nouvelle, elle est unique.

Vous en ferez charmé.

LEANDRE.

Vous en êtes l'Auteur?

LUCINDE.

Jufte, vous venez de le dire.

LÉANDRE.

Sans contredit, d'avance je l'admire.

LUCIND E.

Je ne dis rien des vers, car ils font de ma fœur.
Ils font, entre nous deux, d'une mife re extrême.
LEANDRE.

Tant mieux, vous fçavez qu'à préfent
On ne prend plus garde au Poëme,

Et pour qu'il n'óte rien à la gloire du chant,

Il n'eft pas mal qu'il foit méchant. Mais concertons fans tarder davantage. Je vais goûter un bonheur des plus doux. Ah quel plaifir pour moi de chanter votre ouvrage, Et de le chanter avec vous !

Eon.

LUCINDE.

Tenez, voilà votre partie.
LÉANDRE.

LUCINDE.

Le feu de la ville eft dépeint par mes fons. Vous, vous êtes Daphnis ; & moi, je fuis Silvie. L'un & l'autre enchantés des jeux que nous voyons, Nous admirons de compagnie. LEANDRE.

Nous ne nous quittons pas, & mon ame eft ravic.
Allons, m'y vuilà ; commençons.

[IL CHANTE] Air noté n°. I.
Eft-ce l'effet de la magie?

Ou de l'art des Mortels eft-ce l'heureux pouvoir ?

Des clartés de la nuit la vûe eft éblouie,

Et des globes des Cieux je vois l'onde embellie.
Un fpectacle plus beau jamais ne fe fit voir.

Dieux! qu'il eft doux pour moi! j'y fuis près de
Silvie.

LUCINDE chante. Air noté n°. 2.

Fixez vos yeux fur ce Palais charmant,

Et

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Et regardez, Daphnis, cette étincelle ;
Vous l'allez voir dans un moment

Y répandre l'éclat d'un vaste embrâsement.
LÉANDRE chante. Air Noté no. 3.
Ainfi le regard d'une Belle

Met tout en feu dans le cœur d'un Amant.
Des jeux d'Amour c'eft l'image fidelle.
LUCINDE parle.

Souvent fon cœur, brûlé tout le premier
Des feux que fon regard allume,
A le fort de l'Artificier,
Qu'embrafe & que confume,
Le falpêtre avec le bitume,
Que fes mains viennent d'employer.
LÉ ANDRE parle.

De ce péril, à tort, votre efprit tremble.
Lorfque l'Amour affortit nos ardeurs
Et fait jouer fa mine dans nos cœurs,
Il est doux de fauter ensemble.
LUCINDE chante. Air Noté no. 4.
Quel prodige nouveau !

Le feu difpute

Les couleurs au pinceau.
Il peint, il exécute,

Il trace en beau

Le plus parfait tableau.

Tome VIII.

M

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