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On lui prépare un triste sort;

Mais comment ferons-nous, fi l'on veut la contraindre?

Nous avons fait ferment de prendre fon parti.

N'allons

ISABELLE.

Oh! dans cette occafion-ci,

Qu'elle tâche, fans nous, de se titer d'affaire.
pas fottement indifpofer mon pere.
Nous fommes bien, tenons-nous-y:
Le bon fens nous en fait une loi néceffaire.
On doit facrifier, ( cela n'eft pas douteux,)
Le bonheur d'une feule à l intérêt de deux.

LUCINDE.

Cette raifon me frappe; elle eft victorieuse :
Nous rendrions d'ailleurs notre fort plus fâcheux
Sans rendre fa fortune heureuse.

Mais il eft tard. Partons, il faut nous dépêcher.
L'Opéra fera plein: nous ferons mal-placées.

Les paroles, ma fœur?

ISABELLE.

Ah! je les ai laiflées

Sur ma table tantôt, & je cours les chercher.

SCENE II.

LUCINDE, L'ÉPINE.

VOUS

LUCINDE.

Ous entrez à propos ; allez dire à Léandre
Que je m'en vais à l'Opera ;

Qu'il ne manque pas de s'y rendre;

Qu'à coup fûr il m'y trouvera.

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L'ÉPINE, feule.

JE crois qu'elle aura beau l'attendre.

Elle & fa fœur aînée ont eu déjà leur tour;
C'est à préfent celui de Mélanie.
Il attend, pour venir lui faire ici fa cour,
Que l'une & l'autre foit fortie.

Je dois m'en informer & puis l'en avertir.
Je fuis fûr de Lucinde : à l'égard d'Ifabelle,
A l'Opera la fuivra-t-elle ?

Je n'en fçais, ma foi, rien : reste à m'en éclaircir.
Il faut qu'adroitement j'interroge Lifette.
Bon; la voilà qui vient, comme je le souhaite.

LA

SCENE I V.

L'ÉPINE, LISETTE.

L'ÉPINE.

A Vielle à la main ! Elle arrive gaiment. Chacun dans ce logis exerce fon talent.

Ah! de

grace, Mademoiselle,

Daignez fufpendre un feul moment
Les doux fons de votre Vielle.

Dites-moi feulement...

(Lifette joue en l'interrompant.)

L'ÉPINE.

La, rien qu'un mot, je vous supplie. Pour aller voir cet Opéra nouveau, Ifabelle eft elle partie?

(Lifette joue toujours.)

L'ÉPINE.

Vous me regalez-là d'un fort joli cadeau,
Et vous en jouez comme un ange.

Mais, Ifabelle.... Ah! quelle rage étrange!

(Lifette redouble fans dire mot.)

L'ÉPINE.

Je vais battre des mains pour la faire ceffer.
(Il bat des mains.)

Mes applaudiffemens la font recommencer.
Pour converfer avec une pareille folle,
Je ne vois qu'un parti: faifons la cabriole.
Pour fignaler votre art, allons, n'épargnez rien.
Je vais faire briller le mien.

(Lifette joue toujours en fautant,& l'Épine
la pourfuit en danfant)

SCENE V.

LEANDRE, L'ÉPINE,

LISETTE.

LÉANDRE, à l'Épine.

ARLE donc; es-tu fou? Quelle ardeur te tranf porte ?

PARLE

L'ÉPINE, dansant.

Les Talens, Monfieur, les Talens.
LÉANDRE.

Comment donc ?

L'EPINE, toujours dansant.

C'est l'amour des Talens qui m'emporte.

LEANDRE.

Mais il te convient bien, maraud, lorfque j'attends,

De danfer....

L'ÉPINE, danfant encore.

Comme vous ils entraînent l'Épine, Sur tout dès qu'il entre céans.

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LÉANDRE.

L'ÉPINE, continuant de danfer.

Oui, Monfieur, leur pouvoir me lutine; Ils ont percé, dans ces lieux féduisans,

Jufques dans l'anti-chambre où leur fureur domine.

Veux-tu ?...

LÉANDRE.

L'ÉPINE.

Vous voyez bien cette aimable coquine?
Elle en poffède d'étonnans.

LÉANDRE.

Ton qui pro quo m'affaffine:

Veux-tu bien me répondre ?

L'ÉPINE.

Il le faut avouer;

Ils font rares dans une fille.

Lifette fçait danfer auffi bien que jouer,

Et jamais elle ne babille.

Daignez un peu, Monfieur, l'interroger, pour voir.

LEANDRE.

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