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SCENE X.

PYRRHU S.

Non, le deffein eft pris!

Puifqu'après tant de pleurs le Ciel me rend Téglis,
Ce feroit mal répondre à fa bonté fuprême
Que de lui préferer l'honneur d'un diadêmẹ,

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UE dois-je faire,ôCiel! je ne fçais où je fuis!
Et qui peut concevoir l'horreur de mes
ennuis?

Infortuné Pyrrhus, où s'égare ton ame?
A ta gloire, à ton rang, préférer une femme!
Tout ce que je craignois, hélas ! eft arrivé;
Mon fang, à cette honte, étoit-il réservé?

DORIS.

Faut-il qu'à fa douleur, votre cœur s'abandonne?
N'êtes vous pas maîtreffe encor de la couronne?
Si Pyrrhus, démentant la gloire de fon fang:
Ofe ainfi, pour Téglis, defcendre de fon rang,
Pour punir les transports dont fon ame eft charmée,

Vous pouvez....

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OLIMPIA S.

Oui, je puis couronner Ptolomée:

Je le puis, mais le dois-je ? entre dans mes projets;
De mes craintes, Doris, voi les justes sujets.
Je ne le nîrai point; un penchant invincible
A rendu, pour Pyrrhus, mon ame plus fenfible;
Sa honte cauferoit mon plus cruel ennui;

Et mes foins les plus doux n'agiffent que pour lui.
Quoi, par un nouveau choix, approuvant fa foibleffe,
Puis je l'abandonner à fa folle tendreffe?
Non, Doris, mon amour ne me le permet pas.
D'ailleurs, j'allumerois la guerre en mes Etats.
Le laiffant à Téglis, l'ambitieux Softhêne
Exigeroit de lui qu'il la fit Souveraine:

Et mon choix, pour ce Prince, hautement déclaré,
Seroit, pour la révolte, un prétexte assuré.
Pyrrhus eft, dans ces lieux, plus aimé que fon frere;
Plus que lui, complaifant, affable, populaire,
Par là, de mes fujets, il a gagné le cœur:
Softhéne, d'un feul mot, pourroit en fa faveur,
Et même,malgré lui, foulever tout l'Empire,
Et, de troubles affreux, inonderoit l'Epire.
Je ne puis prévenir les maux que je prévoi,
Qu'en obligeant Pyrrhus à dégager ma foi:
Si le même interêt l'unit avec Softhéne,
Tout eft perdu, Doris; & ma promeffe eft vaine.

DORIS.

Cependant, fi Pyrrhus s'obftine en fes refus.....

OLIMPIAS.

S'il s'obstine? ah! pour lors... mais ne différons plus,
Affurons-nous d'abord de Téglis, de fon pere:
Que dis-je ! il vaudroit mieux fufpendre ma colére...
Oui, le Ciel me l'infpire: emploïons la douceur;
C'est le plus sûr moyen pour s'attirer un cœur.
D'un fujet trop puiffant & qui m'eft redoutable,
Flattons, pour les grandeurs, la foif infatiable;
Faifons tout pour fa fille; & cachons mon courroux.
Il faut que Ptolomée en devienne l'époux.

Quoi!...

DORIS.

OLIMPIA S.

Pour gagner Softhêne & vaincre un feu funefte', Je dois tenter encor ce moyen qui me refte. Sans doute que l'honneur, où je veux l'élever, Comblera les defirs qui l'ont pû captiver. Heureux Rois, que feconde un Miniftre fidéle, Qui, dans tous fes deffeins, guidé par un pur zéle, D'une injufte grandeur, fuyant le vain éclat, Ne fonge qu'au bonheur du peuple & de l'Etat ; Que l'élévation, fans ce bien, importune; A qui ce bien tient lieu de tréfor, de fortune, De famille, d'honneurs, de parens & d'amis, Et borne tous les vœux dont fon cœur eft épris!

Si tel étoit Softhêne, hélas ! loin de me plaindre,
D'un odieux amour, je n'aurois rien à craindre ;
Et fans être gagné par de nouveaux bienfaits,
Lui même en préviendroit les funeftes effets.
O vous, qui connoiffez les motifs qui me guident,
Grands Dieux! à mes deffeins que vos fecours préfident!
pas à la néceffité,

Ne me réduifez

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U

OLIMPIA S.

N plaifir imprévû vient de toucher mon ame, Softhene, en aprenant que, dans cet heureux jour, Votre fille, en ces lieux, eft enfin de retour.

SOSTHENE.

Défarmés par les pleurs du plus malheureux pere,
Les Dieux ont appaifé leur injufte colere.

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