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Une Mere, une Reine, écoutant fon devoir,
Va vous remettre ici, le fouverain pouvoir;

Et comblant les fouhaits d'un peuple qui vous aime,
Avec un digne hymen, vous offre un diadême.
Quel ennui peut encor, Seigneur, vous accabler?
Des objets fi flatteurs peuvent-ils vous troubler?
PYRRHUS.

Toi,quifçais dans quels maux un triste amourme plonge,
Peux-tu me demander le chagrin qui me ronge?
J'ai perdu le feul bien, que mon cœur eftimoit,
Iphis, & j'ai perdu le feul cœur qui m'aimoit!
İP HIS.

Quoi, toujours de Téglis l'image vous pofféde ;
Aux loix d'un vain amour votre fermeté céde?
En vain j'ai parcouru mille divers climats,
Je n'ai pu découvrir ni fon fort, ni fes pas,
PYRRHU S.

Les Dieux ne vouloient pas, Iphis, t'en rien apprendre ;
Ah! fi par fon retour, ils daignoient me furprendre...
Mais hélas! vain efpoir, qui toujours me féduit!
Qu'attendrois-je des Dieux, leur haine me poursuit
IPHIS.

Ah! Seigneur, étouffez une cruelle flâme.

Que d'autres feux enfin régnent feuls dans votre amej Et loin d'ofer, du Ciel, accufer le courroux, Reconnoiffez l'effet de fes bontés pour vous.

Vous ne l'ignorez point : la Reine votre mere,
Par la derniere loi de votre augufte perc,
Peut, entre fes deux fils, élire un fucceffeur,
Et nommer Ptolomée, ou vous, à cet honneur.
Mais celui que fon choix placera fur le trône,
Seigneur, doit époufer la Princeffe Antigone;
La Reine l'a promis; & depuis en ces lieux,
Cette Princeffe attend un hymen glorieux.
Auricz-vous préféré Téglis au rang fuprême,
Ne pouvant, fur fon front, mettre le diadême,
Ou, content de regner, d'un rival plus heureux,
Auriez-vous pû fouffrir qu'elle comblât les vœux?
PYRRHUS.

Que ne puis je, aux dépens du fceptre & de la vie,
La revoir en des lieux, où l'on me l'a ravie!

IP HIS.

Seigneur!.... mais cependant quel est votre dessein, D'Antigone en ce jour recevrez vous la main?

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PYRRHUS.

Eh le pourrois-je, Iphis, fans mourir de trifteffe?

Mon cœur...

IP HIS.

Puifque Téglis ne peut plus être à vous, D'Antigone, Seigneur, daignez être l'époux.

PYRRHUS.

Dans quels regrets mon ame, ô Dieux! feroit plongée,
Si lorfqu'ailleurs ma main se feroit engagée,
Téglis fe préfentoit à mes yeux éperdus,

Et me redemandoit des feux qui lui font dûs?
IPHIS.

C'eft nourrir trop long-tems une vaine espérance,
Seigneur;... mais en ces lieux, votre frere s'avance.

SCENE

III.

PYRRHUS, PTOLOME'E, IPHIS,

E

PTOLOME'E.

Nfin c'eft en ce jour qu'immolant fa grandeur, La Reine, à notre pere, élit un fucceffeur. Et l'on dit que ce choix, dicté par fa tendreffe, Rend la juftice dûe à votre droit d'aîneffe.

Je ne viens point ici, trop jaloux de ce rang,
Vous montrer un dépit indigne de mon fang:
J'y viens, malgré l'orgueil d'une haute naiffance,
Vous affurer, Seigneur, de mon obéiffance.
Par le trône, à la gloire on peut bien parvenir;
Mais elle est toujours fûre à qui fçait obeïr.
PYRRH US.

Ceftainfi qu'un grand cœur,quelqueprix qu'il en coute,
De la gloire toujours fçait fe fraïer la route:
Mais la tendre amitié, qui, par fes plus doux nœuds,
Difpofe de nos cœurs,, & nous unit tous deux,
Vous a-t'elle permis, mon frere, d'ofer croire
Qu'à fçavoir obéir, je bornois votre gloire?
Avez-vous pû penfer qu'un ami, tel que moi,
Trouvât quelque douceur à vous donner la loi?
Ah! qu'un pareil foupçon m'eft un cruel fupplice!
Rendez à votre frere un peu plus de justice;
Croyez que la couronne eft pour lui, fans appas,
D'abord qu'à fes côtés, vous ne regnerez pas.
Non, vous ne verrez point un frere qui vous aime,
Ofer monter fans vous à cet honneur fuprême....
La Reine vient; fon choix va fans doute éclater:
De mes vrais fentimens, vous ne pourrez douter,

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OLIMPIAS, PYRRHUS, PTOLOME'E, IPHIS, MITRANE, fuite de la Reine, Gardes, &c.

OLIMPIAS. Elle s'affeoit, & les Princes à fes côtés.

P Renez place, mes fils; & vous (4)`qu'on fe retire.

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E

OLIMPIAS.

Nfin voici le jour, qui doit, de cet Empire,
Affurer le bonheur, & fixer le deftin,

En lui donnant un Roy couronné de ma main.
Pour vous placer au trône, il eft tems d'en defecndre;
Il ne m'appartient pas; & je viens vous le rendre.
Mais je trouve dans vous deux fils dignes de moi ;
Je vous trouve chacun digne d'être mon Roy:
C'est ce mérite égal qui me gêne & me trouble;
A voir tant de vertus, mon embarras redouble;

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