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» C'est par ce digne coup, c'eft en perçant ton frere, » Que ton bras doit apprendre à s'immoler ta mere. A ces mots, il fe tait. Immobile d'horreur > Troublé, Pyrrhus en vain rappelle sa fureur, D'un plus doux fentiment, fon ame est enflâmée: Enfin, avce tranfport, embraffant Ptolomée:

ככ

Quoi, vous penfez, dit-il, que Pyrrhus,de vosjours, » Et de ceux d'une mere, ofe trancher le cours ? > Non, cher Prince, entraîné par un pouvoir funefte... > Faites votre devoir, je me charge du refte,

ככ

Lui répond Ptolomée.... Alors ils n'ont fongé
Qu'à calmer la révolte où le peuple eft plongé.
Chacun, à leur exemple, abandonne ses armes ;
Et ce combat fatal, qui causoit tant d'allarmes,
Qui n'a pû, pour l'Etat, être trop redouté,
Par cet heureux retour de générofité,

N'a fait couler enfin, que des larmes de joye.

Ciel !

OLIMPIA S.

MITRANE.

Lorfqu'à tout calmer, l'un & l'autre s'employe, J'ai couru vers ces lieux, vous apprendre un fuccès, Qui nous doit, en ce jour, affurer de la paix.

OLIMPIAS à part.

A mes premiers tranfports, je me fuis trop

Peut-être ma vengeance eft trop

livrée:

bien affurée!

Et peut-être déja... l'on vient !....

( à Mitrane. )

Cours, va dire à Doris,

Que, s'il fe peut encor, elle fauve Téglis

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Tout refpecte vos loix, & l'Armée, & la Ville :
Et bien-tôt vous verrez tomber à vos genoux,
Un fils refpectueux, confus de fon courroux.
Non, il n'attentoit point, Madame, à votre vie;
Le Thrône n'étoit point l'objet de fon envie
Un afcendant vainqueur l'entraînoit malgré lui;
De tout ce qu'il adore, il fe rendoit l'appui.
Je réponds de fon cœur ; oubliez fon audace;
Aux tranfports de l'amour, peut-on refufer grace?
Il fait fubir fes loix, même aux plus vertueux :
Ah ! rendez à Pyrrhus, l'objet de tous fes vœux....
OLIMPIAS

OLIMPIAS.

Oui, je vois qu'il eft tems, Prince, que je lui céde,
Et ne m'oppose plus au feu qui le pofféde.

Vous pouvez l'affurer, qu'il va revoir Téglis,
Et que tous fes fouhaits vont être enfin remplis.

ཐང་ང་

SCENE VI.

PTOLOME'E feul.

H! que ce doux moment aura,pour lui, de charmes!

A

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PYRRHUS, PTOLOME'E, IPHIS. (Pyrrhus, en entrant, paroît agité, & fort inquiet.)

V

PTOLOME'E.

Enez, Prince, venez ; banniffez vos allarmes !

On ne met plus d'obstacle à vos tendres foupirs, Et la Reine confent de combler vos defirs.

PYRRHU S.

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Puis-je le croire, ôCiel; ô flateufe espérance!

Que ne vous dois-je point! quelle reconnoiffance, Cher Prince me pourroit..

F.

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SCENE DERNIERE.

PYRRHUS, PTOLOME'E, TEGLIS mourante, & foutenue par une Suivante & par fon pere, SOSTHENE, defarme, IPHIS. PYRRHUS appercevant Téglis, & courant à fa

rencontre.

AH! Madame, c'eft vous!

Quoi, je puis me flatter du lien le plus doux ?
Mais, quelle horreur.... vos yeux ne s'ouvrent qu'a-

vec peine !...

Je ne vois que des pleurs !

PTOLOME'E à part.

Ah! trop cruelle Reine!

SOSTHENE, à Pyrrhus.

Seigneur, voilà le coup qui me faifoit frémir;
Que tous mes foins n'ont pû parer, ni prévenir.
Le deftin qui poursuit une trifte famille,

Aux mains d'une inhumaine a fait tomber ma fille;
La perfide auffi-tôt, par un poifon cruel....

PYRRHUS.

Où fuis-je ! que devien-je! ô defefpoir mortel!

TEGLIS, à Pyrrhus.

Cher Prince,hélas ! la mort,pour jamais nous fépare:
Je vous avois prédit qu'un destin si barbare,
Termineroit enfin un amour malheureux;
Vous avez négligé mes confeils généreux;
Trop prévenu pour moi, trop tendre, trop fidéle,
Aux defirs d'une mere, en ma faveur, rebelle,
Votre cœur a voulu me conferver fa foi;

Et votre amour me perd, pour vouloir être à moi.
PYRRHUS.

Je vous perds!.. à mes pleurs, ne l'aviez-vous rendue, Que pour la faire, ô Dieux, expirer à ma vûe!

SOSTHENE.

Si ce cruel spectacle a pû vous affliger,
Venez armer du moins mon bras pour la venger.
PYRRHUS, à Softhêne.

Va, je la vengerai. Je veux que la barbare,
Pleure à jamais du coup que ma main lui prépare?
TEGLIS.

Ah! fur qui voulez-vous, Seigneur, venger ma mort?
Je ne murmure point des rigueurs de mon fort.
PYRRHUS.

Oui, je veux vous venger, non en amant timide,
Qui, n'ofant fe frapper, deviendroit parricide,
Non en portant mes coups, fur un perfide flanc,
Où, malgré fes fureurs, j'ai puifé tout mon fang;

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