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Et le plaifir paffé, (c'eft ce qui me confole,)
Ne détruit pas le plaifir à venir.
MELANIE.

Il lui fait bien fouvent le tort de l'affoiblir.
Mais donnons-nous ici parole,

Quoi qu'il puifle arriver, de ne pas nous trahir.
Faisons toutes les trois une commune ligue,

Pour empêcher les nœuds où l'on veut nous forcer,

Et

pour conduire à bien notre innocente intrigue. Si chacune de nous ne peut fe difpenfer

De fubir aujourd'hui le joug du mariage :

Pour nous rendre ce joug moins dur & moins fauvage;

Tâchons du moins d'y lier avec nous

Ceux dont nous faisons cas,& qui flatent nos goûts. LUCINDE.

Moi, je vous le

promets, & ma parole est fûre.
ISABELLE.

Ma chere Mélanie, & noi, je vous le jure ;
Oui, je mourrai plutôt que de céder.
MELANIE.

Moi, je fais le ferment fincere
A toutes deux de vous bien feconder.
ISABELLE.

J'ai cet après-midi des emplettes à faire.
(A Mélanie.)

Voulez-vous m'accompagner?

MELANIE.

Oui.

Mais dépêchez-vous, ie vous prie, Il faut que je me trouve à cinq heures ici.

LUCINDE, à Ifabelle.

Ifabelle, je vous supplie

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Ne paffez pas quatre heures & demie ;
Car nous devons aller ensemble à l'Opera.
IS A BELLE.

C'est à condition que Lucinde viendra
Voir avec moi demain la Comédie.

Va.

LUCINDE.

ISABELLE.

Suivez-vous nos pas?

LUCINDE.

Non, je ne puis fortir.

Un foin des plus preffans me tient ici liée,
Et vous êtes par moi très-humblement priée
De vouloir bien, avant que
de partir,

Chanter deux vers de votre Cantatille.

ISABELLE.

Tous mes vers font fort bons.

LUCIND É.

Beaucoup d'efprit y brille;

Mais de vous, la Mufique exige ce plaisir.

ISABELLE.

Soit. Je fuis bonne.

MELANIE.

Oh! moi, je n'y puis confentir.
ISABELLE.

C'est l'ouvrage d'une feconde ;
Et ma veine eft facile autant qu'elle eft féconde.

LUCINDE, à Mélanie.

Ayez cette bonté. Nous allons revenir.

MELANIE.

Vîte. Ne perdez pas de temps à difcourir.

(Ifabelle & Lucinde fortent.).

SCENE V.

MELANIE, L'ÉPINE.

Qi

MELANIE.
7

U'à tous égards, il eft facheux d'attendre !
Mais c'est aujourd'hui mon deftin.

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(A part.)

Mais mais, je fuis un fot; je viens de me mé

prendre.

MELANIE.

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N'en foyez point, choquée...

Puifqu'il doit s'y rendre en effet

Comme il vous l'a mandé tantôt par fon billet.

MELANI E.

Mais le rendez-vous qu'il demande

N'eft que pour cinq heures?

L'ÉPINE.

Oui dà...

Mais fongez bien... qu'il en eft trois déjà... Et de trois... jufqu'à cinq ... la distance est

grande.

peu

Dans deux heures ... au plus, cette heure arrivera.

MELANIE.

Le plaifant difcours que voilà!
L'ÉPINE.

Pour peu que votre efprit le fuive,
Il le trouvera concluant.

MELANIE.

Mais à force de temps il n'eft rien qui n'arrive ; Et tout ce vain raisonnement

De votre message présent,

Ne m'apprend point le motif ni la caufe.

L'EPINE.

Elle eft facile à concevoir.

Mon Maître doit venir vous voir,
Et comme il a de la prudence,
Il m'envoye ici pour fçavoir

Si votre rendez-vous tient toujours pour ce foir.

MELANIE.

Sans doute. Il peut venir en affurance.

Pourquoi ne pas vous expliquer d'abord?
L'ÉPINE.

Oui,vous avez raison...mais, moi, je n'ai pas tort;

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