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Tu connus mes deux fils, ils faifaient mon bonheur ;
Ils étaient de mes ans le foutien & l'honneur ;
L'un', fier & courageux, citoyen inflexible;
L'autre, dans fes vertus plus doux & plus fenfible..
Timophane, modefte & foumis à l'État,
Bornait fes vœux au rang de premier Magiftrat.
Mais à d'autres deffeins fon ame abandonnée,
A dédaigné bien-tôt un pouvoir d'une année.
Bien-tôt fes partisans, déja trop écoutés,
Ont offert à ce peuple, épris des nouveautés,
Sous le pouvoir d'un Roi, l'efpoir de fes largeffes,
Un joug moins rigoureux, des honneurs, des richeffes,
Et le plaifir de voir leurs Maîtres orgueilleux,
Près du Thrône abaiffés, confondus avec eux.
Timophane lui-même affable & populaire,
Prodiguant tous les foins de féduire & de plaire,
Aux citoyens trompés a fait aimer fes loix.
Icétas par fa main remis au rang des Rois,
Et les peuples d'Argos domptés par sa vaillance,
Sa libéralité, sur-tout fon éloquence,

Cet art fi dangereux d'entraîner les efprits,
De foumettre à fa voix les mortels attendris,
Ces talens dont l'abus l'a rendu plus coupable,
Tout prête à fes deffeins un appui redoutable.
Il est encouragé par d'indignes flatteurs ;.
Il a même féduit nos jeunes Sénateurs.
Ardens, & dans cet âge où l'inexpérience
Embraffe des vertus la trompeufe apparence,
Ils ont tourné vers lui leurs cœurs & leurs regards.
Mais nos vrais citoyens, nos auguftes vieillards
Des guerriers éprouvés dont les cœurs héroïques
Ont confervé les traits de nos vertus antiques,

Dans un même intérêt réunis par la loi,
Défendent la Patrie & déteftent an Roi.
Entre ces deux partis, Corinthe fe fépare.
Dans nos murs malheureux la difcorde barbare
Va bien-tôt de la guerre étaler les horreurs.
Je crains des deux côtés les plus affreux malheurs,
Mon fils, de fa Patrie oppreffeur ou victime,
Me laiffe a déplorer fon trépas ou fon crime.
Je tremble pour Corinthe, & je crains pour mon fils
Le deftin des Tyrans rarement impunis.

LÉOSTHENE.

Quoi le peuple à ce point s'eft donc laiffé furprendre!
Mérite-t-il encor qu'on daigne le défendre ?
Mais comment jufqu'ici Timophane à nos yeux
Avait-il pu cacher un cœur ambitieux ?

ISMÉNIE,

Ah! connais tous nos maux : lorfque dans cette ville
Lè Souverain d'Argos vint chercher un afyle,
Que fa fille éplorée accompagnait fes pas,
Songe de quelle ardeur volant dans les combats
Timophane attendri, fenfible à fa disgrace,
Contre fes ennemis déployait fon audace,
Comme à tous les périls il s'expofait pour lui:
L'on n'eft pas fi touché de l'intérêt d'autrui.
L'homme a bien rarement cette vertu suprême,
En fervant l'opprimé, de s'oublier lui-même.
Éronime eft aimable, & mon fils l'adorait.
Icétas trop inftruit de ce penchant secret,
Crut voir dans cet amour & dans cette alliance
L'heureufe occafion d'augmenter fa puiffance.

ככ

» Oui, lui dit-il alors, oui, ma fille eft à vous,
» Mais il faut être Roi pour être fon époux.
» Si vous avez bien pû me rendre un diadême,
» Si je regne par vous, ofez regner vous-même.
Peut-être à ces difcours mon fils eût réfifté :
Mais l'Amour commandait, feul il fut écouté.
Icétas dans Argos appaifant les allarmes,
Laiffe Éronime ici loin du fracas des armes.
Elle n'attend enfin que l'inftant fortuné
De fuivre à nos Autels fon amant couronné:
Ce coupable traité n'éclate point encore ;
Seule j'en fuis inftruite, & le peuple l'ignore.
D'Éronime en ces lieux le féjour prolongé,
Le cœur de Timophane en un moment change;
Tous fes foins, tous fes pas décèlent fa tendreffe.
Quel homme a fu jamais déguiser sa faiblesse?
Par ceux des citoyens dont il féduit la foi,
Timophane demain fe fait proclamer Roi.
Peut-être ce fera le fignal du carnage,
Et fi Timoléon vers ce trifte rivage,
Dans ces murs menacés ne presse son retour,
Je frémis des malheurs qu'on prépare en ce jour.
On dit que de nos loix embraffant la défense,
Avec nos citoyens, Sparte eft d'intelligence.
Ce fecours étranger peut-être eft dangereux.

LÉOSTHENE.

Le danger d'être efclave eft encor plus affreux.
Non, ne négligeons rien dans cet état funefte.

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Tema érét réir par la loi, banter a bite & Chalem to Roi. Da Cour parts, Corinne le fépare. JMS E mbetet la difcorde barbare exe a meme étaler les horreurs. 11. des text cocés les plas atreux malheurs, loads, de i Faie copreneur ou victime, Maiale a deplorer fon répas or fon crime. Recente por Corintle, & je crains pour mon fils Le fato da Trans rarement impunis.

LEOSTHENE.

Quail is pemple à ce point s'eft donc laiffé furprendre!
Mente-t-il escor on daigne le défendre ?
Mais comment jufqu'ici Timophane à nos yeux
pa cacter on cœur ambitieux ?

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ISMÉNIE.

AbCconnais tous nos maux : lorfque dans cette ville Le Souverain & Argos vint chercher un afyle, Que fa fille éplorée accompagnait fes pas, Songe de quelle ardeur volant dans les combats, Timophane attendri, fenfible à fa disgrace, Contre fes ennemis déployait fon audace, Comme à tous les périls il s'expofait pour lui: L'on n'eft pas fi touché de l'intérêt d'autrui. L'homme à bien rarement cette vertu suprême, En fervant l'opprimé, de s'oublier lui-mêre Éronime eft aimable, & mon fils l'ador Icétas trop inftruit de ce penchant Crat voir dans cet amour & de

L'heureufe occafion d'

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» Oui, lui dit-il alors, oui, ma fille eft à vous,
» Mais il faut être Roi pour être fon époux.
» Si vous avez bien pû me rendre un diadême
Si je regne par vous, ofez regner vous-même.
Peut-être à ces difcours mon fils eût réfifté:
Mais l'Amour commandait, feul il fut écouté.
Icétas dans Argos appaifant les allarmes,
Laiffe Éronime ici loin du fracas des armes.
Elle n'attend enfin que l'inftant fortuné
De fuivre à nos Autels fon amant couronné:
Ce coupable traité n'éclate point encore ;
Seule j'en fuis inftruite, & le peuple l'ignore.
D'Éronime en ces lieux le féjour prolongé,
Le cœur de Timophane en un moment changé
Tous fes foins, tous fes pas décèlent fa tendreffe.
Quel homme a fu jamais déguiser sa faiblesse ?
Par ceux des citoyens dont il féduit la foi,
Timophane demain fe fait proclamer Roi.
Peut-être ce fera le fignal du carnage,
Et fi Timoléon vers ce trifte rivage,
Dans ces murs menacés ne preffe son retour;
Je frémis des malheurs qu'on prépare en ce jour.
On dit que de nos loix embraffan

Avec nos citoyens, Sparte

Ce fecours étr

défenfe

ligence.

x.

affreux.

us cet état funefte.

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