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Quatre Piqueurs en bottes & en habits trouffés, tenant en main leurs trompes & donnant des fanfares. JONES, Monfieur WESTERN, en habit de chaffe la trompe au cou, SOPHIE, Madame WESTERN, HONORA.

M. WESTERN, après les fanfares. COURAGE, enfants de la joie; de la gaieté : Ah! le beau temps, la belle chasse !

JONES.

Elle a été des plus heureuses.

M. WESTERN.

Oui, mon ami; c'est graces à ton intelligence. Bonjour, Sophie: comment te portes-tu, ma fille? fais ton compliment à mon camarade; il vient ma foi, de s'acquérir la gloire du plus déterminé Chaffeur de notre Comté de Sommerfet.

JONES.

C'eft à vous qu'appartient cet avantage.
M. WESTERN.

Nenni, vraiment; je fuis fincere. C'est à toi

que

je dois aujourd'hui tout le plaifir de ma Chasse. Si

tu

tu l'avais vu, Sophie, quelle vivacité! quelle ardeur! Mais vous autres femmes vous vous levez fi tard!

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Madame WESTERN.

Ne faut-il pas, comme vous, courir les bois avant qu'il foit jour ?

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Le plaifir que nous vous aurions vu prendre eût encore augmenté le nôtre.

Madame WESTERN.

Oh! fans doute; il eft bien flatteur pour des femmes d'une certaine façon, de s'expofer tous les jours à quelque nouvel accident, de braver les vents, la pluie !

M. WESTERN.

Eh! ma chere fœur, mêlez-vous de politiquer fans nous contrarier fur nos plaifirs. Ah! que n'avez-vous vu la chaffe de ce matin? Peut-être de fix mois n'aurons-nous pareille rencontre; un cerf dix-cors! un tems! un frais! Tayaut, tayaut; il femble que j'y fois : tenez, le récit feul de ma chaffe vous fera regretter de ne pas nous avoir fuivis. Ecoutez.

ARIETT E.

D'un cerf dix-cors j'ai connoiffance:
On l'attaque au fort, on le lance;

Tous font prêts:

Piqueurs & Valets

Suivent les pas de l'ami Jone.

B

J'entends crier : Volcelets, Volcelets.
Auffi-tôt j'ordonne

Que la meute donne.
Tayaut, Tayaut, Tayaut.

Mes chiens découplés l'environnent;
Les trompes fonnent:

CC

Courage, Amis: Tayaut, Tayaut»,
Quelques chiens, que l'ardeur dérange,
Quittent la voie & prennent le change.
Jones les raffure d'un cri:
Ourvari, ourvari.

Accoute, accoute, accoute.
Au retour nous en revoyons.
Accoute, à Mirmiraut, courons;
Tout à Griffaut ;

Y après: Tayaut, Tayaut.

On reprend route:

Voilà le cerf à l'eau.

La trompe fonne,

La meute donne,

L'écho réfonne,

Nous preffons les nouveaux relais:
Volcelets, Volcelets.

L'animal forcé succombe,

Fait un effort, fe releve, enfin tombe:
Et nos Chaffeurs chantent tous à l'envi:
« Amis, goûtons les fruits de la victoire;

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Amis, Amis, célébrons notre gloire.
» Halali, Fanfare, Halali,

» Halali ».

Madame WESTERN.

Quand vous aurez tout dit, mon frere, pourra

t-on vous parler un moment de vos affaires ? M. WESTERN.

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Oh! de tout mon cœur, & tant que vous voudrez mais, dites-moi d'abord, le dîner tarderat-il beaucoup? nous n'avons eu que le tems de faire une petite halte, & grace à vos foins la cantine étoit mal fournie.

Il n'eft

Madame WESTERN.
pas encore midi.

M.

WESTERN.

Que m'importe? Ordonnez qu'on fe dépêche. (Aux Piqueurs.) Et vous, enfans, point de relâche. Le franc Chaffeur doit être plus alerte encore que la bête qu'il pourfuit. Demain, dès le point du jour....

Madame WESTERN, à part.

Oh! demain : vous aurez, après le dîner, tout le tems de donner vos ordres. (Haut.) Honora, fuivez ma nièce dans fon appartement. Je me flatte que Monfieur Jones me voudra bien permettre d'être un moment feule avec mon frere. JONES.

Madame.

(Honora fort avec Sophie.)

M. WESTERN.

C'est une tyrannie; je ne fçais ce qu'elle me veut il faut contenter les femmes. (A Jones.) Va-t-en donner un peu le coup-d'œil du Maître; vois fi notre jeune meute eft rentrée en bon état : va, men camarade; je ne tarderai pas à t'aller joindre.

(Jones fort avec les Piqueurs.)

SCENE I V.

M. WESTERN, Madame WESTERN.

M. WESTERN.

A PRÉSENT, que me voulez-vous dire ? j'aurais plus befoin de repos que de raifons; ne marchons pas par les boulées, dépêchons.

Madame WESTERN.

Je veux vous dire, mon frere, que vous ne prévoyez rien, que vous ne fçavez rien.

M. WESTERN.

Oh! parbleu, fi fait. Je prévois que les vins de France feront fort chers l'année prochaine; je fçais que la race de mes baffets s'abbatardit.

Madame WESTERN.

Et ce font-là vos plus grandes affaires?
M. WESTERN.

Et je n'en veux point avoir d'autres, moi. Je paie mes ouvriers tous les mois; je compte avec mes fermiers tous les ans ; je bois avec mes amis tous les jours; &, quoi que vous en disiez, j'appelle cela faire très-bien fes affaires.

Madame

WESTERN.

Mais votre fille a bien-tôt dix-huit ans.'

M. WESTERN.

C'est vrai, & cela me prouve fouvent qu'il ne faut pas avoir votre âge pour raifonner mieux que

vous.

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