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qui l'ont employée qui en sont les dupes. Une troisième pièce de Térence, Hecyra ( la belle-mère ), paroît à La Harpe la plus intéressante de toutes celles de l'auteur, quant au sujet ; mais on y désireroit plus d'action et de mouvement. On sait que l'Hecyra fut interrompue au milieu de la représentation. Quant à l'Heautontimorumenos (l'homme qui se punit lui-même), c'est la plus foible de toutes les pièces de Térence. Nous ne dirons rien de l'Eunuque, dont Brueys et Palaprat ont emprunté leur Muet, ni du Phormion, dans lequel Molière puisant le fond de l'intrigue des Fourberies de Scapin, a, comme le dit Boileau, à Térence allié Tabarin.

m. vers

THÉOCRITE ( n. vers 200 av. J.-C. 140), passe pour le premier des poëtes bucoliques; il reste de lui trente idylles et vingt-deux inscriptions; mais on lui attribue aussi des élégies, des ïambes, des hymnes. Tous ses ouvrages ne sont pas dans le genre bucolique; quelques-uns tiennent au lyrique, à l'épique, et même au dramatique. Son Épithalame d'Hélène et de Ménélas est un des beaux morceaux de poésie lyrique qui nous restent de l'antiquité; et ses Pécheurs forment un poëme unique dans son genre. Quant à son Enchanteresse, Racine regardoit ce morceau comme un des plus passionnés qu'il y eût chez les anciens. En général la simplicité et la vérité sont le caractère dominant de Théocrite; inais cette simplicité n'est pas toujours intéressante, elle descend quelquefois trop bas, et c'est ce que

Virgile s'est bien gardé d'imiter en faisant de temps en temps des emprunts au poëte grec (1).

LÉON.-ANT. THOMAS (Voy. tom. 1, pag. 343). De toutes les productions de cet auteur, l'Essai sur les Éloges est celle qui a le plus réuni de suffrages,

(1) M. Gail a établi un parallèle entre Théocrite et Virgile: « Après la nature, dit-il, voilà les deux grands maîtres qu'il faut étudier. Tous deux nous ont représenté la vie pastorale avec tous ses charmes, mais chacun avec les traits qui lui sont propres. Le premier (Théocrite), se renfermant dans son genre, n'a dépeint que des objets champêtres. On éprouve en le lisant les douceurs de la solitude et le repos de la campagne. Le second, dès sa première églogue, afflige l'ame par l'idée de la misère et de la pauvreté. A l'ombre des hêtres, il rappelle les embarras et les chaînes de la ville, et même les combats, comme dans la 1x. égłogue. Le chantre de Syracuse représente, ses bergers tels qu'ils sont; il leur donne la couleur poétique de leur caractère, de leur situation, de leur éducation; semblable à ces peintres de l'école flamande, il peint la nature avec force, mais en lui laissant ses défauts. Le poëte de Mantoue, jaloux de plaire à des courtisans polis, doune à ses bergeries un air moins rustique, des formes plus correctes, des couleurs plus brillantes : c'est le Titien, sous le pinceau duquel la nature ne se montre que plus belle et plus parfaite. L'un est plus varié, plus fécond en pensées, en portraits, en caractères; uu berger ne ressemble jamais à un autre berger. L'autre est toujours plus borné, ses acteurs sont plus uniformes. Rempli de grâces naturelles, le premier se montre quelquefois âpre, agreste et brut; c'est un jeune sauvage qui folâtre, en laissant à ses charmans caprices toute liberté de s'égayer. Le second, plus exact, plus régulier, laisse apercevoir la parure et l'art : c'est un ami de la nature, mais qui, au milieu des champs, n'a pas tout-à-fait oublié les mœurs, le langage et même le luxe des villes. Lorsqu'il chante les forêts, il vent que ses chants soient digues d'un consul. Théocrite, plus hardi, s'abandonne à son gé

surtout de la part des gens de lettres. En effet on y trouve beaucoup moins de ce style enflé et tendu qu'on lui a reproché dans ses autres ouvrages, et qu'un homme de goût a qualifié assez plaisamment d'hydropique. Cet Essai n'est pas seulement une poétique des éloges; c'est l'histoire de la littérature et de l'éloquence appliquées à ce genre. La manière dont l'auteur caractérise les anciens et surtout les Grecs, est remplie de finesse et de goût. Rien de plus facile et de plus gracieux que l'article sur Xénophon; de plus noble et le plus sublime que celui de Platon; de plus énergique et de plus concis que celui de Tacite. Les morceaux les plus importans de la seconde partie sont les articles de Henri IV, de Louis XIII, de Bossuet (1), de Louis XIV et de Fontenelle. Nous ajouterons cependant qu'on re

nic, s'échappe quelquefois. Virgile, plus retenu, plus timide, réfléchit sur tout et pèse tout; il polit et travaille jusqu'au moindre détail..... Tous deux, quoi qu'il en soit, sont et seront dans tous les temps les délices des gens de goût. » Il est inutile de dire que l'auteur de ce parallèle est traducteur de Théocrite, et qu'il n'est pas surprenant que selon la coutume, il présente son héros sous l'aspect le plus favorable.

(1) Il faut cependant excepter de cet article le passage où Thomas ose avancer qu'on n'a point dit assez (avant lui) combien Bossuet est quelquefois LONG, FROID et VIDE D'IDÉES. Nous livrons cette étrange assertion à la réflexion, nous oserions presque dire, à l'indignation du lecteur.

Puisqu'il est ici question de Bossuet, nous réparerons une omission qui a eu lieu dans l'article que nous lui avons consacré, tom. 1, pag. 172. Nous aurions dû dire que ce grand homme avoit une prédilection particulière pour SAINT AUGUSTIN. Il lui donnoit la

proche à Thomas de n'avoir point parlé de l'éloge que l'abbé Galiani a fait de Benoít XIV; c'est un modèle pour le fond et pour le style. Il a également oublié le panégyrique de Frédéric II, roi de Prusse, par M. Sulzer, et l'éloge que ce même Frédéric a fait d'un prince de sa maison. Il a aussi passé sous silence quelques éloges de M. Hirzel, l'auteur du Socrate rustique. Quoique moins connus, ils méritoient d'être cités, parce qu'on y trouve souvent la grâce de Xénophon réunie à la simplicité des mœurs helvétiques, ce qui leur donne un caractère original. Pour les autres ouvrages de Thomas, nous renvoyons à notre tom. 1, pag. 362.

ALB. TIBULLE ( n. 695 de R., 59 av. J.-C. — m. 735 de R., 19 av. J.-C.). Il reste de cet aimable poëte trente-cinq élégies, et un panégyrique adressé

préférence sur tous les autres Pères. Il le lisoit continuellement ; il en avoit fait de longs extraits; il ne faisoit aucun voyage qu'il ne l'eût avec lui. Quand il avoit un sermon à faire, il prenoit Saint Augustin; quand il avoit une erreur à combattre, un point de foi à établir, il lisoit Saint Augustin. Il s'étoit fait une si grande habitude de son style, de ses principes et de ses propres paroles, qu'il a rétabli une lacune de huit lignes dans le sermon 299 de l'édition des Bénédictins (Parisiis, 1679-1700, 11 tom. en 8 vol. in-fol.); ces savans religieux ont reconnu que cette lacune avoit été bien rétablie, et ils en ont fait honneur à Bossuet. Enfin nous dirons que notre illustre orateur, pénétré si profondément de l'esprit de Saint Augustin, s'est toujours conformé à sa méthode, soit pour conférer avec les hérétiques et réfuter les nouvelles erreurs, soit pour saisir les grands principes de la Religion, catéchiser les peuples et instruire les rois,

à Messala sous lequel il fit une campagne en Aquí taine l'an 724 de R. On divise ordinairement ses élégies en quatre livres, mais on a des doutes sur l'authenticité des deux derniers livres ; quant aux deux premiers, et au panégyrique qui commence le quatrième et les deux élégies qui le terminent, ils sont indubitablement de lui. On regarde la première élégie du premier livre comme la meilleure de Tibulle. Au reste dans tout ce qu'il a écrit, il est tendre, naturel, passionné, délicat, noble sans faste simple sans bassesse, élégant sans artifice; enfin, comme écrivain, il est supérieur à ses rivaux ; Son goût est pur, sa composition irréprochable. Il a un charme d'expression qu'aucune traduction ne peut rendre. C'est le poëte du sentiment. Son style a une harmonie délicieuse qui porte au fond de l'ame les impressions les plus douces. Tibulle, Virgile et Horace passent pour les modèles de la perfection dans l'art d'écrire.

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TITE-LIVE (n. 695 de Rome, 59 avant J.-C. m. 772 de Rome, 19 de J.-C.) Cet historien a composé une Histoire romaine fort étendue, que l'on regarde à juste titre comme l'un des plus beaux monumens historiques, mais qui malheureusement a été très maltraitée par la faux du temps; car de cent quarante-deux livres qu'elle contenoit, à peine nous en reste-t-il trente-cinq ou trente-six, dont plusieurs encore ont des lacunes. (V. le détail des débris de cette Histoire, échappés au naufrage, dans

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