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exact de l'éducation en général, nous ne saurions omettre d'en rechercher les obscurs antécédents et les lointaines origines dans les premiers siècles chrétiens, puis dans tout le cours du moyen âge. Mais qu'on n'attende pas un exposé sans lacunes ni un tableau sans ombres; nous ne pouvons, pour cette époque, que rassembler des faits épars et complexes, fournis, d'une manière parfois conjecturale, par les documents divers dont nous avons indiqué la nature.

On trouvera dans le cours de ces deux volumes un certain nombre de dates, d'indications de sources et de citations. Est-il besoin de me défendre d'un indiscret étalage d'érudition? J'ai voulu tout simplement épargner de longues et souvent difficiles recherches au lecteur désireux d'étudier personnellement le même sujet, éclairer par la chronologie l'histoire des institutions et des systèmes, enfin fournir des bases authentiques aux conclusions qui doivent nécessairement ressortir de l'exposé des faits. On écrit pour raconter, disait Quintilien, non pour prouver; il aurait dû dire, et pour prouver; mais il faut commencer par raconter. De nos jours, dans la crainte de

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trop concéder au récit, on est peut-être enclin à verser dans le plaidoyer: mauvaise condition pour l'historien en général, et en particulier pour l'historien de la pédagogie. Qu'il lui est aisé, au milieu de nos dissentiments passionnés, de perdre même inconsciemment la notion exacte de la réalité, soit qu'il la considère abstractivement, dégagée des milieux qui la font valoir et l'expliquent, soit qu'au contraire il lui prête une physionomie concrète, mais reflétant les préoccupations contemporaines! Un moyen d'éviter cet écueil, c'est d'exposer successivement chaque partie de la question, d'éclairer chaque aspect du sujet, et, autant qu'il est possible sans rompre l'unité et l'harmonie de l'ensemble, de laisser à ceux dont on étudie les doctrines la faculté de les énoncer eux-mêmes: au moins ne risque-t-on pas de leur attribuer des idées qu'ils n'ont pas conçues, un langage qu'ils n'ont pas tenu. A ce compte, on ne sera peut-être pas en droit de conclure, au gré des opinions. adverses, qu'en matière d'éducation féminine tout était mal ou tout était bien dans l'ancienne société, mais on fera la part du bien et du mal, ce qui vaut mieux que de plaider pour

ou contre. Il n'y a qu'une cause qui vaille d'être plaidée, celle de la vérité. La vérité est audessus de tout, et, comme la vertu, elle a son prix en elle-même:

Ipsa quidem sibimet pulcherrima merces.

HISTOIRE

DE

L'ÉDUCATION DES FEMMES

CHAPITRE PREMIER

LE CHRISTIANISME

I. Le Christianisme et les femmes. St.Jérôme directeur de conscience et éducateur; ses lettres sur l'éducation. L'idéal féminin du christianisme primitif; esprit et direction de l'éducation féminine. II. L'éducation des femmes chez les Gallo-Romains; chez les Franks pendant l'époque mérovingienne. Ce qu'il faut entendre par les écoles monastiques. Charlemagne ; dans quelle mesure il a favorisé l'instruction des femmes. Femmes lettrées du VIII au XII• siècle. - L'éducation dans les monastères; en quoi elle consistait. Etude du latin. Poésie. Education physique. Discipline. III. Caractère général de l'éducation jusques et y compris le XII siècle : elle est essentiellement religieuse. A partir du XIIe siècle, elle se modifie; parallèlement à l'éducation monastique, apparaît l'éducation privée et mondaine, avec un caractère séculier. Causes de cette évolution. Premier essai de réforme de l'éducation des filles Pierre du Bois.

I

Le christianisme doit surtout aux femmes de s'être emparé des cœurs comme il l'a fait. En

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