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Je l'aurai fait passer chez moi dès son enfance,
Et j'en aurai chéri la plus tendre espérance,
Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants,
Et cru la mitonner pour moi durant treize ans,
Afin qu'un jeune fou dont elle s'amourache
Me la vienne enlever jusque sur la moustache,
Lorsqu'elle est avec moi mariée à demi !

Non, parbleu! non, parbleu ! Petit sot, mon ami,
Vous aurez beau tourner, ou j'y perdrai mes peines,
Ou je rendrai, ma foi, vos espérances vaines,
Et de moi tout-à-fait vous ne vous rirez point.

SCÈNE II.

UN NOTAIRE, ARNOLPHE.

LE NOTAIRE.

Ah! le voilà! Bonjour, Me voici tout à point
Pour dresser le contrat que vous souhaitez faire.
ARNOLPHE, se croyant seul, et sans voir ni entendre
le notaire.

Comment faire?

LE NOTAIRE.

Il le faut dans la forme ordinaire.

ARNOLPHE, se croyant seul.

A mes précautions je veux songer de près.

LE NOTAIRE.

Je ne passerai rien contre vos intérêts.

ARNOLPHE, se croyant seul.

Il se faut garantir de toutes les surprises.

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Suffit qu'entre se se vu dans de

Il ne vous faire sans

Quittancer le cones

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L'ordre est que le futur doit douer le future Du tiers de dut qu'elle a; mais cet ordre n'est Et Ion va plus avaut lorsque fou le veut bien ARNOLPHE, SE croyant seul.

Si...

(Il aperçoit le notaire.)

LE NOTAIRE.

Pour le préciput, il les regarde ensemble. Je dis que le futur peut, comme bon lui semble.

Douer la future.

Hé!

ARNOLPHE.

LE NOTAIRE.

Il peut l'avantager

Lorsqu'il l'aime beaucoup et qu'il veut l'obliger;
Et cela par douaire, ou préfix qu'on appelle,
Qui demeure perdu par le trépas d'icelle;
Ou sans retour, qui va de ladite à ses hoirs;
Ou coutumier, selon les différents vouloirs;
Ou par donation dans le contrat formelle,
Qu'on fait ou pure ou simple, ou qu'on fait mutuelle.
Pourquoi hausser le dos? Est-ce qu'on parle en fat,
que l'on ne sait pas les formes d'un contrat?
Qui me les apprendra? personne, je présume.
Sais-je pas qu'étant joints on est par la coutume
Communs en meubles, biens, immeubles et conquêts,
A moins que par un acte on n'y renonce exprès?
Sais-je pas que le tiers du bien de la future

Et

Entre en communauté pour...?

ARNOLPHE.

Oui, c'est chose sûre,

Vous savez tout cela: mais qui vous en dit mot?

LE NOTAIRE.

Vous, qui me prétendez faire passer pour sot,
En me haussant l'épaule et faisant la grimace.

ARNOLPHE.

La peste soit de l'homme, et sa chienne de face!
Adieu. C'est le moyen de vous faire finir.

LE NOTAIRE.

Pour dresser un contrat m'a-t-on pas fait venir?

ARNOLPHE.

Oui, je vous ai mandé : mais la chose est remise.
Et l'on vous mandera quand l'heure sera prise.
Voyez quel diable d'homme avec son entretien !
LE NOTAIRE, seul.

Je

pense qu'il en tient, et je crois penser bien.

SCÈNE III.

LE NOTAIRE, ALAIN, GEORGETTE.

LENOTAIRE, allant au-devant d Alain et de Georgette. M'êtes-vous pas venu querir pour votre maître?

ALAIN.

Oui.

LE NOTAIRE.

J'ignore pour qui; vous le pouvez connoître. Mais allez de ma part lui dire de ce pas

Que c'est un fou fieffé.

GEORGETTE.

Nous n'y manquerons pas.

(Ils tendent tous deux la main, et prennent l'argent.) Ce n'est de mes bienfaits qu'un simple échantillon. Toute la courtoisie enfin dont je vous presse, C'est que je puisse voir votre belle maîtresse. GEORGETTE, le poussant.

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Est-ce de la façon que vous voulez l'entendre?

ARNOLPHE.

Oui, fort bien, hors l'argent qu'il ne falloit pas prendre.

GEORGETTE.

Nous ne nous sommes pas souvenus de ce point.

ALAIN.

Voulez-vous qu'à l'instant nous recommencions ?

ARNOLPHE.

Suffit. Rentrez tous deux.

Point.

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