ARNOLPHE. Avec plus de loisir je pourrai vous l'apprendre. ORONTE. Où donc prétendez-vous aller? Vous ne nous parlez point comme il nous faut parler. ARNOLPHE. Je vous ai conseillé, malgré tout son murmure, Si l'on vous a dit tout, ne vous a-t-on pas dit CHRYSALDE. Je m'étonnois aussi de voir son procédé. Quoi ! ARNOLPHE. CHRYSALDE. D'un hymen secret ma sœur eut une fille Dont on cacha le sort à toute la famille. ORONTE. Et qui, sous de feints noms, pour ne rien découvrir. Par son époux aux champs fut donnée à nourrir. CHRYSALDE. Et, dans ce temps, le sort, lui déclarant la guerre. L'obligea de sortir de sa natale terre. ORONTE. Et d'aller essuyer mille périls divers Dans ces lieux séparés de nous par tant de mers. CHRYSALDE. Où ses soins ont gagné ce que dans sa patrie ORONTE. Et, de retour en France, il a cherché d'abord CHRYSALDE. Et cette paysanne a dit avec franchise ORONTE. Et qu'elle l'avoit fait, sur votre charité, CHRYSALDE. Et lui, plein de transport, et l'alégresse en l'ame, A fait jusqu'en ces lieux conduire cette femme. ORONTE. Et vous allez enfin la voir venir ici, Pour rendre aux yeux de tous ce mystère éclairci. Je devine à peu près quel est votre supplice; ARNOLPHE, s'en allant tout transporté, et ne pouvant parler. Ouf! SCÈNE X, ENRIQUE, ORONTE, CHRYSALDE, AGNÈS, HORACE. ORONTE. D'où vient qu'il s'enfuit sans rien dire ? HO RACE. Ah! mon père. Vous saurez pleinement ce surprenant mystère. Ce votre sagesse que avoit prémédité: J'étois, par les doux nœuds d'une amour mutuelle, Et c'est elle en un mot que vous venez chercher, ENRIQUE. Je n'en ai point douté d'abord que je l'ai vue, Ah! ma fille, je cède à des transports si doux. CHRYSALDE. J'en ferois de bon cœur, mon frère, autant que vous; Et rendre grace au ciel, qui fait tout pour le mieux. FIN DE L'ÉCOLE DFS FEMMES. LA CRITIQUE DE L'ÉCOLE DES FEMMES, COMÉDIE EN UN ACTE, Représentée sur le théâtre du Palais-Royal, le 1er juin 1663. Cette pièce (la première de ce genre) eut trente et une représentations, dont la dernière fut donnée le 12 août. |