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a) La Gallicie a été dégarnie de ses troupes ordinaires; trois régiments d'infanterie et deux bataillons de chasseurs en ont été retirés, et d'après une nouvelle donnée par un journal, le régiment Archiduc Charles, no 51, en garnison à Lemberg, aurait reçu l'ordre de se diriger sur Cracovie et éventuellement plus en avant vers l'ouest. Il ne resterait plus alors en Gallicie que les régiments d'infanterie Steiniger, no 68 (jusqu'ici à Czernowitz), et les 13 et 14me bataillons;

b) La garnizon d'Olmütz a quitté cette place. Il y a lieu de supposer que des recrues y sont venues remplacer les troupes qui sont parties. On ne sait pas encore comment ces déplacements se sont effectués.

c) Deux régiments ont été dirigés de Hongrie sur la Bohême.

3) Plusieurs régiments ont été renforcés et mis sur le pied de guerre. De nombreux détachements d'hommes rappelés et appartenant au régiment Prince Régent de Prusse, n° 20, Mecklembourg Schwérin, no 57, et le bataillon de chasseurs, n° 12, ont passé par Cracovie. Les corps respectifs sont cantonnés à Pesth, à Klausenbourg et à Hermannstadt.

4) Des achats de chevaux ont eu lieu en Bohême, mais on ignore encore dans quelles proportions.

Berlin, le 28 mai 1866.

Note au sujet des armements de l'Autriche, 29 mars 1866.

Il résulte des renseignements parvenus jusqu'à ce jour sur les armements et les mouvements de troupes en Autriche que :

Les troupes en Bohême et dans la Silésie autrichienne ont été augmentées par la concentration de

3 régiments d'infanterie et 1 bataillon de chasseurs de Gallicie,

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Un quatrième régiment d'infanterie (Joseph) de Gallicie a été dirigé de Lemberg sur Cracovie; ce régiment n'a pas encore quitté cette dernière ville, mais serait également destiné à aller en Bohême.

Les renforts arrivés sont échelonnés ainsi qu'il suit :

a) entre Theresienstadt et Tetschen 4 régim. d'inf. et 1 bat. de chass., b) entre Pardubitz et Josephstadt 3

c) à Tetschen

1

3 batteries du régiment d'artillerie no 1, de Prague, ont en outre

été dirigées du côté de Theresienstadt; les autres corps de troupes cantonnés jusqu'ici en Bohême sont restés dans leurs quartiers respectifs et sur le pied de paix.

Si on les ajoute aux troupes que nous venons d'énumérer, on trouvera sur la ligne.

a) De Prague à Tetschen, 8 régiments d'infanterie, 2 bataillons de chasseurs et dix batteries auxquels viennent de se joindre, d'après une nouvelle toute récente, 2 régiments de cavalerie arrivant d'Autriche.

b) De Pardubitz-Josephstadt: 4 régiments d'infanterie, 1 bataillon de chasseurs, 2 régiments de cavalerie et 10 batteries.

De plus, il y a encore en Gallicie:

3 régiments d'infanterie, 1 bataillon de chasseurs, 5 régiments de cavalerie et 1 régiment d'artillerie.

En Moravie 2 régiments d'infanterie, 1 bataillon de chasseurs, 2 régiments de cavalerie et 1 régiment d'artillerie.

Et en outre il reste en Gallicie 17 quatrièmes bataillons, ensemble 34, auxquels viennent s'ajouter 2 régiments de cavalerie et 1 d'artillerie. De grandes inspections de chevaux ont eu lieu.

Les contre-ordres qu'on dit être arrivés à Olmütz, pourraient démontrer qu'on hésite encore à Vienne sur l'étendue des mesures militaires à prendre. Jusqu'avant-hier aucune augmentation de l'armée italienne n'avait été ordonnée et l'on ne savait pas en Vénétie qu'il fût question d'une mesure semblable.

Le renvoi des réserves de la brigade de Vienne ne peut être mis en doute, mais on n'a pas appris qu'il ait été procédé à d'autres renvois.

Les concentrations en Bohême ont été officiellement expliquées comme étant une mesure destinée à pourvoir à la sécurité de l'Autriche, et peuvent avoir été, en effet, le résultat de vives appréhensions. Mais lorsque le comte de Mensdorff prétend qu'aucun homme en congé n'a été rappelé, que 8 à 9 bataillons, au lieu du même nombre de régiments, ont été dirigés sur la Bohême, et qu'il n'y a pas eu de dépenses extraordinaires, on ne peut s'empêcher d'une certaine méfiance à l'égard des autres mesures déjà prises; dans tous les cas, il serait difficile de ne pas croire à des intentions agressives, si de nouvelles concentrations étaient opérées sur Olmütz par le chemin de fer ou par la Hongrie.

Berlin, le 29 mars 1866.

AUTRICHE.

Note du comte Karolyi au comte de Bismarck sur les intentions hostiles attribuées à l'Autriche vis-à-vis de la Prusse.

Berlin, le 31 mars 1866.

Il est arrivé à la connaissance du Gouvernement impérial autrichien que le Gouvernement de S. M. le roi de Prusse, afin de se dégager de la responsabilité des craintes qui ont pris naissance au sujet d'une rupture de la paix, a attribué à la Cour impériale des intentions hostiles, a même indiqué l'éventualité d'une menace à la monarchie prussienne par une attitude offensive de l'Autriche. Quoique la fausseté de pareilles suppositions soit notoire en Europe, le Gouvernement impérial doit néanmoins regarder comme nécessaire de protester formellement vis-à-vis du Cabinet royal contre une accusation aussi complétement inconciliable avec l'évidence des faits. Le soussigné Ministre impérial-royal a, par conséquent, reçu l'ordre de déclarer formellement à S. Exc. M. le comte de Bismarck-Schonhausen que rien n'est plus éloigné des intentions de S. M. l'Empereur qu'une attitude offensive contre la Prusse.

Non-seulement les sentiments amicaux de l'Empereur pour la personne de S. M. le Roi, comme pour l'État prussien, sentiments manifestés si souvent en paroles et en actions, excluent catégoriquement toute intention de cette nature, mais l'Empereur se souvient aussi des devoirs que l'Autriche aussi bien que la Prusse ont assumés solennellement par le Contrat fédéral allemand. S. M. l'Empereur est fermement résolu, pour sa part, à ne pas se mettre en contradiction avec les dispositions de l'article 11 de l'Acte fédéral allemand, qui interdisent aux membres de la Confédération de poursuivre leurs contestations les armes à la main. En invitant M. le Président du Cabinet prussien à soumettre la présente note à S. M. le Roi, son auguste maître, le soussigné ajoute l'expression de l'espoir que le Cabinet royal se trouvera porté à repousser aussi formellement et clairement qu'il (le soussigné) vient de le faire par ordre de son Gouvernement, le soupçon d'une rupture intentionnelle de la paix, et à rétablir ainsi

1. Acte pour la Constitution fédérative de l'Allemagne, du 8 juin 1866. Art. XI. (Extrait.) Les États confédérés s'engagent de même à ne se faire la guerre sous aucun prétexte et à ne point poursuivre leurs différends par la force des armes, mais à les soumettre à la Diète. Celle-ci essayera, moyennant une commission, la voie de la médiation. Si elle ne réussit pas, et qu'une sentence juridique devienne nécessaire, il y sera pourvu par un jugement austrégal (austrægal instanz) bien organisé, auquel les parties belligérantes se soumettront sans appel.

cette confiance générale dans le maintien de la paix intérieure de l'Allemagne, qui ne devrait jamais pouvoir être troublée.

Signé: KAROLYI.

BAVIÈRE.

Dépêche identique du baron von der Pfordten à M. le comte de Bray-Steinburg, à Vienne, et à M. le comte de Montgelas, à Berlin, au sujet du différend entre l'Autriche et la Prusse.

Munich, le 31 mars 1866.

Monsieur le Comte, les différends qui se sont produits entre les gouvernements d'Autriche et de Prusse sur l'exécution de la Convention de Gastein n'étaient arrivés jusqu'ici à la connaissance du Roi que d'une manière confidentielle, et celui-ci n'a cherché par suite qu'à agir de la même manière, de son point de vue en faveur d'une conciliation, d'autant plus qu'il ne croyait pas pouvoir admettre que les agitations belliqueuses de la presse eussent un fondement réel.

Mais, par la circulaire de M. le Président du conseil des ministres de Prusse du 24 mars et par la question posée verbalement, il est vrai, mais officiellement en vertu de cette dépêche, question que je vous ai fait connaître ainsi que la réponse qui y a été faite, le gouvernement du Roi a enfin appris officiellement qu'il existe entre les deux premières puissances fédérales des différends de la nature la plus grave, que pour le moment il n'y a pas de négociations destinées à les aplanir et qu'on songe à leur solution par la force des armes comme à une possibilité qui n'est pas très-éloignée.

Dans cette situation, le gouvernement du Roi croit avoir le droit autant que le devoir, en vertu de sa position dans la Confédération, de sortir de la réserve qu'il a gardée jusqu'ici et de s'adresser en toute franchise aux deux premiers membres de la Confédération dans le but de maintenir la paix dans la Confédération et de sauvegarder les intérêts gravement menacés de l'Allemagne.

Il n'est pas besoin, sans doute, de prouver en détail que le droit fédéral défend absolument toute guerre entre les membres de la Confédération. Les dispositions de l'article 11 de l'Acte fédéral sont trop claires, sous ce rapport, pour laisser le moindre doute à cet égard, et de même que la nature et le but de la Confédération, elles excluent la possibilité que l'Autriche et la Prusse puissent être exemptées de ces prescriptions, en raison de leur position comme puissances euro

péennes. L'article 11 de l'acte final de Vienne trace la voie d'après laquelle tous les différends possibles entre des membres de la Confédération doivent être aplanis, et des voies de fait entre eux doivent être évitées. On ne pourra contester qu'un État fédéral qui, laissant de côté ces dispositions, voudrait se faire droit à lui-même et commencerait la guerre contre un autre État fédéral, devrait être considéré comme ayant violé la Constitution fédérale.

Mais les biens les plus sacrés de la nation et tous les intérêts vitaux de tous les membres de la Confédération ne s'opposent pas moins impérieusement que les principes du droit fédéral à une guerre entre ces membres. Après que les discordes et les luttes intérieures qui se sont prolongées pendant des siècles eurent causé la ruine de l'empire allemand et précipité dans l'abaissement et la misère tous ceux qui en faisaient partie, quand elles eurent fait du territoire allemand le champ de bataille des armées étrangères et des peuples allemands les objets de l'ambition des étrangers, l'union enthousiaste et le réveil des princes et des peuples de l'Allemagne ont brisé le joug étranger et rétabli le droit, l'honneur et les mœurs de la patrie. Comme fruit de la victoire on a fondé la Confédération germanique, et quelle que soit l'opinion qu'on puisse avoir sur son développement ultérieur et l'amélioration de sa constitution et de ses institutions, personne ne peut contester qu'elle a procuré à l'Allemagne une prospérité qui n'a pas d'exemple antérieurement dans toute l'histoire de l'Allemagne. Cinquante années de paix intérieure, cinquante années pendant lesquelles personne n'a osé attaquer l'Allemagne, pendant lesquelles aucune armée étrangère n'est entrée sur le territoire allemand, cinquante ans de développement et de floraison de toutes les forces et de tous les intérêts intellectuels, moraux et matériels, qui ont enfin guéri les blessures de la guerre de Trente Ans et des guerres postérieures, et ont replacé l'Allemagne à la hauteur dont ses propres fautes l'avaient précipitée : voilà les résultats de la Confédération germanique, voilà comment l'Autriche et la Prusse, ces deux colonnes fondamentales de la Confédération, ont bien mérité de la nation allemande.

Et cette Confédération devrait être brisée maintenant, ce fier et noble édifice serait démoli, l'Allemagne serait rendue à la vieille misère! Les peuples allemands verseraient de nouveau leur sang dans une lutte fratricide pour devenir immanquablement de nouveau la proie de l'étranger! Ou bien, doute-t-on peut-être que ce ne soit là la conséquence inévitable d'une pareille guerre, que vainqueurs et vaincus ne soient obligés de se laisser imposer la paix et ses conditions par les puissances étrangères et que celles-ci en recueilleraient

seules les fruits.

En vérité, celui qui porterait la faute d'une guerre pareille serait

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