Images de page
PDF
ePub

ACTEURS.

URANIE.

ELISE.

CLIMÉNE.

LE MARQUIS.

DORANTE, ou LE CHEVALIER.

LYSIDAS, Poëte.

GALOPIN, Laquais.

La Scéne eft à Paris, dans la maison d'Uranie.

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

LA CRITIQUE DE

L'ÉCOLE DES FEMMES.

SCE NE

URANIE, ELISE.

URANIE.

I.

UOI! coufine, perfonne ne t'eft venu rendre vifite?

ELISE. Perfonne du monde.

URANIE. Vraiment, voilà qui m'étonne, que nous ayions été feules l'une & l'autre tout aujourd'hui.

ELISE. Cela m'étonne auffi; car ce n'eft guéres notre coutume, & votre maifon, Dieu merci, eft. le refuge ordinaire de tous les fainéans de la cour.

URANIE. L'après-dinée, à dire vrai, m'a femblé fort longue.

ELISE. Et moi, je l'ai trouvée fort courte.

URANIE. C'est que les beaux efprits, coufine, aiment la folitude.

ELISE. Ah! Très-humble fervante au bel efprit, vous fçavez que ce n'eft pas là que je vise.

URANIE. Pour moi, j'aime la compagnie, je l'a

voue.

ELISE. Je l'aime auffi: mais je l'aime choifie, & la quantité des fottes vifites qu'il vous faut effuyer parmi les autres, eft caufe bien fouvent que je prends plaifir d'être feule.

URA

THE

SCHOOL for WIVES

CRITICIS'D.

S CE NE I.
URANIA, ELIZ A.

W

URANIA.

HAT, Coufin, is no body come to vifit you?

ELIZA. Not a Soul.

URANIA. I am aftonish'd truly, that we have both of us been alone this whole Day.

ELIZA. It astonishes me too for 'tis by no means our Custom, and your House, thank Heaven, is the ordinary Refuge of all the Saunterers about Court.

URANIA. The Afternoon, to fay the Truth, feems long to me.

ELIZA. And I think it very short.

URANIA. That's because your fine Wits, Coufin, love Solitude.

ELIZA. O! your fine Wits most obedient; you know I don't aim at that.

URANIA. For my part, I confess, I love Company.

ELIZA. So do I too; but I love felect Company, and the great number of foolish Vifits one muft endure amongst your other forts, is very often the Reason why I take Pleasure in being alone.

VOL. III.

M

URA

URANIE. La délicateffe eft trop grande, de ne pouvoir fouffrir que des gens triés.

ELISE. Et la complaifance eft trop générale de fouffrir indifféremment toutes fortes de perfonnes.

URANIE. Je goute ceux qui font raisonnables, & me divertis des extravagans.

ELISE. Ma foi, les extravagans ne vont guéres loin fans vous ennuyer, & la plupart de ces gens-là ne font plus plaifans des la feconde vifite. Mais à propos d'extravagans, ne voulez-vous pas me défaire de votre marquis incommode? Penfez-vous me le laiffer toujours fur les bras, & que je puiffe durer à fes turlupinades perpétuelles.

URANIE. Ce langage à est la mode, & l'on le tourne en plaifanterie à la cour.

ELISE. Tant pis pour ceux qui le font, & qui fe tuent tout le jour à parler ce jargon obfcur. La belle chofe de faire entrer, aux converfations du louvre, de vieilles équivoques ramaffées parmi les boues des halles & de la place maubert! La jolie façon de plaifanter pour des courtifans, & qu'un homme montre d'efprit lorfqu'il vient vous dire : Madame, vous êtes dans la place royale, & tout le monde vous voit de trois lieues de Paris, car chacun vous voit de bon œil; à cause que Bonnueil est un village à trois lieues d'ici! Cela n'est-it pas bien galant & bien fpirituel, & ceux qui trouvent ces belles rencontres, n'ont-ils pas lieu de s'en glorifier?

URANIE. On ne dit pas cela auffi, comme une chose fpirituelle, & la plupart de ceux qui affectent ce langage, fçavent bien eux-mêmes qu'il eft ridicule.

ELISE. Tant pis encore, de prendre péine à dire des fattifes, & d'être mauvais plaifans de deffein formé. Je les tiens moins excufables, & fi j'en étois juge, je fçais bien à quoi je condamnerois tous ces meffieurs les turlupins.

URA

« PrécédentContinuer »