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Il donne à nos destins ces succès éclatants.
Je sais bien qu'un bienfait de cette conséquence
Ne saurait demander trop de reconnaissance,
Et qu'on doit toute chose à l'exploit immortel
Qui replace mon frère au trône paternel.

[ges,

Mais, quoi que de son cœur vous offrent les homma-
Usez en généreux de tous vos avantages,
Et ne permettez pas que ce coup glorieux
Jette sur moi, seigneur, un joug impérieux;
Que votre amour, qui sait quel intérêt m'anime,
S'obstine à triompher d'un refus légitime,
Et veuille que ce frère, où l'on va m'exposer,
Commence d'être roi pour me tyranniser.
Léon a d'autres prix dont, en cette occurrence,
Il peut mieux honorer votre haute vaillance;
Et c'est à vos vertus faire un présent trop bas,
Que vous donner un cœur qui ne se donne pas.
Peut-on être jamais satisfait en soi-même,
Lorsque par la contrainte on obtient ce qu'on aime?
C'est un triste avantage; et l'amant généreux
A ces conditions refuse d'être heureux;
Il ne veut rien devoir à cette violence
Qu'exercent sur nos cœurs les droits de la naissance,
Et pour l'objet qu'il aime est toujours trop zélé,
Pour souffrir qu'en victime il lui soit immolé.
Ce n'est pas que ce cœur, au mérite d'un autre,
Prétende réserver ce qu'il refuse au vôtre;
Non, seigneur, j'en réponds, et vous donne ma foi
Que personne jamais n'aura pouvoir sur moi;
Qu'une sainte retraite à toute autre poursuite...

DON ALPHONSE.

J'ai de votre discours assez souffert la suite,
Madame; et par deux mots je vous l'eusse épargné,
Si votre fausse alarme eût sur vous moins gagné.
Je sais qu'un bruit commun, qui partout se fait croire,
De la mort du tyran me veut donner la gloire;
Mais le seul peuple enfin, comme on nous fait savoir,
Laissant par don Louis échauffer son devoir,
A remporté l'honneur de cet acte héroïque
Dont mon nom est chargé par la rumeur publique;
Et ce qui d'un tel bruit a fourni le sujet,
C'est que pour appuyer son illustre projet ;
Don Louis fit semer, par une feinte utile,
Que, secondé des miens, j'avais saisi la ville,
Et, par cette nouvelle, il a poussé les bras
Qui d'un usurpateur ont hâté le trépas.
Par son zèle prudent il a su tout conduire,

Et c'est par un des siens qu'il vient de m'en instruire;
Mais dans le même instant un secret m'est appris,
Qui va vous étonner autant qu'il m'a surpris.
Vous attendez un frère, et Léon son vrai maître;
A vos yeux maintenant le ciel le fait paraître :
Oui, je suis don Alphonse, et mon sort conservé,
Et sous le nom du sang de Castille élevé,

Est un fameux effet de l'amitié sincere
Qui fut entre son prince et le roi notre père.
Don Louis du secret a toutes les clartés,
Et doit aux yeux de tous prouver ces vérités.
D'autres soins maintenant occupent ma pensée :
Non qu'à votre sujet elle soit traversée,
Que ma flamme querelle un tel événement,
Et qu'en mon cœur le frère importune l'amant.
Mes feux par ce secret ont reçu sans murmure
Le changement qu'en eux a prescrit la nature;
Et le sang qui nous joint m'a si bien détaché
De l'amour dont pour vous mon cœur était touché,
Qu'il ne respire plus, pour faveur souveraine,
Que les chères douceurs de sa première chaîne,
Et le moyen de rendre à l'adorable Ignès
Ce que de ses bontés a mérité l'excès;
Mais son sort incertain rend le mien misérable;
Et si ce qu'on en dit se trouvait véritable,
En vain Léon m'appelle et le trône m'attend;
La couronne n'a rien à me rendre content,
Et je n'en veux l'éclat que pour goûter la joie
D'en couronner l'objet où le ciel me renvoie,
Et pouvoir réparer, par ces justes tributs,
L'outrage que j'ai fait à ses rares vertus.
Madame, c'est de vous que j'ai raison d'attendre
Ce
que de son destin mon âme peut apprendre ;
Instruisez-m'en, de grâce, et par votre discours
Hâtez mon désespoir, ou le bien de mes jours.

DONE ELVIRE.

Ne vous étonnez pas si je tarde à répondre,
Seigneur; ces nouveautés ont droit de me confondre.
Je n'entreprendrai point de dire à votre amour
Si done Ignès est morte, ou respire le jour ;
Mais par ce cavalier, l'un de ses plus fidèles,
Vous en pourrez sans doute apprendre des nouvelles.
DON ALPHONSE, reconnaissant done Ignès.
Ah! madame, il m'est doux en ces perplexités
De voir ici briller vos célestes beautés.
Mais vous, avec quels yeux verrez-vous un volage
Dont le crime....

DONE IGNÈS.

Ah! gardez de me faire un outrage, Et de vous hasarder de dire que vers moi Un cœur dont je fais cas ait pu manquer de foi. J'en refuse l'idée, et l'excuse me blesse; Rien n'a pu m'offenser auprès de la princesse ; Et tout ce que d'ardeur elle vous a causé Par un si haut mérite est assez excusé. Cette flamme vers moi ne vous rend point coupable; Et dans le noble orgueil dont je me sens capable, Sachez, si vous l'étiez, que ce serait en vain Que vous présumeriez de fléchir mon dédain; Et qu'il n'est repentir, ni suprême puissance, Qui gagnât sur mon cœur d'oublier cette offense.

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De grâce, cachez-moi votre contentement,
Madame, et me laissez mourir dans la croyance
Que le devoir vous fait un peu de violence.
Je sais que de vos vœux vous pouvez disposer,
Et mon dessein n'est pas de leur rien opposer;
Vous le voyez assez, et quelle obéissance
De vos commandements m'arrache la puissance;
Mais je vous avoûrai que cette gayeté
Surprend au dépourvu toute ma fermeté,
Et qu'un pareil objet dans mon âme fait naître
Un transport dont j'ai peur que je ne sois pas maître;
Et je me punirais, s'il m'avait pu tirer
De ce respect soumis où je veux demeurer.

Oui, vos commandements ont prescrit à mon âme
De souffrir sans éclat le malheur de ma flamme:
Cet ordre sur mon cœur doit être tout-puissant,
Et je prétends mourir en vous obéissant :
Mais, encore une fois, la joie où je vous treuve
M'expose à la rigueur d'une trop rude épreuve;
Et l'âme la plus sage, en ces occasions,
Répond malaisément de ses émotions.
Madame, épargnez-moi cette cruelle atteinte;
Donnez-moi, par pitié, deux moments de contrainte;
Et quoi que d'un rival vous inspirent les soins,
N'en rendez pas mes yeux les malheureux témoins :
C'est la moindre faveur qu'on peut, je crois, prétendre,
Lorsque dans ma disgrâce un amant peut descendre.
Je ne l'exige pas, madame, pour longtemps;
Et bientôt mon départ rendra vos vœux contents:
Je vais où de ses feux mon âme consumée
N'apprendra votre hymen que par la renommée;
Ce n'est pas un spectacle où je doive courir :
Madame, sans le voir, j'en saurai bien mourir.
DONE IGNÈS.

Seigneur, permettez-moi de blâmer votre plainte.

De vos maux la princesse a su paraître atteinte;
Et cette joie encor, de quoi vous murmurez,
Ne lui vient que des biens qui vous sont préparés.
Elle goûte un succès à vos désirs prospère,
Et dans votre rival elle trouve son frère;
C'est don Alphonse, enfin, dont on a tant parlé ;
Et ce fameux secret vient d'être dévoilé.
DON ALPHOnse.

Mon cœur, grâces au ciel, après un long martyre,
Seigneur, sans vous rien prendre, a tout ce qu'il dési-
Et goûte d'autant mieux son bonheur en ce jour, [re,
Qu'il se voit en état de servir votre amour.

DON GARCIE.

Hélas! cette bonté, seigneur, doit me confondre.
A mes plus chers désirs elle daigne répondre ;
Le coup que je craignais, le ciel l'a détourné,
Et tout autre que moi se verrait fortuné;
Mais ces douces clartés d'un secret favorable
Vers l'objet adoré me découvrent coupable;
Et tombé de nouveau dans ces traîtres soupçons,
Sur quoi l'on m'a tant fait d'inutiles leçons,
Et par qui mon ardeur, si souvent odieuse,
Doit perdre tout espoir d'être jamais heureuse....
Oui, l'on doit me haïr avec trop de raison;
Moi-même je me trouve indigne de pardon :
Et quelque heureux succès que le sort me présente,
La mort, la seule mort est toute mon attente.

DONE ELVIRE.

[chée;

Non, non; de ce transport le soumis mouvement,
Prince, jette en mon âme un plus doux sentiment.
Par lui de mes serments je me sens détachée;
Vos plaintes, vos respects, vos douleurs, m'ont tou-
J'y vois partout briller un excès d'amitié,
Et votre maladie est digne de pitié.
Je vois, prince, je vois qu'on doit quelque indulgence
Aux défauts où du ciel fait pencher l'influence;
Et pour tout dire enfin, jaloux ou non jaloux,
Mon roi, sans me gêner, peut me donner à vous.

DON GARCIE.

Ciel! dans l'excès des biens que cet aveu m'octroie, Rends capable mon cœur de supporter sa joie !

DON ALPHOnse.

Je veux que cet hymen, après nos vains débats,
Seigneur, joigne à jamais nos cœurs et nos états.
Mais ici le temps presse, et Léon nous appelle;
Allons dans nos plaisirs satisfaire son zèle,
Et par notre présence et nos soins différents,
Donner le dernier coup au parti des tyrans.

FIN DE DON GARCIE DE NAVARRE.

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c'est

Je fais voir ici à la France des choses bien peu proportionnées. Il n'est rien de si grand et de si superbe que le nom que je mets à la tête de ce livre, et rien de plus bas que ce qu'il contient. Tout le monde trouvera cet assemblage étrange; et quelques-uns pourront bien dire, pour en exprimer l'inégalité, que c'est poser une couronne de perles et de diamants sur une statue de terre, et faire entrer par des portiques magnifiques et des arcs triomphaux superbes dans une méchante cabane. Mais, Monseigneur, ce qui doit me servir d'excuse, c'est qu'en cette aventure je n'ai eu aucun choix à faire, et que l'honneur que j'ai d'être à VOTRE ALTESSE ROYALE' m'a imposé une nécessité absolue de lui dédier le premier ouvrage que je mets de moimême au jour 2. Ce n'est pas un présent que je lui fais, un devoir dont je m'acquitte et les hommages ne sont jamais regardés par les choses qu'ils portent. J'ai donc osé, MONSEIGNEUR, dédier une bagatelle à VOTRE ALTESSE ROYALE, parce que je n'ai pu m'en dispenser; et si je me dispense ici de m'étendre sur les belles et glorieuses vérités qu'on pourrait dire d'elle, c'est par la juste appréhension que ces grandes idées ne fissent éclater encore davantage la bassesse de mon offrande 3. Je me suis imposé silence pour trouver un endroit plus propre à placer de si belles choses; et tout ce que j'ai prétendu dans cette épître, c'est de justifier mon action à toute la France, et d'avoir cette gloire de vous dire à vous-même, MONSEIGNEUR, avec toute la soumission possible, que je suis,

DE VOTRE ALTESSE ROYALE,

PERSONNAGES.

SGANARELLE,

frères '.

ARISTE,

sœurs.

ISABELLE,

LÉONOR,

LISETTE, suivante de Léonor. VALÈRE, amant d'Isabelle. ERGASTE, valet de Valère.

UN COMMISSAIRE.

UN NOTAIRE.

ACTEURS.

MOLIÈRE.
L'ESPY.

Mile DE BRIE.
A. BÉJART".
Magd. BÉJART
LA GRANGE.
DUPARC.
DE BRIE.

La scène est à Paris, dans une place publique.

ACTE PREMIER.

SCÈNE PREMIÈRE.

SGANARELLE, ARISTE.

SGANARELLE.

Mon frère, s'il vous plaît, ne discourons point tant,
Et que chacun de nous vive comme il l'entend.
Bien que sur moi des ans vous ayez l'avantage,
Et soyez assez vieux pour devoir être sage,
Je vous dirai pourtant que mes intentions
Sont de ne prendre point de vos corrections;
Que j'ai pour tout conseil ma fantaisie à suivre,
Et me trouve fort bien de ma façon de vivre.

ARISTE.

Mais chacun la condamne.

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SGANARELLE.

Oui, des fous comme vous,

ARISTE.

Grand merci; le compliment est doux !

1 Deux caractères des comédies de Molière sont restés comme emplois au théâtre, les SCANARELLES et les ARISTES. Le nom de SCANARELLE désigne toujours un homme trompé, ridicule, brusque, jaloux; celui d'ARISTE, au contraire, désigne toujours un homme sage, plein de politesse et de jugement. Ariste vient du grec; il signifie très-bon. Nous n'avons pu découvrir l'origine du nom de Sganarelle.

2 Depuis femme de Molière.

1

SGANARELLE.

Je voudrais bien savoir, puisqu'il faut tout entendre, Ce que ces beaux censeurs en moi peuvent reprendre.

ARISTE.

Cette farouche humeur, dont la sévérité
Fuit toutes les douceurs de la société,

A tous vos procédés inspire un air bizarre,
Et, jusques à l'habit, rend tout chez vous barbare.

SGANARELLE.

Il est vrai qu'à la mode il faut m'assujettir,
Et ce n'est pas pour moi que je me dois vêtir.
Ne voudriez-vous point, par vos belles sornettes ',
Monsieur mon frère aîné, car, Dieu merci, vous l'êtes
D'une vingtaine d'ans, à ne vous rien celer,
Et cela ne vaut pas la peine d'en parler;

Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matières,
De vos jeunes muguets 2 m'inspirer les manières?
M'obliger à porter de ces petits chapeaux
Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux;
Et de ces blonds cheveux, de qui la vaste enflure
Des visages humains offusque la figure?
De ces petits pourpoints sous les bras se perdants?
Et de ces grands collets jusqu'au nombril pendants?
De ces manches qu'à table on voit tâter les sauces?
Et de ces cotillons appelés hauts-de-chausses?
De ces souliers mignons, de rubans revêtus,
Qui vous font ressembler à des pigeons pattus?
Et de ces grands canons où, comme en des entraves,
On met tous les matins ses deux jambes esclaves,
Et par qui nous voyons ces messieurs les galants
Marcher écarquillés ainsi que des volants?

Je vous plairais, sans doute, équipé de la sorte,
Et je vous vois porter les sottises qu'on porte.

ARISTE.

SGANARELLE.

Cela sent son vieillard qui, pour en faire accroire, Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire.

ARISTE.

C'est un étrange fait du soin que vous prenez
A me venir toujours jeter mon âge au nez;
Et qu'il faille qu'en moi sans cesse je vous voie
Blåmer l'ajustement, aussi bien que la joie :
Comme si, condamnée à ne plus rien chérir,
La vieillesse devait ne songer qu'à mourir,
Et d'assez de laideur n'est pas accompagnée,
Sans se tenir encor malpropre et rechignée.

I

SGANARELLE.

Quoi qu'il en soit, je suis attaché fortement
A ne démordre point de mon habillement.
Je veux une coiffure, en dépit de la mode,
Sous qui toute ma tête ait un abri commode;
Un bon pourpoint bien long, et fermé comme il faut,
Qui, pour bien digérer, tienne l'estomac chaud;
Un haut-de-chausse fait justement pour ma cuisse;
Des souliers où mes pieds ne soient point au supplice,
Ainsi qu'en ont usé sagement nos aïeux :
Et qui me trouve mal n'a qu'à fermer les yeux.
SCÈNE II.

LÉONOR, ISABELLE, LISETTE; ARISTE ET SGANARELLE, parlant bas ensemble sur le devant du théâtre, sans étre aperçus.

LÉONOR, à Isabelle.

Je me charge de tout, en cas que l'on vous gronde. LISETTE, à Isabelle.

Toujours dans une chambre à ne point voir le monde?

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L'un et l'autre excès choque, et tout homme bien sage
Doit faire des habits ainsi que du langage,
N'y rien trop affecter, et, sans empressement,
Suivre ce que l'usage y fait de changement.
Mon sentiment n'est pas qu'on prenne la méthode
De ceux qu'on voit toujours renchérir sur la mode,
Et qui, dans cet excès dont ils sont amoureux,
Seraient fâchés qu'un autre eût été plus loin qu'eux;
Mais je tiens qu'il est mal, sur quoi que l'on se fonde,
De fuir obstinément ce que suit tout le monde,
Et qu'il vaut mieux souffrir d'être au nombre des fous
Que du sage parti se voir seul contre tous.

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ISABELLE.

LÉONOR.

Je vous en plains, ma sœur.
LISETTE, à Léonor.

Bien vous prend que son frère ait toute une autre hu-
Madame; et le destin vous fut bien favorable [meur,
En vous faisant tomber aux mains du raisonnable.
ISABELLE.

C'est un miracle encor qu'il ne m'ait aujourd'hui
Enfermée à la clef, ou menée avec lui.

LISETTE.

Ma foi, je l'envoîrais au diable avec sa fraise 2, Et...

Le pourpoint prenait depuis le cou jusqu'à la ceinture. On en faisait de tailladés, dont la mode venait d'Espagne. Les petits-maitres en avaient de peau de senteur, et très-étroits. Menage fait venir ce mot du latin perpunctum, habit militaire de laine, de coton ou de soie piquée entre deux étoffes. (B.)Cette mode et celle des hauts-de-chausses, semblables à des cotillons, remontait au temps de Henri IV.

2 Les Espagnols passent pour être les inventeurs de la fraise,

SGANARELLE, heurté par Lisette.

Où donc allez-vous, qu'il ne vous en déplaise?
LÉONOR.

Nous ne savons encore, et je pressais ma sœur
De venir du beau temps respirer la douceur :
Mais...

SGANARELLE, à Léonor.

Pour vous, vous pouvez aller où bon vous semble; (montrant Lisette.)

Vous n'avez qu'à courir, vous voilà deux ensemble.

(à Isabelle.)

:

Que sur un tel sujet c'est parler comme il faut.
Vous souffrez que la vôtre aille leste et pimpante,
Je le veux bien qu'elle ait et laquais et suivante,
J'y consens : qu'elle coure, aime l'oisiveté,
Et soit des damoiseaux flairée en liberté,
J'en suis fort satisfait; mais j'entends que la mienne
Vive à ma fantaisie, et non pas à la sienne;
Que d'une serge honnête elle ait son vêtement,
Et ne porte le noir qu'aux bons jours seulement;
Qu'enfermée au logis, en personne bien sage,
Elle s'applique toute aux choses du ménage,

Mais vous, je vous défends, s'il vous plaît, de sortir. A recoudre mon linge aux heures de loisir,

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La jeunesse est sotte, et parfois la vieillesse. Vous n'avez pas sujet, que je crois...

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Mon Dieu! chacun raisonne et fait comme il lui plaît.
Elles sont sans parents, et notre ami leur père
Nous commit leur conduite à son heure dernière;
Et nous chargeant tous deux, ou de les épouser,
Ou, sur notre refus, un jour d'en disposer,

Sur elles, par contrat, nous sut, dès leur enfance,
Et de père et d'époux donner pleine puissance :
D'élever celle-là vous prêtes le souci,
Et moi je me chargeai du soin de celle-ci ;
Selon vos volontés vous gouvernez la vôtre;
Laissez-moi, je vous prie, à mon gré régir l'autre.

Il me semble...

ARISTE.

SGANARELLE.

Il me semble, et je le dis tout haut,

dont ils se sont servis pour cacher une incommodité à laquelle ils étaient la plupart sujets. L'empire des modes avait appartenu à ce peuple avant de passer à nous. (B.) - Catherine et Marie de Médicis avaient apporté cette mode en France. La fraise fut remplacée, sous Louis XIII, par le collet ou rabat de chemise; mais quelques vieillards la portaient encore à l'époque où l'école des Maris fut jouée. (A.)

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Mon Dieu! madame, sans langage, Je ne vous parle pas, car vous êtes trop sage. LÉONOR.

Voyez-vous Isabelle avec nous à regret?

SGANARELLE.

Oui, vous me la gâtez, puisqu'il faut parler net.

Vos visites ici ne font que me déplaire,

Et vous m'obligerez de ne nous en plus faire.

LÉONOR.

Voulez-vous que mon cœur vous parle net aussi?
J'ignore de quel œil elle voit tout ceci :

Mais je sais ce qu'en moi ferait la défiance;

Et quoiqu'un même sang nous ait donné naissance,
Nous sommes bien peu sœurs, s'il faut que chaque jour
Vos manières d'agir lui donnent de l'amour.

LISETTE.

En effet, tous ces soins sont des choses infâmes.
Sommes-nous chez les Turcs, pour renfermer les fem-
Car on dit qu'on les tient esclaves en ce lieu, [mes?
Et que c'est pour cela qu'ils sont maudits de Dieu.
Notre honneur est, monsieur, bien sujet à faiblesse,
S'il faut qu'il ait besoin qu'on le garde sans cesse.
Pensez-vous, après tout, que ces précautions
Servent de quelque obstacle à nos intentions?
Et quand nous nous mettons quelque chose à la tête,
Que l'homme le plus fin ne soit pas une bête?
Toutes ces gardes-là sont visions de fous;

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