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QUARTUS DOCTOR.
Super illas maladias,

Doctus bachelierus dixit maravillas;

Mais, si non ennuyo dominum præsidem,
Doctissimam facultatem,

Et totam honorabilem
Companiam ecoutantem;
Faciam illi unam questionem.

Dès hiero maladus unus
Tombavit in meas manus;

Habet grandam fievram cum redoublamentis,
Grandam dolorem capitis,

Et grandum malum au côté,
Cum grandâ difficultate
Et penå à respirare.
Veillas mihi dire,
Docte bacheliere,
Quid illi facere.

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Grandes doctores doctrinæ,

De la rhubarbe et du séné,

Ce serait sans douta à moi chosa folla,
Inepta et ridicula,

Si j'alloibam m'engageare
Vobis louangeas donare,

Et entreprenoibam adjoutare
Des lumieras au soleillo,
Et des etoilas au cielo,

Des ondas à l'oceano,
Et des rosas au printano.
Agreate qu'avec uno moto

Pro toto remercimento

Rendam gratiam corpori tam docto.
Vobis, vobis debeo

Bien plus qu'à naturæ et qu'à patri meo.
Natura et pater meus

Hominem me habent factum;
Mais vos me, ce qui est bien plus,
Avetis factum medicum :
Honor, favor et gratia,
Qui, in hoc corde que voilà,
Imprimant ressentimenta
Qui dureront in secula.

CHIRURGUS.

Puisse-t-il voir doctas
Suas ordonnancias,
Omnium chirurgorum,

Et apothicarum
Remplire boutiquas!

CHORUS.

Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
Novus doctor, qui tam benè parlat !
Mille, mille annis, et manget et bibat,
Et seignet et tuat!

CHIRURGUS.
Puissent toti anni

Lui essere boni

Et favorabiles,

Et n'habere jamais

Quàm pestas, verolas,

Fievras, pleuresias,

Fluxus de sang et dyssenterias!

CHORUS.

Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
Novus doctor, qui tam benè parlat!
Mille, mille annis, et manget et bibat,
Et seignet et luat!

QUATRIÈME ENTRÉE DE BALLET.

Les médecins, les chirurgiens et les apothicaires sortent tous, selon leur rang, en cérémonie, comme ils sont entrés.

FIN DU MALADE IMAGINAIRE.

POÉSIES DIVERSES.

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SONNET

A M. LA MOTHE LE VAYER,

SUR LA MORT DE SON FILS.

1664.

Aux larmes, le Vayer, laisse tes yeux ouverts :
Ton deuil est raisonnable, encor qu'il soit extrême;
Et lorsque pour toujours on perd ce que tu perds,
La Sagesse, crois-moi, peut pleurer elle-même.

On se propose à tort cent préceptes divers

Pour vouloir d'un ceil sec voir mourir ce qu'on aime;
L'effort en est barbare aux yeux de l'univers,
Et c'est brutalité plus que vertu suprême.

On sait bien que les pleurs ne ramèneront pas Ce cher fils que t'enlève un imprévu trépas ; Mais la perte, par là, n'en est pas moins cruelle.

Ses vertus de chacun le faisaient révérer;

Il avait le coeur grand, l'esprit beau, l'âme belle, Et ce sont des sujets à toujours le pleurer.

LETTRE D'ENVOI

DU SONNET PRÉCÉDENT.

« Vous voyez bien, monsieur, que je m'écarte fort du chemin qu'on suit d'ordinaire en pareille rencontre, et « que le sonnet que je vous envoie n'est rien moins qu'une « consolation. Mais j'ai cru qu'il fallait en user de la sorte «< avec vous, et que c'est consoler un philosophe que de « lui justifier ses larmes, et de mettre sa douleur en li«berté. Si je n'ai pas trouvé d'assez fortes raisons pour « affranchir votre tendresse des sévères leçons de la philosophie, et pour vous obliger à pleurer sans contrainte, « il en faut accuser le peu d'éloquence d'un homme qui ne << saurait persuader ce qu'il sait si bien faire. »>

MOLIÈRE. »

LA GLOIRE.

DU DOME

DU VAL DE GRACE.

1669.

Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux,
Auguste bâtiment, temple majestueux,
Dont le dôme superbe, élevé dans la nue,
Pare du grand Paris la magnifique vue,
Et parmi tant d'objets semés de toutes parts,
Du voyageur surpris prend les premiers regards,
Fais briller à jamais dans ta noble richesse
La splendeur du saint vœu d'une grande princesse,
Et porte un témoignage à la postérité
De sa magnificence et de sa piété;
Conserve à nos neveux une montre fidèle
Des exquises beautés que tu tiens de son zèle :
Mais défends bien surtout de l'injure des ans
Le chef-d'œuvre fameux de ses riches présents,
Cet éclatant morceau de savante peinture,
Dont elle a couronné ta noble architecture :
C'est le plus bel effet des grands soins qu'elle a pris,
Et ton marbre et ton or ne sont point de ce prix.
Toi qui dans cette coupe, à ton vaste génie
Comme un ample théâtre heureusement fournie,
Es venu déployer les précieux trésors

Que le Tibre t'a vu ramasser sur ses bords,
Dis-nous, fameux Mignard, par qui te sont versées
Les charmantes beautés de tes nobles pensées,
Et dans quel fond tu prends cette variété
Dont l'esprit est surpris et l'œil est enchanté :

Ce mot de gloire, qui est le titre du poëme de Molière, siavec les personnes divines, les anges et les bienheureux. Tel est, en effet, le sujet qu'a traité Mignard dans le chef-d'œuvre que Molière va célébrer. (A.)

2 Le Val de Grace fut fondé par la reine mère, en accomplissement du vœu qu'elle avait fait de båtir une magnifique église, si Dieu mettait un terme à la longue stérilité dont elle était affligée, et que fit cesser, après vingt-deux ans, la naissance de Louis XIV. (A.)

MOLIÈRE.

Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles,
De tes expressions enfante les merveilles;
Quels charmes ton pinceau répand dans tous ses traits,
Quelle force il y mêle à ses plus doux attraits,
Et quel est ce pouvoir, qu'au bout des doigts tu portes,
Qui sait faire à nos yeux vivre des choses mortes,
Et d'un peu de mélange et de bruns et de clairs,
Rendre esprit la couleur, et les pierres des chairs?

Tu te tais, et prétends que ce sont des matières
Dont tu dois nous cacher les savantes lumières,
Et que ces beaux secrets, à tes travaux vendus,
Te coûtent un peu trop pour être répandus;
Mais ton pinceau s'explique, et trahit ton silence;
Malgré toi de ton art il nous fait confidence;
Et dans ses beaux efforts à nos yeux étalés,
Les mystères profonds nous en sont révélés.
Une pleine lumière ici nous est offerte;
Et ce dôme pompeux est une école ouverte,
Où l'ouvrage, faisant l'office de la voix,
Dicte de ton grand art les souveraines lois.
Il nous dit fortement les trois nobles parties'
Qui rendent d'un tableau les beautés assorties,
Et dont, en s'unissant, les talents relevés
Donnent à l'univers les peintres achevés.

Mais des trois, comme reine, il nous expose celle
Que ne peut nous donner le travail ni le zèle;
Et qui, comme un présent de la faveur des cieux,
Est du nom de divine appelée en tous lieux;
Elle, dont l'essor monte au-dessus du tonnerre,
Et sans qui l'on demeure à ramper contre terre,
Qui meut tout, règle tout, en ordonne à son choix,
Et des deux autres mène et régit les emplois.
Il nous enseigne à prendre une digne matière,
Qui donne au feu du peintre une vaste carrière,
Et puisse recevoir tous les grands ornements
Qu'enfante un beau génie en ses accouchements,
Et dont la poésie et sa sœur la peinture,
Parant l'instruction de leur docte imposture,
Composent avec art ses attraits, ses douceurs,
Qui font à leurs leçons un passage en nos cœurs;
Et par qui de tous temps ces deux sœurs si pareilles
Charment, l'une les yeux, et l'autre les oreilles.
Mais il nous dit de fuir un discord apparent

Du lien que l'on nous donne et du sujet qu'on prend;
Et de ne point placer dans un tombeau des fêtes,
Le ciel contre nos pieds, et l'enfer sur nos têtes.
Il nous apprend à faire, avec détachement,
De groupes contrastés un noble agencement,
Qui du champ du tableau fasse un juste partage,
En conservant les bords un peu légers d'ouvrage,
N'ayant nul embarras, nul fracas vicieux

L'invention, le dessin, le coloris. (Nole de Molière.) L'invention, premiere partie de la peinture. (Ibid.)

Qui rompe ce repos, si fort ami des yeux;
Mais où, sans se presser, le groupe se rassemble,
Et forme un doux concert, fasse un beau tout ensemble,
Où rien ne soit à l'œil mendié, ni redit,
Tout s'y voyant tiré d'un vaste fond d'esprit,
Assaisonné du sel de nos grâces antiques,
Et non du fade goût des ornements gothiques,
Ces monstres odieux des siècles ignorants,
Que de la barbarie ont produit les torrents,
Quand leur cours, inondant presque toute la terre,
Fit à la politesse une mortelle guerre,
Et de la grande Rome abattant les remparts,
Vint avec son empire étouffer les beaux-arts.
Il nous montre à poser avec noblesse et grâce
La première figure à la plus belle place,
Riche d'un agrément, d'un brillant de grandeur
Qui s'empare d'abord des yeux du spectateur;
Prenant un soin exact que, dans tout son ouvrage,
Elle joue aux regards le plus beau personnage;
Et que par aucun rôle au spectacle placé,
Le héros du tableau ne se voie effacé.
Il nous enseigne à fuir les ornements débiles
Des épisodes froids et qui sont inutiles,
A donner au sujet toute sa vérité,
A lui garder partout pleine fidélité,
Et ne se point porter à prendre de licence,
A moins qu'à des beautés elle donne naissance.
Il nous dicte amplement les leçons du dessin'
Dans la manière grecque et dans le goût romain;
Le grand choix du beau vrai, de la belle nature,
Sur les restes exquis de l'antique sculpture,
Qui prenant d'un sujet la brillante beauté,
En savait séparer la faible vérité,
Et formant de plusieurs une beauté parfaite,
Nous corrige par l'art la nature qu'on traite.
Il nous explique à fond, dans ses instructions,
L'union de la grâce et des proportions;
Les figures partout doctement dégradées,
Et leurs extrémités soigneusement gardées;
Les contrastes savants des membres agroupés,
Grands, nobles, étendus et bien développés,
Balancés sur leur centre en beautés d'attitude,
Tous formés l'un pour l'autre avec exactitude,
Et n'offrant point aux yeux ces galimatias
Où la tête n'est point de la jambe ou du bras;
Leur juste attachement aux lieux qui les font naître,
Et les muscles touchés autant qu'ils doivent l'être;
La beauté des contours observés avec soin;
Point durement traités, amples, tirés de loin,
Inégaux, ondoyants, et tenant de la flamme,
Afin de conserver plus d'action et d'âme;
Les nobles airs de tête amplement variés,

Le dessin, seconde partie de la peinture. (Note de Molière.)

Et tous au caractère avec choix mariés;

La fierté de l'obscur, sur la douceur du clair

Et c'est là qu'un grand peintre, avec pleine largesse, Triomphant de la toile, en tire avec puissance

D'une féconde idée étale la richesse,
Faisant briller partout de la diversité,

Et ne tombant jamais dans un air répété :

Mais un peintre commun trouve une peine extrême
A sortir dans ces airs de l'amour de soi-même :
De redites sans nombre il fatigue les yeux,
Et plein de son image, il se peint en tous lieux.
Il nous enseigne aussi les belles draperies,
De grands plis bien jetés suffisamment nourries,
Dont l'ornement aux yeux doit conserver le nu,
Mais qui pour le marquer soit un peu retenu;
Qui ne s'y colle point, mais en suive la grâce,
Et sans la serrer trop, la caresse et l'embrasse.
Il nous montre à quel air, dans quelles actions,
Se distinguent à l'œil toutes les passions,
Les mouvements du cœur, peints d'une adresse ex-
Par des gestes puisés dans la passion même, [trême,
Bien marqués pour parler, appuyés, forts et nets,
Imitant en vigueur les gestes des muets,
Qui veulent réparer la voix que la nature
Leur a voulu nier, ainsi qu'à la peinture.
Il nous étale enfin les mystères exquis
De la belle partie où triompha Zeuxis',
Et qui, le revêtant d'une gloire immortelle,
Le fit aller de pair avec le grand Apelle :
L'union, les concerts et les tons des couleurs,
Contrastes, amitiés, ruptures et valeurs,
Qui font les grands effets, les fortes impostures,
L'achèvement de l'art et l'âme des figures.
Il nous dit clairement dans quel choix le plus beau
On peut prendre le jour et le champ du tableau.
Les distributions et d'ombre et de lumière
Sur chacun des objets et sur la masse entière;
Leur dégradation dans l'espace de l'air,

Par les tons différents de l'obscur et du clair;
Et quelle force il faut aux objets mis en place
Que l'approche distingue et le lointain efface;
Les gracieux repos que par des soins communs
Les bruns donnent aux clairs, comme les clairs aux
Avec quel agrément d'insensible passage [bruns,
Doivent ces opposés entrer en assemblage,
Par quelle douce chute ils doivent y tomber,
Et dans un milieu tendre aux yeux se dérober;
Ces fonds officieux qu'avec art on se donne,
Qui reçoivent si bien ce qu'on leur abandonne,
Par quels coups de pinceau, formant de la rondeur,
Le peintre donne au plat le relief du sculpteur:
Quel adoucissement des teintes de lumière
Fait perdre ce qui tourne, et le chasse derrière,
Et comme avec un champ fuyant, vague et léger,

Le coloris, troisième partie de la peinture. (Note de Molière.)

Les figures que veut garder sa résistance,
Et malgré tout l'effort qu'elle oppose à ses coups,
Les détache du fond, et les amène à nous.

Il nous dit tout cela, ton admirable ouvrage :
Mais, illustre Mignard, n'en prends aucun ombrage
Ne crains pas que ton art, par ta main découvert,
A marcher sur tes pas tienne un chemin ouvert,
Et que
de ses leçons les grands et beaux oracles
Élèvent d'autres mains à tes doctes miracles;
Il y faut des talents que ton mérite joint,

[bie,

Et ce sont des secrets qui ne s'apprennent point.
On n'acquiert point, Mignard, par les soins qu'on se donne
Trois choses dont les dons brillent dans ta personne,
Les passions, la grâce, et les tons de couleur
Qui des riches tableaux font l'exquise valeur;
Ce sont présents du ciel, qu'on voit peu qu'il assem-
Et les siècles ont peine à les trouver ensemble.
C'est par là qu'à nos yeux nuls travaux enfantés
De ton noble travail n'atteindront les beautés;
Malgré tous les pinceaux que ta gloire réveille,
Il sera de nos jours la fameuse merveille,
Et des bouts de la terre en ces superbes lieux
Attirera les pas des savants curieux.

O vous, dignes objets de la noble tendresse
Qu'a fait briller pour vous cette auguste princesse,
Dont au grand Dieu naissant, au véritable Dieu,
Le zèle magnifique a consacré ce lieu 1,
Purs esprits, où du ciel sont les grâces infuses,
Beaux temples des vertus, admirables recluses,
Qui dans votre retraite, avec tant de ferveur,
Mêlez parfaitement la retraite du cœur,
Et par un choix pieux hors du monde placées,
Ne détachez vers lui nulle de vos pensées,
Qu'il vous est cher d'avoir sans cesse devant vous
Ce tableau de l'objet de vos vœux les plus doux,
D'y nourrir par vos yeux les précieuses flammes
Dont si fidèlement brûlent vos belles âmes,
D'y sentir redoubler l'ardeur de vos désirs,
D'y donner à toute heure un encens de soupirs,
Et d'embrasser du cœur une image si belle
Des célestes beautés de la gloire éternelle,
Beautés qui dans leurs fers tiennent vos libertés
Et vous font mépriser toutes autres beautés!

Et toi, qui fus jadis la maîtresse du monde
Docte et fameuse école en raretés feconde,
Où les arts déterrés ont, par un digne effort,
Réparé les dégâts des barbares du Nord;
Source des beaux débris des siècles mémorables,

L'église du Val de Gráce était consacrée à Jésus naissant et à la Vierge sa mère; on lisait sur la frise du portique : Jesu nascenti Virginique matri.

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