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MAÎTRE

DIANE à PHILIPIN, déguisé en marchand :

.......

15

Qu'avez-vous là, mon maistre? - BoIS-ROBERT, Folle Gageure, II, 6.

641 Vous, maître Petit-Jean, serez le demandeur;

Vous, maître l'Intimé, soyez le défendeur. - RAG., Plaid., II,

Vous ne connaissez point maître Martin Braillard,
Fils de Thibaut Braillard, ce torrent d'éloquence,
Dont la voix faisoit peur aux gens à l'audience?

14.

MONTFLEURY, Trigaudin, IV, 7.

Fut présent devant nous, dont le nom est en bas,
Maître Mathieu Géronte, en son fauteuil à bras. - REGNARD, Légat. univ., V, 7.

* Nous avons conservé l'appellation de maître pour les avocats, avoués, notaires, huissiers. En Anjou, on dit encore maître un tel, maîtresse une telle, en s'adressant à des cultivateurs propriétaires des terres qu'ils cultivent eux-mêmes, ou en parlant d'eux.

MAÎTRE, joint à un adjectif pour en faire un superlatif.

189 Que me veut donc par là conter ce maître ivrogne?

Sgan., sc. 6.

689 Viens çà, bourreau, viens çà. Sais-tu, maître fripon, Qu'à te faire assommer ton discours peut suffire? - Amph., II, 1.

Ce Destin est un maître Dieu

Que l'on respecte en plus d'un lieu.

SCARRON, OEuvr., Paris, David, 1700; I, p. 430.

Ce maître avaleur de pois gris
Reprend à la fin ses esprits.

ID., Virg. trav., Paris, David, 1705; I, p. 254.

Ton maître, tu le sais, n'est rien qu'un maître sot.

QUINAULT, Amant indiscret, 1654; III, 1.

Ce maître conteur de fagots
N'avoit point achevé ces mots,
Qu'il s'apperçoit que le bonhomme
Ronfloit déjà d'un profond somme.

RICHER, Ovide bouffon, 1662, p. 9o.

Je crois, sans vous flatter, que le vôtre (votre cerveau) en tout temps
Vous rend fou passé maître, et des plus importants.

TH. CORN., D. Bertr. de Cig., V, 9.

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MONTFLEURY, Dupe de soi-même, II, 8.

Te tairas-tu du moins une fois, maître sot? - BARON, Jaloux, II, 12.

Monsieur, puis-je bien être, en allant en Gascogne,

Maître-juré poète à l'Hôtel de Bourgogne ?

POISSON, dans le Poète Basque, sc. 9: Mégère amoureuse, sc. 2.

Quoi! Moi, j'aurois légué, sans aucune raison,

Quinze cents francs de rente à ce maître fripon? - REGNARD, Légat. univ., V, 7.

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307 Il est seul comme moi; je suis fort, j'ai bon maître.

Amph., I, 2.

* Sosie, en parlant d'un bon maître, pense sans doute à Amphitryon, dont il est le valet; mais aussi il emploie une phrase proverbiale, relevée déjà par Cotgrave, et qu'on retrouve dans le Dictionnaire de l'Académie, 1" édit. (1694): «Qui sert Dieu a bon maître, qui sert le Roi a bon maître», dit Cotgrave; l'Académie reprend : «On dit que quelqu'un a bon maître, pour dire qu'il est au service ou dans la dépendance d'un homme puissant qui le protégera. >>

MAÎTRESSE, fiancée; femme que l'on aime d'un amour honnête.

Ce qui me paroît assez plaisant, c'est qu'un homme qui a de l'esprit, et qui est averti de tout par une innocente qui est sa maîtresse, et par un étourdi qui est son rival, ne puisse avec cela éviter ce qui lui arrive. Crit. de l'Éc. des Fem., sc. 6.

Pour vous, ma fille..., préparez-vous à bien recevoir ma maîtresse.
L'Av., III, 1.

Il n'y a rien parfois qui soit si touchant qu'un amant qui vient chanter ses doléances aux gonds et aux verrous de la porte de sa maîtresse. Mal. imag., 1er interm., sc. 1.

Et quoy, mon serviteur, dit-elle, ne parlerez-vous point à vostre maistresse? Vous, dit Hylas, ma maistresse, et moy vostre serviteur? Si vous le croyez, il y en a bien de trompées... Et comment, mon serviteur, dit Philis,... vous ne me voulez plus pour vostre maistresse? Je vous prie, Bergere, dit-il, n'usons plus de ces mots de serviteur et de maistresse; ils ne sont plus de saison entre nous. Et à quel jeu vous ay-je perdu, Hylas ?

D'URFÉ, L'Astrée, 1614; II, p. 968; – Cf. Id., ibid.; II, p. 325, 328. Mais, ma maistresse, continua-t-il, ne vous laissez pas mourir pour cela... Et pourquoy dites-vous cela, mon serviteur? respondit Alexis.

ID., ibid.; II, p. 926-927.

Si je dis que les pitauts menoient danser leurs amoureuses, c'est qu'ils parlent ainsi naïvement, sans user d'un si haut stile que de les appeler leurs maîtresses. SOREL, Berg. extrav., édit. 1639, p. 278.

388 M'en croirez-vous, Seigneur? Ne la revoyez point;

Portez en lieu plus haut l'honneur de vos caresses:
Vous trouverez à Rome assez d'autres maîtresses ;
Et, dans ce haut degré de puissance et d'honneur,

Les plus grands y tiendront votre amour à bonheur. · CORN., Pol., II, 1.

365 Tous sauroient comme lui, pour faire une maîtresse,

Perdre le souvenir des beautés de leur Grèce. ID., La Toison d'or, I, 2.

La belle-sœur d'un Maréchal,

Et la propre (sœur) d'une Duchesse

-

MAITRESSE MAJOR

Qui de deux Roys fut la maistresse,

Descars, enfin, las! c'est tout dire...

17

LORET, Poés. burl., in-4°, 1647, p. 160: à Me Descars (d'Escars, sœur de Mlle d'Hautefort, maréchale de Schomberg).

Voyant donc l'irresolution de sa maistresse (Honorine), et riant de la sienne propre,... il alloit voir Honorine qui déféroit beaucoup à ses conseils, et qui luy parloit fort franchement de ses amants. Un jour il luy conseilloit d'aimer Montalban, et le lendemain il luy conseilloit d'aimer Egeric.

SEGRAIS, Nouv. franç., 1656; 3° Nouv., p. 35.
Si l'on croit aimer sa maîtresse pour l'amour d'elle, on est bien trompé.
LA ROCHEF., I, p. 175.

La déclaration d'amour la plus noble qu'un Roy puisse faire, c'est d'offrir une couronne à sa maistresse et de mettre à ses pieds tous les lauriers dont la victoire

l'a accablé.

M DE SCUDÉRY, Mathilde, 1667, p. 453-454; - Cf. Id., ibid., p. 161-162.

* Maitresse eut d'abord le sens de: celle qui commande, avant de signifier, comme au XVII siècle, la femme aimée d'amour légitime, ou, comme au nôtre, la femme aiméc d'amour illégitime.

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«Or-çà, vous voulez que je vous die de quels mots encore j'ay souvenance qu'on ait changé l'usage?... Il ne m'en reste que deux que je vous puisse fournir: qui sont correlatifs, serviteur et maistresse. Use lon de ces mots en quelque autre façon qu'on ne souloit avant que je partisse de France? Je ne sçay pas si des lors on en uset en la mesme sorte qu'aujourd'huy : mais pour le moins on peut bien dire qu'ils n'estoyent pas ordinaires comme ils sont. Car aujourd'huy maistresse est celle à qui on fait l'amour pour mariage, soit de faict, soit d'apparence; et serviteur est celuy qui le luy fait... dite-moy, monsieur Philausone, avez-vous trouvé que les Latins, ainsi qu'ils disoyent domina d'une à laquelle ils faisoyent l'amour : aussi usassent du mot de servus, parlans de soy, ou bien famulus ?... Je sçay qu'ils usent de servitium reciproquement." H. ESTIENNE, Lang. franç.-ital., édit. Liseux, II, passim, p. 103, 105, 107.

MAITRESSE, qui commande, qui domine.

Or

327 Mais sa raison n'est pas maintenant la maîtresse. – L'Ét., I, 7.

Cette raison pourtant redevient la maîtresse.

MAJOR, terme de jeu de cartes.

-

CYRANO DE BERGERAC, Mort d'Agrippine, IV, 4.

317 Sur mes cinq cœurs portés la dame arrive encor,
Qui me fait justement une quinte major. – Fâch., II, 2.

Si je jette jamais ni carte ni jetton,

Faites dessus mon dos troter Martin-baston.
Appliquez sur ma joue une quinte majore,

Ou, si le trouvez bon, faites-moy pis encore.

LORET, Poés. burl., in-4°, 1647, p. 185.

* La quinte major était une séquence ou série de cartes se suivant, au nombre de

III.

2

IMPRIMERIE NATIONALE.

cinq, dont la plus élevée ou major donnait son nom à la quinte. Ici la quinte était donc quinte major de dame, et les cartes qui suivaient étaient le valet, le dix, le neuf et le huit. Voir D. L. M. (DE LA MARTINIÈRE), La Maison académique, 1664, p. 6.

MAL, malheur.

591 Mais c'est un mal pour lui de s'être mis en tête
De vouloir prendre un fort qui se voit ma conquête.

Quand un mal vient, communément

Apres luy encore il ameine

Éc. des Mar., II, 6.

Nouveau mal et nouvelle peine. - J. GODARD, Les Desguisez, V, 1.

MAL: VOULOIR MAL À...

729 Laissez je me veux mal d'une telle foiblesse. - D. Garc., II, 6. 1411 Je suis sotte et veux mal à ma simplicité

De conserver encor pour vous quelque bonté. - Misanth., IV, 3. 1487 Et tout ce que sur moi peut le raisonnement,

C'est de me vouloir mal d'un tel aveuglement. - Fem. sav., V, 1.

Que direz-vous, si... vous voulez mal au père de qui vous avez sauvé le fils?
MALH., II, p. 160.

Quand il seroit venu ici au lieu de moi, je ne lui en aurois pas voulu mal pour cela. RAC., VI, p. 434 : Lettres.

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Femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. D. Juan, V, 6.

Ce fut Juppin qui, faisant l'oye,

Mit cette bonne dame à mal.

SCARRON, Virg. trav., 1705; I, p. 154.

C'est elle qui me vouloit mettre à mal. – REGNARD, Descente d'Arleq., sc. 5.

MAL, adv. de négation.

298 Monsieur, je suis mal propre à décider la chose.

Misanth., I, 2.

448 De vos façons d'agir, je suis mal satisfait. — Ibid., II, 1.

Monsieur votre père, le plus mal gracieux des hommes, m'a chassé dehors malgré moi. – L'Av., II, 1.

Je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi. Am. magnif., I, 2.

De tout ceci, franc et net,

Je suis mal satisfait. - Bourg. gent., Ballet, 1o entrée.

Vénus est mal agreable à ceux qui endurent grand faim.

G. BOUCHET, Serées, IV, p. 115.

Le séjour de ce mal plaisant lieu... je vous tiens des discours mal agréables...; l'une des deux choses du monde que je fais le plus mal volontiers.

MALH., passim.

La fortune est à peu près de l'humeur de ces Princesses mal sages : elle choisit le plus laid et le plus mal fait. - BALZAC, OEuvr., II, p. 138 (Aristippe).

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1318 Et la vertu timide est mal propre à régner. - ID., Perth., IV, 3.

Mais l'effet répond mal souvent à l'apparence.

Ah! Dieux!

TH. CORN., Comtesse d'Orgueil, 1, 7.

Il est mal sûr de compter sans son hôte.

ID., Charme de la voix, IV, 8; - Cf. ID., Geôlier de soi-même, II, 5.
Tous ces friands attraits qui parent ton visage

Sont meubles de haut prix, mal propres au ménage.

ID., Galant doublé, V, 3; – Cf. Id., D. Bertr. de Cig., I, 2.

Je lui disois tout net

Que de son médecin je suis mal satisfait. – MONTFLEURY, Dame médecin, III, 2.

De grâce, résolvez promptement; ce lieu est mal propre à contester.

SUBLIGNY, Folle querelle, 1668; II, 3.

Mais le temps est mal propre à découvrir mon feu.

DEVISÉ, Veufve à la mode, 1668, sc. 15.

Différe, zcroyez-moi, de vous mettre en chemin...
Les chemins sont mal sûrs. - REGNARD, Fol. am., II, 3.

* Les comédiens, dit M. Génin à propos de mal propre, par la crainte d'une équivoque ignoble, substituent: je suis peu propre (1846). Maintenant, plus respectueux de Molière, ils conservent scrupuleusement son texte.

Le latin malè avait parfois ce sens négatif. Rob. Estienne (Thesaurus) traduit malè morigerus, de Plaute, par mal obéissant; il cite aussi malè musicus, des lettres de Pline; mais dans la phrase qu'il cite, malè porte sur canere et non sur musicos: «Sicut olim theatra male musicos canere docuerant, ita nunc in spem adductos posse fieri ut eadem theatra benè canere musicos doceant." Dans son Diction. franç.-lat. (1549), Rob. Estienne donne mal gracieux, mal soigneux, où mal est purement négatif: invenustus, negligens. On trouve constamment, comme on l'a vu, cette sorte de négation dans Malherbe et

dans Corneille.

Est-il nécessaire de faire remarquer que mal, négatif, a été joint à un grand nombre d'adjectifs avec lesquels il ne forme plus qu'un seul mot: malheureux, malhonnête, etc.? C'est ainsi, du reste, que Furetière écrit malpropre à pour peu propre à.....

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