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d'un fort, probablement celui dont parle le maréchal de Matignon, dans un Mémoire qu'il présenta en 1562. Le maréchal regardait ce fort comme très-ancien; il était si ruiné par le temps qu'on fut obligé de l'abandonner. On est incertain s'il a été bâti par les Anglais, avant 1450, dans l'espoir de se conserver la facilité de rentrer en Normandie, ou par les Français, afin de les empêcher d'y revenir. Cette dernière hypothèse paraît plus probable. En effet, on voit au-devant du fort et du côté d'Omonville un retranchement assez long, qui rend l'approche du fort très-difficile de ce côté il n'est pas naturel de penser que les Anglais eussent établi une ligne de défense qui, aussi long-temps qu'ils eussent été maîtres du fort, ne leur eût servi de rien, et qui leur aurait été très-préjudiciable dans le cas où, chassés de ce poste, ils eussent tenté de le reprendre. C'était, de l'autre côté qu'ils auraient dû le fortifier, à moins qu'ils ne regardassent comme une fortification suffisante le Hague-Dick et la vallée qui touche au fort. Cette raison contre l'origine anglaise est puissante pour l'attribuer aux Français. Au reste cet ouvrage ne peut guères remonter au-delà de 1450 car il est défendu par des ouvrages carrés, obliques, pointus, et l'on ne connaît presque point de ces sortes de défenses avant Zisca, chef des Hussites, qui, en 1500, fortifia ainsi la ville de Thabor. Avant ce temps, on ne voyait que des tours rondes qui donnaient trop de prise au canon, qui pouvait toujours les frapper perpendicu

lairement, ce qui n'avait pas lieu pour les ouvrages à angles. Aussi ce fort doit-il être bien postérieur à la fortification circulaire de Hutcheux.

La montagne où le fort d'Omonville était bâti et d'autres lieux de cette paroisse portent des noms dont l'origine est tout anglaise : Light-Height, hauteur à lumière, à signaux, expliquent ce nom composé qui d'ailleurs a la construction anglaise. Plus loin, sur le bord de la mer, à l'Ouest du fort, on trouve JardHeu, Jarred-Height, hauteur disputée. Au Sud, dans la vallée, on a le mot de Trente-heuFranched-Height, hauteur retranchée qui ferait penser à des retranchemens que l'on croirait volontiers y remarquer.

Sur une hauteur au pied de laquelle est bâtie l'Eglise d'Omonville, on remarque une fortification circulaire de 21 teises de diamètre. L'entrée paraît à l'Est, et au N.-O. se trouve un petit ouvrage avancé, de forme semi-circulaire. Cette hauteur s'appèle le Hutcheux ou Castelet de Hutcheux. Auprès de l'ancien fort, au-dessous du retranchement, du côté de l'église, et dans la direction à peu près Nord et Sud, on voit les restes d'un bâtiment de 21 toises 3 pieds de largeur. On y remarque cinq divisions égales ; c'était peut-être un bâtiment servant de lazaret: ce qui porterait à le croire, c'est qu'une fontaine, tout près de là, s'appelait autrefois la fontaine de la Maladrerie, etc. (Extrait des mss. de M. le Ch. de P.).

(12) PIERREVILLE. Cette commune, sise

sur une hauteur, jouit d'un air vif et salubre. Il y existe une mine argentifiée exploitée quelque temps par la Compagnie Auvray; deux carrières de pierres calcaires produisent peut-être davantage.

(13) LES PIEUX. Ce gros bourg, chef-lieu de canton, est très-commerçant. Il est bâti sur une hauteur très-élevée d'où l'on découvre une vingtaine, au moins, d'églises environnantes, les îles de Jersey, Guernesey et Alderney.

L'église est ancienne et propre, mais petite; son clocher a plusieurs fois été frappé par la foudre. On trouve dans le cimetière et dans les pièces voisines une quantité de cercueils composés de chaux et sable et remplis d'ossemens. La tradition n'indique pas le temps où furent en usage ces cercueils.

Une chapelle dédiée à St-Clair, que l'on dit être de construction anglaise, existe au bas du cimetière et sert d'école aux garçons.

Il s'y tient cinq foires assez considérables, chaque année, et un fort marché tous les vendredis.

(14) QUERQUEVILLE (Quercus, ville ). L'église, sur une hauteur, a dû remplacer un temple antique. Ainsi le rapportent les souvenirs des anciens de la commune. Il est certain que son origine semble être druï– dique.

(15) SAINT-GERMAIN-LE-GAILLARD, commune de la même élévation que celle de

Pierreville et sur un fonds rocailleux. Un Adam de Langetot donnait, en 1213, le fief principal et le patronage de cette paroisse à l'abbaye de la Blanche-Lande.

Il y existait autrefois, auprès et à l'Ouest de l'ancien presbytère, un fort nommé le Château-Gaillard, qui fut assiégé par les Anglais auxquels il ne se rendit que par manque d'eau. On en trouve des fondemens en fouillant la terre.

On y extrait des pierres à chaux dans plusieurs carrières.

(16) SAINT-PIERRE-EGLISE est un fort bourg, très-commerçant. A 1/4 de lieue au Nord du bourg, on trouve deux menhirs ou pierres butées. L'une est près de la roche appelée la Chambre-aux- Fées.

St-Pierre-Eglise est la patrie de CharlesIrénée Castel-de-St-Pierre, académicien, né à St-Pierre le 18 février 1658, mort à Paris en 1743.

(17) SIOUVILLE. Cette paroisse, qui date du XIe siècle, est située sur une hauteur de différens sols. Malgré la difficulté et l'ingratitude du fonds, la culture y est soignée et raisonnée. Les habitans, forts, robustes mais sobres et paisibles, y sont travailleurs; ils fabriquent de la soude de warech qui produit, terme moyen, chaque année, 25 à 30 tonneaux de la pesanteur de 1000 kilog. chacun, et qui se vend 40 à 50 francs le

tonneau.

Siouville est bordée du côté de la mer de hautes et effrayantes falaises.

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(18) SURTAINVILLE. Les habitans bons et laborieux cultivent dans leurs mielles toutes sortes de légumes excellens dont ils approvisionnent les marchés de Cherbourg, Bricquebec, Valognes et les Pieux.

Les sites y sont variés, et l'on y trouve dix carrières de pierres calcaires et une mine de plomb argentifiée, abandonnée.

A 200 mètres de l'église, on trouve la chapelle St-Argouefle où affluait autrefois un grand nombre de pélerins affectés de maux de tête dont ils venaient chercher la guérison.

D'autres imploraient contre les douleurs de reins St-Léonard, dont la statue est placée dans la même chapelle. Les caractères hiéroglyphiques, que l'on aperçoit dans l'église, font croire à son antiquité.

Le 9 mai 1795, un combat naval eut lieu sous le fort de cette commune. Deux vaisseaux anglais, trois frégates du premier rang et un aviso y vinreut attaquer un convoi français composé de 13 briks et sloops protégés par deux canonnières et un aviso. L'affaire, commencée à 4 heures du matin, se termina à 11 heures et demie par la prise et l'incendie du convoi, malgré la bravoure des Français, qui résistèrent long-temps et vivement à des forces aussi supérieures. Pendant les 7 heures et demie que dura le combat, il y eut plus de 3000 coups de canon tirés de part et d'autre. Le vénérable curé se tint presque constamment dans la batterie pour encourager les combattans auxquels il faisait distribuer des raffraîchissemens. Les nommés

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