Images de page
PDF
ePub

Commission d'ingénieurs et de marins examinerait ces travaux.

La première et la plus importante opération de cette Commission fut de constater, à la fin de 1792, la situation de la partie de digue couronnée en gros blocs et de la comparer, le printemps suivant, à celle qu'elle s'est trouvée avoir à la suite de plusieurs coups de vent assez violens. Le résultat satisfaisant de sa comparaison servit de base aux projets qu'elle proposa pour perfectionner la digue.

D'après le système adopté par la Commission, on travailla, pendant la campagne de 1793, à élever une vigie à l'extrémité Ouest de la digue, et à enrocher la caisse qui sert également de vigie à l'extrémité Est.

La vigie de l'Ouest, isolée et en prise aux tempêtes de toutes directions, n'a pas eu le même succès que celle de l'Est, qui a pour point d'appui sa caisse tronquée. Le peu d'activité qu'on mit à l'élever la laissa en prise aux coups de vent de l'hiver, qui, l'attaquant en dessus, en dessous et de tous côtés, la firent écrouler. On ne peut cependant raisonnablement en tirer aucune conséquence contraire au système de couronnement en gros blocs, puisque la partie de digue, couronnée en 1792, est encore dans la situation qu'elle a prise par le coup de vent de février de cette même année.

Pendant l'an IV (1796) jusqu'à l'an XI (1803), l'administration de la marine s'est bornée à réparer le cône de l'Est et à augmenter l'enrochement en gros blocs au pied de cette caisse.

8

La digue, telle qu'elle est maintenant, a 3767 mètres de longueur, mesurée depuis le centre du cône qui fait l'extrémité Est de la digue et le centre de celui qui est à l'extrémité Ouest, qui a été recépé.

Elle forme dans son plan un angle obtus, saillant vers le Nord d'environ 169 degrés; ce qui la divise en deux branches, dont la Ire, du côté de l'Ouest, a 2231 mètres de longueur, et la 2o, du côté de l'Est, 1535 mètres.

Chaque année, on continua à y travailler avec plus ou moins d'activité; mais après le coup de vent de février 1809, qui culbuta tous les ouvrages, balaya en quelque sorte la superficie de la digue, détruisit les parapets, et renversa la superbe plate-forme de la batterie Napoléon formée au centre, les blocs répandus ayant donné plus de largeur à la superficie de la digue, on augmenta sa base sur le côté large, et l'on changea son système de défense. La batterie a été remplacée par une grosse tour oblongue, dont le grand axe est de 67 mètres 184. millimètres, le petit axe de 36 mètres 368 millimètres, et la hauteur de 19 mètres, fondée sur le côté de la digue qui regarde la ville, et bâtie assez fortement pour résister à tous les efforts de la mer.

Les pierres de couronnement de la digue sont d'un volume et d'un poids considérables. Quelques-unes pèsent de 5 à 600 myriagram. (10 à 12000 livres ). Les extrémités de cette digue seront également fortifiées. C'est alors. que la rade elle-même ne sera plus qu'un vaste

bassin situé dans l'emplacément le plus favorable aux expéditions et au refuge de nos escadres.

La montagne du Roule fournit les blocs qui forment la digue, et, pour en faciliter le transport, on a fait un chemin de fer qui, du pied de la montagne, en décrivant une jolie courbe et traversant une partie du Cauchin, va se rendre à l'un des angles du bassin. Uu seul cheval traîne plusieurs charriots chargés d'énormes blocs, qui, arrivés à destination, sont enlevés, au moyen d'une machine des plus ingénieuses, supportée par une solide charpente, et placés comme avec la main dans les bateaux chargés de les transporter en pleine mer.

[ocr errors]

PORT MILITAIRE OU GRAND PORT
DE CHERBOURG.

Les malheurs de la Hougue firent sentirà Louis XIV le besoin de fortifier ses frontières maritimes. Le maréchal de Vauban fut chargé, par ses ordres, de visiter la côte de Normandie, de mettre à l'abri d'entreprises hostiles tous les lieux favorables au débarquement, et de donner ses projets sur les travaux qu'il jugerait nécessaires.

Après avoir ordonné à la Hougue des batteries, une tour qui subsiste encore et un hôpital d'une vaste étendue en forme de lazaret, ce grand homme, dont le génie embrassait tous les intérêts publics, par

deux forts déjà construits, est séparé de la rade par une jetée de granit, dont l'une des extrémités s'appuie vers le Nord contre le fort du Hommet, l'autre se termine au Sud contre le roc Nazer, qui n'est séparé du fort Hommet que par un chenal naturellement creusé dans le roc.

C'est ce chenal qui forme l'entrée de l'avantport d'où les vaisseaux peuvent s'introduire, soit directement dans l'arrière-bassin qui sera le port principal, soit dans le bassin du Nord, au moyen d'une écluse, au-dessus de laquelle on a établi un superbe pont-tournant servant à la communication des quais entre

eux.

Ainsi, des trois bassins qui doivent compléter ce port, les deux premiers sont disposés vers la rade, sur une même ligne, et divisés entr'eux par un terre-plein portant écluse de communication. Le troisième, aussi grand que les deux autres ensemble, et derrière lesquels il est placé, contiendra la moitié du parallelogramme qu'ils formeront ensemble. Leur surface entière sera d'environ 24 ares ou 600 toises carrées. Toutes les parties de ce port royal sont bordées de quais magnifiques, distinguées par des terrespleins réguliers, alimentées par une route centrale et seront ornées de tous les édifices relatifs au genre de service auquel elles seront destinées.

Des deux côtés du chenal, dont la partie méridionale présente l'ouverture, sont deux môles ou musoirs qui en défendent l'entrée. Là s'élèveront deux phares circulaires qui

formeront péristile à leur base. Ces deux phares éclaireront non seulement, pendant la nuit, la communication du port avec la rade, mais ils serviront encore aux signaux des mouvemens. Les matelots destinés à les exécuter, seront stationnés dans les galeries des deux péristiles; ils y trouveront un asile perpétuel et les moyens de pourvoir à leur subsistance.

Sur le môle même, vers le fort du Hommet, doit s'établir une corderie couverte, d'environ 200 mètres de longueur, avec une largeur convenable. Au rez-de-chaussée de ce bâtiment sera la corderie proprement dite; son premier étage doit servir au filage et le second sera le magasin aux chanvres. Cet ouvrage d'un grand extérieur, aura 9 comme la plupart des autres, des masses correspondantes et analogues.

Autour des différens bassins et sur leurs terres-pleins intermédiaires, toutes les parties de la construction et du radoub des vaisseaux, la mâture, le gréement, la garniture, l'armement, l'administration, les mouvemens journaliers et l'inspection du service trouveront leurs magasins, leurs établissemens leurs ateliers, leurs bureaux dans la position la plus commode et la plus rapprochée des objets auxquels ils se rapportent.

[ocr errors]

Du centre du port, où le magasin général sera placé, toutes les espèces d'approvisionnemens se verseront avec facilité dans les magasins particuliers, chaque vaisseau de l'Etat aura son dépôt, chaque matière son emplacement, l'arsénal, les casernes,

« PrécédentContinuer »