Begnet É P P I I T R E A L'IMPERATRICE DE RUSSIE. Élève Lève d'Apollon, de Thémis & de Mars, Qui fur ton trône augufte as placé les beaux arts, Oui, je les hais, MADAME, il faut que je l'avoue. A Que prenant pour fa loi fa pure fantailie, Ce code en mon efprit fait naître des fcrupules. Tu venges l'univers en vengeant la Ruffie. Puiffent les dieux furtout, fi ces dieux éternels (1) Le chiaoux bacha qui eft d'ordinaire un eunuque blanc, veut toujours prendre la main fur l'ambaffadeur quand il vient le complimenter. Quand le grand eunuque noir marche, il faut, fi un ambaffadeur fe trouve fur fon paffage, qu'il s'arrête jufqu'à ce que tout le cortège de l'eunuque foit paffé. Il en eft à plus forte raifon de même avec le grand vifir les deux cadilesker & le muphti; mais l'excès de l'infolence barbare, eft de faire enfermer au château des fept tours les ambaffadeurs des puiffances auxquelles ils veulent faire la guerre. Le fultan Moustapha avant de déclarer la guerre à la Ruffie, a commencé par mettre en prifon le réfident Obreskow au mépris du droit des gens. (2) On connait affez les batailles de Marathon, de Platée & de Salamine. La victoire de Marathon fut remportée par Miltiade & neuf autres chefs fes collègues qui n'avaient que dix mille Athéniens contre cent mille hommes de pied & dix mille cavaliers, commandés par les généraux du roi de Perfe Darius. Cet événement reffemble à la bataille de Poitiers; mais ce qui rend la victoire des Grecs plus étonnante, c'est Aux remparts de Platée, aux murs de Salamine; Rends lui fon nom, fes dieux, fes talens & fes loix. qu'ils n'étaient point retranchés comme les Anglais l'étaient auprès de Poitiers, & qu'ils attaquèrent les ennemis. Au refte, il n'eft pas bien für que les Perfes fuffent au nombre de cent dix mille; il faut toujours rabatre de ces exagérations. La bataille de Salamine eft un combat naval dans lequel Thémiftocle défit la flote de Xerxes, après que ce monarque eut réduit en cendres la ville d'Athènes. Cette journée eft encor plus furprenante, les Atheniens avant cette guerre n'avaient jamais combatu fur mer. C'eft à peu près ainfi que la petite flote de l'impératrice CATHERINE II, fous le commandement du comte Alexis Orloff á détruit entiérement la flote ottomane le 6 Juin 1770. Le nom d'Orloff n'eft pas fi harmonieux que celui de Miltiade, máis doit aller de même à la poftérité. La journée de Platée eft femblable à celle de Marathon. Ariftide & Paufanias avec environ foixante mille Grecs défirent entièrement une armée de cinq cent mille Perfes felon Diodore de Sicile; fupofé qu'une armée de cinq cent mille hommes ait pu fe mettre en ordre de bataille dans les défilés dont la Grèce eft coupée. Mardonius chef de l'armée perfane y fut tué; supofé qu'un Perfe fe foit jamais apellé Mardonius, ce qui eft auffi ridicule que fi on l'avait apellé Villars ou Turenne. Xerxes poffédait les mêmes pays que Moustapha. Le comte de Romanzow a batu le grand vifir turc, comme Paufanias & Ariftide batirent celui de Xerxes; mais il n'a pas eu à faire à cinq cents mille Turcs. Nous fommes plus modeftes aujourd'hui. (3) Ceci ne doit pas s'entendre de tous les Grecs, mais de ceux qui n'ont pas fecondé les Ruffes comme ils le devaient. Ainfi dans la cité d'Horace & de Scevole Ce n'eft point le climat qui fait ce que nous fommes Qu'un vieux fultan s'endorme avec ignominie (4) Ce vers cité eft du roi de Pruffe. Il eft dans une épitre à fon frère. Lorfqu'Augufte buvait la Pologne était ivre, Lorfque le grand Louis brulait d'un tendre amour, ว Elle donne le bal, elle dicte des loix, Si quelque chiaoux lui dit que fa hauteffe (5) Pompée défit Mitridate fur la route de l'Ibérie à la Colchide, mais Mitridate fe donna la mort à Panticapée. |