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marquable, paraîtra mériter d'être encouragé à poursuivre sa carrière dans les << lettres. »

Prix Lambert. L'Académie a décidé que le revenu annuel de cette fondation serait, dans les conditions de la fondation, convenablement affecté, chaque année, « à des hommes de lettres, ou à leurs veuves, auxquels il serait juste de donner une marque d'intérêt public. »

Prix Monbinne. L'Académie décernera, en 1883, le prix, de la valeur de 3,000 francs, fondé par MM. Eugène Lecomte et Léon Delaville Le Roulx en souvenir de M. Monbinne. « Ce prix, dit Prix Monbinne d'après la volonté des donateurs, sera décerné tous les deux ans, soit pour récompenser des actes de probité, soit « pour venir en aide à des infortunes dignes d'intérêt, choisies notamment parmi « des personnes ayant suivi la carrière des lettres et de l'enseignement.

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Après la proclamation et l'annonce de ces prix, le discours de M. Renan, directeur, sur les prix de vertu, a terminé la séance.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Recueil de contes populaires grecs, traduits sur les textes originaux par Émile Legrand, répétiteur à l'école des langues orientales vivantes. Paris, Leroux, 1881, in-18, de XIX-274 pages.

Les lettres hellenes se sont assez activement occupés de la littérature populaire de leur pays; mais ces travaux sont à peu près inconnus en Occident, et, de plus, la connaissance du grec moderne est peu répandue en dehors des hellénistes de profession. Les travaux de vulgarisation sont donc utiles dans ce domaine; l'Allemagne en compte déjà plusieurs parmi lesquels les excellents livres de M. B. Schmidt. En France, M. Legrand est le premier à aborder ce sujet, et nous désirons que son livre soit bientôt suivi d'autres.

La littérature populaire, en ce qui touche les contes (et aussi les énigmes), est partout la même pour le fonds, dans l'ancien monde du moins. Le thème d'une chanson voyage peu, parce que l'attrait d'une chanson est surtout dans un agréable agencement de mots qui ne peut se traduire; mais l'attrait du conte est dans la fable, qui peut indéfiniment se propager et se traduire. Partout en Europe où l'on s'est préoccupé de recueillir les contes populaires, on a retrouvé le même thème, la même histoire de Cendrillon, de Barbe-Bleue, etc. C'est comme une immense nappe souterraine qui s'étend à l'infini; partout où l'on fore un puits, il en jaillit la même eau. Quand quelque chose diffère, ce sont des détails de description, des épisodes de mœurs, des traits locaux, où l'on voit qu'un peuple s'est approprié le récit au point d'en oublier l'origine étrangère. C'est comme une semence qui a pris racine où le vent l'a portée.

Mais pour la Grèce, une question particulière se pose. Dans ces histoires mer

veilleuses ou romanesques que se racontent encore les pâtres et les bonnes femmes de la Grèce et des iles grecques, n'est-il rien resté de l'ancienne Grèce, de sa mythologie, de sa littérature? Les noms des anciens dieux, des anciens héros ont disparu; mais il y a tel épisode ou même tel sujet de conte qui paraît comme un décalque d'une histoire antique. Par exemple, le premier conte du recueil de M. Legrand, le Seigneur du monde souterrain, rappelle par certains détails la fable de l'Amour et Psyché, telle que la raconte Apulee, et les tentatives de séduction exercées par certaine reine remettent en mémoire l'histoire de Bellerophon et de la divine Anteia, femme de Prætos. Le conte de la Fille qui allaite son père se trouve dans Valère Maxime et dans Pline avec quelques variantes, et plusieurs écrivains de l'antiquité l'ont rapporté comme une histoire vraie. Maint détail de l'histoire de Thésée est semblable aux épisodes de l'histoire de l'Homme sans barbe. Le cante du Voleur par nature est comme une variante de l'histoire du trésor du roi Rhampsinite, racontée par Herodote. Comment expliquer ces ressemblances? Par un écho de la littérature de la Grèce, ou par le fait que la littérature et la mythologie grecques avaient puisé à un fonds populaire, commun à tous les peuples indo-européens? Nous pencherions plutôt pour cette seconde hypothèse. Ce n'est pas ici le lieu de discuter ce problème; nous l'indiquons seulement pour montrer l'intérêt particulier que présente une collection de contes grecs. Ajoutons que, tout en ressemblant par le fonds aux contes recueillis ailleurs, ces contes grecs présentent un cachet particulier. On y sent, à la crudité de certaines expressions, à la barbarie de certains détails, les mœurs encore grossières et violentes du peuple grec. A ces traits seuls, déjà, on reconnaîtrait l'authenticité de ces textes, lors même que M. Legrand, dans une préface substantielle mais trop courte, n'aurait pas pris soin de citer les recueils hellėniques auxquels il a puisé.

Développement en séries des intégrales eulériennes. Thèse présentée à la Faculté des sciences de Paris par M. Bourguet. Paris, Gauthier-Villars, in-4° de 62 pages.

La remarquable thèse de M. Bourguet comble une lacune que présentait jusqu'à présent la théorie des intégrales eulériennes; elle a pour principal objet le développement en séries de la fonction l et de son invers. M. Bourguet a calculé avec le plus grand soin les coefficients numériques de ces développements. Avant d'exposer les résultats obtenus, l'auteur rappelle les progrès successifs qu'a faits l'étude de cette fonction depuis Euler, Legendre et Gauss, jusqu'aux savants mémoires de Cauchy et de M. Hermite. On sait que plusieurs articles ont été publiés sur ce sujet dans divers recueils étrangers, notamment dans le Journal de Crelle, où M. Prym a démontré que l'on peut partager r (a) en deux parties donnant lieu à deux séries convergentes pour toutes les valeurs de a; M. Bourguet a déterminé pour la première fois les facteurs numériques de la seconde de ces deux suites.

Г

Ce travail a réuni les suffrages des professeurs de la Faculté des sciences. Il sera accueilli avec faveur par les géomètres comme réalisant un notable progrès dans une des recherches les plus intéressantes et les plus difficiles que se propose l'analyse moderne.

ALLEMAGNE.

Irische Texte mit Warterbuch, von Ernst WINDISCH, Leipzig, Hirzel, 1880, in-8°, de Xu1-886 pages.

L'étude de l'ancienne langue irlandaise est restée jusqu'ici d'un abord très difficile. Zeuss en a dressé la grammaire dans sa Grammatica celtica; mais cette grammaire ne reposait que sur un certain nombre de textes d'autres textes fort anciens ont été depuis mis au jour, et une grammaire ne résout qu'une partie des difficultés. Il n'existe pas de dictionnaire de l'ancien irlandais, et ce travail lui-même ne pouvait être entrepris avant la publication de nombreux textes qui en fournissent les éléments. Les celtistes sont forcés de se faire à eux-mêmes leur propre glossaire à grand renfort de fiches, du mieux qu'ils le peuvent.

On ne s'étonne pas qu'une étude entourée de tant de difficultés rebute plus d'un néophyte. C'est pour leur ouvrir la voie et leur faciliter le premier pas, que M. Windisch a écrit cette chrestomathie. M. Windisch est professeur de sanscrit à l'Université de Leipzig et directeur de la Revue que publie la Société orientale allemande; l'importance de cette double fonction ne l'a pas empêché de s'occuper aussi d'irlandais qu'il enseigne également, comme accessoire, à côté du sanscrit. Il y a deux ans il publiait une grammaire résumée de l'irlandais beaucoup plus accessible que celle de Zeuss, mais peut-être aussi trop concise. Sa chrestomathie la complète de la façon la plus heureuse.

Les textes de cette chrestomathie avaient déjà été publiés, sauf un; mais il importe peu, puisque l'objet d'une chrestomathie n'est pas d'apporter du nouveau aux gens du métier, mais de fournir un guide aux débutants. Ces textes sont les hymnes irlandais de l'ancienne Église d'Irlande qui, par leur caractère de merveilleux local, tranchent fortement sur les hymnes latins communs à l'église catholique. La Vision d'Adamnam, un des premiers en date parmi les récits qui ont servi de prototype à l'Enfer de Dante, et des histoires empruntées aux cycles légendaires de l'Irlande, en première ligne au cycle ossianique, dont Macpherson, par une supercherie fameuse, aurait voulu revendiquer le monopole pour l'Écosse. Ces textes forment les deux cinquièmes du gros volume que nous avons sous les yeux : le reste est rempli par un glossaire, qui, malgré certaines erreurs de classement et d'interprétation, rendra le plus grand service aux débutants.

En gardant son livre quelques années de plus en manuscrit, M. Windisch aurait évité certaines critiques qui se sont produites en Allemagne même d'une façon bien apre. Mais une critique impartiale doit mettre le bien et le mal dans deux plateaux de la balance; elle saura gré à M. Windisch d'une œuvre qui vaudra plus d'un néophyte aux études celtiques et qui en facilitera les débuts.

BIBLIOGRAPHIe des thèses DE DOCTORAT SOUTENUES DEVANT LES FACULTÉS DES LETTRES DES DÉPARTEMENTS.

(Suite de la liste publiée dans le Journal des Savants de 1878, p. 707.)

FACULTÉ DE LYON.

Sodalitates ad mortuos sublevandos medio avo institutas codicibus bibliothecæ Andecavensis ineditis illustrabat H. Pasquier.

Baudri, abbé de Bourgueil, archevêque de Dol, d'après des documents inédits (10461130), par le même.

De antiquissima æris in Galliam invectione, par E. Pélagaud.

Étude sur Celse et la première escarmouche entre la philosophie antique et le christianisme naissant, par le même.

De Plinio Juniore et imperatore Trajano apud christianos et de christianis apud Plinium Juniorem et imperatorem Trajanum, par l'abbé Joseph Variot.

Étude sur l'Histoire littéraire, la forme primitive et la transformation des évangiles apocryphes, par le même.

FACULTÉ DE NANCY.

De Joannis abbatis Gorziensis Vita, par l'abbé D. Mathieu.

L'ancien Régime dans la province de Lorraine et Barrois, d'après des documents inédits (1698-1789), par le même.

FACULTÉ DE RENNES.

De Vita et scriptis sancti Eucherii, Lugdunensis episcopi, par l'abbé Antoine Mellier. Des Habitudes héréditaires, critique psychologique du système de Darwin, par le

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De Hypatia philosophia et eclectismi Alexandrini fine, par Hermann Ligier.

La politique de Rabelais, par le même.

De causa que finis dicitur apud Platonem et Plotinum cum locis excerptis, par Paul Mabille.

Controverses sur le libre arbitre au XVII' siècle, par le même.

FACULTÉ DE LYON.

Thome de Regimine principum doctrina, par l'abbé François Boulas.

Un Moraliste chrétien sous Henri IV et Louis XIII: Camus, évêque de Belley, par le

même.

TABLE.

Pages.

Histoire du matérialisme, etc. (Deuxième et dernier article de M. Ch. Lévêque.)...... 457 Carmina medii ævi. (Article de M. B. Hauréau.).....

469

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Conjectures sur une tragédie perdue de Théodecte. (Article de M. É. Egger.).

504

Nouvelles littéraires....

508

JOURNAL

DES SAVANTS.

SEPTEMBRE 1881.

SOMMAIRE DU CAHIER.

MM. ALFRED MAURY. Histoire de la divination dans l'antiquité.
AD. FRANCK. Histoire de la philosophie scolastique.
É. EGGER. De deux recueils d'inscriptions grecques.
GASTON BOISSIER. Sedulius.

ADRIEN DE LONGPÉRIER. Industria.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

PARIS.

IMPRIMERIE NATIONALE.

M DCCC LXXXI.

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