ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. M. Joseph Garnier, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, section d'économie politique et finances, statistique, est décédé à Paris, le 25 sep tembre 1881. M. Gabriel Massé, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, section de législation, droit public et jurisprudence, est décédé à Paris, le 11 oc tobre 1881. LIVRES NOUVEAUX. FRANCE. Histoire d'Allemagne. Fondation de l'empire germanique. Charlemagne. Otton le Grand. Les Ottonides; 2° édition, revue, par Jules Zeller, membre de l'Institut. Paris, Didier, 1880.- Histoire d'Allemagne. L'Empire germanique et l'Église au moyen âge. Les Henri. Querelle des Investitures, par le même. Paris, Didier, 1876, 2 vol. in-8°. Ces deux volumes sont la continuation d'une histoire d'Allemagne, dont le tome I a fourni, en 1872 et 1873, le sujet de deux articles du Journal des Savants. M. Jules Zeller retrace, dans ces tomes II et III, l'histoire de l'empire germanique, depuis Charlemagne jusqu'à la fin de la dynastie franconienne. C'est donc un laps de plus de trois siècles qu'embrassent les deux volumes ici annoncés. Ils forment l'un et l'autre, comme celui qui les a précédés, un tout distinct. La période dont a traité le savant professeur nous offre plusieurs des épisodes les plus importants et les plus curieux de l'histoire d'Allemagne. Le tome I, publié en 1872, se termine à l'année 800 par un chapitre intitulé : l'Allemagne carolingienne (chapitre vii). Le tome II, qui est déjà arrivé à sa seconde édition, débute par l'avènement de l'empire de Charlemagne (chapitre VIII). Au chapitre Ix, l'auteur nous en montre la dissolution et la chute; suivent l'histoire de l'empire germanique démembré de l'empire carolingien et celle de la dynastie saxonne représentée surtout par les trois Otton et finissant avec Henri II le Saint. Les règnes de Conrad II, de Henri III, de Henri IV et de Henri V, font le sujet du tome III, où se trouve racontée la fameuse querelle des Investitures, sur laquelle l'auteur a réussi à jeter quelques nouvelles lumières. Tout en mettant à contribution les nombreux travaux qui ont, depuis un siècle, paru en Allemagne sur l'histoire de l'empire germanique, M. Zeller élucide par ses propres recherches et éclaire de ses appréciations personnelles les grands événements dont il démêle l'enchaînement et signale le caractère. Le profond sentiment français dont cet ouvrage est pénétré tranche avec l'esprit essentiellement allemand qui a dicté les jugements de la plupart des historiens nationaux de l'Allemagne. Au patriotisme, parfois injuste et exclusif de nos voisins, M. Zeller oppose un patriotisme qui n'est pas moins ardent, mais qui cherche à être moins partial. L'auteur s'est attaché, dans cet ouvrage, à limiter la part qu'il faut faire aux influences germaniques sur la civilisation et la société de l'Occident, et il revendique le plus souvent, pour l'influence romaine et le christianisme, ce dont d'autres écrivains se plaisaient à faire honneur au génie de la race allemande. On ne pouvait guère écrire l'histoire d'une époque où les deux sociétés latino-franque et germanique étaient en présence, et souvent en lutte, sans préciser le rôle de chacune d'elles. L'auteur n'est point d'ailleurs de ces écrivains qui se bornent à fouiller les sources pour établir scrupuleusement la succession des faits et en relater tous les détails; sa critique est d'un ordre plus élevé, et il ne sépare pas, dans la composition de l'histoire, l'appréciation philosophique et morale de la marche des choses de l'étude des événements qui en constitue le tissu. Écrit avec chaleur et distribué avec clarté, cet ouvrage est de nature à nous faire mieux saisir, en France, le contraste que présentent l'esprit qui animait les institutions et les hommes dans la Gaule, conquise par les Francs, et les vieilles mœurs barbares de la Germanie en désaccord avec le christianisme, dont l'influence croissante tendait pourtant à les adoucir. ESPAGNE. La Illustracion militar.- Revista literaria, cientifica y artistica. Madrid, imprimerie de Fortanet, 1881, in-4°. Cette revue spéciale, paraissant deux fois par mois, est dirigée par des officiers ou par des fonctionnaires appartenant aux services administratifs de l'armée. Chaque livraison comprend un certain nombre d'articles traitant de questions techniques (institutions militaires, fortifications, topographie, tactique des différentes armes). Les planches nombreuses qui accompagnent le texte donnent une idée assez exacte des uniformes de l'armée espagnole, des manœuvres qu'elle exécute, et, en particulier, des faits de guerre récents dont les îles Philippines ont été le théâtre. Les rédacteurs de La Illustracion militar ne se bornent pas à l'étude des sujets qui intéressent directement leurs compatriotes: plusieurs articles sont consacrés aux progrès accomplis par les armées étrangères. Les événements qui se passent en Tunisie et dans le sud de la province d'Oran tiennent une place considérable dans cette publication, qui s'adresse à toutes les personnes s'occupant de l'art ou de l'histoire militaires. TABLE. Pages. De deux recueils d'inscriptions grecques. (2o et dernier article de M. É. Egger.).... 581 Étienne de Bourbon. (1o article de M. B. Hauréau.). 591 Socrate et son temps. (Article de M. Ad. Franck.)....... 598 L'abbé Galiani, son exil et sa correspondance. (1 article de M. E. Caro.). . . .. 605 620 629 636 JOURNAL DES SAVANTS. NOVEMBRE 1881. SOMMAIRE DU CAHIER. MM. AD. FRANCK. Histoire de la philosophie scolastique. É. EGGER. De la critique d'attribution. CH. LEVEQUE. Les maladies de la mémoire. JULES ZELLER. Philippe de Souabe et Otton IV. NOUVELLES LITTÉRAIRES. PARIS. IMPRIMERIE NATIONALE. M DCCC LXXXI. ASSISTANTS.. M. PAUL BERT, ministre de l'instruction publique et des cultes, président. M. de LongPérier, de l'Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres. M. MIGNET, de l'Institut, Académie française, et secrétaire perpétuel de l'Académie M. É. EGGER, de l'Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres. M. BARTHÉLEMY-SAINT HILAIRE, de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques. M. CHEVREUL, de l'Institut, Académie des sciences. AUTEURS. M. FRANCK, de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques. M. J. BERTRAND, de l'Institut, Académie des sciences. M. ALFRED MAURY, de l'Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres. M. DE QUATREFAGES DE BRÉAU, de l'Institut, Académie des sciences. M. CARO, de l'Institut, Académie française et Académie des sciences morales et politiques. M. CH. LEVÊQUE, de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques. M. E. MILLER, de l'Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres. M. WALLON, de l'Institut, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. M. J.-B. DUMAS, de l'Institut, Académie française, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. M. GASTON BOISSIER, de l'Institut, Académie française. M. B. HAURÉAU, de l'Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, secrétaire du bureau. M. R. DARESTE, de l'Institut, Académie des sciences morales et politiques. BUREAU D'ABONNEMENT ET DE VENTE À LA LIBRAIRIE HACHETTE ET Cio, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79. LE JOURNAL DES SAVANTS parait par cahiers mensuels. Les douze cahiers de l'année forment un volume. Le prix de l'abonnement annuel est de 36 francs pour Paris, de 40 francs pour les départements, et de 42 francs pour les pays faisant partie de l'Union postale. - Le prix du cahier séparé est de 3 francs. Il reste encore quelques collections complètes, en 60 volumes, au prix de goo francs. On peut déposer à la même librairie, à Paris, les livres nouveaux, les prospectus, les mémoires manuscrits, les lettres, avis, réclamations et autres écrits adressés à l'éditeur du Journal des Savants. DES SAVANTS. NOVEMBRE 1881. de l'Institut. Histoire de la philosophie scoLASTIQUE par B. Hauréau, membre Première partie (de Charlemagne à la fin du XIIe siècle), 1 vol. in-8° de vII 549 pages, chez Durand et Pédone-Lauriel, Paris, 1872. Deuxième partie, 2 volumes in-8° de 462 et 495 pages, chez Pédone-Lauriel, Paris, 1880. DEUXIÈME ARTICLE 1. Quel que soit l'intérêt du premier volume de l'Histoire de la philosophie scolastique de M. Hauréau, le second nous en présente bien davantage. Embrassant la seconde moitié du xır° siècle et la plus grande partie du xi, il nous montre la scolastique arrivée à ce qu'on peut appeler l'âge de sa majorité. C'est alors que, prenant connaissance des ouvrages les plus importants d'Aristote, ceux qui contiennent sa métaphysique, sa physique, sa morale et sa psychologie, et des nombreux commentaires auxquels ils ont donné lieu chez les Alexandrins, chez les Arabes et les Juifs, elle enfante ses plus brillants systèmes, agite sous un jour nouveau les plus grands problèmes de l'esprit humain, et, en dépit des haines de race et des haines de religion, relie l'un à l'autre, comme avait fait dix siècles auparavant l'école d'Alexandrie, l'esprit de l'orient et celui de l'occident. Adoptant pour un temps la fameuse maxime: Philosophia ancilla theologiæ, tout en gardant sous cette servilité apparente la liberté sans laquelle il n'y a pas de philosophie, elle représente sinon la totalité, du 1 Voir le premier article dans le cahier de septembre. |