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peut-être plus probantes encore. Dans plusieurs cavernes sépulcrales de la Lozère, cet infatigable chercheur a découvert de nombreux squelettes, dont la race est caractérisée par une dolichocéphalie constante, et qui, à coup sûr, appartiennent, comme les précédents, à la race de Cro-Magnon. Ces représentants des populations quaternaires étaient en guerre constante avec les constructeurs de dolmens. La preuve en est que plusieurs squelettes portent encore, fichées dans les os où elles avaient pénétré, des flèches dont l'origine néolithique est indiscutable 1. Les deux populations ont donc vécu à côté l'une de l'autre et se sont disputé jusqu'aux gorges, jusqu'aux plateaux de nos plus hautes Cévennes. Je me borne, pour le moment, à cette conclusion, ayant à revenir plus tard sur les travaux de M. le D' Prunières.

Enfin M. de Baye aurait pu invoquer le résultat de ses propres recherches à l'appui de l'opinion qu'il a très justement embrassée. Après avoir découvert les grottes artificielles de la Marne, il ne s'est pas contenté d'en retirer les nombreux produits de l'industrie de ceux qui les avaient creusées; il a recueilli avec le même soin les ossements de ces troglodytes et formé ainsi une collection unique, sur laquelle j'aurai à revenir plus loin. Ici je dirai seulement que presque toutes les races humaines quaternaires sont représentées dans cet ossuaire scientifique. Mais elles y sont associées à un élément ethnologique, étranger aux temps paléolithiques, et qui apportait, avec ses caractères physiques propres, la hache polie et les industries qui s'y rattachent. Certes, la théorie de l'hiatus ne pouvait recevoir de démenti plus formel.

Les faits invoqués par Edouard Lartet, par MM. Cartailhac, de Mortillet et leurs adhérents, n'en sont pas moins réels. Sont-ils donc inconciliables avec ceux que je viens de rappeler? Je ne le pense pas. Il est évident que le passage des temps glaciaires à l'époque géologique actuelle a dû être pour l'homme, aussi bien que pour les animaux, un moment d'épreuve difficile à traverser. Parmi les derniers, on voit une foule d'espèces, et les plus caractéristiques, s'éteindre ou émigrer. A elle seule,

M. le Dr Prunières a envoyé un résumé de ses découvertes à la dernière session de l'Association française pour l'avancement des sciences (session de Reims). Ce travail paraîtra dans le volume qui est sous presse. J'en ai moimême présenté au Congrès de Lisbonne un très court résumé (Congrès international d'anthropologie et d'archéologie pré

historiques. Rapport sur la session de Lisbonne, par Emile Cartailhac, 1880, p. 81). Lors de l'Exposition des sciences anthropologiques, M. le D' Prunières avait exposé, et vient de faire photographier, plusieurs pièces osseuses portant en place les silex qui les avaient percées après avoir traversé les parties molles.

cette transformation de la faune apporta dans le genre de vie des tribus chasseuses une perturbation dont on retrouve la preuve dans les industries. Plusieurs auteurs ont signalé la décadence qui caractérise cette période de transition, et M. Hamy a insisté sur ce point dans un livre dont j'ai rendu compte ici même1. La pénurie croissante de gibier dut causer bien des émigrations. Des vallées, peut-être des contrées d'une certaine étendue, durent perdre leurs habitants. Des modifications géologiques et zoologiques s'accomplirent avant que les populations néolithiques vinssent les repeupler. On peut dire que, pour ces localités, l'hiatus a réellement existé. Les auteurs que j'ai cités plus haut n'ont eu d'autre tort que de regarder comme général un état de choses essentiellement local. Gardons-nous d'être trop sévères envers eux. Il n'est peutêtre pas de science, d'observation ou d'expérience, qui n'ait enregistré quelque méprise de ce genre dans l'histoire de ses débuts.

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Dans sa séance du jeudi 8 décembre, l'Académie française a procédé à l'élection de trois membres, en remplacement de MM. Duvergier de Hauranne, Littré et Dufaure, décédés. Elle a élu : M. Sully-Prudhomme, en remplacement de M. Duvergier de Hauranne; M. Pasteur, en remplacement de M. Littré; M. Victor Cherbuliez, en remplacement de M. Dufaure.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.

M. Dulaurier, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, est décédé à Meudon, le 21 décembre 1881.

LIVRES NOUVEAUX.

Adaμavτíov Koрañ n. T. λ. Opuscules d'Adamantius Coray, trouvés après sa mort, recueillis et publiés par M. André Z. Mamoukas, aux frais du Comité Coray de Marseille. Tome I, Athènes, impr. des frères Perri, 1881, in-8° de ccv111 (on')-525 pages. Coray est mort à Paris en 1833 et a été enterré dans le cimetière du Mont-Parnasse. Dans son testament, qu'il avait écrit en grec et en français (la rédaction française n'a pas été retrouvée), il avait fait don au gymnase de Chio, sa patrie, de tous les livres et manuscrits composant sa bibliothèque. Cette bibliothèque fut transportée à Chio, mais elle resta dans des caisses pendant un très grand nombre d'années, jusqu'au moment où l'on a pu faire les frais d'une installation convenable. En 1876 il se forma à Marseille, sous le nom de Coray, un comité qui ouvrit une souscription ayant pour but de rapporter ses cendres à Athènes, où on lui élèverait un mausolée avec une statue, de construire à Paris un cénotaphe digne de lui, enfin d'imprimer ses œuvres inédites qui seraient données gratis à toutes les écoles de la Grèce libre et non libre. La première partie de ce programme a été remplie; la seconde vient de recevoir un commencement d'exécution. M. André Z. Mamoukas, chargé de la publication projetée, avait un culte pieux pour la mémoire de son illustre compatriote. Il en étudia les œuvres pendant un grand nombre d'années: il est même allé plusieurs fois à Chio pour copier tous les manuscrits de Coray et les notes et observations que ce dernier avait consignées sur les marges de ses livres. C'est après s'être ainsi préparé que M. Mamoukas vient de publier le volume que nous annonçons aujourd'hui. Ce volume est divisé en deux parties à peu près d'égale dimension. La première, consacrée à la préface, contient la biographie de Coray, aussi complète que possible et bien plus exacte que toutes les précédentes. Pour la rédiger, M. Mamoukas a surtout mis à profit l'autobiographie imprimée par le célèbre philologue peu de temps avant sa mort. Les notes qui suivent ne sont pas moins intéressantes, surtout au point de vue littéraire. M. Mamoukas a consulté toutes les nouvelles éditions des écrivains que Coray avait publiés auparavant, et il y a recueilli, soit dans les préfaces, soit dans les notes, tout ce qui le concerne. On trouve là comme un concert d'éloges qui fait le plus grand honneur à son savant compatriote. La seconde partie du volume contient le premier de ses opuscules inédits. Bien que cet opuscule porte le titre de lexique français-grec, il est plutôt, comme l'auteur le dit lui-même, un recueil de mots destinés à servir aux jeunes Grecs qui s'occupaient alors de traduire des ouvrages français. Chaque mot de ce lexique est accompagné de son correspondant grec, soit hellénique, soit vulgaire, ce dernier avec toutes ses formes; on y trouve citées aussi les autorités de Suidas, de Photius, d'Hesychius, de Ducange et même des modernes tels que Somavera, Welgel, etc. Sans parler des nombreuses corrections qui enrichissent ce travail, nous dirons que M. Mamoukas y a ajouté plusieurs indications utiles, entre autres celles du tome et de la page des Atacta où les mêmes mots se rencontrent. Comme supplément, le savant éditeur a donné toutes les additions manuscrites que Coray avait faites sur les marges d'un exemplaire d'un lexique de l'Académie française publié à Nimes. Quatre tables complètent cette intéressante publication: table des auteurs expliqués ou corrigés, des mots grecs ou vulgaires, helléniques et latins. Dans le projet primitif il avait été décidé qu'on réimprimerait les œuvres complètes du célèbre philologue. Nous comprenons qu'on y ait renoncé; toutefois nous regrettons qu'on n'ait pas fait une exception en faveur des Atacta, recueil important qui est devenu d'une excessive rareté.

E. M.

TABLE

DES ARTICLES ET DES PRINCIPALES NOTICES OU ANNONCES Que contiennENT

Les douze CAHIERS DU JOURNAL DES SAVANTS, ANNÉE 1881.

M. CH. GIRAUD.

Mémoire de M. de Choiseul remis au roi en 1765.

Ir article, mars, 171-184.

2o et dernier article, avril, 250-257.

M. A. DE LONGPÉRIER.

Le Trésor de San'a (monnaies himyaritiques), par Gustave Schlumberger, membre résidant de la Société des antiquaires de France. Paris, 1880, in-4°, 3 planches gravées.

Janvier, 42-52.

Découvertes archéologiques à Poitiers.

Mars, 140-146.

L'épitaphe d'un roi de Grenade.

Avril, 197-204.

Della antica citta d'Industria, detta prima Bodincomago, e de suoi monumenti, par M. Ariodante Fabretti, membre de l'Académie royale des sciences, professeur d'archéologie, etc. Turin, 1881, in-8°, 28 planches.

Septembre, 566-578.

Un joyau littéraire au xv° siècle.

Octobre, 620-628.

M. RENAN.

La topographie chrétienne de Lyon. Le baron Raverat : Fourvières, Ainay et Saint-Sébastien sous la domination romaine. Recherches archéologiques sur l'emplacement où les premiers chrétiens lyonnais souffrirent le martyre. Lyon, 1880.-E. Pélagaud: Recherches de topographie archéologique. Lieu précis du martyre de saint Pothin et de ses compagnons. Le plateau des Minimes, dans Lyon-Revue, novembre 1880.

Juin, 339-347.

M. EGGER.

Mélanges de feu François Thurot, professeur au Collège royal de France, membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres). Paris, 1880, gr. in-8°, xvi et 665 pages.

Avril, 204-212.

Pompei e la regione sotterrata del Vesuvio nell' anno LXXIX. Memorie e notizie pubblicate dall'ufficio tecnico degli scavi delle provincie meridionali. Napoli, MDCCCLXXIX, 1 vol. in-4°.

1 article, juin, 329-338.

2o et dernier article, juillet, 404-413.

Histoire du luxe privé et public, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, par M. Baudrillart, membre de l'Institut. Paris, 4 vol. in-8°; 1a volume ( 2° édition, 1880), Ix et 552 pages; 2° volume (2 édition, 1881), 518 pages; 3 volume (2° édition, 1881), 704 pages; 4° volume (1880), 740 pages.

Août, 477-490.

Conjectures sur une tragédie perdue de Théodecte, à propos d'une inscription nouvellement découverte à Jasos, en Carie.

Août, 504-508.

Delectus inscriptionum græcarum propter dialectum memorabilium. Composuit Paulus Cauer D'. Lipsia, 1877, 1 vol. in-8°, XXIV-176 pages. — Epigrammata græca ex lapidibus conlecta edidit Georgius Kaibol. Berolini, 1878, 1 vol. in-8°, XXIV-703 pages.

1" article, septembre, 542-552.

2° et dernier article, octobre, 581-590.

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De la critique d'attribution en histoire littéraire. - Chirurgie d'Hippocrate, par M. J.-E. Pétrequin. Paris, 1878, 2 vol. in-8°.- La république d'Athènes; lettre sur le gouvernement des Athéniens, adressée (378 av. J.-C.) par Xénophon au roi de Sparte Agésilas, par M. Émile Belot. Paris, 1880, 1 vol. in-4°, avec un supplément, 1881, in-4°. Les Harangues de Démosthène, texte grec, publié d'après les travaux les plus récents de la philologie, avec un commentaire critique et explicatif, une introduction générale et des notices sur chaque discours, par M. Henri Weil. Paris, 1881, 1 vol. in-8° (2o édition). Novembre, 672-680.

M. AD. FRANCK.

Revue des études juives, publication trimestrielle de la Société des études juives, n° 1 (juillet-septembre) et 2 (octobre-décembre 1880), 321 pages, gr.

in-8°. Paris.

Avril, 212-225.

Histoire de la philosophie scolastique, par B. Hauréau, membre de l'Institut. Première période (de Charlemagne à la fin du XII° siècle), 1 vol. in-8° de

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