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LA MERIDIENNE

DE PARIS,

VERIFIÉE

PAR DE NOUVELLES OBSERVATIONS.

CHAPITRE PREMIER. Mefure de l'arc,& grandeur du degré du Meridien compris entre Paris & Dunkerke.

OUS commencerons par la defcription de la mesure de cet arc, quoique la derniere exécutée. C'eft celle qui femble nous intéreffer davantage, & avoir plus de rapport à ce qui a été fait jufqu'ici à l'occasion de la Question de la figure de la Terre. Cet arc eft partagé en deux parties prefqu'égales par le parallele d'Amiens. Čette Ville eft, comme on fçait, un des termes de la Mesure de M. Picard, & le lieu où ce célébre Aftro

nome a fait plufieurs Obfervations, qui ont été vérifiées dans la fuite par M. de Maupertuis & fes Affociés. Enfin c'eft fur le degré mefuré par M. Picard, que font fondées prefque toutes les déterminations de la figure de la Terre, qui ont paru jufqu'aujourd'hui.

Nous nous fommes donc appliqués particulierement à mefurer, avec le plus de précifion qu'il nous a été poffible, la distance entre les paralleles de Paris & d'Amiens. Nous espérons, qu'après avoir examiné fans préjugé l'avantage des pratiques, & la fureté des Méthodes que nous y avons employées, on conviendra qu'il n'y a pas de distance terreftre plus exactement déterminée par des Opérations geométriques, que celle de Paris à Amiens.

V-LS

SECTION

SECTION PREMIERE Mesure de l'Arc terreftre compris entre Paris & Amiens.

L

ES calculs des triangles qui déterminent la longueur de cet arc, font fondés fur une base mesurée actuellement aux environs de Paris, fur le grand chemin de cette Ville à Fontainebleau, à peu-près dans la même direction que celle dont on trouve la defcription dans le Livre de la Mefure de la Terre de M. Picard. Ils ont été vérifiés par une autre base mesurée auprès d'Amiens.

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Mesure d'une bafe aux environs de Paris, & comparaifon de cette Mefure avec celle de M. Picard.

CETTE base a été mefurée avec des foins & des précautions extraordinaires, comme étant le principal fondement, & le terme de comparaifon de toutes les Opérations qu'on a faites dans toutes les parties de la France.

Mon pere fit d'abord conftruire quatre regles de fer de quinze pieds chacune bien dreffées, & rendues inflexibles par une regle pofée de champ dans prefque toute leur longueur. Il s'appliqua particuliérement à les affujettir à une mefure jufte. Pour cet effet, il vérifia les toifes de fer, dont nous nous étions déja fervis pour d'autres mefures, fur l'étalon qui eft fixé au pied de l'efcalier du grand Châtelet, & les y ayant trouvé parfaitement conformes il détermina fur le pavé de la grande falle de la Meridienne de l'Obfervatoire un espace de 10 toises, (*) au

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on

(*) Ayant comparé à cette mesure de 10 toifes, une regle de fer de quatre pieds, qui avoit été divifée en lignes dans toute fa longueur, par M. Picard fut étonné de la trouver trop longue d'un quart de ligne. Le foin avec lequel cette regle paroît avoir été faite, & le nom de M. Picard, fembloient tellement répondre de fa jufteffe, qu'on s'en eft fervi dans plufieurs mefures importantes, & für-tout dans celles des deux bafes, qui font aux extrémités de l'ancienne Meridienne.

E

quel il ajufta fes regles de fer mises bout à bout.

Il s'étoit déterminé à n'employer que des regles de fer I. Afin d'éviter l'effet de la féchereffe & de l'humidité, qui font varier fenfiblement les mefures de bois, comme nous l'avions remarqué dans plufieurs occafions. II. Parce que les mefures de bois font plus fujettes à fe plier, & à fe conformer aux petites inégalités du terrein. III. Parce qu'il faut toujours employer des mesures de fer, pour déterminer la jufte longueur de celles de bois.

Il eft vrai que le fer eft plus fufceptible que le bois, des impreffions du froid & du chaud, lefquelles font fur lui à peu-près le même effet que la féchereffe & l'humidité sur le bois; mais on peut, à l'aide du Thermométre, connoître les différens degrés de chaud & de froid, & déterminer par expérience leur rapport avec les variations de la longueur du fer, au lieu qu'il eft difficile de s'affurer de la quantité dont la féchereffe & l'humidité peuvent faire accourcir ou allonger des mesures de bois.

On s'étoit propofé de faire conftruire deux Pyramides de pierre aux extrémités de la nouvelle bafe, pour fervir de monumens plus durables que n'étoient les termes de M. Picard. En attendant, mon pere entreprit de mefurer la diftance depuis un piquet qu'il fit planter à demeure un peu en-deçà de la Croix de pierre qui eft à gauche du grand chemin de Paris à Fontainebleau, avant que d'entrer à Villejuive, jusqu'au premier arbre de l'avenue qui cft à gauche au détour du chemin qui commence à defcendre dans Juvify.

Les principales précautions que mon pere prit, pour écarter tout foupçon d'erreur, furent

1o. De marquer des Repaires fur les regles de fer, afin de les conferver, pendant la mefure, dans le même ordre.

2o. De les faire pofer toujours le long de deux cordeaux de 50 toifes chacun, tendus dans l'allignement de la bafe.

3o. De ne les faire lever que fucceffivement, & d'en laiffer toujours deux au moins pofées à terre, afin que fi par

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