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rique; & que la Terre étoit encore plus allongée vers les Poles, qu'on ne l'avoit trouvée par la mesure des degrés du Meridien.

Si les Obfervations faites en France favorifoient l'allongement de la Terre vers les Poles, d'un autre côté celles qui avoient été faites en Cayenne par M. Richer fur la longueur du Pendule, qui y étoit plus court qu'en France, fembloient demander au contraire qu'elle cût la figure d'un fphéroïde applati, ce qui a été suffisamment expliqué par MM. Huyghens, Newton, & par divers autres Mathématiciens & Phyficiens célebres.

ON peut voir dans le Traité de la grandeur & de la figure de la Terre, (page 242) qu'en fuppofant la Terre allongée, telle qu'on l'avoit trouvée dans la defcription de la Meridienne, on devoit trouver une différence de près de 900 toifes, entre le degré qu'on obferveroit vers l'Equateur, ou fous les Poles, & celui qui eft fur le parallele de 45°, au lieu que fur ce parallele, il n'y avoit, d'un degré à l'autre, qu'une différence de 3 1 toises 1 pied; de forte qu'en mefurant fous l'Equateur une pareille quantité de degrés qu'en France, on pouvoit parvenir à déterminer la figure de la Terre, avec une précision fans comparaifon plus grande, qu'on ne l'avoit fait jufqu'alors.

ON pouvoit d'ailleurs mefurer les degrés de longitude fous l'Equateur, & les comparer immédiatement avec ceux du Meridien, dans lefquels il devoit y avoir une différence de plus de 1200 toises fur chaque degré.

Ce fut par toutes ces confidérations que M. Godin forma en 1735 le projet d'aller mesurer les degrés fur l'Equateur, & cette entreprise fut jugée fi glorieuse à la France, & en même-tems fi utile à toutes les Nations, que M. le Comte

de Maurepas, Miniftre & Secretaire d'Etat, procura bientôt à cet Académicien, de même qu'à MM. Bouguer & de la Condamine qui fe joignirent à lui, les ordres du Roi & les fecours néceffaires pour l'exécution de ce projet.

PEU de tems après, M. de Maupertuis propofa à l'Académie d'aller le plus au Nord qu'il feroit poffible, mesurer un degré du Meridien, de même qu'on devoit le faire sous l'Equateur. Il partit l'année fuivante avec MM. Clairaut, Camus, le Monnier & l'Abbé Outhier, pour exécuter cet ouvrage. Pour moi je continuai en France,avec M. Maraldi, les mêmes opérations qui avoient été commencées en 1733, lesquelles, suivant le plan que mon pere s'étoit formé, devoient me conduire à la description de diverses Meridiennes, & principalement à la vérification de celle de Paris, qui étoit le fondement de tout notre Ouvrage, puisque c'étoit de là que partoient toutes les paralleles, & qu'en décrivant le contour du Royaume, on devoit se réunir aux deux extrémités de cette ligne.

CETTE vérification de la ligne Meridienne de l'Observatoire étoit devenue d'autant plus intéreffante, que comme pour déterminer la figure de la Terre, on s'étoit propofé de comparer le degré du Meridien obfervé vers le Nord, ou vers le Midi, avec ceux qui avoient été observés en France, il étoit de la derniere importance d'avoir la grandeur de ces degrés, avec toute la précision poffible. De cette forte l'on mefuroit, pour ainsi dire, dans le même-tems tout l'Hémisphere feptentrional de la Terre, en déterminant fa courbure en trois points différens, fous l'Equateur, vers le Pole, & entre le 42 & 5 1e degré de latitude.

LES Académiciens qui avoient été vers le Nord, quoique partis les derniers, revinrent les premiers, & nous appri

rent que le degré vers le Cercle polaire, étoit plus grand que ceux que l'on avoit mefurés en France, & par conféquent que la Terre étoit applatie vers les Poles, & même beaucoup plus que M. Newton l'avoit fuppofé.

CETTE mesure qui avoit l'avantage d'avoir été faite sous un parallele, où la grandeur du degré du Meridien devoit être fort différente de celui qui eft en France, paroiffoit avoir été exécutée avec tant de foin, & avec des Inftrumens fi exacts, que quoique la détermination qui en réfultoit, fût feule contraire à ce que l'on avoit trouvé par les Observations faites en France, elle fembloit devoir leur être préférée, d'autant plus que dans les opérations de la Méridienne, on n'avoit point eu égard à l'aberration des Etoiles fixes, dont les loix n'étoient pas encore connues; ce qui a inAué sur la grandeur des arcs céleftes.

la

MON pere qui avoit eu la plus grande part aux Obfervations de la Meridienne, avoit auffi reconnu, en traçant perpendiculaire, combien les nouveaux Inftrumens, dont on se sert présentement, étoient fupérieurs à ceux qu'il avoit employés dans la Meridienne. On avoit jugé alors que les plus grands étoient les meilleurs, ce qui eft vrai, toutes chofes étant d'ailleurs égales; mais la grandeur de ces Inftrumens, formoit un grand inconvenient, par l'impossibilité où l'on fe trouvoit quelquefois, de les placer dans les lieux où l'on étoit obligé d'observer, tels que des Clochers fort étroits, & embarraffés de charpente. De forte que dans quelques triangles qu'on avoit employés pour décrire la Meridienne, on avoit été obligé de conclure un des trois angles, fans l'observer immédiatement, de même qu'avoit fait M. Picard dans fa mesure de la Terre, ce qui peut caufer des erreurs d'autant plus dangereuses, que s'il y en a eu quel

qu'une, l'on ne peut en reconnoître la quantité; au lieu que lorfque l'on a obfervé les trois angles, fi leur fomme différe considérablement de 180 degrés, on peut les vérifier de nouveau, & en conftater la jufte valeur.

IL convenoit donc d'avoir des Quarts-de-Cercle d'un moindre rayon, & dont la précision égalât celle des plus grands, ce que l'on fe procura par l'application du Micrometre aux lunetes de ces Inftrumens, dont on doit l'idée à M. le Chevalier de Louville, & qui rend les divisions plus exactes, & en même-tems plus fenfibles. On y fit outre cela diverses additions pour en faciliter l'ufage, la plûpart inventées par le sieur Langlois, qui joint à beaucoup d'intelligence, une grande précision dans l'exécution des Ouvrages qui fortent de fes mains.

CETTE application du Micrometre paroiffoit encore plus néceffaire aux Inftrumens destinés pour les Obfervations aftronomiques, qui, plus ils font grands, plus ils font fujets à fe déranger par le transport.

DANS cette vûe, on fit conftruire en 1738 un Secteur de fix pieds de rayon, qui comprenoit plus de 50 degrés, afin de pouvoir obferver un grand nombre d'Etoiles à diverfes distances du Zenith. Le poids & le volume de cet Inftrument étoient tels, qu'on pouvoit le transporter dans tout le Royaume, dans une caiffe portée sur des brancards par des mulets, afin qu'il ne pût fouffrir aucune altération. On avoit auffi fait conftruire un Quart-de-Cercle de deux pieds de rayon, garni de deux Micrometres, pour différens usages que j'expliquerai dans la suite (*).

LA Conftruction de ces Inftrumens ayant été achevée, on fe propofa de les vérifier: on détermina avec le Secteur les (*) Voyez dans la troifiéme Partie de cet Ouvrage, page iv.

distances

diftances de différentes Etoiles au Zenith. Cette Obferva-) tion s'exécutoit avec beaucoup de facilité & de précifion par deux Obfervateurs, dont l'un étoit uniquement occupé à voir si avant, après, & même pendant l'Obfervation, le fil à plomb partageoit en deux parties égales le point du limbe le plus proche de la hauteur de l'Etoile, tandis que l'autre Obfervateur tournoit en différens fens la vis du Micrometre, jufqu'à ce que le fil mobile porté fur un Curfeur, parût divifer exactement l'Etoile. On répéta plufieurs jours de fuite les mêmes Obfervations, la face de l'Inftrument étant tournée tantôt du côté de l'Orient & tantôt du côté de l'Occident, & rarement on y trouva des différences de deux ou trois fecondes.

IL reftoit à examiner, fi les Obfervations de différentes Etoiles concouroient toutes à donner fur le limbe le même point qui répond au Zenith, ce qui devoit être une preuve de l'exacte divifion de toutes fes parties. Ce point étant une fois établi, l'on devoit reconnoître fi, dans les différentes ftations que l'on fe propofoit de faire, il n'y arriveroit point quelque changement, & fi un Inftrument de cette conftruction étoit fujet à fe déranger. On verra dans la fuite, que le point du Zenith de cet Inftrument, dans cinq stations différentes, après un transport de près de 500 lieues, n'a pas varié de plus de fix à fept fecondes, quantité fi petite, qu'une partie peut bien être attribuée à l'erreur des Obfervations, & l'autre à quelque variation qui peut arriver à tout Inftrument, telle que dans la croifée des fils fixés au foyer de la lunette, lefquels, quoique tendus par des refforts, peuvent fe déranger, & enfuite fe rétablir. En effet, il y a tout lieu de foupçonner, que la température de l'air, qui fouvent n'eft pas la même dans les différens tems où l'on verifie un même Inftru

B

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