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avec attention, elle m'a paru du genre des acidules, & femblable par toutes fes qualités aux Eaux de Pougues en Nivernois,comme font auffi les autres Fontaines de Clermont. Elle fort avec impétuofité, en produifant beaucoup de bulles d'air; elle eft très-limpide, & naturellement un peu tiéde: on ne voit aucune incruftation autour de fon baffin, non plus que dans un tuyau de décharge où il devroit y en avoir davantage; elle coule à préfent au travers d'un jardin ; & je apperçu ni dans fon lit, ni autour des corps étrangers qui s'y rencontrent, aucun veftige de pétrification; au contraire la terre eft couverte d'un limon jaune très-léger, un peu onctueux, femblable à celui qu'on voit dans prefque toutes les Eaux minérales. J'ai observé ici ce que rapportent quelques Auteurs touchant la grande volatilité de l'acide minéral, qui eft dans ces Eaux ; car à 20 pas tout au plus de fa fource elle avoit perdu la plus grande partie de ce goût aigrelet qu'on lui trouve quand on la boit immédiatement à fa fource: & dans l'endroit où elle fe perd dans le ruiffeau qui coule au bout du jardin, à peine eft-elle différente de l'eau commune. Dans le cours qu'elle fuit aujourd'hui, il eft bien certain qu'elle n'a encore rien dépofé. A l'égard de la muraille, elle m'a paru compofée en partie d'un rocher vif, & en partie d'une muraille de maçonnerie ces deux parties font maintenant couvertes d'une croûte pierreuse, plus ou moins épaiffe, telle qu'il s'en dépofe dans notre Aqueduc d'Arcueil, ou plutôt telle que celle qui recouvre le Rocher des caves de l'Obfervatoire. L'acide que contient l'Eau minérale de S. Allyre aura bien pû diffoudre autrefois quelques pierres tendres qui fe feront trouvées dans fon cours; & comme cet acide s'évapore aifément, il aura dépofé ce fédiment pierreux, à mesure qu'il fe fera évaporé; Ceci paroîtra d'autant plus vrai-femblable, qu'on fçait que cet acide commence à s'exhaler, dès qu'il communique avec l'air, & que la muraille en queftion n'eft pas fort éloignée de la fource: mais il a bien pû arriver auffi que l'Eau minérale aura diffout toute la pierre qui s'eft trouvée dans fon cours, & que dès-lors elle aura ceffé de charier, & par conféquent de

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dépofer du fédiment pierreux ; car par des différentes Expé riences que j'ai faites fur cette Eau, elle m'a paru fort femblable à celle de Jaude qui n'a qu'une partie environ de fédiment, tant falin que terreux.

On voyoit autrefois à l'extrémité méridionale de la place de Jaude plufieurs Fontaines minérales, dont les trois principales s'appelloient les Sources de Jaude, de Beaurepaire & du Champ des Pauvres. Il n'y a plus aujourd'hui que celle de Jaude: c'eft de toutes les Fontaines de Clermont celle dont on fait le plus d'ufage. Cette Eau fort de fa fource en bouillonnant, & produit en fortant beaucoup de bulles d'air : elle a une odeur particuliére qu'il n'eft pas aifé de définir. Son goût eft acidule, piquant; & quand on en boit un grand verre, elle revient au nez, picote & fait pleurer précisément comme fait la bierre nouvelle: mais ce goût vineux eft bientôt effacé par un autre extrêmement défagréable. J'ai examiné les parois du petit baffin quarré d'où elle fort, & je ne fuis pas apperçu qu'elles fuffent couvertes d'aucune croûte pierreufe: j'ai trouvé feulement une bouë mucilagineuse, jaunâtre, douce au toucher, même jufqu'à paroître onctueufe; ce même fédiment eft plus abondant dans le petit ruiffeau que forme la décharge de cette fource: il fe réduit prefqu'à rien en féchant, & contracte une mauvaise odeur. La boue noire qu'il recouvre, fent encore plus mauvais, & fon odeur approche de celle de foye de. foufre. Au refte l'eau de cette Fontaine eft très-limpide, & fa chaleur, quand je l'ai examinée au mois d'Août, étoit à peu près femblable à celle de l'Atmofphére, fçavoir de 19 ou 20 degrés au-deffus du terme de fa congellation.

me

J'ai fait fur l'eau de cette Fontaine différentes Expériences qui pourront fervir à faire connoître ce qu'elles contiennent en général.

Premiérement, elles perdent leur goût acidule, quand elles font gardées & expofées à l'air pendant feulement 24 heures, & plutôt encore quand on les fait un peu chauffer; elles ne confervent que ce goût défagréable qui provient à ce que je crois, de l'Alkali minéral, & du bitume qu'elles contiennent.

2. Une pincée de poudre de Noix de Galles, projettée dans un verre decette Eau, l'a teinte d'une couleur rouffe; mais une infufion de Noix de Galles dans l'Eau commune, mêlée avec autant de cette Eau minérale, n'a produit aucun changement fenfible.

3. Elles n'ont aucunement altéré le papier bleu que j'y ai trempé, fans doute parce que l'effet que pouvoit y faire l'acide volatile, eft détruit par l'Alkali minéral qui domine dans ces Eaux; car

4. Elles ont teint d'un beau vert le firop de violette j'avois auparavant délayé dans un peu d'eau commune.

que

5. Elles ont fait une ébullition affez vive avec l'huile de Vitriol, l'efprit de Nitre, le Vinaigre.

6. Elle a été beaucoup plus vive avec l'Alun en poudre. 7. Elles n'ont fait que troubler un peu la folution claire de Sublimé corrofif.

8. Elles n'ont rien produit de bien sensible avec l'Eau de chaux.

9. Elles ont précipité l'Argent en un caillé blanc, quand j'ai verfé fur deux onces d'eau quelques gouttes de diffolution de ce métal.

10. De même elles ont précipité la chaux du plomb quand je les ai mêlées avec une diffolution claire de Sel de Saturne.

N'ayant pas eu la commodité de faire évaporer une quantité fuffifante de ces Eaux, je n'ai pû reconnoître directement s'il y avoit quelques Sels, comme le Sel marin, le Sel de Glaubert, &c. mais il y a grande apparence par les épreuves que je viens de rapporter, qu'elles contiennent au moins du Sel marin & quelque Alkali minéral.

11. Au reste le sédiment qui demeure dans le vaiffeau après June évaporation rapide, mis fur le feu, a rendu une odeur de bitume; & ce fédiment, après la calcination, a violemment fermenté avec les Acides.

Les Expériences que j'ai faites fur les Eaux de S. Allyre, de la Fontaine Saint Pierre, d'une autre Fontaine, qui eft dans une ruë qui defcend à la premiére de celles que je viens

de nommer, & d'une infinité d'autres qu'on voit partout dans cette Ville, m'ont fait voir à peu près les mêmes effets dont je conjecture que toutes ces Eaux ont les mêmes principes, & par conféquent les mêmes vertus.

La Fontaine de S. Nectaire, qui eft à trois ou quatre lieuës de Clermont, du côté du Mont-d'Or, m'a paru encore du même genre; & je trouve par l'examen de bien d'autres Sources que M. Chomel a eu occafion de voir en Auvergne, que la plus grande partie des Fontaines minérales de cette Province, tant chaudes que froides, fe ressemblent beaucoup en ces trois points; fçavoir, qu'elles contiennent un Acide minéral volatile, un Alkali minéral joint à de la Selenite, & une matiére graffe & bitumineuse.

On compte encore parmi les curiofités de la Ville de Clermont, une Fontaine bitumineufe qui fe voit à une demi-lieuë à l'orient de cette Ville, à une portée de pistolet, d'une butte qui s'élève du milieu de la Limagne : la Source n'eft pas fort abondante, ne coule prefque pas, & tarit fouvent; l'eau en eft aigrelette, & a de plus une amertume infupportable. Sa furface eft couverte d'une couche mince de bitume, qu'on prendroit pour de l'huile ; & qui venant à s'épaiffir par la chaleur de l'air, reffemble en quelque façon à de la poix: c'eft pour cette raifon fans doute que les Payfans qui s'en fervent pour graiffer les effieux de leurs chars, appellent cette Fontaine, le Puits de Pege; c'eft-à-dire, le Puits de la poix. En examinant la nature des terres qui environnent cette Fontaine, & en parcourant la petite butte qui n'eft pas fort éloignée, j'ai apperçu du bitume noir qui découloit d'entre les fentes des Rochers; il fe féche à mesure qu'il refte à l'air; & j'en ai ramaffé environ une demie livre. Il eft fec, dur & caffant, & s'enflamme aifément; il exhale une fumée noire, fort épaiffe, & l'odeur qu'il répand, ressemble à celle de l'Afphalte: je fuis perfuadé que par la distillation on en retireroit du Petrole.

J'ai déja remarqué que les trois Sources minérales du Mont-d'Or, fçavoir, celles du Bain de Céfar, du grand Bain & de la Magdelaine ont la même origine; leur situation, leur

goût, leur degré de chaleur, enfin la conformité de leurs vertus ne permettent pas d'en douter: mais l'examen que j'ai fait des matiéres qu'elles contiennent, le prouve invinciblement. Je pourrois leur joindre encore la petite Source chaude, qui eft fur le bord du chemin, derriére l'Eglife, qui eft éloignée de celles-ci de plus de trois-cens pas: car les altérations que les eaux de ces quatre Sources ont reçûes, en y mêlant différentes matiéres, ont éte parfaitement femblables. Je ne dis pas cependant qu'elles contiennent les mêmes principes dans une égale proportion; car je n'ai pas eu le tems, les inftrumens ni la commodité néceffaire pour m'en affûrer; mais toûjours je fuis sûr qu'elles contiennent toutes exactement les mêmes matiéres. Je vais rapporter les Recherches que j'ai faites fur l'Eau du Bain de Céfar, & l'on pourra juger des autres Sources par les effets de celle-ci. Si elles ont quelques différences réelles, on peut regarder celleci comme la plus parfaite, puifqu'elle fort la premiére du Rocher, qu'elle eft la plus chaude & la plus abondante.

Premiérement, ces Eaux ont d'abord un goût aigrelet,vineux, qui prend au nez, & qui eft couvert enfuite par un goût fade & défagréable, auquel bien des Malades ne fçauroient s'accoutumer: elles n'ont pas d'odeur bien marquée, finon une légére odeur de leffive dont on s'apperçoit particuliérement dans le Bain de Céfar, où les vapeurs qui s'élévent continuellement du Bain, fe tiennent concentrées; au refte l'eau eft très-vive, très-claire, douce au toucher, jufqu'à paroître favoneufe ; & pour peu qu'on l'agite dans une bouteille de verre, elle rend quantité de bulles d'air, beaucoup plus que n'en rend un pareil volume d'eau commune chauffée au même degré.

2. Quoique le goût de ces Eaux découvre un Acide minéral, cependant elles n'en ont pas donné de preuve bien manifefte; car elles n'ont jamais rougi le papier bleu, la teinture de Tournefol, ni fait la moindre ébullition avec l'huile de Tartre par défaillance: foit parce que cet Acide eft en trop petite quantité, & trop volatile; ou bien parce qu'il fe porte promptement fur les autres matieres

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