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nité d'autres matieres qui tuent fur le champ les animaux qu'on y enferme; du moins la conformité des effets de la Pouffe avec ceux que produit la vapeur des matieres dont je viens de parler, femble autorifer ce fentiment cependant je ne fçaurois diffimuler que l'air dans lequel fe trouve la Pouffe, m'a paru avoir autant de reffort que celui qu'on refpire hors la Mine; car y ayant mis mon Barométre, j'ai trouvé la hauteur du Mercure dans la Pouffe de 26P812 randis qu'au haut du Puy de la Forge il n'étoit fufpendu qu'à la hauteur de 26o 617.

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De plus le Thermométre qui, au haut du même Puy de la Forge, étoit dans l'air libre à 22 degrés au-deffus du terme de la congélation, n'étoit plus qu'à 16 au fond de la Mine & dans la Pouffe: Ainfi donc la plus grande élevation du Mercure dans le Barométre, & le plus grand abaissement du Thermométre, prouvent que l'air dans lequel nage la Pouffe, eft plus denfe que l'air extérieur.

Voici maintenant les Expériences que j'ai faites pour détruire cette Vapeur; elles font fondées fur ma conjecture, qu'elle détruit l'élafticité de l'air. J'ai fait defcendre un bon réchaud de feu avec une bouteille de vinaigre ; j'ai fait mettre ce réchaud dans un cul-de-fac où il y avoit beaucoup de Pouffe; & comme le feu s'y éteignoit rapidement, je m'empreffai de verfer deffus quelques cuillerées de vmaigre qui acheverent de l'éteindre, & ne diffiperent point la Pouffe: elle me parut, quand j'y mis la lampe, prefque auffi vive, qu'avant que j'y euffe fait mettre le réchaud. Je remontai à terre, & je fis allumer de groffes mottes de charbon que j'enfermai dans une cage de fer: je fis auffi rougir à la forge une douzaine de gros cailloux, & je pris des morceaux de toile à faire des facs, avec une bonne provision de vinaigre. Dès que je fus arrivé en-bas avec tout cet appareil, j'allai à un endroit où il y avoit de la Pouffe ; après avoir fait l'effai avec la lampe j'y jettai deux ou trois de mes pierres enveloppées dans de la toile imbibée de vinaigre ; il s'éleva auffi-tôt une vapeur épaiffe d'une odeur forte de vinaigre que j'eus foin d'entretenir en y en verfant quelques autres cuillerées. Quand

je remis la lampe, fa lumiere fe conferva très-vive, & fans s'éteindre: j'allai faire la même Expérience à divers endroits, qui me réuffit de même, & j'en chaffois la Pouffe affez promtement; mais au bout d'une heure & demie, quand je vins à l'endroit où j'avois fait la premiere Expérience, je trouvai qu'elle commençoit à revenir, & le lendemain il y en avoit autant que la veille, avec cette difference feulement qu'elle paroiffoit moins vive; j'ai projetté du Tartre en poudre fur des charbons ardens que j'avois mis dans la Pouffe, la fumée qui s'en eft élevée, a détruit la Pouffe; mais elle eft pareillement revenue au bout d'un certain tems. Je crois qu'on trouvera toujours cet inconvenient, quelque matiere qu'on employe pour diffiper cette vapeur : fçavoir, qu'on chaffera bien celle qui eft prefente, mais qu'on ne pourra pas empêcher qu'il en vienne d'autre à la place. Comme je n'avois pas dans ce Village quantité d'autres chofes que j'aurois pû éprouver, je m'en fuis tenu à ces Expériences.

Defcription des Carrieres d'Améthyste,

LES plus belles Carrieres d'Améthyfte font à Pegu dans la Paroiffe du Vernet, à quatre lieues au Nord de Brioude, & à trois bonnes lieues des Mines de charbon de la Compagnie. On en voit auffi quelques-unes au haut de la côte qui borde la Riviere d'Allier vis-à vis Braffaget; mais ces Carrieres ne font que des tentatives, & n'ont pas plus de trois à quatre toifes de profondeur : les Améthyftes qu'elles fournissent, font beaucoup moins belles que celles de Pegu. Il y a grande apparence qu'on pourroit ouvrir bien d'autres Carrieres dans ce Canton, puifque les bancs de rochers dont on les tire, fe continuent dans un espace de plufieurs lieues, & paroiffent toujours de même nature.

Il n'y a pas long-tems, fuivant ce que j'ai appris, que ces Carrieres font ouvertes. Des Genevois y viennent travailler de tems en tems dans l'Eté, & emportent avec eux les cryftaux bruts d'Améthyfte, dont ils font des bagues qu'ils débitent à bon marché dans les Provinces ; c'eft pour cette rai

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fon, qu'on appelle ces cryftaux des Pierres de Bagues. Il y en a d'une très-belle couleur & d'une eau très-pure: j'en ai fait tailler à Murat par un Lapidaire, pour mettre dans le Cabinet du Jardin du Roi, qui feroient d'un très-grand prix, fi elles avoient la dureté des Pierres précieuses. Au refte ces Carrieres n'ont pas encore été bien approfondies ; & il y a lieu de croire qu'on trouveroit des veines plus parfaites, fi on creufoit davantage. La plus petite Carriere dans laquelle je fuis entré, a dix ou douze toifes de longueur, & s'abaiffe d'environ cinq toifes au-deffous de la furface de la terre. L'autre Carriere qui eft, à ce qu'on m'a dit, la plus considérable, étoit infectée par une charogne qui en bouchoit l'entrée.

La nature femble s'écarter ici de fes regles ordinaires & même en fuivre de directement oppofées; dans prefque toutes les Carrieres, les pierres font ordinairement difpofées par bancs ou tables à peu près horisontales, & chaque table eft diftinguée par une veine plus ou moins épaiffe, d'une matiere communément plus tendre que la pierre. C'eft ainfi qu'on voit les bancs de pierre à Plâtre, féparés par des lits de Schift, de glaife, ou de pierres fpéculaires: ceux des pierres de tailles, par de l'argile, du bol, &c. Les bancs de cette Carriere font au contraire des tables verticales pofées comme fur leur champ, & la matiere qui les fépare, eft le crystal d'Amethyfte dont la dureté furpaffe de beaucoup celle de la pierre, qui eft cependant une Gangue affez dure.

Chaque veine d'Amethyfte a quatre travers de doigts d'épaiffeur, & s'étend auffi loin que le rocher qu'elle accompagne, dans une direction de l'Eft à l'Ouest à peu près. Cette veine cryftalline n'adhére pas également aux deux tables entre lefquelles elle fe trouve;elle eft intimement unie à l'une des deux, à peine est-elle feulement contigue à l'autre. La furface qui tient fortement au rocher, eft compofée des fibres réunies de chaque faifceau qui compofe l'Amethyfte; & ce faisceau fe termine de l'autre côté en une pyramide a cinq ou fix faces fouvent inégales, hautes d'environ fix lignes, enforte que la furface de cette croute cryftalline, qui regarde le rocher auquel elle eft le moins adhérente, eft toute hériffée de pointes

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de Diamans. Chaque pyramide eft revêtue d'une croute d'un blanc fale; mais l'intérieur est très-fouvent une Amethyste de la plus belle couleur : il s'en trouve de toutes les nuances, & j'en ai vu qui étoient auffi blanches que le plus beau crystal de roche. Ces pierres font beaucoup plus parfaites, & n'ont même de tranfparence que vers les pointes ; le milieu & l'autre extrémité font prefque toujours glaceux. Les Payfans des environs en caffent les plus beaux morceaux qu'ils vendent aux Curieux. J'ai acheté celles que j'ai fait tailler pour le Cabinet du Jardin du Roi, & elles étoient beaucoup plus belles que celles que j'ai ramaffé dans la Carriere. Ils en connoiffent peut-être quelque autre dont ils n'auront pas voulu me montrer l'iffuë.

Des Mines d'Antimoine de Merqueure.

Ces Mines font fituées dans le plus affreux pays de la haute Auvergne, à deux lieues au Midi de Brioude, dans la Paroiffe de Merqueure; elles appartiennent à une Compagnie d'Interreffés qui les fait exploiter à fes dépens & qui a établi fon Magafin à Brioude: on embarque l'Antimoine fur la riviere d'Allier & on le fait defcendre jusqu'à Paris, à Rouen & aux autres lieux où s'en fait la confommation. Le chemin qui conduit à Merqueure eft fi rude & fi difficile, qu'il n'y a que les mulets du pays qui puiffent y paffer, encore faut-il plus de fix heures pour y arriver. On fent de loin l'odeur de fouffre qui s'exhale des fours où on fait fondre la mine d'Antimoine, & les feuilles des broffailles qui font aux environs en paroiffent endommagées. La Mine s'annonce par des veines plombées qu'on apperçoit fur des bancs de rochers qui courent à fleur de terre: la plupart de ces veines affectent des directions paralleles & fe joignent fouvent par d'autres veines plus petites qui les traverfent obliquement: on voit auffi quantité de cailloux blancs qui font répandus fur la furface de la Terre, dont la figure eft rhomboïdale, & qui paroiffent de vrai Spathe.

La Mine de Merqueure fournit une affez grande quantité

d'Antimoine, & ce premier établiffement eft le plus confidérable & celui qui produit le plus à la Compagnie; mais on tire au Puy de la Fage, qui eft une nouvelle entreprise que la Compagnie a faite à une lieue de Merqueure, une mine d'Antimoine beaucoup plus belle & beaucoup plus riche: celle-ci eft extrêmement pure & rend fouvent 75 pour cent. Les éguilles font toutes formées dans les filons de cette Mine, & l'Antimoine qu'on en retire eft magnifique & ne cede pas en beauté au plus bel Antimoine de Hongrie. Les éguilles font longues, brillantes, & forment différens angles aigus très-diftingués; la Mine de Merqueure fournit au contraire bien plus de fcories, on y voit rarement de belles éguilles, celles de l'Antimoine fondu font courtes, confufes & n'ont aucune direction bien marquée.

Un écroulement furvenu quelques mois avant mon arrivée avoit fait fufpendre les travaux de ces Mines, & depuis ce tems tous les puits s'étoient remplis d'eau ; je n'ai pû defcendre que dans une gallerie peu profonde, où l'on suivoit un filon d'Antimoine très-modique à la verité, mais d'une matiere auffi riche que celle du Puy de la Fage: le Commis qui me conduifoit m'affura qu'il n'en avoit jamais vu de fi belle, & que je voyois dans ce filon tout ce que je pouvois défirer de voir dans les galleries les plus profondes: voici donc ce que j'en ai obfervé, & l'ordre des différentes matieres qui l'accompagnent.

Le filon paroît courir de l'Ouest à l'Eft, & s'enfonce dans la terre à mefure qu'il va vers l'Orient : il eft large de deux pouces, j'ignore quelles font fes autres dimensions. Du côté du Nord il eft uni à un rocher franc qui eft une Gangue très-dure. Cette gangue eft parfemée de veines de Marcaffite, que les Ouvriers appellent de la Mine morte; à mefure qu'elle s'éloigne du filon, elle fe change en un Spathe blanc, prefque diaphane & partagé en un grand nombre de feuillets de figure rhomboïdale. Du côté du Midi le filon eft contigu à une pierre affez tendre & graveleufe, qu'ils appellent la Ponte; après cette pierre fuivent différens lits d'une terre favonneufe, légére, capable de s'effeuiller à l'air &

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