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13882

Se

DE L'ESPRIT

DES ou le sqaron

LOIX,

OU DU RAPPORT QUE LES LOIX DOIVENT AVOIR AVEC LA
CONSTITUTION DE CHAQUE GOUVERNEMENT,LES MOEURS,
LE CLIMAT, LA RELIGION, LE COMMERCE, &c.

A quoi l'Auteur a ajouté

DES RECHERCHES NOUVELLES SUR LES LOIX ROMAINES
TOUCHANT LES SUCCESSIONS, SUR LES LOIX FRAN-
ÇOISES, ET SUR LES LOIX FEODALES.
DERNIERE EDITION,

Revue, corrigée & confidérablement augmentée par l'Auteur.
TOME PREMIER.

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DES LIBRAIRE S.

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Oici une nouvelle Edition d'un Ouvrage dont le Public con noit déja le mérite. L'importance de la matière qui y eft traitée, les idées neuves qui s'y trouvent, la beauté du plan, l'étendue des vues, le choix des fujets, l'art merveilleux avec lequel tout y est ramené à des principes folides, la justesse des conféquences, la fagacité dans les difcuffions; tout, en un mot, a contribué à faire valoir cette production.

Joignez à ces avantages la grande réputation de l'Auteur, dont le nom feul a donné du prix à l'Ouvrage, avant même qu'il parût. On favoit à peine qu'il étoit imprimé, qu'on l'a demandé avec un empreffement dont il y a peu d'exemples. Deux autres Ouvrages immortels faifoient déja foi de la grande capacité de l'Homme illuftre à qui on l'attribue. On étoit bien perfuadé qu'il ne pouvoit rien donner qui ne fût exquis. Auffi l'attente du Public n'a-t-elle pas été trompée. A la prémière lecture de l'Esprit des Loix on s'eft d'abord écrié avec un tranfport mêlé d'admiration: Voila le Père des fameuses L................ P...................., voila le Grand- homme, qui nous a fi bien peint les Romains, qui nous a expofé avec tant d'énergie les caufes de leur Grandeur & de leur Décadence; oui le voila, c'eft lui-même.

.....

Quoique ces trois Ouvrages ayent été formés fur des plans différens, on reconnoit cependant fans peine qu'ils partent de la même fource. Dans l'un & l'autre, mêmes principes, même manière de penser. Si le Stile de l'Esprit des Loix eft en général moins vif, moins animé, moins fleuri que celui des L...... P.,.. ....., s'il eft moins nerveux que celui des Confidérations fur les Caufes de la Grandeur des Romains & de leur Décadence, c'eft que le fujet du prémier de ces Ouvrages étant plein de gravité & de majefté, les traits faillans & la brieveté lui conviennent moins qu'aux deux autres. Un Ouvrage qui demande néceffairement des détails, des difcuffions, de l'érudition même, eft moins fufceptible qu'un autre des ornemens du Stile. D'ailleurs, comme le remarque très bien l'Auteur dans fa Préface, pour peu qu'on voye les chofes avec une certaine étendue, les faillies s'évanouiffent; elles ne naiffent d'ordinaire que parce que l'esprit se jette tout d'un côté & abandonne tous les autres.

L'Edition

L'Edition que nous publions aujourdhui a fur celles que nous connoiffons de grands avantages. Elle eft à tous égards beaucoup plus correcte & plus complète. Les deux prémières qui ont d'abord páru en deux Volumes in quarto, fous le titre de Genève, quoique f'une ait été faite à Paris, font pleines de fautes d'impreffion; il y a peu de pages où l'on n'en trouve. Un autre défaut bien plus effentiel encore, c'eft qu'on a fauté des mots, même des lignes entières, ce qui gâte entièrement le fens & jette le Lecteur dans l'embaras. La moins fautive de ces deux Editions l'eft extrêmement. Il y a lieu de croire que l'une & l'autre ont été faites fort à la hâte, ou confiées aux foins de Correcteurs négligens ou malhabiles.

Outre ces deux Editions on en a publié une troifième en tro s Volumes, grand octavo, revue & corrigée, avec des changemens confidérables donnés par l'Auteur, ainfi que porte le Titre. Elle eft auffi de Genève & non d'Amfterdam, comme on l'a marqué fur le Titre d'un certain nombre d'Exemplaires, dont un Libraire de cette dernière Ville s'est chargé en y mettant fon nom.

Cette dernière Edition l'emporte infiniment fur les deux prémières, & nous ne doutons nullement que l'Auteur lui-même n'y ait fait les Corrections & les Changemens confidérables qu'on y, annonce, Celle que nous donnons à préfent lui eft entièrement conforme; elle a même cet avantage, qu'elle eft exemte de diverfes fautes d'impreffion qui fe trouvent dans l'autre. Le feul défaut qu'elle ait, fi cependant c'en eft un, c'eft qu'au-lieu de placer dans le Texte les changemens faits dans l'octavo, on en a renvoyé une partie à la fin de l'Ouvrage pour éviter l'inconvénient de faire imprimer des Cartons. Si cette dernière Edition de Genève nous fût parvenue plutôt, nous aurions épargné au Lecteur la peine de jetter de tems en tems les yeux fur cette feuille où nous avons raffemblé avec foin tout ce qui manque au corps de l'Ouvrage. Mais ici, comme dans le Monde Phyfique, le mal même envifagé d'une certaine manière fe convertit en bien. Quantité de Lecteurs feront en effet ravis de voir en quoi notre Edition diffère de celles qui la précèdent; ainfi l'inconvénient en question vérifie à leur égard le Proverbe: A quelque chofe malheur eft bon.

PREFACE.

PREFACE.

S'

dans le nombre infini des chofes qui font dans ce Livre, il y en avoit quelqu'une qui contre mon attente pût offenfer, il n'y en a pas du-moins qui y ait été mife avec mau vaise intention. Je n'ai point naturellement l'efprit defaprobateur. Platon remercioit le Ciel de ce qu'il étoit né du tems de Socrate; & moi je lui rends graces de ce qu'il m'a fait naître dans le Gouvernement où je vis, & de ce qu'il a voulu que j'obéisse à ceux qu'il m'a fait aimer.

Je demande une grace que je crains qu'on ne m'accorde pas; c'est de ne pas juger par la lecture d'un moment d'un travail de vingt années, d'approuver ou de condamner le Livre entier & non pas quelques phrafes. Si l'on veut chercher le deffein de l'Auteur, on ne peut le bien découvrir que dans le deffein de l'Ouvrage.

J'ai d'abord examiné les Hommes, & j'ai cru que dans cette infinie diverfité de Loix & de Mœurs, ils n'étoient pas uniquement conduits par leurs fantaifies.

J'ai pofé les principes, & j'ai vu les cas particuliers s'y plier comme d'eux-mêmes; les Hiftoires de toutes les Nations n'en être que les fuites, & chaque Loi particulière liée avec une autre Loi, ou dépendre d'une autre plus générale.

Quand j'ai été rappellé à l'Antiquité, j'ai cherché à en prendre l'efprit, pour ne pas regarder comme femblables

*

2

des

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