Images de page
PDF
ePub

de déterminer la place qu'il faut faire à quelques précurseurs dans le domaine de ses recherches, de ses découvertes ou des intuitions de son génie. Le problème est très complexe.

(La fin à un prochain cahier.)

HENRY LEMONNIER.

NOUVELLES ET CORRESPONDANCE.

COMITÉ D'ÉTUDES HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES
DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE.

Par un arrêté pris en date de Dakar, le 10 décembre 1915, M. Clozel, Gouverneur général de l'Afrique Occidentale française, a créé un Comité d'Études historiques et scientifiques chargé de coordonner les recherches entreprises sous le patronage du Gouvernement général et d'en centraliser les résultats. Les membres de ce Comité sont répartis en trois sections: 1o des membres résidents que leurs fonctions ordinaires retiennent à Dakar; 2o des membres correspondants en Afrique Occidentale française; 3° des membres correspondants hors des colonies du groupe. Le bureau du Comité est présidé par le gouverneur général.

Le premier volume (1916) de l'Annuaire et Mémoires du Comité vient de paraître à l'Imprimerie gouvernementale de Gorée; il comprend dans 519 pages, outre les documents administratifs et la bibliographie, une série de Mémoires d'archéologie et d'histoire, d'ethnographie et folk-lore, de parasitologie agricole, parmi lesquels nous citerons des notes sur les monuments mégalithiques du Sénégal, du D' P. Jouenne, médecin de l'Assistance indigène et de M. Boutonnet, administrateur des Colonies; la question de Ghana et la mission Bonnel de Mézières et une note sur les manuscrits arabes acquis en 1911 et 1913 par M. Bonnel de Mézières dans la région de Tombouctou-Oualata (Haut-Sénégal et Niger), par M. Maurice Delafosse, administrateur en chef des Colonies; des documents relatifs à l'histoire du Sénégal et un plan de colonisation du Sénégal en 1802, par M. J. Monteilhet; des études de M. H. Labouret sur les populations du cercle de

Gaoua, des considérations sur l'unité des pays maures de l'Afrique Occidentale française et des proverbes et maximes maures, par M. P. Marty; les Bobo-Fing, par G. Chéron; aperçus sur la politesse indigène au FoutaDiallon, par M. C. Dupuch; histoire et origine des familles du FoutaToro, par A. Kane; une atteinte à l'animisme chez les populations de la Côte d'Ivoire, par G. Joseph; un chant de chant de guerre toucouleur, par

H. Gaden; une contribution à l'étude du théâtre chez les Noirs, par M. Delafosse; enfin des recherches sur les parasites de l'arachide au Sénégal, par E. Roubaud. On voit la variété et l'intérêt de ces nombreux mémoires qui font bien augurer de la nouvelle publication.

Le Comité annonce en outre une série d'ouvrages devant paraître prochainement sous son patronage.

HENRI CORDIER.

UNE MISSION ARCHÉOLOGIQUE RUSSE A TRÉBIZONDE.

L'Académie des Sciences de Pétrograd a, dès le début des hostilités, informé ses correspondants qu'elle suspendait jusqu'à nouvel ordre l'envode ses publications à l'étranger. Toutefois, sur ma demande, elle a bien. voulu faire une exception en faveur du Journal des Savants. Je dois à cette circonstance de pouvoir signaler les mesures qui ont été adoptées pour sauver et décrire les manuscrits, les objets d'art et les monuments de Trébizonde, depuis son occupation par l'armée russe.

Le gouvernement russe a eu l'heureuse idée d'attacher à l'armée qui opère dans l'Asie Turque une expédition scientifique chargée de préserver autant que possible et d'inventorier les monuments intéressants au point de vue de l'art ou de l'histoire. Cette mission est dirigée M. F. J. Ouspensky, correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et ancien directeur de l'Institut archéologique russe de Constantinople. Le rapport de M. Ouspensky a paru en russe dans le n° 16 (daté du 15 novembre 1916) du Bulletin de l'Académie des Sciences de Pétrograd.

Le bombardement de Trébizonde n'a pas duré longtemps et n'a fait que peu de dommages aux édifices.

Des mesures ont été prises pour empêcher ou plutôt pour arrêter le pillage des mosquées. Les objets précieux ont été transportés en lieu sûr. Les monuments grecs et les bibliothèques ont été placés sous la protection spéciale du métropolitain qui en répond personnellement.

Les mosquées de Trébizonde, installées dans d'anciennes églises, ont été fermées et ces édifices en attendant tel ou tel d'entre que eux soit rendu au culte chrétien ont été l'objet de recherches archéologiques.

L'attention de la mission russe a été particulièrement retenue par les ruines grandioses du palais impérial situé dans la citadelle et par trois églises -: Vierge Chrysocéphale (mosquée d'Orta Hissar), Saint-Eugène (mosquée Jeni Djouma), Sainte-Sophie qui avait également été tranformée en mosquée. A Sainte-Sophie les découvertes ont été particulièrement intéressantes. On a réussi à mettre au jour des fresques que les musulmans avaient recouvertes d'une couche de plâtre. En enlevant le plancher de bois mis par les Turcs, on a aussi découvert des mosaïques. Les fresques, dit M. Ouspensky, révèlent des tendances jusqu'ici inconnues dans l'art du moyen âge.

L'église Saint-Eugène est la plus ancienne de la cité. Dès le x1° siècle, l'empereur Basile, surnommé le bulgarochtone, était venu en pèlerinage au sanctuaire qui renfermait les reliques du saint patron de Trébizonde. Sous son aspect actuel, le sanctuaire est évidemment d'une époque postérieure. M. Ouspensky n'a pu découvrir l'endroit où reposaient les reliques du saint national.

Saint Eugène était autrefois le patron de la cité; il était l'objet d'une vénération telle que tous les habitants de la ville portaient son nom. Le culte de ce saint était tel que dans les légendes on voit la vierge renvoyer les fidèles qui l'implorent à l'intercession de saint Eugène. Ce culte a aujourd'hui complètement disparu et, même chez les ecclésiastiques, M. Ouspensky n'a pu réussir à découvrir une seule icone à l'effigie du saint.

Le sanctuaire de Sainte-Sophie fut construit au XIIIe siècle par Manuel Comnène. Mais il n'eut pas auprès de la population le même prestige que son homonyme de Constantinople on lui préféra les temples de la Vierge Chrysocéphale et de Saint-Eugène.

C'est dans l'église de la Vierge Chrysocéphale qu'étaient ensevelis les empereurs. M. Ouspensky pense avoir découvert un tombeau chrétien transformé en turbé musulman. Il a découvert, servant de garniture également, une fontaine avec pierre funéraire provenant de la tombe d'un économe de la métropole. En dégageant l'église des constructions qui l'étouffent, il espère faire d'autres découvertes.

M. Ouspensky a profité de son voyage pour acquérir un certain nombre de manuscrits et de livres qu'il a déjà remis ou remettra au musée asiatique de Pétrograd.

Les résultats complets de cette expédition scientifique feront l'objet d'une publication spéciale qui sera illustrée de photographies.

LOUIS LEGER.

UNE REVUE D'HISTOIRE DE RUSSIE.

M. Benechevitch, professeur de droit canonique byzantin à l'Université de Pétrograd, vient de fonder avec quelques savants russes une Revue Historique de Russie qui recevra les articles concernant la vie russe sous toutes ses formes depuis les origines (organisation politique, religieuse, sociale, droit, économie sociale, courants religieux, littéraires ou philosophiques) et fera une part importante à toutes les questions embrassant l'histoire des peuples slaves, de l'empire byzantin, des peuples occidentaux et orientaux dans leurs rapports avec la Russie. La nouvelle revue comprendra des articles de fond, une chronique scientifique et une bibliographie. Par la largeur de son programme, cette publication, destinée à coordonner les travaux scientifiques de Russie ou de l'étranger, rendra les plus grands services à la connaissance de l'histoire russe (1). L. B.

CORRESPONDANCE.

M. d'Oldenberg, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Pétrograd, nous a informé par une lettre en date du 7/20 novembre 1916, que contrairement à ce qui a été annoncé dans le Journal des Savants (n° de juin 1916, p. 281-282) la nouvelle revue intitulée Vizantijskoje Obozrenje (Revue byzantine) et paraissant à Jurjev, ne forme pas une continuation du Vizantijskij Vremennik (Byzantina chronica). Organe de l'Académie des Sciences de Pétrograd, cette dernière revue continue à paraître. La publication en a seulement été retardée par des difficultés d'imprimerie causées par la guerre.

(4) Siège de la rédaction Vassilievsky Ostrov 19 (14-16), Pétrograd.

LIVRES NOUVEAUX,

Select Bronzes, greek, roman and etruscan, in the Department of Antiquities in the British Museum. Text by H. B. WALTERS, 73 plates. In-4. Londres, British Museum, 1915.

La perfection matérielle de ce luxueux ouvrage est digne des sociétés qui en ont assuré l'impression et l'illustration; elle est peut-être encore plus méritoire si l'on songe qu'il a paru après plus d'une année de guerre. Pour les héliogravures, on a fait usage des derniers perfectionnements techniques; on a tenté avec succès l'entreprise de reproduire la patine spéciale à chaque bronze. Toutes les variétés dans la gamme des verts ont été recherchées et atteintes, aussi bien les nuances légères et floues (statuette de nègre, pl. LXVIII) que les colorations intenses particulières aux objets pompéiens (Bacchus enfant, pl. LIV). Avec une perfection presque égale on a réussi à rendre les patines jaunes, plus rares mais plus malaisées à reproduire sans tomber dans l'à peu près ou dans la tonalité désagréablement banale du café au lait clair des bronzes d'art modernes (voir par exemple les planches IX, XXXVIII, XXXIX). On a même su obtenir l'exacte valeur des reflets pâlissants d'une dorure éteinte (bronze gaulois de la pl. LI). Une pareille maîtrise garantit la parfaite exactitude des tons, même dans les cas où l'œil serait tout d'abord un peu étonné (pl. XLIV statuettes d'Aphrodite). Peut-être faut-il cependant

regretter un usage un peu trop fréquent, pas toujours assez dissimulé, des retouches (pl. XX, XXIII, etc.): trop de lumières ajoutées à la gouache, trop de vigueur dans les cernes ou les découpages qui font ressortir l'objet d'art sur le fond d'où il se détache, ton sur ton, dans une parfaite harmonie des nuances.

Le nombre des planches (73 qui montrent au total moins de 80 objets), suppose une sélection des plus rigoureuses. On admire qu'on ait pu réduire tellement le nombre des objets admis à l'honneur d'une reproduction de luxe, quand on songe à la richesse des collections de Bronzes du British Museum. On s'étonne aussi quelquefois que dans cette élite aient été introduits des morceaux médiocres comme l'Héraklès étrusque de la pl. X, la très laide Aphrodite à la sandale de la pl. XLIII, la banale Automne de la pl. LVIII. De pareils objets se sont imposés à l'auteur d'un choix si sévère pour des raisons de rareté, de curiosité, de patine, etc., sur lesquelles il convient d'insister parce qu'elles expliquent le but de l'ouvrage.

Les Select Bronzes ne sont ni un catalogue (le véritable Catalogue des Bronzes du Musée britannique existe depuis 1899, et l'auteur en est également M. II. B. Walters), ni un essai de classification fondée sur l'histoire de l'art, ni même un recueil de chefsd'œuvre indiscutés. C'est un album de bibelots précieux, et il est conçu comme les catalogues de vente des

« PrécédentContinuer »